
autres , veulent qu’on procède par la diftiliation
à la préparation de l’alcool muriatique & qu’on
mêle trois parties d’alcool à une d’acide dans
la cornue, cela nous paroît moins avantageux,
que de préfenter l’acide en vapeur â l’alcool
contenu dans le récipient.
M. Spielman dans fa pharmacopée adrriët ce
procédé, mais ne fait le mélange que de lîx
parties d alcool contre huit d’acide ; parce moyen
il prétend avoir dans le récipient un alcool
très-huileux & très-acide ; mais pour en modérer
l’acidité , il preferit de mêler' enfuite une
once de cet alcool a quatre onces de nouvel
alcoohî procédé qui donnera un excellent alcool
muriatique dulcifié.
Le favaht traducteur de la pharmacopée de
Londres propofe de faire digerer feulement dans
un matras garni de fon vailfeau de rencontre ,
fur un bain de fable pendant dix à douze
jours , un mélange d’une partie d’acide muriatique
fumant avec trois parties d’alcool reCtifié :
on obtient par ce procédé une liqueur citrine ,'
d’une odeur agréable & qui n’eft point corrofive.
On ne peut fe refufer à reconnaître que de tous
les procédés , c’elt le plus fimple & le plus facile
à pratiquer. Malouin confeilîe à-peu-près
le même procédé ; nous en rapporterons la formule
, parce qu’elle préfente le détail de toutes
les attentions qu’il faut avoir dans cette opération.
» Mettez dans un grand matras huit onces
d’alcool reftifié : verfez-y peu-à-peu quatre onces j
d’acide muriatique , & chaque fois que vous
y en aurez mis , bouchez le matras avec un bouchon
de liège. Lorfque tout l’acide muriatique
y aura été verfé , mettez à la place du bouchon
un autre petit matras renverfé & luttez-en
exactement les jointures ; laiflfez le tout en cet
état pendant huit ou neuf jours , remuant de
temps en temps , enfuite faites digérer encore pendant
un mois fur les cendres chaudes , à un feu
de fable très-doux , n’oubliant pas de remuer
tous les jours ; enfin laiflfez bien refroidir le tout ,
& verfez cette liqueur dans une bouteille que
vous boucherez exactement ».
C e procédé fimple & facile, qui e(Légalement
indiqué dans la pharmacopée de Paris 3 remplit
bien l’objet qu’on fe propofe , mais la dofe de.
l’acide muriatique nous paroît un peu trop forte
dans cette formule , & nous croyons plus convenable
de n’employer qu’une partie d’acide contre
trois d’alcool.
Les propriétés médicinales de cet alcool fe rapprochent
beaucoup de celles de tous les acides
minéraux 3 mais elles en diffèrent par une forte
d’état favoneux ; il neutralife comme les. acides .
les humeurs alcalefcentes 3 corrige & prévient la
putridité 3 calme la foif, ftimule les fibres ,
mais il agit avec une force modérée & en qualité
de fubftance favoneufe il dévient un difibl-
Vant efficace des humeurs muqueufes trop denfes.
La réunion de ces propriétés le rena ftoma-
chique, apéritif, & diurétique; on le donne à
la dofe, de 30 à 40 gouttes dans un véhicule
approprié à la maladie contre laquelle on y a recours
, ou dans des tifanes jufqu’à agréable acidité.
On recommande l’alcool muriatique à la dofe
défignée ci-deflfus, contre les accidens qui accompagnent
& fuivent l’ivreffe.
On débite à Paris, fous le titre d'eau de Bel-
leau & de Bellojîe, une liqueur à laquelle on attribue
des propriétés merveilleufes contre les
fuites des chûtes & des coups reçus ; mais cette
eau fi vantée n’eft autre chofe qu’un acide muriatique
imparfaitëment dulcifié par l’alcool co^
loré 'par l’addition du fafran : elle ne mérite
aucune confiance.
La vertu de guérir la hernie , attribuée par le
prieur de Chabrieres à l’acide muriatique, ( Koye?
l’art, de cet acide, ) a engagé à employer l’alcool
muriatique dans la même maladie. Lieutaud ,
( Pag. 541. de fon Synopfis medicin& praclicAj \q
confeilîe, & Malouin (dans le 2. tom. de fa
chimie médicinale, p. 490) trace la méthode
à fuivre dans l’ufage de ce remède.
On en donne tous les matins à jeun & tous les
après-midi quatre heures après dîner, depuis
deux gouttes jufqu’ à douze, dans une demi-
verrée de vin compofé d’après la formule fui-
vante.
Prenez une poignée de la racine du fceau de
Salomon , pilez-la après l’avoir nettoyée & lavée j
verfez demis vin blanc, deux livres ; laifïez ce
mélange en digeftion pendant trente heures , fil-
! trez-le, & confervez le vin pour l’ufage dans
une bouteille bien bouchée.
! On applique-en même temps fur l’endroit par
où l’inteftin a coutume de s’échapper, un cata-
plafme préparé, avec la même racine du fceau
de Salomon, prife fraîche & Amplement-pilée ,
cataplafme qu’on alfujettit avec un bandage. >
11 faut continuer ce remède pendant un mois,
refter au lit pendant tout ce temps-là , & ob-
ferver u.n régime exaft. Malouin affure avoir vil
plufieurs jeunes perfonnes guéries par ce traitement
; le régime , l’application du cataplafme &
Je féjour au lit , ont. probablement plus contribué
à • la guérifon que l’alcool muriatique. La
confiance qu’a méritée Malouin nous a engagé
à rapporter fon «bfervation dans cet article.
30. Alcool nitrique.
Cette préparation que l’on nomme ordinaire-
rement ejprit de nitre dulcifié , ejprit. de ni ire vineux
, ejprit de vin nitreux, acide du ni ire doux
quelquefois efprit carminatif des trois & même
effence de nitre, eft une combinaifon de l’alcool
avec l’acide nitrique.
Les procédés pour la préparation de cet alcool
ont été auffi variés , ■ auffi multipliés , que
pour la préparation de l’alcool muriatique, &
on a eu la même incertitude fur la nature, le
choix des fubftances qu’il falloit employer , &
leur dofe refpeâive. Les. uns confeillèrent de
choifir un acide nitreux ou concentré, & un
alcool rectifié, d’autres préfèrent un acide nitrique
pur, & un alcool affaibli d’une certaine
quantité d’êau. Les premiers qui firent cette préparation
, fe bornoient à mettre dans une cucur-
feite de verre de l’acide nitreux, fur lequel ils ver-
foient en une feule fojg la totalité d’alcool qu’ils
deftinoient à cette compofition; mais ce mélange
brufque eft bientôt fuivi d’une grande effervescence
; la quantité de gaz & de vapeurs rutilantes
qui s’en élèvent, incommode l’artifte, entraîne
une partie de la combinaifon, & le dégagement
fubit d’une quantité confidérable de
calorique, fait fouvent brifer les vaiflfeaux ; on
prit donc le parti de verfer l’acide fur l’alcool,
de le mêler peu-à-peu pour prévenir les effets
delà chaleur excefllvequ’ aurôit produite la fufion
brufque de la totalité, d’agiter le vailfeau pour faciliter
la combinaifon, enfin de faire le mélange
dans une cornue tubulée garnie de fon récipient ;
on introduifoit l’acide nitreux par la tubulure ; on
recueilloit les vapeurs dans le récipient.
Quelques artiftes perfuadés que la combinaifon
feroit plus facile & plus parfaite fi on portoit
fur l’alcool l’acide nitreux lorfqu’il fe dégage de
fa bafe, mirent dans une cucurbite du nitrate de
potaflfe & de l’alcool, y versèrent pardeffus une
certaine quantité d’acide fulfurique.
r D’autres, cités par M. P o tt, imaginèrent d’après.
le même principe de mettre de l’alcool dans
un récipient, & du nitrate de potaflfe dans une
cornue tubulée, & après avoir ajufté ces vaif-
feaux, & lutté les jointures, ils verfoient peu-
àrpeu par la tubulure de l’acide fulfurique. On
conçoit facilement la théorie de ce procédé. L’acide
fulfurique s’emparant de la potaflfe déplaçoit
l’acide nitrique, qui, réduit en.vapeur, paffoit dans
le récipient & fe combinoit ainfi avec l’alcool.
M. Pott confidérant que l’effervefcence peut
vaporifer en même temps une petite portion de
l’acide fulfurique, ajouta à cet appareil un ballon
enfilé , & il plaçoit l’ alcool dans ce fécond récipient
, efpérant par cette difpofition que Êacide
nitrique feul iroit fe combiner avec l’alcool.
Les auteurs des difpenfaires de Brandebourg,
de Hambourg, de Ratisbonne & de Wirtem-
berg, ont confeillé un autre procédé bien plus
compliqué encore; entraînés comme Pott par la
crainte de l’alliage d’une portion de l’acide fui- :
furique, ils y recommandent de faire un mélange
de tartrite acide de potaflfe, ou tartre blanc , & de
nitrate de potaffe, & d’en faire la projection par
parties dans, une cornue tubulée i dont le col eft
reçu dans un récipient qui contient une certaine
quantité d’alcool ; ces auteurs penfoient que par
cette détonation , l’acide nitrique fe dégageoit de
fa bafe, paflfoit dans le récipient, fous forme de
vapeurs, fe combinoit ainfi avec l’alcool , & ils
donnoient au produit de cette opération le nom
fingulier d efprit carminatif des trois. ( Spiritus car-
minativus.de tribus) Nous ne nous arrêterons
pas à faire obferver l’infuffifance & les défauts'
de ce procédé ; aujourd’hui que la chimie eft
plus éclairée, on fent très-bien que par cette
détonation on n’obtient qu’une decompofition de
l’acide nitrique.
Nous- trouvons encore bien d’autres différences
dans les procédés employés pour la combinaifon
de l’acide nitrique avec l’alcool ; plufieurs artiftes
fe bornent à la fimple digeftion du mélange ;
d’autres emploient la diftiliation, & parmi ces derniers,
les uns font précéder la diftiliation par
plufieurs jours de digeftion, les autres y procèdent
immédiatement après l’effervefcence du 1
mélange ; il en eft qui diftillent jufqu’ à ficcité ; il
en eft qui arrêtent la diftiliation au- moment ou -
les ftries ceffent de paroître dans le ballon, ou
bien lorfqu’à travers le trou pratiqué dans le
récipient , ils.Tentent une odeur marquée d’acide.
Enfin il en eft qui reverfent fur le réfidu que
contient la cornue, la liqueur qui a paflfé dans
le ballon , & la cohobent ainfi deux ou trois fois.
Il y a encore plus de diverfité dans la proportion
Tous laquelle on emploie l’alcool & l’acide nitrique
; elle eft dans quelques procédés d une
iégalité parfaite ; dans plufieurs comme 2 1 1 , 3 : 1 ,
.4: 1 , & même-comme 8: 9.
Hoffman ( liv. 2. de fes obfervations chimiques)
& le traducteur de la pharmacopée de Londres,
( dans fes notes pag. 374 du 2e. vol. ) font obferver
qu’elle doit être réglée d’après la rectification
de l’alcool, & la concentration de l’acide ;
& fuivaat Hoffman , il faut généralement une
partie d’acide nitrique fur huit d’alcool pour
une dulcification ou combinaifon parfaite.
Nous ne nous arrêterons pas davantage à ces
détails plus curieux qu’utiles , nous nous bornerons
a préfenter la formule fimple que donne
la pharmacopée de Paris , pour la préparation de
l’alcool nitriqye.
Mettez dans un grand matras dou\e onces d’alcool
rectifié, verfez deflfus peu-à-peu & à différentes
reprifes fix onces d’acide nitrique pur, &c
faites digérer pendant un mois.
Le plus grand nombre des Pharmaciens fe
borne à faire le mélange d’une partie d’acide,
contre trois d’alcool, & cette préparation nous
paroît la meilleure.
» Malouin avertit que cette opération doit fe
faire fous la cheminée, & il confeilîe de placer
le matras fur un plat rempli de cendres ; il fau t ,
continue-t-il être très-long-temps à faire-le mélange
& boucher le matras avec du papier feulement
lorfqu’on s’ en- éloigne ; enfin lorfqu’on a
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