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blables à ceux de la cire des abeilles , fa voir :
une huile d’une odeur empyreumatique très-piquante
3 un flegme âcre , acide } une huile concrète
, connue fous le nom.de beurre de cire.
Cette fubftance paroît donc être une nouvelle
efpèce de cire demi-fluide , 8c non pas une réfine
, comme le difent tous les auteurs qui en
ont parlé : en effet, elle doit fa nailfance à une
huile grajfe ou fixe , 8c non à: une huile' ejfen-
tielle ou volatile , comme les réfines.
M. ThouveneP, d’après, beaucoup d’eflais 3
indique le moyen fuivant pour obtenir plus facilement
une certaine quantité de la première
matière extractive des cantharides , ou de l’extrait
proprement dit , & de la partié verte grade.
IÎ emploie un mélange, à parties égales d’eau
d’aleool.. En faifant évaporer cette dif-
folution dans un appareil dmillatoire 3 l’alcool
que l’on retire conferve une légère odeur de
cantharides. A mefure qu’il monte, la'partie
grade fe fépare & vient nager à la furface , fous
la forme d’une huile verte : elle ne prend que
fort peu de confiftance par le réfroidiffement.
En continuant l’évaporation, la partie cireufe
jaune fe précipite ôL.s’attache aux parois du
yafe-, jufqu’à ce que la matière extraétive ait
acquis une confiftance firupeufe. En rediffol-
vant cette, dernière dans une plus , grande quantité
d’eau & en la faifant évaporer de nouveau,
il s’en fépare encore un peu de la même manière
jaune. Enfin, fi on emploie l’éther*', on parvient
à féparer entièrement ces fubftances : c’eft avec
ce diffolvant que M. Thouvenel eft parvenu à
retirer de la cire verte du précipité jaune , &
de ia cire jaune du précipité vert. .
Il indique enfuite la manière de féparer le
plus exactement poflible, toute la matière verte
, c’ért-à-tdirç la partie la plus importante de
l’extràit.
L’alcool le plus reétifié , épuife difficilement
les cantharides de toute la partie verte > 40 onces
de ce diffolvant fuffifent à peine , même
avec le fecours de la chaleur , pour une once de
ces infeCtes 5 tandis que moitié d’un mélange à
parties égales d’eau & d’alcool reCtifié , eft plus
que fuffifante. Mais alors même ., .s'il n’y a d’alcool'que
la quantité fuffifante pour, diffoudre ,
à faide de la digéftion , toute la partie verte ,
il s’en fépare une portion par le- réfroidiffement.
11 falloit donc trouver le moyen, & de diffoudre
entièrement cette matière , & d’en éviter
la précipitation pendant le réfroidiffement.
plufîeurs tentatives lui ont fait trouver le
procédé fuivant, auquel il s’en eft tenu.
11 a pris pour terme moyen, une eau-de-vie,
dont la pinte , mefure de Paris , pefoit 2$ on-
pes, & qui marquoit 283. à l’aréomètre. Il a
mis dans cette quantité , demi-once de canthar
«des entières ,*( paffées aupar^vain fur ua
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mis groflîer , pour ,én féparer la poudre faune
dont elles font recouvertes. ) Il a fait digérer
ce mélange pendant 24 heures dans un matras
fur un bain de fable à une douce chaleur , 8c
lia obtenu une teinture jaune verdâtre, dont il ne
s’eft rien féparé par le réfroidiffement. 8 oncès
de nouvelle eau-de-vie, mife fur le marc & tenues
en digéftion comme la première fois , n’ont
prefque donné que de la matière jaune.
La teinture de cantharides ou la diffolution
de cette fubftance animale dans l’alcool, eft employée
en médecine par l’application topique,
à titre d’épifpaftique. C e remède eft un ftimu-
lant extrêmement énergique 5 fes effets' font irri-
tans , réfolutifs , évacuans , révulfifs 3 on s’en
fert avec fuccès dans les maladies aigues &
chroniques. Les médecins François intimidés
par la violence de fon aétion , n’ont pas encore
ofé en ordonner l’ufage. intérieur. Mais on en
donne ailleurs à la dofe de quelques gouttes
dans des boiffons adouciffantes , pour les difficultés
d’uriner 8c même dans les fuppreflions
d’urines , dans les gonorrhées anciennes , dans
les hydopifies , &c. On remploie auffi avec
fuccès. à l’extérieur, pour appeller dans le lieu
qu’on en frotte ,• le fpafmequi occupe des parties
plus importantes à la vie 5 c’eft ainfî qu’on
frotte de teinture de cantharides ,les malléoles 8c
le cou de pied , pour détourner le fpafme de
la gorge , de la tête , de la poitriiie 8c de l’ef-
tpmâch.
Le plus fréquent ufage des cantharides eft relatif
à leur mixtion en poudre dans les emplâtres
véficatoires. Les anciens,d’après l’avis d’Hyp-
pocrate , vouloient qu’on en otât la tête 8c les
pattes , parce que ces parties , fuivant eux , con-
tenoient les pointes les plus dures & les plus
piquantes 5 -ils attribuent les vertus de ces in-
lèétes aux pointes dont ils les croyôiènt hériffésç
auffi dans cette opinion reçommandoient-ils de
ne pas trop pulvérifer les cantharides , de peur
d’atténuer 8c même d’annuller leurs vertus 5 mais
l’expérience a prouvé directement le contraire.
La pommade épifpaftique de Thierry, apothicaire
à Caèn , dont on connoit les propriétés ,
8c qui eft généralement employée pour entretenir
la fuppuration des véficatoires., & même
pour les établir, n’eft autre chofe qu’un mé?
lange exaCt de cantharides en poudre très-tenue
& d’un onguent âcre. On y démontre la pré^
fence de la pouffière de cantharides , en le fon-r
dant fur un linge très-ferré ou fur un papier
Jo.feph 3 la poudré refte fur le filtre après que
l’onguent fondu a paffq*
CAO U T -CH O U C . Le caoutrchouc , nommé
improprement gomme élaftique ou réfine élafti-
que, eft une des fubftances fur la nature defquelles
ii eft difficile de prononcer. Quoique la propriété
combuftible, dent on tire parti en Amé*
jîque, pour s’éclairer, femble la rapprocher des
jrénnes , fon élafticité, fa molleffe , fon indiffo-
lubilité dans les liquides qui diffolvent ordinairement
ces dernières, font autant de caractères
qui l’en éloignent.
L’arbre qui la fournit croît dans plufienrs endroits
de l’Amérique. On fait des incifions en
large fur fon écorce , & on a foin qu’elles pé-,
nètrent jufqu’au bois j on reçoit dans un vaif-
feau le fuc blanc & plus ou moins fluide qui
en découle , pour en former différens uftenfiles ;
on l’applique _ par couches fur des moules de
terre 3 on le laiffe fécher au foleil ou au feu 5
©n y Tait, à l’aide d’une pointe de fer , des
deflins très-variés 3 on expofe ces uftenfiles à la
fumée , 8c lorfqu’ils fônt bien fecs , on caffe
les moules. Telle eft la manière dont on fabrique
les bouteilles & les différens uftenfiles de
gomme élaftique qu’on envoie en Europe.
Lés vafes qui font faits de cette matière peuvent
contenir de l’eau & différens fluides qui
n’ont pas d’aCtion fur elle. Si on la coupe en
lanières , & qu’on applique fes bords récemment
coupés, ils fe rejoignent & fe recollent allez
bien. J’ai examiné le fuc du çaout-chouc qu’on
m’avoit envoyé de Madagafcar. Ce fuc étoit
blanc comme du la it, d’une odeur fétideinfup-
portable. U contenoit une matière blanche, con-
, Crète , fpongieufe, qui occupoit le milieu de 1a
bouteille dont elle avoit.pris là forme , 8c qui
étoit élaftique'. En chauffant la liqueur , il s’eft
bientôt formé à fa furface line pellicule blanche
de vraie réfine élaftique 3 l’alcool mêlé au fuc ,
en a féparé des flocons de cette finguüère réfine.
Au refte , les détails-de cette analyfe feront
expofés plus bas.
■: Expofé au feu le caout-chouc. fec , 8c tel
qu’on l’envoie en Europe , fe ramollit „ fe bour-
fouffle , exhale une odeur fétide & brûle en
fe retirant. ï
La réfine, élaftique n’eft pas diffoluble dans
l’eau 5 on ignore l’àCtion des matières falines fur
cette fubftance. Macquer, qui a effayé de la
diffoudre dans différens menftrues , s’eft convaincu
que l’alcool n’avoit aucune aCtion fur
elle , comme l’avoient déjà annoncé MM. de
la Condamine 8c Frefneau ( Académie, année -
3751 ) , mais que les huiles la diffolvent à l’aide
de la chaleur. Cependant, comme fon intention
étoit de la mettre dans un état liquide ,
•de forte qu’elle pût être employée, & reprendre
fes propriétés par l’évaporation du diffol-
vant , il a été obligé d’avoir recours à un autre
menftrue que les huiles, parcé que ces matières
, quelque volatiles qu’elles fuffent, àlté-
roient toujours.la réfine élaftique, 8c y reftoient
.fixées de manière à-lui enlever fon élafticité 8c
Ta force. L’éther très-reCtifié dans lequel ii eft
parvenu à diffoudre facilement cette fubftance,
a rempli entièrement fon objet par fon éyapo:
rabilïte ( Académie , année 1768 ) 3 & quoique
cette liqueur foit fort chère , il a cm devoir
indiquer ce moyen de faire des uftenfiles très-
utiles . tels que les fondes. en appliquant fur
un moule de cire des, couches lucceffive's de
cette diffolution jufqù’à ce qu'elles aient l'épaif-
feur qu'on leur defire. Lorfque la fonde eft
sôch.e , on la plonge dans l'éau bouillante qui
liquéfie la cire, Sc on la fépare ainfî du moule.
La molleffe & l'élafticité de cet inftrumeut le
rendent très-utile pour les perfonnes qui font
forcées .de le porter continuellement. Nous reviendrons
plus bas fur la diffolubilité du caoutchouc
dans l'éther.
Telles étoient les ‘ connoiffances acquifes fur
la réfine élaftique . lorfqu'au mois d'avril 1781 ,
M. Eerniard , conuu par l'exaûitude de fes travaux
, fit inférer dans le Journal de phyfique un
très-bon mémoire fur cette fingulière fubftance.
Ce chimifte conclut de fes recherches , que là
réfine élaftique eft une efpèce d'huile grade particulière
3 colorée par une matière diffolubl®
dans l'alcool . & falie par la fuie de la fumée
à ^ laquelle on expofe chaque couche de cette
réfine pour la deffécher. L'eau ne l'altère point ;
l'alcool la décolore à l'aide de l'ébullition. L'al-
kali fixe caùftique n’a aucune aûion fur elle.
L’acide fulfurique concentré la réduit à l’état
charbonneux. & fe noircit lui-même en prenant
l'odfeur & la volatilité de l’acide fulfureux. L’acide
nitrique ordinaire ou foible agit fur cette
réfine comme fur le liège . & la jaunit. L'acide
nitrique très-concentré la détruit très-prompte-
ment. L'acide muriatique ne l’altère en aucune
manière. L’éther fulfurique reflifié ne l’a point
diffoute. C e fait doit paroîtré fingulier. comme
e dit 1 auteur, à tous ceux qui connoiffent
1 exactitude & la véracité, de Macquer. L’éther
nitrique l’a diffoute. Cette diffolution eft jaune
& donne pat l’évaporation une fubftance tranf-
parente . friable , diffoluble dans l’alcool ; en un
mot 3 une vraie réfine , formée . fuivant l ’auteur
.par l’afiion de- l’acide nitreux fur le caoutchouc
elaftique. L’huile volatile de lavande
celles d’afpic & de térébenthine l ’ont diffoute
a laide..d’une légère chaleur.; mais elles ont
forme des. fluides collans. qui poiffent plus
ou moins les mains, & qui, conféquemment,
ne peuvent être d’aucun ufage. Une diffolution
-de refine elaftique par l’huile d'afpic . mêlée avec
de 1. alcool. a dépofé des flocons blancs infolu-
bles dans 1 eau chaude . qui ont nagé à la fur-
face de ce fluide , & font devenus blancs 8c
folides comme de la cire. par le réfroidiffement -
en uiwnot. une véritable huile fixe , concref-
cible. L’huile de camphre diffout la réfine élaf-
tique par la.fimple macération. En évaporant
cette dilïolution. le camphre s’eft volatilifé &
il eft refte dans la caplule une matière ambrée
»une cpnWtance ferme. & prefque pas gluante”