
malades n’éprouvent ni douleur, ni'enflitre dans
levoifinage de l’Anus.— Mais, dans le cas d’une
fiftule occulte, le pus qui fort par les Telles n’eft
point mêlé avec les excrémens ; au contraire , fi
l’on y fait attention , on les. trouve parfaitement
diftinéh & féparés}.&. lorfque fur ces indices on
examine avec foin les environs du fondement-,
on y trouve toujours quelque changement de couleur
, ou quelque degré d’enflure ou de dureté ;
en même-teins que le malade ne manque pas de
fe plaindre de beaucoup de douleur fi l’on preffe
ces parties avec un certain degré de force. De
tels fymptômes ne peuvent laiffer que peu ou
point de doute fur l’exiftence d'une filiale.
Pour découvrir le liège de l’abcès dans un cas
de fiftule occulte, les uns ont propofé de paffer
une petite fonde recourbée dans l’Anus, & de
chercher avec fon extrémité l’ouverture de l’in-
teftin , par où elle doit néceffairement pénétrer
dans l’abcès fi on la pouffe plus avant ( i) . D’autres
confeillent d’introduire dans le reélum une tente
dure & affezgroffe, pour boucher la communication
qui exifte entre fa cavité & celle du finus,
afin que le pus s’atnaffant en certaine quantité
dans l’abcès, on en découvre plus aifément la
fituation i . l ’extérieur. Ni l’une ni l’autre de ces
méthodes n’eft néceffaire, & n’auroit probablement
de fuccès dans la pratique.
Sans recourir à de pareils moyens , un peu
d’attention fera aifément découvrir le principal
fiège d’un abcès, fitué près du bord de l’Anus.
Car quoique le pus ne puiffe pas s’y amaffer en
grande quantité, à caufe de la compreffion fréquente
qu’éprouvent les parties quand on va à la
garde-robe & qui le fait refluer dans le reélum ,
cependant on découvre toujours un peu d'enflure
& de dureté, & fur-tout une certaine décoloration
dans quelque partie voifine du fondement.
Et lorfqu’on a trouvé de femblables marques, fur-
tout fi l’on caufe de la douleur au malade, eh
comprimant ce même endroit, on ne peut plus
douter que ce ne foit là le fiège de l’abcès.
Notre objet, en pareil cas, doit être abfoîument
le même que fi le pus avoit une iflue à l’extérieur 5
car, dans le fait, la maladie efl la même , & ne
différé de l’efpèce la plus ordinaire de fiftule que
par cette feule circonftance, c’eft que le pus eft
toujours rejeté dans le reélum avant que d’être
évacué, au lieu de paffer tout de fuite au-dehors
par une ou plufieurs ouvertures auprès de l’Anus.
Et comme ces deux variétés de la maladie fe
reffemblent beaucoup, les moyens de la guérir
font auffi à-peu-près les mêmes.
Pour faire l'opération, on plonge la pointe
d'une lancette ou d’un biftouri dans l'endroit
ue l’on a reconnu par les lignes indiqués pour
evoir être le liège de l’abcès ; & lorfque la
pointe de Tinftrument y eft parvenue l ce que
l’on apperçoit aifément par l'écoulement d’un
peu de pus, la maladie étant réduite à l’état Ample
de "fiftule complette , on finira l’opération
comme dans les cas où elle s’eft montrée telle dès
le commencement, en introduifant le doigt index
de la main gauche dans le fondement , & en
paffant le biftouri à pointe moufle par la plaie
qu’on vient de faire, le long du finus, jufqu’à
ce que fon extrémité rencontrant le doigt qui eft
dans le reélum , on la retire par l’Anus, d© manière
à ouvrir le fac de l’abcès dans toute fon
étendue. La fuite du traitement fera la même que
dans les autres cas de fifiule.
Après avoir expofé le traitement qu’exigent les
différentes variétés de cette maladie dans fes premiers
périodes, & dans fon état le plus fimple ,
ou les parties affeélées ne le font que par un abcès,
formant un ou plufieurs finus, avec ou fans
ouverture extérieure •, nous allons confidérer ce
qu’il y a à faire lorfque la maladie fe trouve compliquée
de callofités, ou d'autres accidens plus
graves.
5- V I . Traitement des cas oit la Fifiule efi
compliquée de callofités ou d’autres accidens»
Lorfque par négligence, ou par la fuite d’un
mauvais traitement, le pus contenu dans un abcès
ne trouve pas une libre iflue , les parties les plus
voifines, viennent quelquefois à s’enflammer , le
malade y éprouve de la douleur, & peu-à-peu
elles deviennent dures & calleufes, ce qui entraîne
mille fymptômes pénibles.
Dans cet état, delà maladie, quelques Praticiens
ont confeillé,. avant que d’entreprendre aucune
opération, de difloudré ces duretés par l ’ufage
intérieur de préparations mercurielles, par des
emplâtres fondans, mercuriels & autres, & par
des cataplafmes émolliens on maturarifs. On a
auffi recommandé certaines applications cauftiques
pour ronger, ou détruire les parties durcies. Mais
l’opinion qui a été la pins généralement adoptée,
il n’y a pas encore bien long-tems, c’eft que les
parties qui ont contraélé beaucoup de dureré,
doivent être toutes emportées avec l’inftrumenî
tranchant.
Quiconque a été appellé à connoître par lui-
même cette branche de la pratique Chirurgicale,
fart fort bien qu’il eft tout-à-fait impoffible de
difloudré ou de diffiper les callofités dont la formation
eft.déjà de vieille date, par des cata—
plafmes, des remèdes mercuriels ou d’autres fondans.
Heureufemem que la maladie peut fe guérir
avec affez de certitude par des moyens moins
cruels, qu’en dérruifant les parties affeélées , par
des cauftiques, ou par l’extirpation. Lorfque des
parties ne peuvent être confervées qu’en expofani
la vie du malade, il faut fans doute les ôter-, mais
comme il n’y a qu’une ^1) Voyea Diçnis, Cours d’opératiocs, néceflùé indifpenfable qui
puiffe engager à recourir à un remède auffi violent,
on ne devroit jamais l’employer, quand on peut
arriver au même but, par des moyens plus doux.
S’il eft vrai, comme nous l’avons dit, & comme
cela paroîtra évident à tous ceux qui Voudront fe
donner la peine d’obferver la marche de la nature, »’
que les duretés, qui furviennent dans les périodes
avancés de cette maladie , font conftamment,l’effet
du féjour du pus, on peut préfumer qu'il n’eft
pas néceffaire, pour en opérer Ja guérifon, d’avoir
recours à l ’extirpation de ces parties.
Il y a d’autres moyens d’y parvenir, qui fe pré-
fentent ici très-naturellement, ce font ceux qui
tendent à donner au pus une libre, iflue, à empêcher
qu’il ne s'en forme de pareils amas à
l’avenir, enfin à exciter & à entretenir la fuppu-
ration dans les parties mêmes .qui font fur-tout
affeélées. Nous avons lieu de regarder ces moyens
comme étant les plus efficaces de tous ceux qui
ont été recommandés jufqu’ici pour fondre les
callofités de la nature de celles dont nous parlons.
On a été dans l'ufage de donner aux gonflemens
de cette efpèce, le nom de fquirrofités, ou de duretés
fquirreufçs, dénomination tout-à-fait impropre,
comme il eft facile de le voir. Le nom de
fquirre ne doit être employé qu’à défigner une
tumeur dure , formée dans des parties molles, &
le plus fouvent glanduleufes, & que l'on connoit
par expérience, comme étant de nature à pouvoir
dégénérer en cancer. Or, dans le vrai fquirre , le
remède que nous venons de propofer, qui con-r
fifte à exciter l’inflammation & la fuppuration de
la partie malade, ne pourroit qu'être fouverai-
nement nuifible en précipitant la formation d'un
cancer, dans une rumeur qui, abandonnée à elle-
même, auroit pu demeurer indolente pendant long- ;
teins. Mais quant aux duretés qui fe forment dans
le tiflu cellulaire, auprès des vieux ulcères, &
fur-tout des ulcères fiftuleux, duretés auxquelles
on a affigné particulièrement le nom de callofités,
elles ne dégénèrent probablement jamais en can-
Çer, & rien ne tend auffi puiflamment à les fondre
que la fup'puration qu'on excite dans leur fubf-
tance même. Une circonftance très-heureufe, c'eft
que le moyen qui remplit le plus efficacement
cette importante indication, remplit auffi fuffi-
famment toutes les autres que préfente la maladie
qui nous occupe. Ce moyen confifle à faire des
incifions le long de tous les finus qu'on peut découvrir
y 8c, lorfque ces finus ne font pas nombreux
en proportion de l’étendue des callofités
que l'on trouve, il convient de faire une ou
deux , ou un plus grand nombre d'inci fions profondes
dans toute la longueur de ces callofités. Et
quand on a fait pénétrer ces incitions jufques au
fond des duretés, la première inflammation qui
furvient détermine une fuppuration 11 abondante
■ que pour l’ordinaire elle en avance puiflamment
la fonte.
Il n y a que ceux qui ont été témoins des grands !
avantages de cette méthode qui puiffent s’en
former une jufte idée. On a vu des cas où elle a
procuré une guérifon complette, & où cependant
des Praticiens expérimentés avoient jugé qu'on
ne pouvoit efpérer de l’obtenir fans extirper entièrement
les callofités. Il faut avouer cependans
que lorfque la maladie eft ancienne, & que les
parties dures ont acquis une grande épaiflèur, on
eft obligé de continuer long-tems ce traitement,
c’eft-à-dire, qu’il faut pendant long-tems entretenir
une fuppuration abondante dans les pre*
mières incifions qu'on a faites, ou dans celles
qu’on leur a fait fuccéder, fi les premières fe font
fermées trop-tôt.
Quelquefois il n’eft pas^aifé de faire fuppurer
ces incifions*, leurs bords s’enflamment, deviennent
douloureux , 8c ne donnent qu'une fanie
fétide. Si l’on a lieu de croire que cela tienne à
un principe vénérien , on à quelqu autre maladie
de la conflitution, de quelque nature que foit
cette maladie, il faut la traiter avant que de
pouvoir fe flatter de voir naître un changement
favorable dans les incifions. ï$ais lorfque le
fyflême eft d’ailleurs en bon é t a t & que l'on a
des raifons de préfumer que la mauvaife apparence
des plaies ne procède que d’irritation, ou
de quelqu’autre affeélion locale, rien en pareilles
circonftances ne fera autant de bien que des cataplafmes
chauds , tenus conftamment fur la partie.
En vertu de leur qualité émolliente, ils tendent à
appaifer l’irritation , plus fûrémeut que tout autre
remède *, & nous avons fait voir à l'article Abcès,
qu’ils contribuent plus que toute autre chofe. à
favorifer une bonne'fuppuration. On entretient
la fnppnration dans ces plaies, jufqu’à ce qu’il ne
refte prefque plus de duretés aux environs, & alors
on les lai fie cicatrifer par le fond , comme on
feroit pour toute autre efpèce d’ulcère ou de
bleffure.
Par.cette méthode, fi la conflitution eft d’ailleurs
en bon état,. on peut guérir la fiftule de I3
plus mauvaife efpèce, avec bien plus de facilité ,
.& d’une manière bien moins pénible pour le malade
, que par l’extirpation des parties devenues
caüeufes. Nous concevons difficilement un cas
où cette extirpation puiffe être regardée comme
indifpenfable , fi ce n’eft peut-être celui où des
tumeurs & des callofités très - confidérables fe
trouvent dans des parties détachées depuis long-
tems, & à-peu-près complètement, des mufeies
avec lefquels elles feroient unies dans l’état de
fanté. Mais ce cas ne fauroit exifter qu’en confér
quence de quelque erreur dé conduite très-grolfière;
cependant s’il fe préfente, & fi les parties qui ont
contraélé des duretés font tellement détachées des
parties faines qu’il n’y ait pas lieu de fe flatter
qu’elles puifl'ent s'y réunir de nouveau, l’extirpation
devient néceffaire. Dans les cas encore où
les bords des ulcères extérieurs font devenus très-
durs 3 calleux renvejrfés A l’on peut hâW Ja