Leucé Albaras quand il parvenoit jufqu’ainr os. On
ne peut guères dire véritablement ce qu’étoit l’al-
baras d’Avicenne ;fes defcriptions fontfiobfcures ,
& il s’entortille dans des explications fr diffufes,
qu’on ne peut rkn comprendre àce qu’il dit. Le Mêlas
diffère de l’Alphos que nous venons deconfidé-
re r , en ce que la couleur tire légèrement fur le noir,
& femble être une forte d’ombre fur le refte
de la peau. Gorrhée, en traitant des caufes de
l’A lphos, dit qu’il vient d’une pituite lente &
vifqueufe , qui, à raiCon de fa nature ou de la
foibleffe de la partie; ne peut s’affimiler aux chairs
& devenir rouges comme elles. 11 paroît que le
vice réfide, particulièrement dans le csorps muqueux
Sf dans le corium, & qu’il deffèche & rend
atone & infenfible. J ’ai vu chez les Arabes & les
Indiens beaucoup de ces affeélions, & j’ai toujours
obfervé que le fentiment étoit émouffé &
même nul fur le-lieu que ces taches, occupoient
tant qu’on ne le toucboit que fuperficiellement ;
j ’ai expérimenté la même chofe chez quelques
blancs qu!i en étoient attaqués. Les Arabes ont
beaucoup vanté de remèdes pour l’Alphos ; les
Modernes aux généraux dont l’ufage eft fi univer-
lèllementreconnu dans le traitement des maladies
de la peau , ont ajouté des lotions d’eau de
favon, d’eau de chaux, de foie de foufre calcaire.
Ce dernier moyen eft fingulièrement efficace. On
a beaucoup vanté les lotions faites avec le vinaigre
, dans lequel on avoit macéré une égale quantité
de feuilles de figuier & de foufre vif. Sennert
parle beaucoup du bon fuccès des-finapifmes appliqués
fur la partie comme rubéfiant ; il faut
fouvent varier ces moyens, car il arrive quelquefois
que ce qui n’a pas réufîi dans un ca^, convient
dans un autre. ( M .Pæ t it - R adel.')
A L P IN I , ( Profper ) d’Amarofiica, Ville de
•Venife, nacquit le 23 Novembre 1555. Il era-
braffa d’abord la profeffion des Armes ; mais fon
père, qui étoit Médecin , le ramena bientôt à la
fcience qu’il a“tlepuis illuftrée. Il fut reçu Docteur
en l’Univerfité de Padoue en 1578. Il fit
de la Botanique une étude fpéciale, & cfeft à
fon voyage en Egypte que lès Botaniftes doivent
la connoiffance de plusieurs plantes exotiques de
ces climats brûlans. La République de Venife,
où il s’eft fix é, lui décerna les honneurs d’une
Chaire de Botanique, qu’il accepta, & dont il
remplit avec éclat les fondions. Dans fa vieilleffe,
il fut attaqué d’une furdité qui l’engagea à écrire
un traité fur cette maladie. La mort ne lui permit
pas d’y mçttre fin. Il mourut lan 1616, &
laifl'a quatre fils qui font devenus célèbres.
Nous avons de lui plufieurs ouvrages de Médecine
, entr’autres De Medicind Ægyptiorum
libri 4 , Ve net, 1551. Paris 1646, in-4,0
Dans cet ouvrage, Alpini fait l’hifioire des
Egyptiens, de leurs maladies, des Médecins qui
les traitent & du climat qu’ils habitent, il allure
que U* Egyptiens avoient coutume de fe faire
faigner quatre fois par an, fans préjudice de toutes
1er maladie? qui les arraquoiénr, & dans lef-
quelles ils ufoient confiammcnt du même remède.
Peut-être n’étoient-ils aufli prodigues de leur fang
que parce qu’ils croyoient que les eaux du Nil fe
changent facilement en fang , appuyés fur ce paf*
fage de l’Ecriture qui rapporte que Moyfe les changea
ainfi. II o! ferve que les Egyptiens fe faifoient
faigner, même après Je repas; qu’ils faignoient
toujours dans la partie qui approche le plus du
mal, & qu’ils ouvroi.nt les artères auffi fréquentai*.
nt que les veines. Il affurequ’ils faifoient, de fon
tems , un grand ufage de ventoufes dans les
dou'eurs de tête, dans les maladies inflammatoires,
& fur-tout dans fa phrénéfie. Les fcarifications,
dit notre Auteur, font fi fréquentes parmi les
Egyptiens0, que decent jeunes-gens, à peine enren-
contre - 1 - on quarante qui n’aient point la tête
couverte de coton. Il n’eft point de partie qu’ils
nefoumettent à cette opération ; & , félon lui , les
fcarificarions font très - recommandables, en ce
qu’elles ont l’avantage de la faignée fans en avoir les
inconvéniens. Alpini efi connu en Médecine par
plufieurs autres ouvrages. (Jkf. P e t i t -R adel.)
ALUN. Sel neutre produit par l’union de l’acide
vitriolique avec une bafe terièufe d’une nature
particulière. C’eft un puiffant aflringent,
qu’on emploie comme tel , particulièrement pour
arrêter ou modérer les hémorrhagies , & fur-
tout pour celles de matrice. On le donne alors
à la dofe de quinze ou vingt grains, qu’on répète
toutes les heures , ou même toutes les demi-
heures , jufqu’à ce que la violence de l’hémorragie
foit abattue. On fait avec une forte folution
d’A lun& de vitriol bleu dans de l’eau, une liqueur
aftringente dont on fe fert pour arrêter le fai-
gnement de nez, & les autres hémorragies extérieures.;
on en imbibe pour cet effet des çom-
preffes, ou des plumaceaux que l’on applique fur
la partie d’où fort le fang.
L ’Alun féché fur le feu , & privé de fon eau
de cryftallifation , qu’on appelle improprement
Alun brûlé, acquiert par cetse préparation un
degré de cauflicité qui le fait employer pour détruire
les excroiffances & les chairs fongueufes
des ulcères. On le fait entrer aufli fous cette
forme dans les poudres ophtalmiques dont on fe
fert pour diffiper les taches de la cornéè.
Un blanc d’oeuf battu avec un morceau d’Alun
jufqu’à ce qu’il foit coagulé, forme un excellent
topique aflringent pour lès maux d’yeux accompagnés
de larmoiement. Cette préparation appaife
la chaleur, diminue l’inflammation & modère l’écoulement
des férofités. On s’en fert aufli avec
beaucoup de fuccès dans les ophtalmies plus eflen-
tiellement inflammatoires, après avoir diminué
l’inflammation par les faignées. On l’étend pour
cet effet fur un linge fin, & on l’applique fur
l’oeil.
On prépare encore une eau alumineofe avec
demi-once
demi-oflce d’alun & autant de vitriol blanc,
qu’on fait diffoudredans deux livres d’eau. On
fait ufa^e de cette liqueur pour nettoyer les ulcères
, & favorifer leur cieatrifation ; quelquefois^
auffi pour aider la guérifon de certaines éruptions
cutanées; & alors on en baigne la partie
affectée trois ou quatre fois par jour. On l’emploie
encore comme collyre, & comme injeélion dans
la gonorrhée & dans les fleurs blanches, pourvu
que ces maladies ne foient point accompagnées
de virulence.
A L V É O L E S . On donne ce nom aux
cavités ofleufes dans lefquelles les dents font placées.
Les Alvéoles n’appartiennent pas aux os des
mâchoires proprement dits, mais à desapophyfes
de ces os deflinées à les former ( 1 ).
Les apophyfes alvéolaires font compofées de
deux tables ofleufes, très-minces, l’une extérieure
& l’autre intérieure. Ces deux tables font plus
éloignées l’une de l’autre à leurs extrémités pof-
térieures, qu’à la portion antérieure ou moyenne
de la mâchoire. Elles font unies enfemble par
d’autres lames ofleufes pareillement fort minces,
placées en travers de l’ une à l’autre, & qui di-
vifent les apophyfes, fur le devant de chaque
mâchoire, en autant d’Alv.éoles qu’il y a de dents;
mais fur les côtés & en arrière, où les dents ont
plus d’une racine, il y a des cellules diflinéles,
ou des Alvéoles, pour chaque racine. Ces lames
tranfverfes font plus élevées que les tables antérieures
& poflérieures,. & elles ajoutent latéralement
à la profondeur des, a lv éole sp ar ticulièrement
au-devant des mâchoires. A chaque
divifion formée par ces lames, la table extérieure
de l’apophyfe s’enfonce, & forme un fillon ou
une cannelure, qui s’étend depuis le bord jufqu’au
fond'de l’Alvéole.
L ’on pourroit regarder tes apophyfes alvéolaires
comme appartenant aux dents plutôt qu’aux
mâchoires, car elles commencent à fe former
avec les dents ; elles croiflent & fe détruifent
avec elles, & difparoiffent entièrement quand les
dents tombent ; en forte que, fi l’on n avoit
point de dents , onn’auroit probablement ni Alvéoles,
ni apophyfes alvéolaires. Lorfque les premières
dents, ou dents de la it, tombent pour
faire place à celles qui doivent leur fuccéder,
ces dernières ne remplifferîr pas les alvéoles déjà
formées, mais elles croiflent avec leurs propres
Alvéoles, à mefure que les anciennes fe détruifent.
Les Alvéoles font fouvent le fîège de maladies
très-douloureufes, & qui demandent le fecours
de la Chirurgie. Mais comme ces maladies dé-
H u n t l r ^ i y 1« Na‘ “ ral Hm°rjr o f Human tKth JChirurgie;
Tome J J > n Parût,
pendent, le plus fouvent, de celles des dents
ou des gencives, ou fe confondent avec celles-ci,
nous en renvoyons la confidération aux articles
D ents & Gencives. - ■-
Mais, indépendamment de toute affeéHon des
parties voifines , les alvéoles font fujettes à fouf-
frir dans leur ftruéture & dans leurs fondions.
On les voit quelquefois fe détruire par les bords,,
ou fe remplir par le fond, ce qui les rend également
impropres à contenir les dents (1).
Lorfque le premier de ces effets a lieu , le mat
gagne peu-à-peu depuis le bord de la cavité juf-
ques vers le fond ; la gencive , qui n’efl plus
foutenue par l’apophyfe alvéolaire,s’en détaché,
& s’écarte du corps de la dent dont peu-à peu le
col & la racine fe découvrent; la dent même
s’ébranle & tombe au bout de quelque tems.
Lorfque l’Alvéole fe remplit par le fond, la
dent fort infenfiblement de fa place, & tombe
également. Ces deux maladies peuvent être regardées
comme tenant à une même caufe ; car
l’une fe manifefte rarement fans l’autre ; on les
voit cependant quelquefois exifler féparément,
les gencives fe retirant de deffus les. dents, fans
que les dents paroifient s’alonger, ou bien une
dent fort de fa place fans que la gencive fe retire.-
Mais quand la gencive fe déplace, elle eft, pour
l’ordinaire, très-malade, & il fe forme une fup-
puration abondante fur la portion qui fe détache
de la dent & de l’apophyfe alvéolaire.
Quoique ces deux accidens doivent être con-
fidërés comme des maladies lorfqu’ils fe mani-
fefient à un âge peu avancé, on peut les regarder
aufli comme étant Amplement un effet trop accéléré
de la marche ordinaire de la nature, puifqu on
les obferve fréquemment dans la vieilleffe. On
les voit cependant naître en conféquence de caufes
occafionnelles très-palpables, d’une inflammation,
par exemple, long tems continuée de ces parties,
telle que celle qu’excite une falivation. Un haut
degré dé feorbut attaquant les gencives & les Alvéoles,
peut aller au point de caufer une diffo-
lution de ces parties, comme on l’obferve fur-
tout dans le feorbut de mer.
Lorfque la maladie eft occafionnée par l’un©
de ces deux caufes, les gencives font malades,
ainfi que les Alvéoles; el es s’enflent, deviennent
molles & fpongieufes , & le moindre frottement,
ou la moindre preflion, les fait faigner abondamment.
En pareil cas, l’on eft dans l’ufage de fearifie?
profondément les gencives , afin d’affermir les
dents ébranlées par la maladie qui , pour l’ordinaire,
à déjà fait de grands progrès avant que
l’on penfe à y porter remède. Çette méthode a
certainement de très-bons effets dans bien des cas
( x ) Voyt\ A Praftieal Treatifè on the difeafes of tbî
teçtl» by, J. Himtc*, page 48.