noit de l'Arabie : l'autre elpèce d'aloës 3 dont
*esA anciens font mention , étoit noire ^ épaifle,
melée de fable. Ils penfoient qu'elle étoit for-
mee des^ fèces, ou relidu de la première efpèce.
Aujourd’hui on difiingue dans le commerce trois
efpeces principales d'aloës , & on peut en distinguer
un bien plus grand nombre, n on s'attache
uniquement à quelques caraétères extérieurs &
variables,.
La première efpèce eft généralement appellée
A xoes du l e v an t, & plus ordinairement Aloes
Y0<j ° TRIN 5 Palce qu’on la tire principalement
de l’ile Socotra. Quelques-uns l'ont nommé fuc-
cot'ui -on cycotrjn, à caufè , difent-ils, dë fa'couleur
citrine i d’autres l’ont nommée fycotin , &
fuivant la remarque de Geoffroy & de quelques
autres pharmacographes, cette dénomination dont
on a vraisemblablement tiré le mot Mcotin, pour
defigner une fubftancë fort amère., paroît venir
du grec ficoton, exprelEon employée par quelques
écrivains barbares Se les grecs modernes , pour
defigner le foie. Quqi qu'il en foit,l'aloës foco-
tnn eft le plus pur de tous. On l’apporte du
levant, fouvent dans des cuirs, quelquefois dans
des petites veffies extrêmement fines , 8e on le
trouve dans le commerce fous forme de pains
applatis , ou en fragmens irréguliers, plus ou
moins gros. Cet alqës eft fec, léger, facilement
friable dans les temps fecS j fi s'amollit un peu devant
le feu, 8c lorsqu’on le manie avec les doigts.
6a couleur eft noire jaunâtre en, dehors, fouvent
couvert a fa furface d'une pouflière d'un gris
noirâtre ; .lorfqu on le cafte, il répand une odeur
forte, fa fraéture eft lifte, unie, fans grains,
mais parfemée de petits points jaunes, brillans
comme du mica > fa couleur en dedans eft rou-
geatre, fes fragmens font demi-tranfparefis ; mais
ce qui forme un figue, plus carafleriftique , lorf-'
qu’on les écrafe, ils forment une poudre, d'un beau
JÉfilg onron, ou , comme dit Robinfon., fem-
b.able a la poudre de rhubarbe.,Cette poudre
très-amere, mais fans acrete.,. fans fcetidite, conserve
fon état pulvérulent dans l’alcool foible, s'y
dilfout facilement, promptement, & ne iaifle qu'un
très-léger réfidu. Quelques marchands diftinguent
une variété de cet aloës, qu'ils nomment alors
lut-ide. C et aloës qui eft affez rare & fort recherché
des curieux, différé de celui que nous venons de
décrire par une forte‘de tranfparence plus mar-.
quée ; fa poudre eft médiocrement amère, .mêlée
de quelque douceur, dit Robinfon, 8c fon odeur
aromatique approche de celle de la myrrhe.; il ne
fe trouve guères qu’en petits morceaux, 8c ne
paroît etrç qu un aloës plus pur 8c formé par un
liic plus parfaitement clarifié.
, i-a fécondé efpèce que quelquès-uns préfèrent
a la première pour 1 ufàge médicinal, parce qu'ils
ta croyent plus purgative, eft nommée Aloé s '
«LPATIQUE, à cauf'e qu’étant brifé, il a la couleur
du foie crud.
Cet aloës diffère du, focotrin, principalement
par fa couleur qui eft. plus brune , plus terne
fa caffure, quoique liffe8c unie,.préfentemoins
de points jaunes 8c brillans ; fa faveur eft plus a-
mère, 8c lorfqu'on l'écrâfe , fa poudre eft d'un
jaune plus terne 8c moins brillant, qui, fuivant
Robinfon, approche de celle de l'argile. Enfin,
lorfqu’on met cette poudre dans l’alcool foible^
au lieu de conferver Ion état de divifion, elle s’agt
glutine, fe dilfout moins facilement, moins promptement
que l’aloës focotrin, 8c Iaifle un dépôt
plus abondant.
Ce t aloës nous vient, encore des Indes orientales.
On apporte auffi des îles de l’ Amérique,
8c principalement des Barbades, un alcës que l'on
trouve dans le commerce dans des calebaffes de
différens poids, 8c dont plufieurs droguiftes font
une efpèce particulière , qu'ils nomment aloës des
Barbades , aloés en caleoajje.
Lorfqu’il. eft récent, il eft brun molalfe , mais
conferve quelque temps dans.les calebaffes , telles
qu’on nous les | apporte , & expofé a une -déification
lente, il durcit, devient friable & fe
rapproche beaucoup des efpèces1 précédentes ;
quelquefois même il prend en yieilliflant une forte
de demi-tranfparence.
La troifième efpèce d’aloès eftfurnommée'CA-
ballin , parce que fon s’ en fert ordinairemènt
pour les chevaux. Cet aloës1 eft une forte d’extrait
brûlé, fouvent mêlé de fable-, de terre, de fragmens
de bois, de parties charbonneuses. Sa couleur
eft noirâtre, fa cafture eft grenue, fon odeur
eftfoetide, nauféabonde j fa poudre eft plus ou
moins brune, & lorfqu’on la délaye dans l’alcool
foible, elle s’agglutine, & lailfe un dépôt terreux,
fort abondant. Ce t aloës nous vient quelquefois
d Efpagne '& on le trouve ordinairement dans le
commerce enfermé dans des paniers de palmier
ou de jonc. Cette fubftancë fort impure eft tou-
jours à bas prix , & c’eft la rai-fon qui a déterminé
a 1 employer dans la médecine des animaux , mais
ic i, comme dans bien d’autres circonftances , le
prétexte eft fpecieux, & l’apparence a trompé.
C a r , outre qu’il n’eft jamais prudent d’employer
comme remède des drogues auffi fufpe&es & auffi
manifeftement altérées, il faut, pour obtenir un
|ffet. feqfible, employer une dofe beaucoup plus
a /rJi^Ue 011 chpiû un aloës plus pur.
Auffi les artiftes vétérinaires attentifs rejettent
cette efpece d aloës, & il feroit à defîrer .qu’elle
fut bannie du commerce , ou au moins qu’on ne
1 employât que pour les ouvrages des arts* & 'garantir
les bois de l’attaque des vers & d’autres
infe&es deftru&eurs.
11 eft indubitable que ces différentes efpèces.
de gomme-réfine , j dont nous venons de .parler ,
font préparées par l’expreftion & l’évaporation
des fûcs dé la planté que nous nommons aloés :
mais on n’eft pas également d’accord fur lëfpèce
de
de la plante qu’on emploie , fur la manière dont
on en fait la préparation.
Beaucoup d’écrivains & de voyageurs affurent
que ces trois efpèces de gomrries-réfines font pré- ,
parées avec le fuc d’une feule & même plante,
oui' eft i'àloe pérfoliata dé Linnéus, 8c que la différence
dans les produits dépend uniquement du
mode de la préparation. Ainfi ils prétendent qu’on
obtient l’aloès focotrin, en prenant le fuc de la
plante, lorfqu’il eft éclairci par le repos, & en
le laiffant évaporèr feulement à la chaleur du fo-
leil j ils ajoutent qu’on prépare l’aloës hépatique
par la décoétion , 8c en employant l’ébullition.,
pour faire évaporer toute l’humidité. Enfin l’aloës
cabalin eft formé par la réunion des fèces du fuc
de la plante, 8c par une évaporation faite à grand
feu ; & peu ménagée. D’autres foutiennent .que ,
l’on emploie deux efpèces d’aloës- pour la préparation
de ces gommes-réfines , 8c quelques- Uns
prétendent que les différences de ces fubftances
proviennent du climat où croit la plante. Il nous
paroît vraifemblàble que ces, affertions font également
fondées,, 8c que le mode de la préparation
Varie, non-feulement fuivant les pays, mais encore
fuivant l’habitude & les vues de ceux qui
font ces préparations.
Quoi qu’il ëri Toit, comme l’aloës eft une. fub-
ftance fort importante pour l’ ufage médicinal,
comme elle fert de bafe à un. grand nombre dê;
préparations, le pharmacien doitêtre fort attentif
fur le choix qu’il en fait, mais comme ces dif-
tindions & ces dénominations de focotrin , hépatiques
8c cabalin , &ç... Servilement répétées par
les écrivains qui fe font copiés fucceffivement, font
équivoques!, arbitraires , & ne fervent réellement
qu’a favorifer les prétentions , la cupidité des
marchands, & à entretenir i’ignorancë & l’incertitude
fur un objet fi fimple, il convient d’y fubf-
tituer des dénominations plus précifes , & qui
rappellent conftamment le caradère propre à faire
ïeconnoître la nature de ces fubftances cela ne
nous paroît pas. embarraffant, fi l’on fait attention
que, plus l’aloës; eft pur , plus auffi fà poudre
«ft d’un beau jaune clair & citron : qu’au contraire,
plus il eft impur, plus auffi. la poudre,en
eft brune ou noirâtre. D’après , ce'principe in-
conteftable, & en confervant la diftindion des
trois efpèces d’aloës généralement adoptées, nous
nommons le plus pur aloés citrin } parce que ,
comme nous l’avons d it , fa poudre eft d’un beau
jaune citron clair, parféme de points brillans
comme du mica. Par la même raîfon nous nommons
là féconde efpèce aloés jaune. Enfin nous
défîgnons fous le nom d'aloés bran l’efp.ècë im-
Pùre, qu’il conviendroit de rejetter du commerce.
Ainfi d’après cés dénominations &. d’après les
càradères que nous avons expofés plus haut , on.
tefconnoîtra facilement la nature de l’aloës , . &
ïe pharmacien s’attachera à choifir celui qui donne ,
une poudre d’un plus beau jaune clair., 8c il re-
Chimie. Tome II.
jéttera conftamment celui dont la poudre eft plus
ou moins brune.
Diofcoride, Pline 8c les anciens médecins, difent
que l’aloës eft fouvent adultéré par des mélanges
de gomme, d’acacia , de terre, &c. ; 8c quelques
pharmacographes modernes répètent encore
cette.affertion j mais' comme l’a remarqué Gare/as
db korto , depuis la facilité du commerce, &
fur tout depuis la découverte de l’Amérique , IV
loës eft en fi grande -quantité, 8c fon prix eft
fi peu cônfidérable^. qu’il y auroit peu d’avari-
vancage aujourd’hui à faire de tels mélanges;
d’ailleurs, ils ne pourroient fe faire fans être
facilement reconnus, puifqu’ils altéreroient la
couleur , là . faveur,, ,1a friabilité, qui doivent
caraélirifer-,1e bon .aloës , aufti nous Tommes dif-
pofés à ‘ attribuer les. impuretés, que l’on trouve
quelquefois-dans cette drogue, à quelque défaut
dans la préparation première, ou aux avaries qu’elle
aura fubiès dans le tranfport.
Quoiqu’â l’infpeéfion l’aloës paroiffe homo-
gènê,, .cependanjC • cette f fubftancë. eft compofée
de deux parties très-différentes par leur nature ,
leurs propriétés & leurs pfopprtions refpeéitives ;
ces parties fer trouvent 'naturellement dans le fuc
qu’ on exprime de la plante. La préparation pre-*
mière ne fait, que les rapprocher., mais on peut
facilement les féparer par différens procédés , 8c
à l 'aide de différens diffolvants.
L’une de ces parties eft réfineufe, 8c , comme
les réfines , elle e-ft inflammable , elle s’amollit,
fe liquéfie par la chaleur , fe dilfout dans l’alcool,
8c refte infoluble dans l’eau ;. l’autre partie qui
compofe l’aloës eft gommeufe , ou pour parler
plus exactement, ■ elle eft de nature extraétive ,
8c fe dilfout principalement dans l’eau. Ces deux
fubftances fi diftinÇtes par leur nature , ont des
propriétés différentes. Boulduc, Valentini, Herman
, ont avancé • positivement que la propriété
purgative dé l’aloës réfide principalement dans
fa partie extraCtive , 8c que la portion réfineufe
eft plutôt roborante 8c1 aftringente, que purgative
, 8c cette opinion eft encore adoptée de nos
i jours par quelques médecins ; d’ autres cependant
alfilrent le contraire , 8c James dit exprelfément
que les parties réfineujes de l'aloès extraites avec.
\1‘cj'pr 'u-dc-vin , purgent avec beaucoup de violence ;
'.mais f extrait de la partie gommeufe avec de l'eau,
eft un excellent vulnéraire. Des efiais faits par di
fférens praticiens paroiffent appuyer cette alfer-
tion , qui d*ailleurs fe- trouve conforme à ce que
nous favons fur la nature d’autres fubftances analogues
, qui. font d’autant plus actives 8c purgatives
j qu’elles font plus, réfineufes : malgré ces
raifons on Voit encore quelques praticiens conserver.
des doutes;,1 parce qu’ils penfent qu’il eft
difficile d'obtenir complettemcent la réparation de
la, réfine de la partie extraCliye de l’àloës , &
ils, obfervent que; . dans l’aloës ainfi que dans
toutes les gommes - réfines , le mélange de la
Z