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l'extrémité, du crochet fur fon. côté le plus fain ; \
& cette confidération peut être regardée comme ;
line raifon de renverfer les dernières molaires en
dehors de la mâchoire ; mais , en pareil cas , il
vaut mieux déchaulfer la Dent à l’extérieur ; de
cette manière, on pourra fe procurer toute la
prife néceffaire pour fixer le crochet & pour
tourner la Dent vers l’intérieur de la bouche.
I l n’eft guères poffible d’arracher certaines
Dents, les greffes molaires en* particulier , fans
brifer leur alvéole. Cet accident en général n’eft
pas d’une grande conféqucnce, puiique, par la
rature même de l’union de ces organes enfembte,
l’alvéole ne peut pas être rompu au-delà de
l ’extrémité de la racine , & qu’il n’y a même
que très-peu de cas où la fra&ure s’ étende aufii
loin; de forte qu’ il n’y ,a que cette partie de
l’alvéole qui doit fe détruire après que la Dent
aura été arrachée qni puiffe en fouffrir, le fond
devant fe remplir d’une matière offeufe, pour
fournir la gencive. Voye\ A lvéoles. Onafup-
pofé que les efquilles de l’alvéole pouvoient
faire du mal •, mais cette crainte ne paroit pas
fondée, car fi ces efquilles font encore adhérentes
à la mâchoire , elles s’arrondiffent peu-
à-peu, en vertu de la tendance quom ces parties
à fe détruire, lorfqu’elles ne font plus né-
ceffaires pour foutenir les Dents, & fi elles font
tout-à-fait détachées, elles fortent avant que la
gencive foit complettement refferrée, ou bien
ellesne tardent pas à agir comme un corps étranger,
& à former un petit abcès qui leur ouvre une
iffùe. Mais fi l’os même de la mâchoire fe trouve
fraéluré en quelque partie, comme cela n’arrive
que trop fouvenr, entre les mains d’opérateurs
jmprudens & mal-adroits, les conféquences en
font plus fâcheufes ; il en réfulte des inflammations
& des fuppurations longues & difficiles
i guérir, fur - tout ram qu’il refie des efquilles
détachées. Lorfqu’on s’apperçoit de la préfence
de celles - c i , il faut toujours tâcher de les
extraire, fans ufer cependant de beaucoup de
force. Si elles ne cèdent pas facilement , la
fuppuration les détachera dans la fuite.
Quelquefois il arrive qu’en faifant l’effort né-
çeffaire pour arracher une Dent, on la caffe, &
qu’il refie une partie de.fa racine dans l’alvéole,
laquelle continue à caufer les mêmes accidens &
les mêmes douleurs qui avoient lieu auparavant.
I l fa u t, en pareil c a s , faire fon poffible pour
extraire cette portion de racine de la manière
que nous expliquerons ci-après. Si l’fcn ne peut
pas venir à bout de l’arracher, la gencive bientôt
la recouvrira plus ou moins, & peu-à-peu l’alvéole
fe détruifant à fa partie fupérieure , & fe
rempliflant en même-tems par le fond, le chicot
forrira.& l’on pourra enfin le détacher facilement.
Il eft rare que ces fortes d’accidens arrivent à
des Chirurgiens prudens & éclairés ; ils font ordinairement
la cooféquence d’une trop grande
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précipitation , & dfi l’opinion erronée où font fe
plupart de ceux qui font cette opération; que
l’on ne fauroit l’exécuter avec trop de promptitude.
Il eft au contraire de la plus grande importance
de leur bien inculquer qu’il ne faut point
précipiter le mouvement de la main en arrachant
une Dent, & que l’on eft bien plus fur d’en venir
à bout fans qu’il en réfulte aucune confé-
quence fâcheufe , fi l’on procède doucement 8c
avec circonfpeétion , que fi l’on fait l’extraélion
brufquement. Cette précaution eft fur-tout néceffaire
lorfqu’on opère fur les adultes, car chez
les enfans, qui n’ont que des Dents de lait, la
mâchoire n’ayant pas encore acquis toute fa fo-
hdité, il y a beaucoup moins à craindre que la
Dent ne cafte.
Un autre accident, qui peut arriver à la fuite
de cette opération , malgré la prudence de l’opéra
teur,c’eft une hémorrhagie, difficile à fupprimer.
Il eft vrai qu’on ne voit pas fréquemment, en
pareil cas, d’hémorrhagie de quelque importance,
car les vaiffeaux, qui fourniflent des branches aux
Dents, font trop petits pour pouvoir donner beaucoup
de fang. Mais lorfque les racioes d’une
Dent font profondément fixées dans la mâchoire,
& qu’on a été obligé d’employer beaucoup de fqjxe
pour l’arracher, on comprend que quelque branche
artérielle plus confidérable, appartenante aux
parties voifines, peut en avoir fouffert, & occa-
lionner une perte de fang plus abondante que
celle qui a lieu pour l’ordinaire.En pareil cas,
on recommande au malade de tenir de l eau froide
dans fa bouche, de la rènouveller fréquemment
ou d’y fubftituer du vin rouge, de l’eau*de-vic,
du vinaigre, & même de l’efprit-de-vin. Onréuffit,
pour l’ordinaire, au moyen de quelqu’une de
ces applications, finon il faut avoir recours à
d’autres moyens. La compreffion eft le plus Ample
& le plus ufiré , qwoiqu’ici l’on ne puiffe
pas l’appliquer aufli' commodément, ni arec le
même avantage qu’on le fait en d’autres parties.
En générai cependant il fuffira de remplir l’alvéole
avec de la charpie , que quelques perfonnes recommandent
d’imbiber auparavant d’huile de
térébenthine , & de mettre pardtflùs itn bour»
donnet de charpie, ou un morceau de liège plus
épais que les corps des Dents voifines, afin que
les Denft de la mâchoire oppofée puiffent s’appuyer
deffus , & faire ainfi la compreffion néceffaire.
On a confeillé auffi de remplir l’alvéole
avec de la cire ramollie par la chaleur, dans la
fuppofition qu’en fe moulant exactement dans la
cavité, elle pourroît arrêter l’hémorragie.Peut-
être ce moyen réuffiroit-il mieux dans certains
cas que le précédent, & l’on pourroît le tenter,
lorfque celui - Jà auroit manqué. S i , malgré tous
ces fecours, l’hémorrhagie ne s'arrêtait pas, ce
que l’on peut à peine fuppofer, on dfivroit re-
\ courir au cautère'iHnel/qui détruiroit la porfîon
de vaiffeau qui fournit le fang & en ref-
ferreroiî l’orifice.
Lorfqu’il s’agit d’àrracher quelqu'une des Dents
incifives > des canines ou des petites molaires ,
on peut le faire avec des inftrumens qui nfepr
pas, comme le pélican, l’inconvénient de froiffer
les gencives. Toutes ces Dents, excepté les petites
molaires n’ont qu’une racine s celles-ci, pour
l’ordinaire, en ont deux ; toutes cependant s’arrachent
avec beaucoup plus de facilité que les
groffes molaires. Le davier, infiniment que nous
avons décrit ailleurs, Voyei ce m o t, fuffit généralement
pour en faire l ’extraélion. Lorfqu’ on
s’en fe r t, .il faut faire avancer les mâchoires de
l’inftrument aufir loin qu’il eft poffible fur la
Dent, & avoir foin de les faire agir également;
autrement on- rifque de caffer la D e n t & d’en
laiffer la racine dans l’alvéole. Au lieu de tirer
la Dent tout-de fuite fuivant la direction de fes
racines y ou un peu obliquement, comme c’eft
î’ufage, quelques Praticiens- recommandent de
commencer par la tourner un peu d’un côté,
puis de l’autre fur fon axe longitudinal, afin de
la détacher de fon alvéole, après quoi on l’en
tire fans aucun inconvénient..
Jufqu’à préfent nous avons fuppofé que la
Dent qu’on vouloir arracher, nétoit cariée qu’en
partie; mais quelquefois elle l’eft an point, que
toute la couronne eft détruite;. & qu’il ne refte
rien hors des gencives, qui puiffe donner prife
à l’inftrument. Lorfque les Dents font réduites
à cet état, on leur donne le nom de chicots. La
connexion de celles qui ont plufieurs racines,
avec leurs alvéoles, fubit alors un- changement
important. La couronne n’exiftam plus, les racines
fe trouvent toutes féparées les unes des
autres % puifque c’étoit par la couronne qu'elles
faifoient corps enfemble ; elfes font, par-là même |
moins fixes dans leurs alvéoles, puifqu'érant divergentes,
leur réunion au fommet, faifoit qu’elles
fe foutenoienr réciproquement dans leurs cavités
refpeélives; Mais alors, elles tendent encore davantage
à s’ébranler, en conféquence d’im nouveau
genre de dépériffement dont elles deviennent
fufceptibles. Une grande partie de la couronne
d’une Dent peut être détruite par la carie, fans
que les racines paroiffent en fouffrir ; mais, lorf-
qu’elle eft confumée en entier, celles-ci ne tardent
.pas à péricliter , elles s’ufent peu-à-peu ;.
& même il n’ell pas rare de voir les racines
des plus fortes molaires prefqu’entièrement détruites
, ou du moins réduite^ à des petites
poinres qui vacillent dans la gençtye, & que l’on
arrache avec la plus grande facilité. Aufli les
chicots, même ceux qui paroiffent encore fixement
attachés à la mâchoire > font-ils en général
plus faciles à arracher que les groffes molaires
avec toutes leurs racines.
La meilleure manière d’arracher un chicot,
eft de le faiiïr avec le davier ou la pincette, s’il
donne affez de prife pour cela mais îorfqu'ii
eft tout-à-fait rabaiffé au niveau des gencives ,
ou que fes bords en font recouverts, comme il
arrive fouvent, on eft obligé, pour 1e faire fortir,
ce fe fervir d’un fimple levier, auquel on donne
différentes formes. On commence par féparer
exaélement avec le déchaufloir, la gencive du
chicot ; enfuite on applique l’extrémité du levier
contre celui-ci, & en pouffent avec un certain
degré de force , on le fait fortir de fon alvéole*
Lorfqu’il y en a plufieurs, on procède fuccef-
fivement de la même manière pour arracher les
autres. Pour faire cette opération avec facilité,
il ne faut pas pouffer l’extrêmiré du- levier trop
loin vers la pointe de la racine, comme font
portés à le faire les opérateurs qui n’ont pas une
grande expérience à cet égard , parce que , de
cette manière, il fe perd une grande partie, de
la force qu’on emploie contre le côté oppofé de
l’alvéole, qui étant plus fort- vers le fond que
vers les bords, oppofe une plus grande téfiftance
que lorfque l’effort de la main fe porte davantage
vers la partie fupérieure du chicot. Voyeç
les Planches, pour la forme qu’on doit donner
aux leviers.
De VInflammition du Pe'riojîe des Dents- , .
& du Gonflement des raciney.
Quoique l’extraélion des Dents foit le moyen»
fe plus fur que nous connoiffions pour calmer
les douleurs que caufe la carie, il n’eft pas toujours
convenable d’y avoir recours-. Souvent ces
douleurs font accompagnées d’une inflammation;
violente des parties qui environnent la Den tr
foit en conféquence de l’état inflammatoire de
fa partie pulpeüfe, foit par d’autres caufes. Quelquefois
la Dent né paroît point endommagée à
l’extérieur , quoique la douleur foir très-aigue y,
mais il y a inflammation de la membrane qui recouvre
fa racine, oü de la racine même. On juge
que le mal tient à une caufe de cette nature ,
lorfqu’on n’apperçôit point de carie ; lorfqu’on
peut en tracer l’origine à quelque caufe évidente
d’inflammation, telle “qu’un coup de froid y lorfqu’il
y a manifeftement une inflammation confidérable
des parties voifines* L ’état de groffeflè r
qui eft fouvent accompagné de fymptôraes de-
difpofition inflammatoire , expofe fouvent les
femmes à des maux de Dents, q u i, dans bien»
des cas, ne paroiffent pas dépendre de carie. La*
maladie ,. avons-nous d it , peut auffi dépendre
d’une afteélion de la racine même de la Dent
; c’eft un gonflement, une forte d’exoftofe qui a
heu dans ctrte partie , & qui paroît être de la
: même nature que ce qu’on appelle Epine ven-
■ teufe en d’autres parties du corpr. Cette affec-
i tion oecafionùe une douleur très-vive, qui d abord
a fon fiège dans la Dent même , ou dans l’ai-
[ véole y en conféquence de la preffien e&traosdâ