
qu’une matière alcalefcente , comme de la chair
de poiffon un peu avancée ou quelque fubftance
animale analogue à celle-là , eft reçue dans l’efto-
mac , iî la fanté eft forte', fi les organes font fains
& vigoureux, fi les humeurs font dans leur état
naturel-, l’ammoniaque libre eft bientôt détruite
& neutralifée. Sans cela elle oecafionne des douleurs
, des coliques, des rapport nidoreux, des
digeftions troublées, des dévoiemens, ou même
des maladies putrides 5 il faut donc avoir égard à
ce caractère d’alcalefcence dans les alimens &
dans les humeurs des premières voies. Cet objet
a été traité avec les détails qui peuvent intéreffer
les médecins, auxttrticles Alcalescence confi-
dérée par rapport à l ’hygiène, à la pathologie & à
la.matière médicale , dans le dictionnaire de médecine.
( Voÿe[ ce D ictionnaire)..,
A LC A L E SÇ EN T . Le mot alcalefcent eft
employé en Chimie pour défigner des matières lé-
gèremenr alcalines, ou pour indiquer la production
d’un alcali dans des matières qui n’en
contenoient point auparavant. C ’eft ainfi qu’on
dit liqueurs alcalefcentes, ou liquides alcalefcens,
pour rendre ou exprimer la qualité alcaline que
contractent les fluides animaux expofés à une
température chaude. L’alcalefcence des fubf-
tances animales dépend d’un changement de com-
pofition qui s’opère dans leurs principes, & qu’on
eft parvenu à apprécier avec exactitude depuis
qu’on connoît la nature' de l’alcali volatil ou de
l’ammoniaque ,& celle qui caraCtérife les fubftan-
.ces animales comparées aux végétales. Cette, ef-
pèce d’alcali étant un compofé d’hydrogène 8c d’azote,
( voyeç ces deux.mots ) , on conçoit bien com-
.ment ces deux principes qui entrent dans la com-
pofition des animaux fe portent l’un fur l’autre &
fe combinent de manière à former de l’ammoniaque.
Ces liqueurs une fois contenant cet alcali
volatil ont une odeur forte piquante, & la propriété
de changer en verd la couleur des violettes
, de la mauve , de l’écorce des rayes, &c.
Telles font l’urine confervée.quelque temps , la
chair, & fur - tout celle des poijflfons , expofée à
une température chaude : les corps enfouis en
malle dans la terre contractent également ce cà-
raCtère ; au bout de quelques mois ou de quelques
années ils contiennent une grande quantité
d’ammoniaque. 11 arrive quelquefois que les humeurs
animales prennent de l’alcalefcence dans
l’intérieur même des.animaux viv'ans 5 c’ eft ainfi
que l’urine, qui eft acide chez le plus grand nombre
des hommes, en. fanté, devient alcalefcente
dans l’affeCtion calculeufe, fur-tout lorfque celle-*
„-.ci fe prolonge pendant long-temps.
A LCAL IS. C ’eft le nom d’un genre de fubf-
..tances falines , qui ont les plus grands & les, plus
importans ufages dans les opérations de la chimie,
8c dont il eft indifpenfable de coanoître
toutes les ptopriétés. Pour acquérir cette cûnnoif-
fance qui conftitue une des principales parties delà
théorie de la fcience, en même-temps qu'elle
conduit directement à l’art d’en diriger ou d’en
pratiquer toutes les opérations il faut étudier
d abord les propriétés des alcalis , confldérés en
malle ou comme formant un genre de .corps
chimiques , & décrire enfuite , avec beaucoup
de foin & avec tous les détails néceffaires , les
trois efpèces d’alcalis que là nature préfente, &
que l’art employé fans ceffe dans fes procédés.
Cette divilion naturelle partagera cet article en.
deux feélions.
P R E M IÈ B. E S E C T I O N.
1 es alcalis en général, ou des alcalis conjiderès
comme genre.
L’expérience de notre fiècle prouve que les
méthodes employées, par les naturalises,, pour
décrire 8c faire connortre toutes les productions
de la nature, ont de grands avantages fur celles
des anciens ; au (fi a-t-on déjà adopté cette mar-
. che dans l’étude de beaucoup de fciences 5 elle
peut avoir une égale utilité dans l’étude de la
chimie. Toutes les matières qu’on y traite peu-
• vent être difpofées entr’elles, comme les végétaux
& les animaux le font dans les méthodes oii
les fyftêmes de botanique & de zoologie. Sous
ce point de vue les alcalis forment un genre dé
fubftances appartenant à. un ordre des minéraux,
qu’on défigne par le nom de fels. ( Voye^ les
mots , Méthode chimique , Minéraux &
Sels. ) En examinant d’abord abftraCtivemént les
propriétés, des alcalis-, il en réfultera un tableau
de leurs caraCtères génériques. Ce t examen offre
quatre principaux points , qui, en fixant fucceffi-
vement notre attention , préfenteront une hiftoire
complette de ce genre de corps, & difpoferont
à bien connoître les trois efpèces qui le compo-
fent. Ces quatre points, qui feront la matièré
d’autant de paragraphes , font : i°, la dénomination
& l’hiftoire des. alcalis ; 2 \ l’expofé de
leurs propriétés ou caraCtères génériques >5°. leur
nature intime 5 40. leurs ufages en général.
§. I. Dénomination- & hifloire des alcalis en. gêné ta U
Le mot alcali a manifeftement une origine
orientale. Comme on. écrivoit autrefois alkali ^
on reçônnoît ici un des ce mots compofés de
l’arabe , formé du mot kali , & de la participé
al. Le premier défigne une plante marine
dont la cendre fournit une eipèce de fel de ce
genre, le kali nommé en françois fonde; 8c
la particule al ajoutée à ce mot, fert, fuivant
les uns , à marquer la bonté , l’excellence, la
préférence } 8c fuivant les autres , n’eft qu’une
ëfpèee d’article qui équivaut à notre pronorn jpt-
Il ne paroît pas douteux , d’après* cela , que l’oa
ait eu connoiffance de cette efpèce de fel dans j
l’antiquité, & qu’on ait fu le retirer par la com-
buftion des plantes marines ; il entroit dans la
compofition du verre, 8c dans la formation des
leffives 5 c’ eft pour cela que Pline donhoit le
nom de leffive à la cendre. Sans doute on a employé
, fans interruption, les alcalis dans lés arts,
dans les fabriques 8c les manufactures > mais la
chimie a été pendant bien long - temps fans con-
noifTance exaCte fur ces fels. Vers le milieu de
ce fiècle on ne diftinguoit point encore bien les
alcalis fixes l’un de l’autre. Pott, Margraf & Duhamel,
ont les premiers, depuis 1745 jufqu’ en
1760 environ, répandu la lumière fur cet objet.^
Depuis cette importante découverte, la fcience,
déjà perfectionnée par la connoiffance des deux
alcalis fixes, eft reftée encore jufqu’en 1776 dans
une erreur qui en a fingulièrement retardé les progrès.
On ne connoiffoit d’autre propriété diftinc-
tive & vraiment caraCtériftique des alcalis ', que
l’effervefcence qu’ils étoient fufceptibles de faire
avec les acides, 8c ce caraCtère étoit juftement ce
qu’il y avoit de plus faux fur la nature de ces
fels. Enfin , la découverte de l’air fixé, de fa
qualité d’acide & de fon éxiftencë dans les* alcalis
1, a porté la plus grande lumière fur ce point,
& a fait voir que la propriété de faire efférvef-
vence avec lés acides , n’exiftoit point comme
caractère des alcalis , mais bien comme caraCtère
de ces fels combinés avec un acide, 8c dans l’état
d’efpèces de Tels neutres. C e n’eft donc que dans
les ouvrages des chimiltes modernes , 8c dans
ceux qui font écrits depuis une quinzaine d’années
, que l’on trouve des notions exaCtes fur les
alcalis. Le dictionnaire, de Macquer, un des ouvrages
qui a le plus contribué à l’enfeignement de
cette fcience, & qui a été. le plus généralement
étudié dans , tout le monde favant, n’eft point encore
entièrement à l’abri de cette erreur, quoique
la fécondé édition, dont nous parlons, &
qu’on peut regarder comme un livre nouveau ,
tant’ il offre de différences d’avec là première , |
ait paru en 1778. On trouve encore dans ce dictionnaire
la propriété de faire effervefcence comme
caraCtère des alcàlis, à la vérité, ajoute l’auteur
, quand ils contiennent du gaz y. mais malgré
cette diftinCtion, qui çommençoit à éclaircir cette
partie de la théorie de la fcience, il règne dans
tous les détails relatifs aux alcalis, une obfcurité
qui tient à ce qu’il ne les a pas fuffifamment indiqués
comme formant des fels neutres avec ce
gaz j d’ailleurs , il n’avoit pas des idéës affez
■ nettes des gaz en général , 8c fur-tout de celui
qu’on dégage des prétendus alcalis , ou des fels
neutres alcalins, par le moyen des acides. C e n’eft
donc qu’ à la chimie de ces derniers temps , que
l’on doit une connoiffance exacte des alcalis &
:de leurs efpèces. 11 n’eft pas même queftion ici
des fyftêmes, des hypothefes, qu’on avoit préfé
ré s fur ces fels au commencement du fiècle ,
& dans lefquels font contenus , comme on le
verra dans le paragraphe troifième , toutes les
preuves de l’ignorance où l’on étoit fur leurs caractères
8c leürs propriétés.
§. II. Expofé des propriétés ou caractères génériques
des alcalis.
Si l’on a bien faifi la marche ^ue l’on a intention,
de fuivre- dans cet article, on concevra facilement
qu’il eft néceffaire d’examiner d’abprd en
quoi confiftent les propriétés des alcalis , de réunir
l’enfemble de ces propriétés, pour en com-'
pofer les caractères qui déterminent c^.genre de
fels, & qui peuvent fervir à le diftinguer de tous
les autres} il faut auffi, dans l’expofé de ces propriétés,
ne prendre que celles qui font communes
à toutes les efpèces d’alcalis , afin qu’on
n’ifole point l’un de l’autre , & qu on ne donne
vpoint comme appartenant au genre , quelques caractères
qui n’exiftent que dans les efpèces con-
fidérées à part.
i ° . Tous les alcalis ont une faveur acre 8c
analogue à celle de l’ urine & des matières animales
pourries en général} de-là on défigne cette
faveur par le nom de faveur urineufe. Elle eft
tellement forte , lorfque les alcalis font bien purs ,
& tels qu’il faut lés çonfidérer pour les connoître
comme genre , qu’ils diffolvent & rongent
la peau } voilà pourquoi on les nomme fou-
vent cauftiques en pharmacie. On ne pourroit pas
eh goûter la moindre parcelle fur là langue , fans
éprouver fur le champ une fenfation violente ,
femblable à celle d’une brûlure , & fans être
obligé de la rejetter à l’inftant. L’impreffion que
l’-alcali a faite en excitant cette fenfation , même
dans une fraCtion de fécondé, produit une inflammation
, une légère efeare qui doit être renoii-
vellée parla formation d’une' nouvelle portion d’épiderme
} c’eft une partie vraiment deforganifée,
que celle qui a été plus ou moins de tems en contact
avec un alcali} c’eft une partie morte qui fe détache
& tombe par l’effet de la vie. Cette faveur
vive , cètte énergie cauftique , dépend
d’une extrême attraction entre les molécules de
Y alcali & celles des matières animales } la tendance
à la combinaifon qui exifte entre ces deux
genres de fubftances eft telle , que cette combinaifon
s’opère dans l’ inftant du contaCt, 8c que la
faveur qui en eft l’annonce pour les organes fen-
fibles, a lieu pendant l’aCte même de cette combinaifon.
Auffi , après qu’un alcali a exercé
cette aCtion fur la peau 8c les nerfs , il a épuifé
fon attraction , fa tendance à fe combiner, &
il ne peut plûs T ’exercer davantage. E’oye^ le
mot C austicité.
i °. La forme & Tes qualités extérieures , la
couleur , 8cc. ne peuvent pas être définies- dans
l’expofé des caractères des alcalis , parce qu elles
varient fuivant lès efpèces. Deux efpèces , en
effet, peuvent être obtenues fous forme sèche