
tend quelquefois jufqu'à l’anus, & alors les dèux
ouvertures n’en font qu’une, ce qui eft toujours
très-fâcheux, tant par les fuites, que par les acci-
dens aéluels qui peuvent accompagner cette dé-
fagréable circonftance. Nous pourrons y revenir
par la fuite, en traitant des affrétions chirurgicales
relatives à la vulve.
Les déchiremens comme l’arrachement , tels
grands qu’ils foient, peuvent avoir lieu , fans
cependant qu’il y ait une hémorrhagie bien
grave; les obfervations en> fourniffent plufieûrs
exemples, relativement aux ruptures de la matrice
, qui eft cependant un organe fingulière-
ment pulpeux & valçulaire; & les Mémoires de
l'Académie Royale de Chirurgie en offrent également
quelques-uns relatifs à l’arrachement. Il
en eft entr’autres quelques-uns qui ont rapport à
l'arrachement de tout un membre, qui méritent
une attention particulière ; tel eft celui d’une
jambe entière féparée du genou, à un petit en-
iànt qui montoit derrière une voiture traînée par
iix chevaux , & communiquée par M. Benomonr.
La partie inférieure du fémur étoit dénuée de
fes mufcles'dans l’étendue d’environ trois travers
de doigts ; les chairs & les tendons éfoient
déchirés fort inégalement, félon la réfiftance
plus ou moins grande qu’ils avoient oppofée à
l’arrachement. La jambe avait entraîné avec elle
les principaux vaiffeaux de la cuiffe, & Ion y
voyoit encore un bout de cinq ou fix travers de
doigt de long de l’artère crurale. Il n’y avoir point
d’hémorrhagie, & il n’en furvint aucune dans la
réfeélion des chairs & de l'os , quon fit pour
cgalifer la plaie, qui fut conduite fans accident
à parfaite cicatrice. A cet exemple, nous en ajouterons
un autre encore bien plus fingulier ; c eft
celui d'un bras & de l’omoplate , féparés du tronc
par l aîle d’un moulin en marche^, à un homme
dont il eft fait mention dans les Tranfaétions
Philofophiques. Le bleffé guérit par les foins de
Féru , alors Chirurgien en chef dans l’Hôpital
de SaintrThomas, à Londres, fans éprouver une
grande hémorrhagie. De la Motte, dit, dans fon
Traité des Accouchemens, qu’une femme ayant
accouché debout au moment où elle s'y atten-
doit le moins, l’enfant tomba fur le plancher,
& que le .cordon ombilical fut arraché jufque
dans le ventre de l’enfant, de manière qu’on ne
trou’-a pas le plus léger veftige de vaiffeaux an
nombril, il n’en fortit pas une goutte de fang ;
le lieu où la féparation s’étoit faite, reffembloit
à une excoriation un peu profonde , & 1 enfant
parut fi. peu en danger, que l'Accoucheur commença
d'abord à donner fes foins à la mère.
Les déchiremens font plus fujets à occalionner
des accidens vqu e l’arrachement, à raifon de la
direélion inégale qu’ont éprouvée les portions non
déchirées, & de l’état convulfif où font fouvent
les mufcles, dont la divifion s’eft inégalement
faite ; la moindre déchirure a ainfi quelqqefgjs
o c c a flo n n é d es fp a fm e s , le té tan os m êm e ; pendan
t q u e l’a rra ch em en t d es m em b re s , tr è s - v o lu m
in e u x , n 'a pas feu lem e n t d éte rm in é la m o in d re
ir rita tio n d ans le s pa rties re lié e s au t r o n c , pas
m êm e la m o in d re h ém o r r h a g ie , a in fi qu’i l con fie
d ap rès le s e x em p le s q u e n ou s v en o n s d e cite r.
L a m e ille u r e m an iè re d e rem é d ie r a u x a ccid en s
q u i fu rv ien n e n t a u x d é c h ir em e n s , fo n t le s d éb ri-
d em en s & le s in c ifio n s fa ite s à p r o p o s , & fé lo n
la d ir e é lio n q u ë la n a tu re b ie n c o n n u e d es p a rtie
s fu g g è r e . C e fim p le m o y e n d ans le s pla ies
c o n tu fe s d e tê te , a v e c d é c h ir em e n t d es ap on é -
v ro fe s & d u p é r ic r â n e , a o p é ré u n fo u la g em e n t
t r è s - p r o m p t , & a', p o u r a in fi d ir e , d ifliç é in ftan -
tan ém en t d es a ccid en s f o r t g r a v e s , q u ’o n r a p -
p o r to it à d es é p an ch em en s o u à des in flam m a tio
n s a u x q u e lle s o n s’é to it v a in em en t o p p o fé par
des fa ign ée s m u ltip lié e s , & au tre s rem ède s g én é ra
u x . M a is fo u v e n t o n n e p e u t a v o ir re c o u rs q u à
c e u x - c i , dans le cas o ù le s d é ch irem e n s fo n t in té
rieu rs , & q u e d es v ifc è r e s p u lp e u x en é p r o u v
en t fp é c ia lem en t le s e ffe ts. 11 fau t a lo rs n é to y e r
la p l a i e , s 'il y e h a , d e to u s corp s, é tr a n g e r s ,
d’e fq u ille s d ’o s , d’é c h a r d e s , q u i fo u v e n t feuU
o c c a fio n n en t tous le s a c c id e n s , p a r l'é ta t d 'i r r i ta
tion q u ’ils en tre tien n en t c o n tin u e llem e n t ; &
l ’o n in fifle fu r la f a ig n é e , le s fom e n ta tio n s , les
c a ta p la fm e s , & m êm e le s op tâ te s p ris in té rieu r
em e n t , o u a p p liq u é s à l’e x té r ie u r , JL a rra ch e m
en t d em an de é g a lem en t u n e fu ite d e fo in s a p p rop
rié s à l’ é ta t des c ircon fta n ce s ; ta n tô t i l fa u t d é b
r id e r la p a rtie du m em b re q u i r e f t e , d autres
fo is en fa ir e la r é fe é tio n c om p le t t e , p o u r é ga life r
le s ch a irs & em p o rte r la p o r tio n fa illa n te d e l o s ,
q u i n u iro it a u x p ro g rè s d e la c ic a t r ic e , & lem -
p ê ch é ro it m êm e d e fe fa ir e , I l fa u t e n d ’au tre s c ir -
c o n fta n c e s , r a p p r o c h e r le s c h a ir s , d im in u e r le
d iam è tre d e la p la ie p a r d çs c om p re n io n s fa ite s
fu r Içs en v ir o n s , & m êm e p a r des p o in ts d e fu tu r e s ,
qu an d le cas l ’e x i g e , com m e M* F é r u l ’a pra tiqu é
fu r le b le ffé q u i fa it le fu je t d e fo n d ffe r v a t io n .
I l e fl c o n fta té , en e f f e t , q u e le s cas o ù les ten don s
& le s lig am en s o n t é té S im p lem e n t d é ch iré s ou
t ir a il lé s , fo n t b e a u c o u p p lu s fâ c h e u x q u e c eu x
o ù ils on t é té en tiè rem en t em p o r té s ; c 'e ft c e dont
o n p e u t s’a ffu r e r , e n p a rc o u ran t le s fa its q u i on t
r a p p o r t à l'a r ra c h em e n t d es m em b res , o u de
q u e lq u e s -u n e s d e le u rs p a r tie s , & q u o n tro u v e
d an s le fé c o n d v o lum e d es M ém o ire s d e l’A c a d
ém ie R o y a le d e C h ir n r g ie . ( M . P e t i t - R a d e i :■ )
D É F E N S I F , d u la tin D e fen d cre • rem è d e top
iq u e q u ’on a p p liq u e fu r u n e p a rtie p o u r em p ê che r
l ’in flam m a tio n & le g o n flem en t q u i p o u r r o it y
fu r v e n ir . L e s D é fe n fifs fe tir e n t ord in a irem en t
k d ç la c la ffe d es aftrin g en s & d es r é p e r c u flifs , q u e l-
| q u e fo is a u fli o n a re com m an d é com m e te ls des
m éd icam en s h u ile u x & r e lâ c h a n s , p articuliè rem en t
; dans le s cas d e p la ie s q u i a ffe é len t d es parties
te n d in eu fe s o u a p o n é v ro tiq u e s .
D a n s les en to rfe s & d$ns to u tes le s extenfiofis
forcées
forcées des tendons, ligamens, aponévrofes, on
applique avec fuccès dans les premiers tems &
avant que l’inflammation ait pu fe former, un
Défcnfif fait avec le blanc d’oeuf, dans lequel
on fairfondre de l’alun crud;on y ajoute quelquefois
du bol d’Arménie. On incorpore auffi le bol
d’Arménie dans de la térébenthine, c’eft un Dé-
fenfif qu’on applique avec fuccès fur les parties
contufes intérieurement par la réfiftance des os,
ou par leur fraélure ou leur diflocation.
M. Quefnay reconnoît une troifième claffe de
Défenfifs, qu'il nomme Défenfifs animés, & qu'il
recommande, foit pour rétablir le ton & la vie
des parties contufes, foit pour ranimer celles
qui font engourdies par une violente commotion,
ou qu'une inauvaife difpofition menace de
gangrène. Tels font les décollions de plantes
âcres, comme l’ariftoloche , la Bryone, &c. auxquelles
on ajoute du£el marin, du fel ammoniac, 1
&c. l’eau-de-vie , l’efprit-de- vin fimple ou. camphré,
les plantes aromatiques bouillies dans
le vin.
Les Anciens faifoient ufage des Défenfifs beau- j
coup plus fouvent que les Modernes, q u i, dans |
la plupart des cas de plaie.ou de contufion avec
excoriation, en redoutent l’effet irritant; même
celui des corps gras, q u i, chez bien des per-
fonnés, au lieu de produire l’effet qu'on attend,
déterminent au contraire une inflammation éréfy-
pélateufe.
Le plus innocent, & peut-être le plus utile
de tous les remèdes employés comme Défenfifs,
eft l’eau froide. Appliquée fur des contufions,
fur les plaies fuperfLielles, fur les brûlures, &
renouvelléeconftamment pendant quelques heures,
plus ou moins, fuivanc la nature & la gravité
du mal, de manière à être toujours plus fraîche
que Ja partie fur laquelle on l’applique , elle eft
de la plus grantj^ efficacité pour prévenir l’inflammation
, & proaîrer une guérifon beaucoup plus
prompte qu’on ne pourroit l’attendre fans ce fe-
cours bienjimple, & à la portée de tout le monde.
L’eau de Qpulard & les autres préparations de
plomb peuvent être employées enfuite avec avan
rage, & contribuer auffi beaucoup à accélérer la
réunion des parties & à les confolider.
DÉGLUTITION Léfée. Voye£ OEsophage.
D E L IGA TIO N , Nom générique de toutes
les opérations dont l’effet tend à comprimer des
parties, ou à les maintenir dans une certaine
pofition. Les moyens de Déligation font de deux
fortes; les Bandages & les Sutures. Voyez
Ces mots, >
DÉLITESCENCE,De/ite/cere, fe cacher. C’eft
un genre de inétaflafe qui. arrivé dans les différons
tems des apoftêmes ,& moyennant* laquelle
1 humeur qui formoit tumeur, ramenée dans les
voies de la circulation, eft reportée dans l’uni-
verfalité dû. fyftême, pour être enfuite évacuée J
par un excrétoire quelconque. La Délitefcence I
Chirurgie, Tome I .eC I I * Partie.
fuppofe toujours cette évacuation; car, s’il n'y
en a point, & que l’humeur aille engorger quelque
vifcère ou autre partie, alors il y a ce qu’on
appelle méraftafe , terminaifon beaucoup plus fâ-
cheufe, quelquefois même mortelle, quand l’humeur
eft abondante, acrimonieufe, qu’elle fe
dépofe promptement, & fur des vifcères effen-
tiels à la vie. La Délitefcence peut non-feulement
; fe faire dans le commencement d’un apoftême
mais encore lorfqu’il a pafl’é à l’état d'une fup-
puration complette. John Hunter fait mention
d’un homme dont le bubon étoit en pleine fup-
purarion , on fe difpofoit à l’ouvrir, lorfque forcé
de monter fur un vaiffeau qui mettoità la voile
on différa cette opération. On fut fort étonné
lorfque quelques jours après un féjour en mer
où il avoir beaucoup fouffert du gros tems , on
ne put découvrir aucun indicé de fluéluarion • le
pus avoit été réforbé, & les fégumens affaiffés
ne contenoient plus rien. La pratique fournit des
exemples femblables à celui-ci dans des circonftances
moins turbulentes que celles-ci dans les
hôpitaux où les malades font paifiblemenr dans
leur lit. L ’on foupçonne, & avec raifon, que les
vaiffeaux abforbans, jouent un grand rôle dans
tour ce qui a rapport à la Délitefcence, c’eft un
point fur lequel ,nous reviendrons plus particulièrement
à l'article Métastase, ainfi que fur
les. caufes & les lignes de cette efpèce de con-
verfion de maladies. ( M. P e t i t - Radez. )
DÉLIVRANCE. Parais fecundarius. Il ne
foffir point, pour la mère , que fon enfant forte
à l’époque, où ûn plus long féjour dans la ma-'
triec lui deviendroit nuifible, il faut encore que
le placenta & les membranes, qui ne font plus
alors d’aucun ufage pour l’un comme'pour l’autre
foient également expulfés. On défigne, fous le
‘ nom de Délivrance , ce travail fecondaire , qui
s’opère d'après les mêmes loix que celui qui contribue
à l’expulfion de l’enfant. Voyez l’article
Accouchement. Il arrive quelquefois que les
mêmes contrariions de la matrice, qui chaffent
celui-ci , portent également l’arrière-faix au dehors,
& alors l'accouchement , au lieu d’offrir
deux tems bien diftinéls, n’en préfente réellement
qu'un. Mai3 le plus fouvent il eft entre ces
deux opérations un intervalle que la nature a
ménagé, pom*que la mère pût fe refaire des fouf-
frances quelle a éprouvées pendant Je vrai travail
, & cet intervalle eft plus ou moins long ,
félon que l’accouchement a été plus ou moins
laborieux. Il arrive a fiez fréquemment que la
matrice fe co ni racle irrégulièrement dans les différentes
régions , que fon orifice, par exemple,
fe refl’erre fortement, pendant que les contractions
du corps font lingulièrement lentes. De
cette inégalité dans les conrraélions , il fuit
qu'une portion du placenta peut être féparée
avant l’autre, d’où l’on voit que les procédés