
de toutes les fubftances métalliques auxquelles il
peutetre uni. Tantôt le métal réparé n’a éprouvé
aucune altération de la part de l’acide , tandis que
ce fel eft décompofé, tandis que les autres matières
métalliques qui étoient unies au premier
métal , font oxidees ou brûlées par l’oxigène fé-
'pare dè l ’acide > tantôt on n’obtient au contraire
le métal ifolé des autres qu’en lui faifant éprouver
une très-forte oxidation qui le rend indiffôluble
dans les acides , tandis que les autres métaux s’y
diffolvent. Les mêmes principes généraux relatifs
a cet état des acides dans les analyfes font applicables
au traitement des matières végétales &
animales par ces fels , comme on le dira plus en
détail dans IafeCiion luivante, car on ne doit pas
perdre de vue qu’il n’eft queftion dans celle-ci que
de déterminer d’une manière générale l’aCtion des
différé ns corps qu’on employé comme inftrumens
a ranalyfe des matières compofées , de quelque nature
que foient ces matières.
L’ufage des fels neutres dans les analyfes n’a
pu devenir de quelque importance 8e développer
tous les avantages dont ils peuvent être fufcep-
tibles que depuis qu’on a étudié toutes les propriétés
qui les diftinguent, toutes les décompofî-
tions cju’ils font capables d’éprouver , en en faifant
en même-temps éprouver d’autres aux corps qui les
produisent. Cette partie de la chimie moderne eft
cet égard fort au-deffus de l’ancienne , & les
reflources de l’art font fi multipliées que l’on ne
pourroit, fans de très-grands détails , d’ailleurs
etrangers, à cet. article , 8c qu’on trouvera épars
dans un grand nombre d’autres articles , en présenter
le tableau exact. Il fuffit donc de choifir
quelques exemples principaux des allions des fels
neutres, comme inftrumens d’analyfes * d’expo-
fer ici les phénomènes généraux de décompofi-
tion auxquels ils donnent naiffance , pour faire
concevoir combien leur application peut devenir
.avantageufe .dans les analyfes variées , qui s’offrent
Souvent dans les laboratoires , 8c tout le parti que
les chimiftes inftruits peuvent en tirer. C ’eft une
vérité que Lemery a mife il y a plus de cinquante
ans dans tout fon jour 3 quelles diffolutions de fels
neutres deviennent capables de diffoudre d’autres
lels plus abondamment quelles ne l’auroient fait
par 1 addition de quelques fubftances Câlines ; ou,
ce qui fera plus clair & plus général en même-
temps 3 que l’attraCtion de l’eau pour les fels
neutres ^ 8c fa force diffolyante à leur égard eft
augmentée , ou a des rapports plus étendus quand
on lui préfente deux ou plufieurs fels, que fi on
ne lui en préfentoit qu’un feul à diffoudre. On
verra ailleurs que c’ eft à ce principe qu’eft due la
difficulté extrême que préfente fanaîyfe de plu-
•xr^S ma^es ^ ’nss mélangées, 8c fur-tout des
différens fels dont la réunion 8c le mélange forme
le falpêtre brut, fourni par les falpêtrfers à l’éta-
bhffement de la régie où qn le raffine. {Voye^ Ni- j
«t r a t e ©fi P o t a s s e ) . D ’aprè.s ce principe il I
peut être utile pour opérer le départ ou fanaîyfe
de plufieurs fubftances falines mélangées, de lé fer«
vir de diffolutions faturées, tantôt de nltre, tantôt
de fel marin, ou au moins d’être prévenu de
l’aCtion fîmqltanée qu’exercent réciproquement ces
deux fels par rapport à leur diffolubilitéj mais il
faudroit, pour tirer un parti convenable de cette
cliffolubilité relative, connoître Pin-fluence réciproque
de tous les fels neutres', les uns par rapport
aux autres ,■ 8c dans toutes fortes de proportions
, ce qui eft bien loin d’exifter encore dans la
icience, 8c ce qui ne pourra être le fruit que
d’une fui te de travaux & d’expériences, qui font à
peine commencées, 8c fur lefquelles on trouvera
quelques nouvelles vérités, aux articles Dissolut
io n , C ristallisation 8e Sels neutres. On
peut fe fervir des fels neutres pour arriver, par une
autre voie, à des réfultatstrès-utiles, pour remplir
le but d’unè analyfe, qui eft de bien déterminer la
nature 8c les proportions des principes des compofés
qu’on examine. Les fulfates de potaffe & de
foude peuvent ainfî indiquer la prefence 8c la
quantité des nitrate 8c muriate de chaux j ceux-ci
peuvent à leur tour préfenter le même avantage,
par rapport aux fulfates de potaffe, de foude,
de magnéfie 8c d’alumine. Les nitrate , muriate
Sc acétite de baryte, fervent pour reconnoître
tous les fels fulfuriques, tous les fulfates quelconques
, 8c pour annoncer la quantité d’acide
fulfurique contenu dans des compofés quelconques.
Plufieurs fels métalliques, &• en particulier
les nitrates d’argent 8c de mercure, font employés
avec.un fuccès confiant pour connoître la préfence
des acides fulfurique 8c muriatique , ainfi que'leur
quantité dans des liqueurs qui les contiennent dans
un état quelconque de combinaifon. Le. muriate
d’ammoniaque précipite les fels de platine , 8c le
fulfate de fer aécompofe le muriate d’or. Enfin
il eft vrai de dire qu’il n’y a pas un fel neutre terreux,
alcalin ou métallique, qui ne puiffe être
utile à un chimifte inftruit pour lui faire connoître
la nature de quelques compofés, 8c qui ne devienne
entre fes mains un inftrument avantageux
à l’analyfe particulière de beaucoup de
fubftances. Qu’onlife les mémoires ingénieux de 1 iljuftre Scheèle, 8c on fera bientôt convaincu de
cette vérité.
Les huiles fixes 8c volatiles ou graffes 8c ejfen-
tielies 3 font également employées comme moyens
d analyfes , 'pour féparer le foufre de quelques
compofés,-le camphreles réfines, l’arome, la
partie colorante de la plupart des 'végétaux. Mais
leur ufage eft très-borné, 8c ne reffemble point à
beaucoup près à celui des fubftances qui ont été
indiquées cî-deffus, ni même de celles qui refteni
encore à examiner.
L’alcool, par exemple, eft un des diffolvans le
plus généralement 8c le plus avantageufement employés
pour féçarer 8c obtenir à part un grand
nombre de matériaux qui appartiennent aux. corps
organifés. Les extra&o-réfineux 8c les réfîno-ex-
tra&ifs, les huiles volatiles, les réfines molles 8c
feches, la partie aromatique , la matière colorante
des végétaux, font facilement enlevées aux racines,
aux bois, aux écorces, aux feuilles, aux fleurs,
aux fruits 8c aux femences par l’a&ion de l’alcool } il
offre le même avantage dans l’analyfe des matières
animales. Souvent même il fert utilement a féparer
quelques-unes des matières falines qui exif-
rent dans les minéraux, 8c fur-tout dans les produits
obtenus par l’évaporation des eaux } on fait
qu’il diffout facilement les fels déliquefcens, le
nitrate 8c le muriate de chaux 8c de magnéfie : iL
agit encore fur plufieurs fels métalliques, 8c il
peut fervir à en opérer le départ. ( Voyei le mot
Alcool.)
Le. charbon eft un des inftrumens d’analyfe que
les chimiftes mettent le plus fouvent en ufage à la
vérité fans s’en douter, car ils ciroyoient au contraire
autrefois que ce corps au lieu de fervir à en
analyfer d’autres, y portoif au contraire un principe
qui en changeoit la nature, mais par une com-
binaifpn nouvelle. Ainfi, par exemple, lorfqu’ils
traitoient l’acide vitriolique 8c les chaux métalliques
, comme on les appelloit alors, avec du charbon,
ils étoient perfuadés que celui-ci donnoit à
ces corps le principe qu’ils nommoient phlogifti-
que 8c qui leur rendoit la forme de corps com-
buftibles. Depuis que des expériences exactes ont ■
fait voir que l’acide fulfurique 8c les oxides métalliques
font de vrais eompofés de corps com-
buftibles, de foufre 8c de métaux avec l’oxigène,
on fait que le charbon fert à faire leur analyfe,
à les décompofer en leur^nlevant l’oxigène. L’ utilité
du charbort dans les analyfes, eft en général
établie fur l’affinité très-forte qui exifte entre ce
corps 8c l’oxigène j comme cette affinité eft la
plus forte connue, on conçoit que le charbon doit
être employé avec avantage pour enlever l’oxigène
à tous les corps qui le contiennent j il n’y a
de différences entr^eux par rapport à la difficulté
plùs ou moins grande qu’a le charbon pour les
dsfoxigener, ou leur enlever l’oxi^ène, que celle
de -la température néceffaire à chacun d’eux. Ainfi
le charbon eft un des principaux inftrumens d’analyfe
pour l’air , l’eau , les acides , les oxides
métalliques. Cn a de plus àffuré depuis quelques
années, qu’il avoit la propriété d’abforber 8c de
féparer les parties colorantes , les huiles brûléés ,
les extraits en partie rôtis, d’avec toutes les fubftances
végétales qui font, ordinairement brunies 8c
falies par ces corps } on a même propofé de l’employer
d’après cela pour purifier 8c affiner les
métaux, les gros fyrops , les extraits, les fucs
epaiffis , l’eau cortomfftie elle-même ; mais cette
influence analytique, comme il eft convenable
de l’appeller ici', n’eft pas encore établie fur lin
affez grand nombre de faits 8c d’expériences
authentiques,pour qu’on puiffe la regarder comme
bien démontrée. Au refte il fera quellion de cette
propriété avec beaucoup plus de détails aux arti-
cicles C arbone 8c C harbon.
Les oxides métalliques peuvent eux-mêmes
devenir des inftrumens d’analyfe à l’aide de leur
oxigène qui tend plus ou moins à s’en féparer,
8c à fe porter fur les principes d’autres compofés 5
auffi les chimiftes modernes s’en fervent-ils fouvent
pour décompofer plufieurs corps, 8c en particulier
l’ammoniaque. Au refte il eft bien facile de
voir, par tout ce qui a été expofé jufqu’ic i, que
toutes les fuftances poffibles font pour . les chimiftes
inftruits, 8c fur-tout pour ceux qui portent
dans leut fcience cet efprit d’invention fans lequel
on ne parvient à aucune découverte, de
véritables inftrumens qu’ils'employent fans-ceffe
aux analyfes qu’ils veulent faire } mais il doitênre
également prouvé pour ceux qui ont lu avec attention
les détails déjà donnés ci-deffus, que fi
tout peut fervir aux analyfes, le travail qu’elles
exigent, les reffources qu’elles fuppofent, ne
peuvent exifter qu’avec des connoiffances très-
étendues dans tout l’enfembîe de la fcience j car
les moyens généraux d’analyfe font bientôt épui-
fés. Une fubftance nouvelle ou ;ufques-là inconnue
réfifte fouvent à ces premiers moyens, 8c
les chimiftes feroient bientôt arrêtés dans leurs
recherches, s’ils 's’en tenoient uniquement aux
inftrumens communs 5 ce n’eft pas dans les routes
battues que l’on .trouve les découvertes } lé
génie en s’en écartant au befoin , doit en frayer
de nouvelles} 8c c’eft affurément-là ce qui dif-
tingue les modernes , 8c ce qui a élevé la chimie
françoife au degré de fplendeur où elle eft placée
depuis vingt ans.
S e c t i o n s e c o n d e .
De Vanalyfe confidérêe cn particulier.’
II n’a été queftion dans la première feêlion que
de l’ analyfe en général } ce feroit fe reftreindré
dans des bornes trop étroites que de s’en tenir à
ces généralités 5 il faut appliquer actuellement
ces principes généraux à des exemples particuliers ,
8c fans entrer cependant dans l’hilloire de l’analyfe
de tous les corps en particulier, 8c qui ren-
fermeroit alors tous les détails de la chimie dans le
mot Analyse. Pour éviter ce fécond excès, nous
confidérerons lès analyfes des corps naturels comme
formant un certain nombre de claffes par rapport
à la nature de ces corps eux-mêines 5 8c
comme cette nature différente détermine une
diverfité de moyens pour l’analyfe, on pourra
connoître affez exactement cette diverfitéfen partageant
tous les corps de la nature en cinq claffes
générales relativement à leur ordre différent de
compofition. Ces cinq claffes nous donneront autant
de variétés généralés de méthodes analytiques,
favoir i° . celle de l’air 8c des gaz } 20. celle
de l’eau & des eaux 5 30. l’analyfe des minérauxv,
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