la détacher de la partie faine du Tcrotutn , après
avoir fait la ligature du cordon. On rapprocha
foigneufement lés bords de la plaie , qui fe cica-
irifèrent, & le malade , au grand étonnement de
tous ceux qui l’ayoiem vu , le rétablit parfaitement,
& il s’eft toujours bien porté depuis. Traité
dû Cancer, C as XXIV« ■ %
Nous pourrions , fans peine, joindre à-ces
faits un btaucoup plus grand nombre d’obferva-
tions du même genre ; mais cêîlët que nous venons
ce rapporter, extraites des ouvrages de trois des
principaux Auteurs qui ont écrit fur le Cancer,
fuffiront pouf appuyer ce qtîe nous avons dit.ci-
delfus, des avantages que promet l’opérationtorf-
qu!eHe elî faite à tems , & de la chance de guérifon
quelle peut encore donner, lors même que le mal
a déjà fait de grands progrès. Mais une circonf-
rance bien remarquable dans les cas ci-deffus ,e’eft
la grande différence qui fe trouve relativement à la
célérité delà guérifon entre ceux que M. Fearon a
opérés ,&ceux qui l’onuété par l’ancienne méthode.
Dans ces derniers, il y a. tou jours une plaie d’une
grande étendue, qui au, premier panfement paroît
encore plus grande qu’elle n’étoit immédiatement
après l’opération, àcaufe du gonflement & del’inflammation
defes bords. Cette plaie prend toujours
beaucoup de tems pour fe fermer J fouvent deux ou
trois mois, & même, davantage •, quelquefois elle ne
peut pas fe fermer cômplçttement, & lorfqu’elle
efl réduite à un petit efpace, on la voit fe rouvrir
& s’ulcérer. 11 n eft pas impoffible que la prompte
cicârrifation, qui a eu lieu dans les cas opérés par
M. Fearon , n’ait influé fur la durée de la guérifon,
en mettant à l’abri de l’air & de l’inflammation
3 les parties voifines de celles qui avoient fouf-
fen par la maladie; c’efl ce que le tems & l’expérience
mettront, dans un plus grand jour.
M. Fearon nous donne 1 hiiioire de vingt-deux
cas opérés fuivant fa méthode. De ce nombre il
y en a deux où les malades ont éprouvé des rechûtes
, & ont fuccombé à la maladie, il y en a
un troifieme où la malade, au bout de quelques
tems, paroifloit un peu menacée d’un fort pareil ;
ces trois cas prouvent qu’il n’y a point de méthode
qu’on puifle regarder comme un moyen de gué-
xifon infaillible, lors que le mal a fait de certains
progrès; mais ils démontrent toujours davantage
la néceffité de faire l'opération de bonne heure.
Au refie, nous ne connoiffons aucune autre collection
de faits du même genre, qui-préfente une
fuite d’auffi grands fuccès ; ils feront plus frap-
pans encore fi l’on fe fouvient que cet Auteur n'a
publié que les cas les plus graves qu’il ait rencontré
dans fa pratique , & qu’il a mis dans ce nombre
tous ceux qui pouvoient témoigner contre
l’efficacité de fa méthode ; ils le feront même
davantage fi l’on obferve qu’il n’a parlé que de
Cancers aux feins ou aux tefticules , parties où
l’extirpation des tumeurs de cette nature a toujours
été regardée comme une opération d’une
plus grande importance, & d’un fuccès plus incertain
, que lorfquela maladie occupoit quelqu’autre
fiège. M. Hill, comme nous l’avons dit ci-deffuS,
en fuivant la méthode ordinaire, a guéri complet-
tement fix malades au moins fur fept ; mais de
quatre-vingt-huit perfonnes qu’il a opérées, il n’y
en avoit que cinq qui euffent un Cancer âu fein ,
dont trois n’ont point obtenîi de guérifon. Si,
comme.il y a lieu de s’en flatter, des expériences
ultérieures confirment les avantages de la méthode
de M. Fearon , on-pourra la regarder comme un
des grands bienfaits dont l’humanité foit redevable
à la Chirurgie.
CANNEPIN. Peau très-fine qui fert aux Chirurgiens
pour effuyer leurs lancettes | & juger.de
la bonté de leur tranchant ; car lorfqu’en perçant
cette peau, bien tendue, avec la lame , on entend,
un petit craquement , c’eft une preuve que la
poinre eft émouffée. De même , lorfqu’en la coupant
après l’avoir percée, il fe fait un déchirement
, & non une feélion nette, on ne peut douter
que le tranchant de la lancette ne foit mauvais.
( Extrait du Diâionnaire de Santé ).
C ANNULE, de C annula , diminutif de Canna ,1
canne ou rofeau. C’efl un inflrument de Chirurgie
pour l’ordinaire cylindrique , creux , ouvert
des deux bouts, fait d’or, d’argent, de plomb ou
d’autres fubftances. n s’en fert à différens filages
, & l’on en varie la-forme , qui peut être plus
ou moins longue, ou plus ou moins applatie.
l'objet qu’on a en vue. Les Anciens ^notent
grand ufage du. cautère sêluel> av^;ent ^.es Cannules
de fer ou.de.cuivre, à travers,«klquelles ils pàffoient
dans certains cas le fer roup» > de peur qu il n ofrenfât
les parties circori voifines» Ou a des Cannules qu on
emploie avec divers inftrumens pointus dont on fe
fert. pour ouvrir des cavités , telles que,1e bas-ventre
ou la veffie, lorfqu’il faut faire fortir des
fluides qui y font contenus; la CannuLe en.pareil
cas demeure dans la plaie pour donner un pLis
libre écoulement à ces fluides. Voye[ TroSxr,
On introduit auffi des Cannules dans les plaies
pour les tenir ouvertes, & donner ifiue aux matières
qui pourroient s’y accumuler ; cette pratique
cependant peut avoir des inconvénient, &
M. Louis remarque, avec raifon , que les cannules
introduites dans les plaies agifient fouvent comme
tout autre corps étranger , qui par fa préfence en
rend les parois dures & calleufes, & occafiohne
des fiftules. Il faut, dit-il , favoir s’en fervir à
propos, & en fupprimer l’ufage à tems.
CANTHARIDES ; c’efl le nom d'un infeéïe i
qu’on trouve affez abondamment dans les pays méridionaux
de l’Europe , & particulièrement en Ef-
pâgne & en Italie. Sa fubftance qu’on réduit en poudre
pourl’ufâge eft extrêmement âcre & irritante;
appliquée fur la peau, elle l’enflamme d’abord ,
& en détache enfuite l’épiderme qu’elle élève en
ampoulés , ou cloches pleines de férofité ; effet
Quelle produit d’une panière plus coroplette
qu’aucun des rubéfians végétaux. L’on s’en fert
ordinairement fous la forme d’un emplâtre connu-
fous le nom d’emplâtre yélicatoire. Mais cette
fîmple application extérieure a quelquefois l’inconvénient
d irriter la veffie , & d’occafionner de
la difficulté d’uriner, accompagnée de douleur ,
& même de chaleur fébrile ; il eft rare''cependant
que ces fymptômes foient portés à un certain
degré de violence ; & quand ils fe manifeftent,
on vient pour l’ordinaire facilement à bout de
les calmer par un ufage abondant de boiffons
mucilagineufes.
La poudre de Cantharides prife intérieurement,
même à la dofe de quelques grains feulement,
occasionne fouvent un piffement de fang .
douleurs cruelles de veffie & d’entrailles j & A au~
très-fymptômes promptement funedes. Hermann
a vu un quart de"grain de fubftance , réduire
une inflammai>04i ties r<hns > un ^ïuÇIf,ent
de. fang & un* violente ifehurie. Cependant l’expérience
prouvé', qu’on peut la donner eh dofes
piUc grandes que cette dernière , non-feulement
aftns inconvénient, mais même avec le plus grand
fuccès , pour des maladies qui ne cèdent point à
des remèdes d’une nature moins irritante. Ain fi,
dans les tempéramens phlegmatiques, lorfque les
vifeères, & particulièrement les reins & les uretères
font furchargés de glaires épaifles & rénaces,
on emploie quelquefois les cantharides avec le
plus grand fuccès, fans qu’elles manifeftent leurs
effets irritans. Méad, obferve que l’écoulement
qu’on voit fouvent fubfifter pendant longtemps à
la fuite des gonorrhées, malgré les remèdes bal-
famiques & autres qu’on eft dans l’ufage d’employer
, cèdent quelquefois avec la plus grande
facilité à ce même moyen , qui réuffit auffi fréquemment
dans les cas de maladies cutanées opiniâtres.
Nous l’avons vu réuffir très-bien dans des
cas de perte blanche. L’on prépare une teinture
fpirirueufe de cette fubftance , qui, pour l’ufsge
intérieur , eft de beaucoup préférable à la poudre.
Mais lorsqu’on adminiftre ce remède, fous quelque
forme que-ce foit, on doit-être très-attentif
à ne commencer que par de petites dofes, que
l’on peut augmenter graduellement en veillant
avec foin fur les effets, il convient auffi de faire
prendre en même-tems aux malades beaucoup de
boiffons mucilagineufes. Le camphre paroît avoir
la propriété de 'diminuer l’aélion irritante des
Cantharides fur la veffie , il a manifeftement,
dans un cas venu à notre connoiffance, aidé une
perfonne qui prenoit de la teinture de Cantharides
, à en_ fupporter une dofe beaucoup plus
forte qu’elle ne pouvoir le faire fans ce fecours.
On emploie quelquefois )a teinture de Cantharides
comme un fimple rubéfiant, pouf faire des
friélions fur des tumeurs indolentes, mais généralement
on préfère l’emplâtre vélicatoire lorfqu’il
faut dilfiper l’engourdiftemem du principe vital ,
o u déterminer f o n action & des fluides
| vers quelque partie extérieure , en les détournant
dé quelqu’autre plus importante , o.n a mis avec
le plus gra'nd fuccès des véficatoires fur le facrum
dans des cas où une paralyfie de la veffie occa-
fiônnoit une rétention d’urine. Appliqués fur le
j périnée, ou au-deü’us du pubis , ils ont fouvent
été très-utiles dans des cas de ftrangurie-
occafionnée par des fpâfmes d’e la veffie ou du
canal. Voyei Vésica'j oires.
; CAPELINE; nom d’un bandage dont on fe
fervoit autrefois après ^ amputations des extré-
I mités pour contp”*1 1 appareil qu’on avoit mis
! fur la pls>/j 7 c’étoit une bande de toile , large d<=»
j trn™ travers de doigts, & longue de fi a a lèpt
j aunes , roulée à un ou â deux chefs. On fe fert
L préférablement aujourd’hui de bandages qui com-
i priment moins lés parties que ne faifoit celui-ci.
| Voyei particulièrement celui que nous avons dé-*
j crit à l’article Amputation.
CAPILLAIRE.'('fente ) #*|1 , 0 ’ura CapiU
! lacea. C’eft une fradlure du crâne dans laquelle
j les parties de l’os rompu relient toujours en
contaél & paroi fient au-dehors comme Vin. chevëu
| qui. feroir tendu immédiatement fur le crâne.
Ce genre de fraélure peu inquiétant en apparence,
efteependant très-fâcheux én lui-même pour deux
raifo^ns principales. i.° En ce que la fecoufie qui
a occafionné la fraéluré, n’ayant point été amor-
! tie fur le lieu même, elle s’eft communiquée
j ailleurs , foit à la table interne, au côté oppofè
| ou plus profondément dans l’intérieur du crâne,
i 2.° En ce que la fraciure ne la tuant au-dehors
aucune ouverture par laquelle le fang ou les humeurs
qui s’épanchent par lafuitepuiffentsfécouier,
il s’enfuit toujours des accidèns graves qui dérivent
de la compreffion , & qu’on rapporte malà
propos à la commotion dont les effets fontfoh-
vent diffipés, ainfi qu’on le verra dans l’hiftoire
de&fraélures du crâne. Il faut prendre garde de
confondre les fentes Capillaires avec quelques
I feiflures vafculairés incruftées fur l’os. Ces méprifes
! peuvent avoir lieu fur la partie écailieufe du fem-
poral où l’on trouvé fouvent ces fortes de feiffu-
res deftinées à recevoir les ramifications des artres
& des nerfs temporaux profonds ; mais à dire vrai,
ces apparences n’en impofent point à ceux qui
connoiffent bien la difpofition de ces feiflures,
& qui réfléchifient avant de fe décider d'après
la comparaifon des objets. Hippocrate s’eft laifl'é
tromper dans une circonftance pareille, & il a
avoué fa faute avec cette grandeur d’ame qui carac*
térife le favoir. Les fentes Capillaires font des
Agnes qui indiquent toujours la néceffitë du trér
pan, pour évacuer le fang qui pourroir être épanché
, foit fous la fente, ou dans fon voilinage.
Voyei l'article T r é p an . ( M .P e t it -R avel.)
C APIVACCIO ( Jérôme ) Médecin de Padoue.
Après avoir fait une étude approfondie des langues
anciennes & modernes , des belles-lettres
| & delà philofophie,Capivaccio profçffa pendant