
les plaies & les ulcères. On le recommande'pouf !
les engelures crevaffées.
CÉRUSE. Chaux blanche de plomb, qu*on obtient
en expofarit des lames de ce métal à la
vapeur des acides végétaux. On applique quelquefois
utilement la poudre de cérufe fur des
ulcères, comme un topique rafraîchi (Tant, & modérément
defficatif & aflringent. On s’en fert auffi
pour former différens emplâtres, l’onguent blanc
fimple ,. dont elle eft la bafe , s’applique avec
avantage fur les partiés excoriées ou brûlées ,
& fur les démangeaifons.
CÉSARIENNE (opération )•intpoToy.i* DVîép*
& Te^’». SeSio uteri. On défigne ainfi l’ouverture
qu’on pratique aux parois du bas-ventre & à la matrice,
pour en retirer un enfant, lorfqtie différens
obftacîes empêchent qu’il ne paffe par les voies
qui doivent lui donner iffue. On a également
recours à cette opération, dans les cas où l’enfant
échappé par une crevaffe de la matrice,
;étant imbue d’une grande quantité de fang Sî
faifant une divifion fi grande, il y auroitNung
très-grande hémorrhagie , dont la mort s’en
fuivroit ^ davantage, avoir confolidé la plaie,
la cicatrice ne permettroit pas à la matrice de fe
dilater, pour porter l’enfant. Il y a encore
d’autres accidens qui pourroient en advenir, &
le pis eft une mort fubite à la mère, & parlant
auroit paffé dans la cavité du bas-ventre , mais
alors il vaudroit mieux employer le mot de
■ Gajîrotomîe, dont la lignification feroit beaucoup
plus exaéte. Il eft conftaté d’après l’expérience
que les plaies des mufcles du bas-ventre , ainfi
que celles du péritoine & de la matrice, ne
font par elles-mêmes nullement mortelles, enforte
que, dans les cas qui le requièrent, on peut .
hafarder d’ouvrir l’abdomen de la mère,. pour
retirer fon enfant toutes les fois qu’il ne peut
pafler par les voies ordinaires^: ceux qui naiflent de
cette manière, font appellé-CÆSARES OuCÆsoNEs
à coefo matris utero \ tels ont été Jules Céfar ,
Scipion l’Africain , Manlius & Edouard VI, Roi
d’Angleterre. En lifànt les Auteurs, on ne trouve
qu’aucun d’eux ait fait mention de l’opération
Céfarienne avant le commencement du leizième
lïècle où Bauhin, dans un appendix, adreffé à
Roufiet, cite l’hifioire d’nne pratiquée par un
Châtreur, laquelle réuffit tellement que la femme
accoucha de deux enfans quelques années après, cir-
conflance qui fait voir qu’elle avoit été faite
affez inutilement. Roufiet, qui vivoit vers la fin du
feizième fiècle,. eft le premier Auteur qui fe foit attaché
à établir parla raifon & par l’expérience, la
néceffité de l’opération Céfarienne fur la femme
vivante. Les raifons & les fuccès déjà connus
de cette opération, n’entraînèrent cependant point
les fuffrages de Paré j car dans fès OEuvres, qui
parurent à-peu-près dans le même tems que le .
livre de Roufiet , on y trouve une critique
motivée contre cette opération, c* Or, je m’émerveille,
dit-il, comme d’autres veulent affirmer
avoir vu des femmes auxquelles pour extraire
leurs enfans, l’on auroit incifé le ventre,
non-feulement une fois , mais plufieurs, car telle
chofe pour raifon,. m’eft impoffible à croire
entendu que pour donner iffue à l’enfant, il I
faudroit faire une grande plaie aux mufcles de 1
l ’é p ig a f tr e & p a r e i l le m e n t à l a m a tr ic e , la q u e ll e i
, je ne confeillerai jamais de faire une
telle oeuvre où il y a nul efpoir en parlant
humainement, toutefois on m’a affûté qu’un
nommé Maître Vincent, Chirurgien d’Héricy^
près Fontainebleau , a fait cette périileufe
opération , avec heureufe iffue. La femme qu’on
dit avoir été incifée, & ledit Maître Vincent
font encore aujourd’hui vivans. Tant de .gens
d’honneur & dignes de foi, me l’ont afiuré
jufques même à me dire avoir vu faire l’opération
& extraire l’enfant, que je ne veux ny ofe
les mécroire *, mais cela étant, j’ofe bien dire
que c’eft un vrai mil acte de nature. >9 II paroîfi
que Paré n’a pas toujours été fi oppofé à l’opé-;
ration Céfarienne $ car, dans la première édition
du livre de Rouflet, on trouve une approbation
de Montaneuil, Prôfeffeur Royal & Doyen de la
Faculté de Médecine de Paris, où ce Médecin fait
l’éloge de l’ouvrage de Roufiet, & immédiatement
au-deffous de cette approbation, on lit, j ’attefle
ce que deffus, Ambroise Par é . Ould , qui écri-
voit vers le commencement de ce fiècle, eft~égale*
ment contre cette opération , it i s , dit-il, a
détectable, barbarous and illégal pieceof inhumanity
L’ouvrage de Rouflet n’avoit point encore entraîné
le plus grand nombre , cependant il lui
attira beaucoup de partifans, & enfin la néceffité
de cette opération, dont le fuccès fe confirmoiti
de plus en plus, détermina à l’établir fur des
bafes certaines & invariables. M. Simon qui a
entrepris ce travail, dans deux mémoires qui fe
trouvent parmi ceux de l’Académie Royale da
Chirurgie y cite foixante-dix ou douze Obfer-
vations , dans lefquelles on voit que l’opé-,
ration Céfarienne a été pratiquée avec fuccès, & l’on
pourroit aujourd’hui ajouter un pareil nombre
aiix fiennes qui confirmeroiem de plus en plus que
par elle-même elle n’eft pas aufli dangereufe
qu’on l’a toujours crue.
On pratique l’opération Céfarienne dans deux
circonftances différentes. i.° Lorfqu’une femme
meurt par quelqu’accident dans le cours de la
groffeffe ; il n’y a alors aucun inconvénient à
la mettre en pratique , car c’eft le feul moyen
qui refte pour fauver l’enfant. i .° Lorfque la
femme eft vivante’, que fon enfant eft paffé dans
l’intérieur du bas-ventre à la fuite d’une rupture
de matrice, ou que le diamètre du détroit fu-
périeur, eft fi petit, quai y a impoffibilité phy**
fique que la tête de l’enfant puifle s’y engager j
comme dans le cas où il n’auroit que deux pouces
1 & demi & moins dans ce dernier cas >
feroit coupable de ne point pratiquer l’opération ;
car comme Héifter dit :quem nonfervafti ffum po-
tuijli, illüm occidiff.
Quand on fe difpofe à opérer dans le premier
cas, il faut avant tout, s’affurer fi la femme eft
bien morte , & s’il n’y auroit point moyen^ de
l’accoucher par les voies ordinaires j car fi d’une
part on expofe l’enfant à une mort certaine ,
en attendant trop long-tems, de l’autre on pourroit
rifquer la vie d’une mère, qui feroit tombée
en afphyxie, comme il en eft des exemples. Nous
n’en citerons qu’un , qui eft frappant , 8c qu’on
ne fauroit avoir trop préfent en pareilles circonf-
tances j il eft inféré dans le journal des Savans
du mois-de Janvier 1749. M. Rigaudaux, Chirurgien,
n’ayant pu fe rendre auprès d’une femme,
aux environs de Douay , aufti-tôt qu’il fut ap-
pellé pour l’accoucher r apprit, en arrivant,
qu’elle étoit morte depuis deux heures, & qu’on
n’avoit trouvé perfonne pour lui faire l’opération
Céfarienne. Ayant aulfi-tôt défait le fuaire,
dont on l’avoit déjà entouré, & voyant quelle
corifervoit encore un peu de chaleur & de fou-
pleffe dans les membres, que l’orifice de la matrice
étoit très-dilaté & la poche des eaux bien
formée, il fe décida à l’accoucher par les voies
ordinaires, ce qu’il fit facilement en retournant
l’enfant & l’amenant par les pieds. Quoique cet
enfant parût mort , néanmoins il lui donna
quelques foins, dès qu’il eut délivré la mère.
Il recommanda l’une 8c l’autre, aux perfonnes
préfentes, & leurs foins d’abord infructueux, ceffè-
rent de l’être par la fuite y l’enfant fut ranimé,
au point que quelques heures après , il crioit
auffi fort que s’il fût né fans accident. M. Rigaudaux
revoyant la mère avant de s’en retourner ,
lui ôta de nouveau lès linges, dont on l’avoit
enveloppée & lui trouvant les membres aufli fouples
que la première fois, quoiqu’il y eut plus de
fept heures qu’elle étoit morte en apparence, il
effaya quelques moyens pour la faire revenir,,
mais fes affaires l’appellant ailleurs, il ne fe
retira qu’après la promeffe qu’on lui fit qu’on ne
l’ènfeveliroit que quand fes membres feraient
roides. S’il fut agréablement furpris, en apprenant
que l’enfant étoit revenu à la vie j il le fut
encore bien plus, lorfqu’on lui annonça que la
mère étoit reffufcitée deux heures après fon départ.
Ce fait arriva le 8 Septembre 1745, & la
mère, ainfi que l’enfant, vivoient encore au mois
d’Août 1748 j mais la première étoit reftée fourde
& prefque muette. Si donc l’on rencontroit immédiatement
après la mort, des difpofitions auffi
favorables à l’accouchement que celles dont nous
venons de parler, il faudroit préférer l’extraélion
de l’enfant par la voie ordinaire, à l’opération
Céfarienne , & n’en venir à celle-ci, qu’autant
qu’il y auroit quelqu’obftacle à l’accouchement,,
par les voies ordinaires, & encore faudroit-il la
pratiquer avec la même précaution, que fi la
I femme étoit vivante , ainfi que le Sénat de Venife
l’a ftatué dernièrement.
Mais nous luppofons qu’on opère fur le vivant 5,
il feroit alors prudent de difpofer Ja femme de:
loin , comme dans toutes les grandes opérations i
peut-être ces préparations en affureroient-elies le
fuccès.Mais àl exception delafaignée/ouventon ne
peut foumettre la femme à d’autres moyens, parce
qu’on eft appellé trop tard, qu’elle eft déjà trop affaiblie
& que le tems preffe. Il eft des circonftances
qui demandent qu’on opère fur-le-champ ,
& d’autres qui laiffem du délai. U faut opérer
auffi-tôt, toutes les fois que les eaux font déjà
écoulées, que la femme eft morte, ou que l’enfant
a paffé dans 'le bas-ventre à, la fuite d’une
rupture delà matrice. On peut attendre, quand
la rupture des membranes n’eft point encore
faite, que l’orifice du col n’eft point encore bien
dilaté & affez ouvert , pour l’écoulement des
lochies. Mais, en général, il vaut mieux recourir
à l’opération, avant l’ouverture de la poche des
eaux, comme M. Levret le eonfeille. u En opérant,
avant ce moment, dit cet Auteur ,
l’étendue qu’on donne aux incifions, tant du
bas-ventre que de la matrice, fe trouvera beaucoup
moins grande après la fortie de l’enfant,
que fi l’on avoit opéré après l’écoulement des
eaux. 95
Tout étant décidé & préparé , on donne deux
ou trois grains d’opium , une heure avant d’opérer
, pour émouffer la fenfibilité & procurer
un peu de fommeil immédiatement après i’opé-
ration. On difpofe auffi l’appareil qui confifte
en un biftouri courbe fur tranchant & en un
droit, dont la lame foit très-étroite & boutonnée,-
en des aiguilles courbes & garnies de fil ciré ,
pour la future enchevillée, au cas qu’on la juge
néceffaire, plufieurs morceaux de linge fin, des
compreffes , un bandage de corps & quelques
eaux fpiritueufes. La femme ayant uriné, précaution
effentielle, pour que la veffie ne vienne
point s'offrir aufti-tôt après qu’on aura fait la
première incifion, on la placera fur un lit affez,
étroit & un peu élevé , pour que l’Opérateur
ne foit point fatigué par une pofition trop pan-
chée. On le garnira d’un morceau de toile ciré
& par-deffus on mettra des alaifes ; elle fera
couchée fur fon dos,. ayant les jambes & les
cuiffes alongées pendant l’incifion, & à demi-
fléchies, pendant.qu’on fer a l’extraélion de l’enfant.
On placera deux aides au côtés de l’Opérateur
, qui fixeront la matrice au milieu du ventre
en appliquant leurs mains fur les côtés, afin de
tirconfcrire en quelque forte l’élévation fur laquelle
on va opérer & d’empêcher les inteftins
de venir fe préfemer en avant.
Les Chirurgiens ont beaucoup varié fur- le
lieu où l’on devoir opérer , les uns ont voulu
que ce fût fur les côtés, d’autres tranfverfale^
ment, foit au-deffus ou au-deffous de l’om^