
582. G O N
mois encore après fa guérifon, fans recevoir aucune
nouvelle infeélion. Mais le premier étant
revenu après un an d’abfence, & ne croyant pas
courir aucun danger, puifqu elle viyott tranquillement
avec le fécond, ne laiffa pas de prendre
d’elle une nouvelle Gonorrhée.
Des symptômes de la Gonorrhée.
1. D u fiège de la maladie.
Leitège ordinaire de la Gonorrhée, chez les
deux fexes, eft dans les parties de la génération ;
chez les hommes, c’eft l’urètre qui en eft le plus
fréquemment arreclé ; chez les femmes, ce font
le vagin, l’urètre, les grandes lèvres* le clitoris,
les nymphes. ..
La manière dont fe propage cette maladie ,
indique affez pourquoi ce font ces parties, qui
en font le fiège*, mais fi nous ne confîdérions
dans l’homme que la furface des parties expofées
au contaél, nous devrions naturellement fuppofer
que le gland* l’intérieur du prépuce, ou l'orifice
de l’urètre, feroient les premières, ou les
feules parties affeélées 5 c’eft cependant ce qui
n’arrive que rarement; peut-être même que la
maladie n’attaque jamais l’orifice de l’urètre ,
fans paffer plus avant dans le canal. L on voit
quelquefois un écoulement qui vient de la fur- !
face du gland ; quant au prépuce , on voit auffi
dans quelques cas, foit qu’il y ait écoulement
par l’urètre ou non, fa furface interne affeélée
d’une inflammation éréfypélateufe, d’où réfulte
une forte de phymofis. Lorfque [’inflammation
vénérienne attaque le gland ou le prépuce, ou
ces deux parties à-la-fois, elle s'y fixe fou-
vent , & ne s’étend pas plus loin , n’étant accompagnée
ni d’écoulement par l’urètre, ni de douleur
dans cette partie.
L’inflammation qui accompagne la Gonorrhée
préfente plufîeurs des phénomènes de l'inflammation
ordinaire *, on peut voir cependant quelle
diffère de celle-ci à bien des égards; elle n’eft
point accompagnée de fenfation pulfative , elle
occafionne peu de douleur, excepté celle qui
provient de l’irritation de l’urine, St de la aif-
tenfion des parties ; & l’irritation inflammatoire
pénètre rarement au-delà des furfaces affeélées.
La fécrétion abondante de pus, qui eft la con-
féquence d’une inflammation auffi légère, provient
peut-être de ce que les parties affeélées
font naturellement dans un état de fécrétion, ce
qui fait quelles paffent facilement de cette fécrétion
naturelle à une fécrétion morbifique.
Mais, quelque légère que foit cette inflammation
, dans la plupart des cas , il arrive quelquefois
qu’elle eft beaucoup plus grave, &
quelle pénètre bien avant dans la membrane
cellulaire, ou plutôt réticulaire du corps fpon-
gieux de l’urètre, fur-tout près du gland. Quelg
o N
quefois elle s’étend plus avant le long du corps
ipongieux de l’urètre, en produifant une tumé-
faélion , c’eft-à-dire une extravafation de lymphe
coagulable, qui eft la caufe ordinaire de la
cordée. Quelquefois êlle donne lieu à des fup-
purations, fur-tout lorfqu’elle fe porte au périnée
; il paroît que le fiège de ces fuppurations
eft dans les glandes, comme nous le verrons
ci-après.
§. 2. Des fymptâmes les plus o r d in a i r e s 6f de
tordre dans lequel ils f e manifcftent.
Le premier fymptôme de la Gonorrhée qui
fe fafle appercevoir, eft généralement une dé-
mangeaifon à l’orifice de l’urètre, accompagnée
d’une légère tuméfaélion de fes bords , & qui
s’étend quelquefois fur tout le. gland. Bientôt
après, l’écoulement paroît; la démangeaifon fe
change en douleur, fur-tout lorfqu’on urine ;
mais quelquefois on ne fênt aucune douleur,
qu’affez long tems après que l’écoulement & les
autres fymptômes fe font manifeftés. Il y a des
Gonorrhées qui ne font jamais accompagnées
d’aucune douleur ; il y en a d’autres où les malades
en éprouvent beaucoup, même bien avant
que l’écoulement paroiffe.
Lorfqùè les fymptômes inflammatoires font
déclarés, la verge paroît plus greffe., & comme
dans un état de demi - éreétion, le gland eft
gonflé, lifte & rouge, avec une forte de tranf-
parence *, quelquefois il s’y manifefte une légère
excoriation qui le rend très-fenfible, & d’où il
fuinte un peu de matière. Le canal de l’urètre
devient plus étroit qu’à l’ordinaire, ainfi
qu’on peut en juger par le jet de l’urine qui
eft plus petit que de coutume, & qui foavent
s’éparpille en fortant, ce qui provient d’une irrégularité
dans l’intérieur du canal : cet accident
s’obferve, non-feulement dans la Gonorrhée ,
mais encore dans toutes les autres affrétions
de l’urètre* 'qui en altèrent la figure. Voyi\
Ischurie.
On obferve fouvent le long de la furface inférieure
de la verge, dans le trajet de l’urètre,
des petites tumeurs qu’on regarde comme les
glandes mêmes de ce canal tuméfiées & enflammées;
on en voit quelquefois qui acquièrent un
volume affez confidérable, & qui viennent enfin
à fuppuration, en formant des abcès qui s’ouvrent
, tantôt à l’extérieur, tantôt à l’intérieur
du canal. Dans ce dernier cas, la tumeur s’af-
faifle tout-à-.coup , après la fortie d’un flot de
; matière purulente*, quelquefois on la voit repa-
roître au bout d’un certain tems-, lorfque l’ori*
; fice par lequel elle s’eft vnidée , fe cicatrife trop
: tôt. On obferve fouvent de pareils .abcès dans
l’endroit où fe trouvent les glandes de Cowper >
ces tumeurs s'ouvrent en-dedans ou en-dehors »
& quelquefois des deu$ ^manières; elles fourniC*
G O N
fent alors à l’urine un nouveau partage, auquel
on a donné le nom de fiftule au périnée. Voyeiq
PÉRIMÉE.
L'on éprouve fouvent le long de la partie inférieure
de la verge, une fenfation douloureufe
qui s'étend jufqu’à l’anus, & qui provient de
l’état inflammatoire de l’urètre. Les érections
qui, dans la plupart des Gonorrhées, font très-
fréquente*, deviennent extrêmement pénibles ,
lorfque cette fenfation dont nous venons de
parler èxifte, ou lorfque la Gonorrhée eft
cordée.
3. D e VEcoulement.
Le fluide vifqueux & tranfparent, qui coule
naturellement des glandes de l’urètre , fe change
en une liqueur blanchâtre & aqueufe; celui qui
s’exhale de la furface de lurètre qu’il eft def-
tiné àlubréfier, devient auffi moins tranfparent,
& ces deux fécrétiohs, en s’épaiffiffant peu-à-
peu, prennent de plus en plus les qualités du
pus. Cette matière change fouvent de couleur
& de confiftance, fuivant la difpofition des
parties qui la forment ; elle eft tantôt blanche,
tantôt jaune, & tantôt d’un verd plus ou moins
foncé, comme cela s’obferve principalement' fur
les linges. Ces changemens dépendent de la diminution
ou de l’accroiflement de l’inflammation,
& non des qualités vénéneufes de la matière
car toutes les fois que ces parties font
irritées à un certain point, par une caufe quelconque,
il en réfulte les mêmes apparences.
C’eft ce qui fe trouve confirmé, fur-tout par
une expérience de M. Swediauer, faite fur lui-
même ; ce Praticien s’étant injeété dans l’urètre
un peu d’aikali-volatil cauftique, étendu dans
de Peau , e;ut tous les fymptômes ordinaires de
la Gonorrhée, &. un écoulement qui Rvoit les
mêmes apparences & les mêmes variations de
couleur qu’on obferve dans celui qui eft virulent.
( 1 ) L’effet des bougies eft auffi accompagné
, le plus fouvent, des mêmes phénomènes.
Voyez Bougie.
Il paroît que, dans les cas les plus ordinaires
de Gonorrhée, l’écoulement ne vient guè-
res de plus loin que l’endroit où l’on fent la
douleur; quoique l’on croie communément qu’il
vient de tout le canal, & même des glandes
de Côwper, de la proftate * & des véficules
féminales ; mais cette opinion devient tombait
improbable, fi l’on examine avec foin les
fymptômes.
Si, par exemple, tou telles parties de l’urètre
au-delà du bulbe, ou dans le bulbe même *
Soient affeélées au point de fournir du pus, ce
Pus feroit pouffé hors de l’urètre, de la même
(*) Prafticai Obfcmtions on vcnercal çomplaints.
t t g e 3 8 .
G O N j 2 3
manière que la femence, & en fortiroit comme
elle, par jets interrompus ; car on fait qu’il ne
peut rien y avoir dans cette partie de l’urètre ,
qu’elle ne foit à l’inftant mife en aétion, fur-
tout lorfqu’elle eft dans un état d’irritation &
d’inflammation, On obferve, en pareil cas* que
même une feuie goutte d’urine ne peut y fé-
journer, & qu’une (impie injection d’eau tiède a
fi elle eft- pouffée jufques-là, eft bientôt après
rejettée par l’aétion des mufcles accélérateurs.
De-là, on peut naturellement conjecturer que,
fi les parties membraneufe & bulheufe de
l’urètre, les véficules féminales, les glandes do
Cowper & la proflate concouroient à former le
pus y toutes les fois qu’il feroit ramaffé vers la
bulbe, les mufcles accélérateurs le poufferoiens
auffi-tôt au-dehors. Mais on voit rarement un
pareil fymptôme ; quelquefois cependant ces
mufcles font affeétés d’une contraction fpafmo-.
dique, qui ne peut probablement provenir de
cette caufe , quoique ces -mouvemens fe manifef-
tent fur-tout immédiatement après qu’on a uriné
& ne paroiffent pas influer fur l’écoulement.
Lorfque l’inflammation eft violente, il arrive
fouvent que quelques vaiffeaux de l’urètre fe
rompent,' d’où réfulte un écoulement de fang,
qui augmente au moment où l’on achève d’uriner,
mais qui a lieu auffi en d’autres mo-
mens. Quelquefois ce fang eft en petite quantité,
& ne fait que colorer le pus. Les érections
fréquentes occafionnent une extravafation de
fang, qui augmente toujours la douleur caufée
par le pa'ffage de l’urine ; mais la fortie de ce
fang diminue l’inflammation , & fouvent foulage
le malade.
4. D e la Cordée.
La cordée eft, pour l’ordinaire, uti effet de
l’inflammation; dans quelques cas cependant elle
paroît être tout-à fait fpafmodique.
Lorfque l’inflammation ne fe borne pas à af-
feCler la furface de l’urètre & des glandes, mai*
que pénétrant ,plus avant, elle attaque la membrane
réticulaire, elle produit une extravafation
de lymphe coagulable qui* en unifiant les cellules
enfemble, ôte à l’urètre la faculté de fe
diftendre, & lui fait perdre fes rapports avec
les corps caverneux ; c’eft pourquoi, au momem
de l’éreélion, la verge refte courbée de ce côté
là , & l’on dit alors què la Gonorrhée eft cordée.
L’adhéfion des parois des cellules de l’urètre
qui donne lieu à cette courbure* vient ,
pour l’ordinaire, fponranément, 5c en confé-
quence d’une fimple inflammation du canal;
quelquefois cependant elle eft l’effet de l’inflammation
qui accompagne certains chancres d’un
mauvais caractère. Ce fymptôme fubfifte fouveni
après que tous les apures font abfolument dil-
fipés.