
£er aucun moyen de s’éclairer par leurs fecours,
& de profiter de leurs lumières.
Une nouvelle carrière s'eft ouverte par la con-
n,oi fiance des fluides elaftiques , & par les nouveaux
progrès de î’analyfe animale ; c’eft-là que
la médecine doit fixer Tes regards. La mémoire
des erreurs dans lefqueües l’a entraînée trop fou-
vent l’enthoufiafme des chimiftes| doit fansdoute
la rendre circonfpecfe fur l’ufage qu’elle fait dé
leurs travaux , mais la perfection qu’ont acquife
leurs expériences , l’exa&itude à laquelle font
parvenu.es leurs analyfes , doit diminuér un peu
cette réfèrve.
A la vérité le médecin ne peut pas toujours
partager Ion temps, entre les devoirs impérieux
de fa proleffion , & l’exercice aificiu des travaux
auxquels eit du 1 avancement des fciences phyfi-
ques.^ irais il efi un autre genre de travail qui lui
convient en tout fens , c’eft celui qui féconde
pour-ainfi-dire les vérités acquilés par les travaux
des autres; c’eft cet art de faire éclore de nouvelles
vérités en rapprochant & uniffaHt enfemble
les vérités d’expérience; cet art qui eft aux feien-
ces phyfiques , ce que les mathématiques font à
celles de calcul , & qü on peut nommer la logique-
des fciences expérimentales.
C ’eft en fuivant cette marche que j'ai cru voir
dans les faits importans confiâtes par Les travaux
des chimiftes modernesla fource de nouvelles
vérités qui jettent un plus grand jour fur les fonctions
les plus importantes de l’économie animale ,
la nutrition & la refpiration. lie n réfulte une
théorie que je crois nouvelle.,& qui m’a paru digne
d être développée ,, fur tinfiuaue de l’air, dans le
méchanifnze par lequel les alimens fe chargent en notre
Jubfiahce.
Je me contenterai dans ce'premièr mémoire de
pofer les bafes de ce travail ,■ & de les placer dans
I l rapprochement néceiïàire pour en faire : féntir
la liailon & les conféquences. J’en préfenterai: les
développemens & les détails dans une fuite d’autres
mémoires dont celui-ci ne confient 1 pour-
ainlî-dire que le plan ou le fommaire.
Cps premières bafesconfiftent dans deux ordres
de faits,les uns réfultans delà comparai ion établie
entre la nature de nos alim en s'c e lle , de nos
organes., les. autres de -l’obfervation des phéno-j
mènes qui caraftérifent l'aétion de l'air , & les
changemens qu’il éprouve dans lès organes de là
digeftion, dans ceux de la refpiration , & dans le
contact de la peau. De ces rapprochemens réfui-
tent des.conféquences qui font au ..moins très- ]
probables , & qui forment la théorie que 1 je me;
propofe d’établir.
P r e m i e r o r d r e d e r Ai t s .'
! Comparaison des fubfianccs q u i entrent dans 'la compo-
Jiticrt de nos aliments, ÿ dans celle de nos organes.
L ’idée d’un aliment ou'd’un corps fufceptible
de fe transformer au-deda.ns de nous en ünefub-
itance abfolument femblable à celle de nos organes,
fuppofe entre tqs principes qui conftituenf
nos corps & ceux qui conftituent nos alimens, des
-analogies & des différences.
; I e ne ferai qu enoneçr ici les principaux faits
fans entrer dans les détails, parce que je ne fais,
en ce moment que pofer la queftion dont je donnerai
le développement par la fuite.
. Cm fçait maintenant quelles matières dont font
formes nos. folid.es ; coulent véritablement diffou-
tes par un véhicule commun dans tous les fluides
nourriciers qui pénètrent toutes les parties de I
notre corps. ,
l n fçait que ces mêmes fubftancesfe retrouvent
toutes dans nos alimens. Les alimens- animaux les
contiennent toutes formées ; les végétaux en contiennent
les .analogues:.
i gélatine ou gek-e animale ,apour analogues
les getees végétales, foit fous formeliquide, comme
dans les lues d'unefmultitude de fruits v-foit
tous tonne Lèche comme: dans;-les fécules-; cet
aliment fi répandu dans le règne -végétal , & qui
fart la bafe la plus univerfelle des fubftances qui
nous nourriifent.
,. ne ifontn plus aujourd’hui, qu’à quelques
différences près dans les proportions , la matière
giutineufe végétale fi connue dans la farine du
froment, démontrée exiftante dans la fubftance
de prefque toutes les herbes, ne foit abfolument
de même nature, que la partie fibreufe du fang &
la fibre de nos mufçles.
Diverfes autres analogies dont il feroit trop
long d expofer ici les détails , fetoient également
fequta quel point nos alimens & nos corps fe cor-
refpôndent dans toutes leurs parties.
huais voici un caractère de rèftembîance bien
plus.important, & dont nous .devons la CbBnôif-
iance. aux: travaux des chimiftes modernes &
principalement à_ ceux de M. Berthollet. Toutes
l y fubftances.végétales qui nous fervent d’aliment
, toutes celles que nous tirons des animaux
pourle.même ufage-, toutes celles qui compofent
nos fondes .& nos fluides , toutes, à peu d’ëxcep-
ÉÉ|§| F f e l font compofées d’une bafe commune,
■ corr'k,nee Suivant la div.erfîté de ces
fubftances , & fufceptibles de changer de combi-
naifon par umgrand nombre d’opérations différentes.
C ette bafe eft celle de l’acide oxalique J c’eft-
à-dire j _ fubftance qui combinée avec le
principe qui forme les acides , ( la bafe de fait
vital l’oxigène ) donne naiflànce à l’acide connu
autrefois fous le nom d acide facchariti & maintenant
fous celui d’acide oxalique.
Le fucre les mucilages , les fécules', les fées
gélatineux & muqueux des végétaux , la matière
glutineufe végétale-, un grand nombre d’acides
végétaux , & pareillement tous les mucilages ani-
3 ^curf êe!ees\ ^eur Partie fibreufe, leur
fubftance aibumineufe , la matière caÉéeufe du
lait, ont toutes pour bafe la même fubftance, la
bafe de l’acide oxalique.
Bien plusles huiles graffes des végétaux , les
beurres, les graifies animales dont l’analyfe né
prefente pas le même réfui tat , paroi fient, comme
le prouvent plufieurs phénomènes de l ’économie
animale, pouvoir fe transformer en bafê de l’acide
oxalique ; & ce que l’on a pu acquérir de connoif-
fmcesfur l’état de cette bafe ifolée, fait prefumer
que s’il n’y a pas entre* elle & les huiles graffes
une parfaite identité, il n’y a aumoins qu’une différence
de combinaison dont M. Lavoifier paroît
même avoir à-peu-près déterminé la nature.
Voilà les analogies, voyons les différences. Rendons
en pàflant hommage aux génies immot tels
de Scheèle & de Bergman. Ge font eux qui ont
donné les premiers exemples de -ces analyfes in-
géniéufes auxquelles nous devons aujourd’hui un
grand nombre de-vérités utiles.
C ’eft à l’aide de leur méthode que M. Berthollet
a démontré lés différens principes auxquels
la bafe oxalique eft combinée dans les fubftances
végétales & animales,& M. Fonrcroyâ suffi contribué
à.augmenter les connoiffances que nous a
procurées cette apalyfe importante.
Il eft démontre par leurs travaux qUe dans toutes
ces fubiknees la bafe oxalique , fans changer
de nature., eft combinée fur-tout avec deux
principes différeris. L’un eft le principe du charbon
{le carbone ') , e’eftle même qui , combiné avec là
bafe de 1 air vital, donne naiflance à ce gaz acide,
le premier qui nous ait été connu , autrefois appelle
gaz méphitique, & défigné parles nomencla-
teiirs modernes ' fous le| no,m d'acide ucarbonique.1
l ’autre eft un des principes cohftituans de l’alcali
volatil, lé même qui forme la bafe de ce gaz ,
autrefois c.onnu fous le nom de moffette, aujourd’hui
fous celui de gd^ d\bte. -
Le premi er •( h 'carbone. ) eft plus abondant dans
les fubftances végétales. I.e fécond ( Vazote ) eft
en plus grande proportion dans les fubftances animales.
• Celles • qui contiennent le premier ën grande '
abondance, & peu ou point du fécond , font auffi
celles qui, dans leur décomposition fpontanée,
donnent d’abord des fîgnes d’acefcence^ ; celles au
contraire qui contiennent une grande portion du
fécond,deviennent promptement alcalefçentes.
Ainfi quand les fubftances végétales s’ànimali-
fent , quand nos alimens qui font eu général
moins animalifés que nous s’ aflimilent à: notre-fubf- ;
tance, nous pouvons dire que le changement qui
s opéré alors en eux confifte en grande partie eh
ce que leur bafe oxalique fe combine avec une
plus grande proportion de la bafe du gaz azote,
& quelle perd au contraire une partie du principe
du charbon auquel elle pouvoit être unie. .- i
i l ‘Maintenant l’on réfiéchit que quand;, par l’a-
S f f t fépare l’un ou l’autre de ce’s principes
de la bafe oxalique à laquelle ils font unis, les1
combinaifons dans Iefquelles ils pafieftt donnent
prefque-toujours naifiance à des fluides élaftiques,
on concevra combien la coufidération de ces fluides
dans l’économie animale doit attireri’ attenrioji
des médecins, & combien elle peut nous faciliter
l’intelligence des phénomènes les plus importans
de nos fondions.
Il eft nécefiaire d’obferver ici q Yen rapportant
toutes les fubftances compofées du règne végétal
& du règne an’maî, à ce que M. H allé nomme la
bafe oxalique ou le radical oxalique , ce phyficien ne
peut avoir eu en vue que de fixer une analogie
frappante entre toutes les fubftances. Mais comme
. cette aflertion pourroit paroître peu d’accord avec
d’autres idées préfentées dans un grand nombre
d’articles de ce diêlionnaire, il faut expliquer en-
quoi elle eft vraie, & préfenter en même-temps
.quelques modifications fur le fond de ce premier
énoncé. On entend par bafe ou radical oxalique,
une matière compofée d’hydrogène & de carbone
qui , unie à une grande proportion d’oxigène,
donne naiftance à l’acide oxalique , & qui joue
dans cet acide le 'même rôle que le foufre, le phof-
phore-, le carbone3 I’arfénic, dans les acides ful-
furique 3 phofphoriquê, carbonique & arfénique.
Si toutes les matières végétales & animales peuvent
être confédérées comme bafe oxalique 3 ce
ne peut être que comme contenant la combinaifon'
bydrpgehe-carbonée qui cbnftitue cette bafe. Maisi
ce feroit fe tromper que-dè penfer que cet hydro- -
gène carboné eft également compofé, quant à la*
proportion de ces deux principes, & conféquem-
ment égàlement prêt à former l’àçide oxalique par '
i l’addition de l’oxigène, dans toutes ces matières.
iCette idée feroit inexacte & même faufie. I a cora-
ibinnifon d’hydrogène & dë carbone qui fait la -
bafe générale des fubftances orgâriifées^. n’eft point
homogène dans toutes ces fubftances ; elle^dîffere,
foit par la proportion de l’un & de l’aiitre de ces
principes primitifs, foit par l’addition d’une plus
ou moins grande quantité d’azote, foit enfin par
la proportion de l’oxigène qu’elle contient déjà |
en forte quë pour qu’elle puifie être convertie en
acidé oxalique , il ne fuffit pas conftamment de lui
ajouter de.l’oxigène Sr une égale quantité d’oxi-
gèhe. Il faut pour les unes, qu’il fe dégage une
certaine proportion d’hydrogènë ou de carbone ,
fuivant que l’un ou l’autre excède la quantité qui
doit former le'véritable radical oxalique; pour les
autres dégager une portion de ces deux principes;
pour uri trçifièmê ordre de ces fubftances,
enlever, féparer d’abord i’aioée qui paroît ne
pas entrer dans l’acide oxalique. Ainfi , quand
au moyen de l’acide nitrique, on convertit les
gommes , le'fucre3 l’amidon, en acide oxalique,
il fe dégage’beaucoup d’acide carbonique, parce
que ces matières contiennent bien plus de' carbone
qu’il n’en faut pour le -radical oxalique, loriqu’ à
l’aide du même acidé nitrique on fait la même
opération fur les huiles-J les beutres , les grailles,
O o 1