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place l’enfant fur l'on ventre, & que l’on compare
le volume des déux feffes. Ce gonflement
augmente peu-à-peu; la douleur devient de pins
en plus aigue, lur-tout pendant la nuit : il fe
joint quelquefois à ces fymptômes des friflons
irréguliers & une fièvre lente. Tout le membre
s'anoi'blit & perd fon embonpoint. Gn eff long-
tems fans découvrir de flu&uation ,à caufe de
la profondeur des parties affeélées, mais enfin
elle commence à fe faire appercevoir. JLa peau
alors paroît tendue & luifante, fans aucune apparence
d’inflammation extérieure, & fans que l’attouchement
de la tumeur caufe beaucoup de douleur
au malade , fi l'on ne fait pas mouvoir le
membre. Le gonflement continue à augmenter
quelquefois pendant ira an ou deux , le malade
devenant toujours plus foible & plus exténué ;
la tumeur vient quelquefois à s'étendre depuis
la hanche jufqu’au genou ; la peau s’amincit ,
devient plus fenlible, & paroît fouvent prête à
s’ouvrir en différens endroits, plulieurs femaines
avant que cela arrive. Enfin elle fe rompt & lai fie
échapper une grande quantité de féroliré , mêlée
de pus, - ou chàriant de ces petits corps blanchâtres
dont nous avons parlé. L'écoulement
continue, & la plaie fournit journellement une
immenfe quantité de liqueur féreufe qui épuife
de plus en plus le malade, & finit fouvent par
le faire périr.
Lorlque le mal eft fitué au bas du dos, il eft
encore plus difficile d'en recorinoître la nature ;
on ne peut rien voir ni fentir pendant long-rems
dans la partie affectée, mais le malade fe' plaint
de douleurs quelquefois plus quelquefois moins
aigues ; il ne peut pencher le corps .en avant, &
s'agenouille s'il veut relever quelque cliofe de
ferre. On obferve la même chofe lorfque la tumeur
fe dirige vers l’aine ; & dans ce dernier
cas , il fe penche de côté. L ’habirude qu’il en
contrarie par la longueur de la maladie , oeça-
fionne fouvent une diftorfion des os qu'il con-
ferve toute fa vie. Les fymptômes d'ailleurs font
le mêmes que dans le cas dont nous venons de
parler.
Lorfque le mal attaque Jes autres principales
jointures, il occafionne auffi des accidens très-
graves. Les glandes lymphatiques font les premières
parties qui font affectées dans ces -organes
; leur gonflement eft d’abord peu douloureux
, mais il caufe de la roideur & de la. difficulté
à mouvoir l'articulation, fur- tout à l'étendre
complettement. En examinant avec foin la
partie -à cette époque , on appercoit une ou plusieurs
petites tumeurs ces tumeurs groffiffenr
peu-à-peu & deviennent plus douloureufes, le
mouvement de 'la jointure devient de plus en
plus difficile, le membre s'atrophie, & la fluctuation
annonce un amas de fluides. La peau
devient rongé, luifante, & s'ouvre après avoir
demeuré Jong-tems dans cet état. La matière qui
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en fort <eft ordinairement un fluide blanchâtre qnj
a la confiftance du blanc d’oeuf; d’autres fois il
reflemble davantage à celui que fourniffent les
tumeurs du même genre dont nous avons parlé
les autres fymptômes concomitans font a.uffi lej
mêmes qui accompagnent la formation & les
progrès de celles-ci. Cette affeélion eft l'efpèçe
la plus dangereufe de la maladie que les Anglois
ont nommée tumeur blanche, & que nous avons
décrite au mot Articulation. Elle eft fâcheufe
principalement lorfqu’elle attaque les groffes jointures
, telles que le genou ou le coude , .& particulièrement
lorfqu’elle en affeéle les liggtncns &.
le période. Car c’eft fur-tout lorfque cette membrane
s’affeéte que l’os participe à la maladie.
M. Wfiite eft po,rté à croire que les a-ffeéHorjs
des os, & fur-jout celles des petits os des d.ojgts
& des orteils des enfans , font occafionnées le
plus fréquemment par une rupture de quelque
vaiffeau lymphatique entre l’os & le péiiofle
d’op réfulte un épanchement dô fluide entre ces
parties.
Enfin , lorfque le mal fe porte fur les doigts,
ou fur les orteils, il n'eft d'abord accompagné
comme dans les autres cas que de peu ou point
de douleur; & le gonflement de la partie affectée
eft le premier fymprôme par lequel il fe fait
appercevoir* Cette partie eft: dure, & peut fup-
porter un certain degré de preffion fans qu’il efi
réfui te une douleur bien vive-, le n?Quvèn?ent Up
la jointure n’eft pas même gêné à cette époque,
mais à mefure que la tumeur augmente elle devient
douloureufe. La peau rougit peu-à-peu &
devient plus fenlible ; lorfqu’elle s’ouvre il n’en
fort que peu de matière, & fouvent fl refte tout
autour du doigt ou de l’orteil une tumeuf dure
& affez étendue. L ’ulcère fournit pendant long-
tems un fluide féreux , &. la maladie entraîne
généralement une exfoliation de l’os.
Nous ferons obferver , avant de terminer cette
hiftoire de la maladie, que les feins des femmes
en font fouvent le fiège. Des coups fur ces organe*,
& d'autres accidens en font ordinairement
la caufe occafionnelle, fur-tout vers l’époque où
les jeunes perfonnes deviennent réglées. Les femmes
qui nouriiffent fon,r auffi fui eues à des affections
de la même nature, en conséquence de quelque
caufe qui produit un engorgement laiteux
dans les feins, telle qu’un coup de froid, ou quelque
négligence lorfqffelles sèvrent leurs enfans.
Il n’eft pas rare auffi de voir, les- tefticules
affeélés de quelque gonflement de la même nature;
c’eft ce que l'op obferve particulièrement chez
des jeunes gens de quatorze à djx-huit ans; ou
en voit auffi des exemples, quoique plus rarement,
chez des perfonnes plus âgées. On a fouvent,
par inadvertance, pris des tumeurs de cette nature
, foit dans ces organes, foit dans les feins,
pour des tumeurs fquirreufes ; & cette rnépriïp
la pu , dans bien des occafions, donner la répit- |
hation de remèdes anti-cancéreux à différens më- • ;
dicamefis qui ne la méritoient pas, comme die
|a dans bien'des cas, déterminé des Chirurgiens
[à extirper des tumeurs réputées fquirreufes, qu’on
fauroir pu fe difpenfer d’opérer. Mais il eft facile,
[avec un peu d'attention de fe mettre à l'abri d'une
pareille erreur; car la tumeur fcrophuleufe la plus
[rénirente n'a jamais la dureté du fquirre ; elle
[paroît toujours compreffible jufqu’à un certain
[point, lorfqii’on la compare avec celui-ci; elle
|a toujours une furface égale & unie-; elle n’eft
jamais accompagnée de douleur, fur-tout dans
fes premiers périodes; au lieu que le fquirre eft
toujours plus ou moins inégal, & raboteux à fa
[fniface, & q u e , pour l’ordinaire, les malades y
[reffentent, même affez de bonne heure, de tems
[à autre, quelques douleurs lancinantes.
ï Le pronoftic, dans les maladies fcrophuleufes,
[fe déduit du tempérament du malade, & des
caractères qui peuvent les faire regarder comme
[locales, ou comme des affrétions générales du
[fyftême. Lorfque Le mal paroît être confiné à une
i feule partie, comme il arrive ordinairement,
[lorfqinl a été déterminé par quelque autre ma-
lladie qui a précédé, fon importance eft proportionnée
à celle de la partie affeélée. Le pronoftic,
[dans la plupart des cas, fera pins favorable, fi
lie mal eft tour-à-fait local; mais, lorfqu’il s’eft
I manifeffé dans plufieurs parties, l’opinion qu’on
[en doit former fe réglera fur les progrès qu’il
J a déjà faits, fur fon ancienneté & fur le degré
[de force du malade.
Quant aq traitement des Ecrouelles, nous fui-
[vrons là même marche que pour Fhiftoire de
[la maladie', & nous nous en tiendrons àexpofèr
[les moyens que l’expérience a reconnus comme
lies plus propres à combattre les fymptômes exté-
l rieurs , renvoyant au Dictionnaire de Médecine
[.tout ce qui regarde la conduite des maladies
I caufées par le principe fcrofhuleux, lorfqu’il
[affeéle le tnéfentère, les poumons &.les autres
: vifeères, ainfi que les autres moyens qu’on doit
F employer pour foutenir la conftiturion contre fes
airaques, pour la rétablir & la fprtfier quand elle
[ eft affoiblie & épuifée, & pour prévenir la formation
de la maladie chez les fujets qui y font
l difpofés : nous obferverons feulement en peu de
Intors que, pour mettre les enfans à l’abri dé fes
I attaques, un régime convenable, foit pour la
qualité, foit pour la quantité desalimens, un bon
[ air, une attention foutenue à la propreté , l’exer-
r cice dont leur âge eft lufceptible , & l’iifage journalier
du bain froid pendant les fix ou fept premières
années de leur vie, font de tous les moyens
connus ceux fur l’efficacité defquels on-doit le
plus1’ compter.
On a confeillé l’ufage intérieur de différens
; remèdes pour attaquer la maladie dans (a caufe ;
Chirurgie.. Tome I .ir IL* Partie.
on en a employé plufieurs avec quelque fuccès,
tels en particulier que l’eau de mer, & différentes
eaux minérales; le kinkina, ja ciguëH&c. ; mais
leurs effets ne font pas affez conftans, pour jufti-
fier les éloges qu’on leur a prodigués. On n'a
même jufqu’à préfent point trouvé de méthode
curative fur laquelle en général on puiffe compter.
Le mercure eft peut-être de tous les remèdes
! que l’on a confeillé comme fpécifiques, celui qui
! réufiïr le plus fouvent, particulièrement fous la
forme de calomel. Nous avons fréquemment employé
cette préparation dans les cas où les glandes
du méfenrère étoient affeélées, & nous pouvons
dire qu'elle nous a prefque toujours réuffi, en la
donnant tous les jours à la dofe d’un grain , plus
ou moins, avec de légers purgatifs de tems en
tems, fuivant le befoin. Nous ne fommes point
étonnés, par conféquent, de voir que M. White
foit porté à regarder ce remède prefque comme
un fpécifique dans ce cas particulier ; nous ne
, pouvons cependant pas fouferire à tous les éloges
s qu’il donne à fon efficacité pour la guérifon des
; autres fymp'ômes des Ecrouelles ; quoique nous
! le regardions comme un des plus utiles qu?on
puiffe employer, lorfque la maladie n'eft pas
très-avancée, qu’elle peut encore être regardée
comme locale, & que les forces du malade ne
font pas épuifées.
Lorfque les premiers fymptômes extérieurs fe
manifeftenr, tels que le gonflement de la lèvra
fapérieiire, celui des glandes du cou, des maux
: d'yeux, des éruptions fur la tête & ailleurs,il
y a ordinairement chez le malade un peu de
’ difpofition inflammatoire, que l’on combat avec
fuccès par des faignées Topiques, au moyen des
fangfues, dont on peut renouvellcr l’application,
même plus d'une fois, fuivant les circonftances.
En les.mettant le plus près poffible des. parties
affeélées, on y opère un changement falutaire,
& fouvent on les rétablit dans leur état naturel,
ou du moins on arrête les progrès du mal. Après
ces (évacuations, on doit recourir au calomel,
quei l’on donnera tous les jours en petites dofes,
comme nous l’avons indiqué tout-à-l’heure, ou
en dofes un peu plus considérables, avec de plus
longs intervalles ; mais il faut prendre garde à
ne pas les pouffer trop lo in, de peur que le
mercure ne fe porte fur les glandes falivaires ,
ou ne vienne à irriter trop fortement les inreftins.
La première dofe, quoique foible, & même la
fécondé, pourront agir comme purgative'; mais
cet effet ne fe foutiendra pas ; pour l'ordinaire*
. il faudra tous les trois ou quatre jours donner à
l'enfant un petit laxatif, tel qu’une dofe .convenable
de magnéfïe.Si, malgré l’ufage de ces remèdes,
on voit des glandes qui demeurent dures &
gonflées comme auparavant, on pourra aider leur
! effet par la vapeur de l’eau bouillante, appliqué?
| fur 4a partie affeélée auffi Ion g-tems & auffi fré*
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