
urine fans difficulté & fans avoir befoin de la
comprimer.
Lorfque la veffie forme une Hernie, feule,
& fans complication d’aucun autre vifcère, cet
accident, pour l’ordinaire, furvient en conféquence
d’une ifuppreffion d’urine. C’eft pourquoi, dans le
traitement de cette maladie, il faut fe tenir en
garde, autant qu’il eft poffible, contre toutes les
caufes qui peuvent occafionner cette fuppreffion ;
& lorfque l’on peut réduire la Hernie, ce qui n’eft
pas toujoürs praticable, à caufe des adhérences
que la veffie peut avoir contractées depuis fon
déplacement, on doit la contenir par un bandage
convenable. Mais,lorfqu’elle efl un peu ancienne,
ou quelle a acquis un certain volume , la fur-
face extérieure de la veffie fe trouve adhérente
au tiffii cellulaire, & il faut que le malade fe
contente d’un fufpenfoir. Lorfque la veffie tombe
dans le vagin , il faut pour la réduire, placer
la malade fur le dos, les reins un peu élevés,
& preffer la tumeur avec le's doigts pour la faire
rentrer. On l’empêche de fortir de nouveau à
l ’aide d’un peflaire qui a la forme d’un cylindre
creux , ou plutôt d’un gland, Voye\ les Planches;
moyen dont on fe fert auffi avec fuccès dans les
Hernies inreftinales qui fe forment quelquefois
dans la même partie.
Dans le cas de complication avec un bubono-
cè le , il faut , fi l’opération devient nécefiairè ,
apporter la plus grande attention pour ne pas
ouvrir la veffie au lieu du fac, derrière lequel
on la trouvera toujours fituée.
Il efl encore poffible quelquefois de fe tromper
, faute d’attention , en prenant la Hernie de la
veffie pour une Hydrocèle , & fi on la traite
comme telle, il peut en réfulter des accidens
fâcheux, & même mortels.
On a vu quelquefois des pierres engagées dans
cette partie de la veffie qui demeure en dehors; &
dans ce cas, fi on jugeoit néceffaire d’en faire i’ex-
traèlion, il fera toujours plus convenable de ne
Î>oint tenter de réduire la Hernie jufqu’à ce que
a plaie de la veffie foit cicatrifée , afin de prévenir
i’extravafation d’ urine" qui pourroit fe faire
en-dedans, & qui probablement nuiroit au malade.
On doit avoir la même précaution lorfque,
par accident, on auroit bleffé cet organe , en faisant
l’opération de la Hernie , ou lorfqu’on en
trouveroît une portion dans un état de gangrène.
Moyens quon a tentés pour opérer une cure
radicale.
Nous avons d it, ci-devant, que les moyens
employés pour obtenir, foit une cure palliative,
foit une cure radicale, étoient exaélemem les
mêmes $ & que l’événement dépendoir de plufieurs
circonfiances que le Chirurgien ne peut ni diriger
ui changer , telles que l’âge du malade, la nouveauté
ou (ancienneté do la Hernie, i’épaiffeur
du fac herniaire, l’étendue des ouvertures abdominales,
&c. Cependant on a fouvent parlé de
moyens propres à guérir radicalement cette
maladie, & les ouvrages des Anciens font partout
mention des méthodes, & des remèdes def-
tinés à remplir cet objet. Mais, dans tous les
tems, prefquc aucun de ceux qui ont eu recours
à ces moyens, n’ont été guéris 5 plufieurs même
font demeurés mutilés, après avoir fouffert des
douleurs exceffives. Les principaux de ces moyens
étoient le cautère aéluel, le caufiique, la caftra-
tion, le point doré , le point royal, ou le traitement
par incifion.
On trouve dans Avicenne, Albucafis y Paul
d’Egine, Fabrice d’Aquapendente, Guy.de Chau-
liac, Severin, Roland, Theodoric, Wifeman,
& d’autres, la defeription du traitement par le
cautère aéluel qui fe faifoit de la manière fui-
-vante.
Après avoir préparé le malade par la diète &
les purgations, on le met dans une fi tua tion
verticale-, on le fait tou fier, ou éternuer, pour
forcer l’inteflin à s’avancer dans l’aine, le plus
qu’il eft poffible, & l’on marque avec de l’encre
la circonférence de l’efpace qu’occupe l’intef-
tin Taillant dans cette partie. Enfuite le malade
étant couché fur le dos, on fait rentier doucement
l’inteftin dans la cavité du ventre, & l’on
applique un fer rouge fur toute l’étendue de
l’efpace renfermé dans la ligne qu’on a tracée
avec de l’encre. Pour cet effet, on a confeillé des
fers de différentes formes & grandeurs ; & les
Auteurs ont varié beaucoup entr’eux, non-feulement
fur ces circonfiances , mais encore fur
l’intenfité qu’on doit donner à l’effet du cautère.
Quelques-uns veulent qu’on l’applique plufieurs
fois jufqu’à dépouiller l’os pubis; d’autres confeil-
lentde ne détruire que la peau parce moyen, &
de confumer les parties fubjaçentes par des applications
caufliques; mais tous s’accordent à dire que
l’exfoliation de l’os eft une partie néceffaire de
l’opération. On fait enfuite obferver au malade
le régime le plus févère , on le tient couché fur le
dos pendant tout le traitement, jnfqu’à ce que
l’efcarre étant tombée, & l’exfoliation faire, la
plaie foit entièrement cicatrifée. On lui enjoint
de porter un bandage pendant quelque tems
après fa guérifon pour prevénir une nouvelle
defeente, à laquelle il eft encore fujet, malgré
toutes les douleurs qu’il a éprouvées, & tout le
danger de l’opération à laquelle il s’eft fournis»
Il paroit que le traitement par le ' caufiique a
fuccédé au traitement par le cautère. Il eft décrit
par la plupart des mêmes Auteurs que nous avons
cités, comme ayant parlé de ce dernier.
Après avoir pris les mêmes précautions que
ci-deffus, on applique fur la peau, qui couvre
le paffage delà Hernie, un cauflique affez fort
& affez grand, pour produire une efearre de la
grandeur d’un écu; on fe fert, pour cet objet,
delà pierre infernale, d’huile de vitriol| de pâtes
chargées d’arfenic, ou de fublimé, &c. On fe
prupofe , par ce moyen, de détruire la peau & la
membrane cellulaire qui couvre la tumeur, avec
une partie du fac herniaire > & par-là de procurer
une telle régénération de chairs, quelles
s’oppofent, par leur folidité & leur connexion
avec l ’os & les parties adjacentes,à une nouvelle
(jefeente des vjfcères qui formoient la Hernie.
Ces opérations, malgré leur cruauté, ont long-
têm«’ joui d’un grand crédit ; & l’on ne fait ce
que l’on doit le plus admirer, de la hardieffe
des Chirurgiens qui les pratiquoient, ou du
courage de ceux qui ne çraignoient pas de s’y
foumettre pour une maladie de tous les incon-
véniens de laquelle il ift fi facile de fe préferver
au moyen d’un bandage. Car chacune de ces
opérations ne fauroit fe pratiquer fans danger
pour le malade, & leur fuccès eft on ne peut
pas plus ^incertain.
Le danger qui les accompagne eft particulièrement
celui d’offenfer le cordon fpermatique , ou
le tendon du mufcle abdominal. Si les vaiffeaux
fpermatiques font endommagés, l’inflammation ou
laléfiondu tefticule en fera la-conséquence,* s’il
font détruits, le tefiicule deviendra inutile. Si le
tendon du mufcle oblique eft attaqué , il faut
s’attendre à une fuppuration affreufe, à un ulcère
de mauvaife nature, & à une violente fièvre
fymptomatique. Les Auteurs, qui ont décrit ces
méthodes, nous apprennent eux-mêmes qu’elles
ont fréquemment ces fâcheufes conféquences.
Les autres méthodes employées par les Anciens
pour opérer une cure radicale étoient le point
doré, le point royal & la caftraiion.
Le point doré fe faifoit de la manière fui-
vante. Après avoir vuidé les intefiins, par des purgatifs
, & avoir réduit la Hernie, on faifoit une
incifion à travers la peau & la membrane cellulaire
, jufqu’au cordon fpermatique. L ’incifion
devoit être affez longue pour permettre à celui
qui opéroit de foulevér avec fon doigt, ou avec
un crocher, le fufdit cordon, & de paffer au-
deffous un fil d’o r ; & il falloir qu’il l ’entrelaçât
de manière à empêcher l’inteftin de gliffer de
de nouveau dans le fac herniaire, mais non pas
affez étoitement pour intercepter le cours du fang
vers le tefticule. Quelques-uns préféroient au fil
d’or un fil de plomb, & d’autres une ligature de
foie. Mais de quelque nature que fût le lien , s’il
n’étoit pas affez ferré, il ne pouvoir pas empêcher
la chùte de l’inteftin ; & s’ il l’étoit, il gênoir
ou empêchoit même totalement la circulation dans
les vaiffeaux fpermatiques.
Le point royal fe pratiquoit ainfi. Après avoir
vuidé les intefiins , & replacé la portion qui étoit
defetndue, on faifoit une incifion de manière à
décoinrir le cordon fpermatique, de la longueur
environ de deux pouces, laquelle commçnçoit à
l’anneaü abdominal ; enfuite on réunifient les lèvres
de la plaie , au moyen d’une future continue,
dans laquelle on comprenoit la membrane cellulaire
; en tâchant par-là de rétrécir ce qu’on appcl-
loit le paffage du ventre dans le. ferotum, fans
offenfer les vaiffeaux fpermatiques.
Cette opération doit être plus douloureufe que
la précédente ; mais l’une & l’autre font dange-
' reufes, St, dans la plupart des cas , longues &
fatiguantes ; elles font, en outre, très-incertaines
quant à leur but, qui eft la guérifon de la Hernie
, de l’aveu même des Auteurs qui les décrivent
, & qui veulent qu’on porte long-tems encore
un bandage après les avoir fubies.
Ces deux moyens, le point doré & le point
royal, ont fouvent été la caufe de la deftruélion
du tefticule, même entre les mains de Praticiens
éclairés. Entre celles des ignorans, ils ont encore
plus fréquemment occafionné ce malheur, parce
que ces derniers ne fa voient- pas comment terminer
ce qu’ils avoient entrepris, & qu’ils trou-
voient beaucoup plus facile, après avoir fait l’incifion,
d’emporter le tefticule, ou de ferrer fortement
une ligature autour du cordon fpermatique
, fans s’inquiéter de la perte du tefticule, qui
devoit en être la conféquence , ni des autres
accidens qui pouvoient en réfulter, tels qu’une
inflammation q u i, en s’étendant vers l’intérieur
de l’abdomen, eft fouvent devenue mortelle. L’on
a même donné à cette prétendue méthode pour
la guérifon radicale des Hernies, le nom d’opération
ou de traitement par la caflration.
Il n’eft point de maladie qui ait donné lieu à
une auffi grande multiplicité, ni à une fuite auffi
confiante de Charlatans que les Hernies. Ceux qui
ont eu quelque idée d’Anaromie ou de Chirurgie ,
mais dont l’humanité n’a pas été la qualité dominante,
ont adopté une des opérations précédentes §
ou quelqu’autre femblable ; & les autres qui ont eu
moins de connoiffances, ou plus de timidité,ont
eu recours aux topiques prétendus fpécifiques;
& tous les jours encore des ignorans, ou des
impofteurs annoncent au Public quelque nouveau
remède de ce genre.
Nous nous fommes beaucoup étendus fur cet
article des Hernies, parce que c’eft un fujet fort
intéreffant, & que tous les jours les Chirurgiens
font appellés à traiter des maladies de ce genre.
Nous ne l’avons pourtant pas épuifé ; & fi l’ou
veut l'approfondir davantage, on peut confulter
les Ouvrages de Le Dran & de Htifter, les Mémoires
de l’Académie Royale de Chirurgie, les
Effais de Médecine d’Edimbourg, les Ouvrages
de Monrp, le Traité de Ilaller fur la Hernie
congéniale . l’exaéle & intéreflV.nte Defeription de
l’état des teflicules dans le foetus , de M. J. Monter,
qui fe trouve dans les Commentaires de Médecine
du D. W. Hunter, & l’excellent Traité
] de M. Pott for les Hernies ; duquel nous avons
1 tiré la plus grande partie de cet article.