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fuite plus d’adivijé dans toute la circulation. Elles
ont le même effet fur le mouvement des fluides
contenus dans les vaiffeaux lymphatiques > ces
vaiffeaux étant, ainfi que les-reines, garnis de
valvules qui ne permettent point aux liqueurs de
mouvement rétrograde : elles nagiffent pas moins
fur les extrémités des artères, dont elles réveillent
l'adivité en vertu de l’irritabilité dont cette clafle
de vaiffeaux eft douée: elles rendent leurs ofcîlla-
lions plus fortes & plus fréquentes, au point
d'augmenter la chaleur de la peau , & d'y caufer
de la rougeur, &, par conféquent, de rendre la
tranfpiration plus facile & plus abondante.
Ces effets des Fridiohs fur tout le fyftême des
vaiffeaux , font bien progrès à faire comprendre
comment elles peuvent avoir fur la fanté cette
influente reconnue par les Médecins de. tous les
lieux & de tous les âges, li'paroît cependant que
leur action fur 1® corps humain, ne fe borne pas
à modifier les mouvemens des fluides. La peau eff
un organe doué, non - feulement d'un nombre
prefquinfini de vaiffeaux fanguins, qui forment
£Mreux comme-un fyftême particulier, elle eft
en outre pourvue, dans tous les points de fa
furface, de nerfs dont les expanfions la rendent
fuîceptible de tous les genres de fenfations qu’on
a .coutume de rapporter au toucher, & en font,
dans toute fon étendue, un organe extrêmement
fenfible.
C’eft un fait reconnu en Phyfiologie, que les
parties du corps qui reçoivent le plus grand
nombre de nerfs , font les plus fûfceptibles de
recevoir & de communiquer des affections fym-
pathiques : auffi voyons-nous l’état de la peau
toujours prêta s’altérer en conféquence des affections
des différens vifeères, & les fondions de
ceux-ci éprouver à leur tour des modifications
confidérables en vertu de celles qu’éprouve la peau.
C'eft ce qui paroit par une multitude de faits qu’on
.obferve , foit dans l’état de famé , fojt dans celui
de maladie, mais dans l’énumération defquels ce
n’eft pas ici le lieu d’entrer ; les phénomènes des
maladies éruptives & les effets des bains fur toute
l’économie anima le, fufEront à quiconque voudra
y réfléchir , pour prouver l’influence réciproque
de l’intérieur du corps & de fa furface. -
Les Frictions, indépendamment de leurs effets
fur la circulation en général, en ont en particulier
fur la peau confédérée comme organe fen-
fible: elles agiffeni fur fes nerfs comme un ftimulant
tjès-aCtif, & elles en maintiennent l'énergie ,
foit par cette adion direCte, foit par l'état de ten-
flon qu'elles entretiennent dans le fyfiêjne der
vaiffeaux cutanés, & qui eft.fi effentielle pour la
/confervation de cette énergie. Et s’il eft vrai que
l’état de la peau influe puiffamment fur celui du
refte du corps, on comprendra aifément comment
les Frictions employées dans une certaine latitude,
en maintenant cet organe dans les difpofitions les
pfe&wrabjesj peuvent contribuer à entretenir
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d a n s le s a u t r e s , P é t a t d a d l o n n é c e f f a i r e â u p le in
& e n t i e r e x e r c ic e d e l e u r s f o n d i o n s .
L’expérience de tous les fiècles aconftaté les falu-
taires effets des Fridions fur le corps humain. Les
Anciens, comme nous l’avons déjà dit, en faifoient
très-grand ufage: ils les divifoient en gymnaftiques
& en médicales. Les gymnaftiques étoient dxftin-
guées en paracevafliques ou préparatives, & apo>
thérapeutiques ou reftaurantes : celles-ci diffipoient
la laflitude produite par le travail, les exercices
ou les voyages ; & les autres la prévenoient, en
rendant les corps plus fouples & plus agiles ( i ],
Les Fridions gymnaftiques s’exécutoienr d’abord
avec des linges fecs, enfuite avec les mains huilées.
Deftinées à échauffer & à ramollir le corps, elles
avoient pour terme la couleur animée de la peau,
jointe à une légère tuméfadion. C’eft encore aux
Fridions gymnaftiques que doit fe rapporter leur
divifion en celles du matin & celles de l’après-midi.
Les Fridions défignées chez les Anciens, par le
nom de Fridion propre, & qu’on peut appeller
aufli médicale ou thérapeutique » devoit remplir
félon eux, quatre indications*, favoir, de relâcher
les folides & de les refferrer, d’augmenter la nutrition
& de la diminuer : c’étoit de la manière
de L’exécuter, que dépendoit la différence de ces
effets en quelque forte oppofés, c’eft-à-dire^ de
la force, de la durée, & de quelques autres cir-
conftances du frottement.. Ils diftinguoient les
Fridions de ce genre, en dure, molle & médiocre,
ce qui conftituoit trois efpèces principales
, qui fe fubdivifoient en trois autres à raifon
de leur durée. chacune d’elles pouvant être continuée
peu, médiocrement & beaucoup. De-là réful-
tent les neuf efpèces de Fridions établies par les
anciens Auteurs de Gymnaflique médicale. Ces
diverfes efpèces de Fridions s’en?ploy oient avee
choix, & conformément aux rapports de leurs
effets avec les indications à remplir. Or il paffoit
pour confiant, que la Fridion dure refferre les
folides, que la molle les relâche , que la Fridion
long-tems continuée exténue, & que la médiocre
nourrir. Les nuances entre tant d’efpèces de Frictions,
font plus faciles à exprimer dans te difeonrs,
qu’il ne l’eft d’en fuivre toutes les diftindions dans
la pratique; & quoiqu’il y eût très-probablement
beaucoup d’arbitraire dans l’application de ces
règles , elles fervent toujours à montrer l’importance
qu’ils attachoient à ce moyen de rétablir &
d’entretenir la fanté.
Suivant Celfe, la Fridion différoit en raifon
de l’indication qu’on fe propofoit de remplir : on
la faifoit tantôt fur toute l’habitude du corps,
comme lorfque l’on vouloit donner de l’embonpoint
à une perfonne maigre ; tantôt fur une partie,
lorfque la foibleffe de cette partie ou de quelque
partie voifine l’exigeoit ; tantôt fur les membres
f i ) V o y . ï’Hiftoire de h Chirurgie, Ton. I l , j>ng. 3H 1
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paralyfés, pour y rappeller la vie : mais-1’ufage le
plus ordinaire , étoit fur les parties qui n'étoienr
point malades *, par exemple, on faifoit des Frictions
fur les parties inférieures, lorfqu’on avoir
intention de dégager les parties moyennes ou fupéris
ares. Le nombre des Fridions. dépendoit des
forces du malade, car cinquante Fridions, fui-
vant la remarque de Celfe, fuffiront à une perfonne
foiblâ., tandis qu’une plus forte pourra en
fupporrer deux cens: aufli en faifoit-on moins à une
femme qu’à un homme, moins à un enfant & à
un vieilllard qu’à un jeune homme. Lorfqu’on ne
frottoit que certaines parties, la Fridion étoit
plus forte & plus long-tems continuée, fans quoi
on n’auroit pu efpércr d’affoiblir par-là tour le
corps y ni d’atténuer une grande quantité d’humeurs
, comme on fe le propofoit. Si l’inertie
de la peau demandoit des Fridions par tout le
corps, on les-faifoit plus douces & moins longues^,
parce qu'on vifôit feulement à la rendre
perméable aux nouveaux fucs qui dévoient s’y
porter.
Toutes ces efpèces de Fridions pouvant s’exécuter
également avec des corps fecs, & avec des
corps imbibés de liqueurs aqueufes ou de fubftances
ondueufes, ôn les a divifées en féches & humides.
Les Fridions féches étoient celles qu’on exécutoit
avec des linges fecs, ou bien avec de larges bandes
ou courroyes qu’on faifoit gliffer rapidement d’un
bout à l’autre fur tout le corps, fur un membre
ou fur quelque endroit déterminé , ou bien enfin
avec la main nue, ou couverte d’un gant de peau,
de toile ou d’étoffe.
Le manuel des Fridions humides étoit le même
que celui des-Fridions féches, mais on étendoit
d’avance quelque corps gras fur la partie, ou
bien on enduifoit ou l’on imbiboit décès mêmes
corps, les linges ou la main qui exécutoit le frottement
: quelquefois aufli on fridionnoit d’abord
à. fec , & l’on oignoit enfuite, en étendant avec
la main la matière des ondions.
On trouve tant d’exemples chez les Anciens,
particulièrement chez Galien , des bons effets des
Fridions, dans un grand nombre de maladies chirurgicales
, telles que l’oedématie, l’atrophie, la
foibleffe des membres, les ulcères rebelles, qu’on
ne conçoit pas que la Chirurgie moderne ait pu
les abandonner prefqu’eniièremem. On auroit tort
de fuppofer que les Fridions ne montreroient
pas parmi nous la même efficacité qu'elL.s de-
ployoient chez les Grecs & les Romain?. Paré
fit une application fi heureufe du précepte de
ftidionner , dans la perfonne de Philippe de
Croy, D uc de Havret, qu’on rrouveroit difficilement
dans les monumens de l’anciennne Chirurgie,
un exemple plus brillant de leur efficacité.
Ce malade étoit à la dernière extrémité, des fuites
d’un coup de feu reçu plus de fept mois auparavant,
11 qui lui avoir fraduré & éclaté le fémur,
en long & en travers, avec efquilies, trois doigts
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au*-deffus du genou. c£ Paré envoyé à fon fecours
par Charles IX, réunit pour opérer cette cure,
à toutes les autres reffources de la Chirurgie, les
Fridions locales, a avec des couvre-chefs chauds,
en toutes manières, de haut en bas, & de bas en
haut, à dextre, à feneftre, & en rond , & fort
longuement*, & au marin, les Fridions univerfeUes
de tout le corps, qui étoit grandement exténué &
maigri, par les douleurs & autres accidens, &
aufli par faute d’exercice.
Tout le monde fait que les Fridions font utiles
à ceux qui font attaqués de douleurs de rhuma-
'’tifme *, mais on auroit une bien plus haute opinion
de leurs grands effets dans cette maladie, fi l’on
donnoit à leur ufage tout letems néceffaire. <£ J'ai
vu, dit M. Louis, des rhumatifmes & autres maladies
fixes qu’aucun remède n’avoir foulagées ,
céder à celui-ci. >5 Nous l’avons nous-mêmes employé
avec le plus grand fuccès dans des cas
pareils; nous avons vu entr’autres, une feiatique
qui duroit depuis plufieurs mois, & qui avoir
réduit le malade à ne pouvoir plus fe foutenir
qu’avec des béquilles, céder de la manière la plus
marquée, aux Fridions douces long-temps continuées
& fréquemment répétées, au point qu’en
peu de jours, le malade put marcher facilement
fans aucun fecours. Elles font auffi trèsrefficaces
pour prévenir les retours de ces douleurs-; elles
font particulièrement utiles aux goutteux , & doivent
être pratiquées chez ces derniers, non-feulement
fur les membres qui font le fiège ordinaire
de la maladie mais encore fur tout le refte du
corps. Le Chevalier Temple avoit une fi grande
opinion des Fridions dans cette maladie-, qu’il
avoit coutume de( dire qu'on ,ne devoir jamais
craindre la goutte lorfqu’on étoit affez riche pour
avoir à fes gages des gens pour fe faire frotter.
Le même moyen eft aufli d’une grande reffource
contre la paralyfie, & Hoffm-am le met dans ce
cas, au-deffus de tous les remèdes nervins. Suivant
M.'Bell j elles font un remède très-utile dans
le traitemeut des tumeurs blanches; & dans les
cas de conrradure, leur ufage joint à:celui des
applications émollientes & ondueufes, eft peut-
être le plus efficace de tous les moyens de guérifon
qu’on peut employer. Foyq Distorsion-',
Peut-être doit-on encore les confidérer fous le
même point de vue, dans les engorgemens chroniques
des vifeères du bas-ventre, qui ne font
accompagnés d’aucune difpofition inflammatoire;
on les a vu même guérir radicalement i’hydropifie
afeite.
Quelques perfonnes font dans T ufage de fe faire
frotter légèrement; le marin & le foir, avec une
broffe douce , pour faciliter la tranfpiration , &
elles fe trouvent bien de ce genre d’exercice. Il
devroit être employé fous le même point de vue,
par toutes les perfonnes qui, à raifon de quelques
cir.conftances particulières, ne peuvent ni marcher,
ni monter à cheval, ni faire aucun des exercices