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tion du charbon, on a eu 8 grains d’une matière !
hlanche à demie fondue , & qui étoit légèrement
aahérente aux parois du creufet. On a mis cette
matière avec de l’acide muriatique > à l’inftant de
l’effufion de l’acide , il s eft dégagé une vapeur
fulfureufe , & bientôt la liqueur a pris une couleur
légèrement jaune , mais il ne s’eft produit
aucune effervefcence. On a mis de l’eau de chaux
dans cetre iiqueur, & il y a eu un précipité qui
étoit du phofphate de chaux. Les cendres du foie
de raie font donc du véritable phofphate de
chaux.
Sixième expérience. On a pris 1 gros d’huile de
foie de raie , & on a verfé par-défliis de l’acide
muriatique oxigené , jufqu’à ce qu’elle ceflât de
lui faire perdre fon' odeur fur le champ ,, c’eft-
à-dire 3 jufqu’à, l’époque où elle a'été fat urée
d’oxigène comme huile 3 8c fans être fépareé en
fes principes. Cette huile eft devenue blanche
comme de la graifle, fon épaifleur a été -aufli augmentée
5 elle étoit à-peu-près femblable à celle de
la cire qu’on a tenue pendant quelque temps entre
les doigts;
Septième expérience. Environ douze heures après
l’extraétion de l’huile de foie de raie , on a foufflé
à fa furface , on a apperçu qu’en continuant cette
infufflation, il fe formoit une pellicule blanche j
opaque 3 qui fe divifoit enfuite en petites lames
qui fe mêloient avec l’huile 1 & y formoient comme
autant de corps étrangers. Cette huile répandue
én couches minces fur un vafe de verre 3
s’épaifliffoit bientôt après , & devenoit opaque.
On a remarqué que cçtte pellicule , & ces corps
blancs & opaques qui fe . font raffemblés au fond
de l’huile , font des-globules d’eau emportés par
l’air expiré, chacun,de ces globufes d’eau, quoique
défendu du contatt de l’air , par une couche
d’huile , s’eft entouré de byjfus fepuca ee Linnéus.'
Comment la femence ou le germe de cette plante
a-t-elle été portée dans cette humidité ? Vient-
elle de la poitrine, de l’air expiré, ou de l ’huile? Ce
ne>peut pas être dans l’air atmofphérique qu’efle
a été prife après l’expiration, car elle a été pouflee
par un tube de verre très-étroit.
Ces expériences prouvent d’une manière bien
directe , que le foie de raie, contient plus de la
moitié de fon poids d’huile toute formée entre fes
molécules. La liquidité de cette fubftance grafle ,
démontre combien la refpiration très-bornée chez
çes animaux , influe fur la confiftançe^ de leurs
parties, & fpécialement fur le cara&ère de la
graifle. Le foie des hommes & des quadrupèdes
préfente aufli quelquefois lorfqu’on le coupe ou
qu’on le déchire, des traces d’huile , mais il s’en
faut de beaucoup quelles foient aufli abondantes
que chez les animaux amphibies nageants. Dans
certaines parties du bas-ventre, dans les maladies
du fo ie, ce vifcère, comme l’ont remarqué les
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médecins, fe gonfle, devient prefque blanc ou
plutôt gris comme celui de la raie , & prend enfin
un caraélère très-gras.
Les foies des volatils, & fur-tout des oies
qu’on expofe à une haute température , & qu’on
nourrit:avec du la it, prennent aufli ce caractère-
il eft vraifemblable que le fang , en paflant dans
le fyftème des artères méfentériques, fpléniques
& hépatiques, & enfuite dans les divifîons de la
veine-porte fubit, de grands changemens dans fa
nature intime , foi-t, comme l’ont dit les phyfiolo-
giftes, qu’il diffolve de la graifle dans le bas-ventre
, ce qui n’eft guère probable , foit plutôt qu’en
parcourant ces différentes régions avec beaucoup
de lenteur , le carbone qu’il contient, s’empare
b lui feul de l’oxigènequi n’a été pour ainfi-dire
qu’interpofé entre les molécules de tous les principes
dans les poumons par la refpiration, &que
par eonféquent, étant tr^s-long-temps à regagner
la poitrine , il prenne-un caractère gras par la
furabondance de l’hydrogène , & la communique
aux organes qu’il nourrit, & dont il répare les
pertes, Si cet effet a lieu chez les hommes & les
quadrupèdes , dont la refpiration eft très-grande,
dans les vaifleaux defquels le fang circule avec rapidité,
il doit "être infiniment plus marqué dans
ces animaux Singuliers, & pour-ainfî-dire horribles,
comme le dit Linnéus, qui peuvent vivie
pendant long-temps dans, la fange ou la bourbe la
plus infeéte fans refpirer, & qui , lorfqu'ils reh
pirent, ne le font que d’une manière très-bornée,
puifque leurs organes refpiratoires font très-petits
en raifon de la maffe dé leur corps, & ne
peuvent admettre par conféquent qu’une très-petite
quantité d’air, qui ne parvient dans toute la
maffe des humeurs , que longtemps après qu’il a
été reçu, en raifon de la lenteur avec laquelle ces
humeuTS fe meuvent. Aufli ces animaux font-ils
tous plus ou moins mous & cartilagineux , pâles
& même fans couleurs dant toutes leurs parties;
aufli, ne font-ils que très-peu fenflbles , & ne
jpuifîent-ils que d’une agilité très-médiocre. J’attribue
aufli la prééminence du foie dans ces animaux
fur tous les autres organes, au défaut de la
refpiration > de même que la liquidité & l’oléagini-
té , pour ainli-dire de leur cerveau.
Bile. ( Pharmacie. ) Qn emploie I’exrrait du
fiel de boeuf & de plufie.urs autres animaux comme
un très-bon médicament ftomâchique ; il fup-
piée au défaut & à l’inertie, de la bile, il donne
du ton à l’eftomac & rétablit les. fonctions de ce
vifcère affoibli> mais il demande de grandes précautions
dans fon ufagei, parce qu’il eft âcre &
échauffant, & il ne doit être adminiftré qu’à petite
dofe, fur-tout chez les perfonnes fenftbles & irritables.
Quelques gens de l’art attribuent des vertus
pariiculières au fiel des poiflons, mais l’éxpè-’
rience n’a point du tout prouvé cette aflertion
qu’il faut ranger dans la claffe trop nombreux
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des préjugés qui exiftent dans la matièrê médicale.
Non-feulement on a choifi la bile de quelques
animaux particuliers, & fur-tout Celles des poiflons,
de la carpe, du brochet, &c. mais on la prépare
d’une manière particulière. C ’éft ordinairement
par l’évaporation conduite jufquà la confiftance
d’extrait folide, qu’on difpofe la bile à entrer dans
les formules pharmaceutiques, car il eft très-rare
qu’on prefcrive cette matière feule & fans addition.
On la fait communément entrer dans des
pilules avec des extraits amèrs, des préparations
de fe r , des écorces ou dès racines en poudre. Il
faut remarquer que l’extrait de bile, où la bile
épaiflié, attire l’humidité de l’air, & que les pilules
qui la contiennent le ramoMifent & perdent facilement
& promptqment leur forme. Aufli, ne doit-
on faire ces pilules qu’en petite quantité , & re-
nouveller fouvent leur préparation. On doit fe
garder de mêler la bile épaiflié avec des acides ,
des fels neutres terreux , des Tels métalliques , qui
la décompofent , & qui forment un réfultat chimique
très-différent de ce qu’on Youloit d’abord
donner. Voilà ce ■ que le pharmacien doit favoir
fur la’ bile , confidérée comme faifant partie de
plulieurs formules magiftralès.
Quant aux différences des biles dés divers animaux
, le pharmacien doit exécuter fcrupuleufe-
ment les ordonnances faites par le médecin , 8e
préparer comme il eft prefcrit les biles diverfes,
fans fe permettre de fubftituer la bile de boeuf à
celles qu’on lui demande j fl doit au contraire profiter
de l’occafion d’exécuter ces formules particulières
pour examiner les propriétés de la bile' des
oifeaux ou des poiflons qu’on lui demandera, &
les comparer à celles de la bile de boeuf. Lé pharmacien
doit toujours fe fouvenir que fon art eft
un de ceux qui, plus occupé que tout autre de
préparer une grande quantité de matièrès différentes
, & d’obferver leur réaétion réciproque,
peut le plus contribuer au perfectionnement des
analyfes chimiques.
BISBESE. ( Pharmacie. ) Dénomination des
Arabiftes,.pour défignerle macis.
BISMUTH. Le bifmuth, Bifmuthum ou Vifmu-
thum , nommé autrefois étain de glace , (i)- eft un
métal fragile , d’un blanc jaunâtre , fort pefant,
difpofé.en grandes lames. 11 s’enfonce un peu par 1
les coups de marteau, mais il fe brife bientôt en ;
petites paillettes, 8e finit par fe réduire en poudre.
Il perd dans l’eau un dixième de fon poids. Muf-
chenbroeck dit , que fa pefanteur fpécifique
■ va de 9,7,00,à 10,000 î en fufiôn il donne 8,7168 >
après qu’il a été fortement frappé 9,6388. 11 eft
fufceptible de criftallifer en prifmes polygones ,
qui fe difpofent én volutes grecques quarées, ou
en trémies creufes entièrement femblables à celles
du muriate de foude. 11 n’a que très-peu d’odeur
& de faveur.
Le bifmuth eft fouvent fous forme métallique
dans la nature. On le reconnoît à fa couleur brillante
jaunâtre, à fa molleffe, telle qu'il fe laiffe
couper au couteau, à fa forme lamelleufe, & fur-
tout à fa grande fufibilité. Il eft ordinairement
criftallifé en lames triangulaires., qui font pofées
les unes fur les autres par recouvrement. Il y a des
échantillons dans le fquelsce métal eft fous la forme
d’oChè'drës très-réguliers. Sa gangue eft ordinai
rement quartzeufe > on en trouve à Scala , en Né-
ritie,en Dalécarlie, 8e àSchnéebergen Allemagne.
Plufieurs minéralogiftes modernes doutent de
l’exifténce de la mine de bifmuth arfénicale. C e pendant
quelques-uns décrivent cette mine , &
affurent qu’elle eft chatoyante , fouvent difoofée
en petites lamés lüifantes , d’un gris clair. Elle eft:
aufli, fuivant ces dërniers, prefque toujours mêlée
de bifmuth natif & de colbat, dont l’oxide fous
forme d’efflorefcence rougeâtre , fe fait quelquefois
remarquer à la furface des échantillons.
La mine de bifmuth fulfureufe , ou lefulfurede
bifmuth natif,reconnue par tous les minéralogiftes ,
eft d’un gris blanchâtre , quelquefois tirant fur le
bleu, à facettes ou en prifmes aiguillés. Cette mine
a l’éclat & la couleur delà mine de plomb, nommé
fulfure de plomb, ou galène 3 elle préfente prefque
toujours des facettes quarrées mais jamais on
n’y voit de véritables fragmens cubiques, j elle fe
coupe au couteau 3 elle eft fort rare 5 on latrouve
à Baftnaè's en Suède & à Schnéeberg en Saxe.
Cronftedt parle aufli d’une mine de bifmuth
martiale 3 qu’il dit fe rencontrer en grofles écailles
cunéiformes, à Konsberg. en Norwège.
Enfin le bifmuth fe rencontre quelquefois dans
l’état d’oxide. 11 eft fous la forme d’une effloref-
cence granuleufe , d’un jaune verdâtre & jamais
rouge , à la furface des mines de bifmuth. M.
Kirwan croit que cet oxide de bifmuth natif,
eft uni à l’acide carbonique. Quelques minéralogiftes
affurent qu’il y a un fulfate de bifmuth mêlé
à cet oxide.
Pour faire l’effai d’une mine de bifmuth , on fe
contente de la fondre à une douce chaleur, dans
un creufet, & à l’aide d’une certaine quantité de
flux réduélif. Comme le bifmuth eft volatil, on
doit le fondre le plus vite pofEblejil vaut mieux
même faire cet effai danr des vaifleaux fermés ,
comme le recommande Cramer.
La fonte.en grand des mines de bifmuth, n’eft