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^-.Si dans la préparation de Talcool ' éthére
fulfurique huileux , on a employé une huile
etherée , qui contient encore un peu d’acide ful-
tureux , 1 alcool en conferve l’odeur , 8c on ne
peut que difficilement l’en priver. On peut cependant
avec quelqu’avantage imiter des pharmaciens ,
qui3 après avoir diflous de la potaffe dans la
liqueur , en font la diftillation à un feu très-
doux.
3°. Enfin , comme ces alcools'font très- vo-
latils, il faut toujours renfermer les potions, où
entrent ces liqueurs dans des bouteilles bouchées
. exactement, au moins avec: un"liège. Ge con-
feil pourra paroître minutieux : mais nous avons
*°uvent négliger la précaution qui en eft
1 objet , que nous n’avons pu nous refufer à le
donner.
. -°* -Alcool ethere nitrique ouvulgàirement liqueur
minérale anodine nitreufe , efprit. d'éther nitreux
y 'efpiic nitreux éthéré.
Cette préparation eft bien moins connue que
. *a precedente. Nous ne nous arrêterons pas
à présenter les différens procédés qu’on a
imagines & employés^ fucceffivement pour préparer'ce
remède -, ce feroit prefque répéter fous
d’autres noms , ce que nous avons déjà dit plus
haut ; nous rapporterons feulement la méthode
fimple, facile , que MM. de LafTonne père, 8c
Cornette, ont publiée dans les mémoires de la
: fociété royale de médecine qne.nous avons
fait repeter plus d une fois au laboratoire de
, l’académie de Dijon.
» On met dans une ample cornue de verre, *
une livre d’acide nitrique très-pur, ( cette pureté
abfolue eft ici très-néceffaire , ) avec deux
livres d’alcool foibie , Lun 8c l’autre donnant
vingt-cinq à vingt-fix degrés au pèfe-liqueur de
M. Baume , ( c’eft-à-dire dont la pefanteur
fpécifique eft d’environ 900 ) on laifle digérer
le mélange pendant plufieurs heures : on le dif-
tille enfuite à une très-douce chaleur jufqu’à la
diminution d’environ moitié, ou jufqu’à ce que
. la totalité de la liqueur fpiritueufe foit pafîee 3-
on trouve dans le récipient une liqueur très-
aromatique , très-fuâve , mais fort chargée d’acide
libre &Turabondant , qu’il s’agit de détruire
& de Raturer , en projettant une fuffifante quantité
d’alcali fixe , bien fec , fur la totalité de la
. liqueur diftilîée : après quoi on la rediftille de
nouveau, avec la même circonfpe&ion. On
peut ainfi préparer en peu de tems , fans danger
& a peu de frais, dix ou douze onces d’une
liqueur anodine nitreufe , toujours conftante & j
uniforme 8c jamais expo fée à varier, comme
il arrive à celles qui d’ailleurs feroient préparées
avec plus de peine 8c plus de foin, en opérant
fur les différens réfitfus de l’éther nitreux. « r
» Telle eft, difent ces MM. notre liqueur
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anodine nitreiife , dont nous fàifons ufage
comme médicament. Ils ajoutent enfuite que M.
Majault, favant médecin de la faculté de Paris ,
ayant fait dans fa pratique une attention plus
particulière aux bons effets produits par une
liqueur anodine nitreufe, préparée à fa manière,
encore bien peu connue, eft le premier qui l’ait'
annoncée comme très-efficace. L’üfage fréquent
que nous avons fait depuis plufieurs années de
1 ether nitreux , & fur-tout dè la liaueur anodine
nitreufe, l’un <k l’autre préparés par les méthodes
que nous avons données dans ce mémoire ,■ nous
autorife a les regarder en général comme plus
tempérans 8c plus fédatifs que l’éther vitrioli-
que 8c que la liqueur anodine minérale d’Hoffman :
celle-ci plus chargée dYhuile effehtielle du vin ,
improprement appellée huile douce de vitriol ,
occafionne affez fouvent par fon âcreté, aux
perfonnes d’une conftitution nerveüfe 8c irritable
* de la chaleur & de l’agitation , au lieu
de tempérer. Plus d’une fo is , nous l’avonsTvu
fufpendre les fecrétions , échauffer la gorge ,
caufer de la toux', diminuer fenfiblement le’
cours des urines , 8c porter; une forte de trouble
dans l’économie animale,, tandis que la
liqueur anodine nitreufe 3 moins chargée d’huile
effentielle du vin , laquelle d’ailleurs paroît vy
être plus étroitement, - plus intimement combinée
, ne fçauroit produire le même agacement.
Aufti lavons-nous prefque toujours employée
avec un fuccès plus marqué contre.les affections
vaporeufes , les vomiffemens fpafinodiques, la
migraine, le hoquet, les palpitations de coeur>
les pincemens douloureux de l’eûomach , &
contre certaines toux convulfîves ; mais principalement
dans le cas où le cours, des urines eft
interrompu & même fupprimé par l’effet du
fpafme. Nous avons remarqué que cette dernière
propriété de notre liqueur eft une des plus conf-
tânte.s. «
Enfin ils concluent de leurs obfervations ,
” Que la liqueur anodine nitreufe ( que.nous ndm-
mons ici alcool ëthéré nitrique ) eft çertaine-
nement plus douce 8c moins échauffante que.la
liqueur-anodine vitriolique d'Hoffman, & qu’elle.doit
être aufti plus tempérante & plus.fédative : par les
mêmes raifons , on peut l’adminiftrer à. plus
îorte dofe 5 car fur quatre onces d’un véhicule
convenable , nous, avons preferit depuis un gros
jufqu’ à fix gros de notre liqueur nitreufe, donnant
par intervalles,une cuillerée de la potion,
8c jamais ces divers effais n’ont eu d’inconvénients,
en général, les proportions moyennes 8c . ordinaires
doivent être de deux gros de la liqueur
anodine. fur quatre onces de véhicule. «
On pourroit, de même que nous l’avons dit
a l’article précédent, ajouter à cette première
préparation, une certaine quantité d’hüile éthérée,
& on iprmerolt ainfi.un alcool. éthéré nitrique ,
huileux.pu çompofé.
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3°. Alcool éthéré muriatique.
Les détails , dans lefquels nous fommes. entrés
dans la feétion première, en traitant de l'alcool
muriatique , nous exemptent de rappeller ici les
differentes opinions que l'on a eues fur cette
préparation, & fur les procédés pour l'obtenir ; :
on a vu que plufieurs artiftes: avoient employé
des diftillations répétées , & qu'ainfi , au lieu
de former feulement l’alcool acide muriatique ,
ils obtenoient un alcool éthéré muriatique. Nous
nous bornerons donc ici à expofer la formule
que l'on doit fuivre dans la préparation de l'alcool
éthéré muriatique. '
Mettez, dans une grande ■ cornue de verre \
iou^e onces ^ d’alcool re&ifié, verfez defïus péu-à-
peu , & à différentes fois, deux onces d’acide
muriatique-, & , après avoir agité la liqueur ,
& laifle digérer quelques jours , diftillez ■ à un
feu doux , de manière à obtenir environ les
deux tiers du mélange', ou jufqu’ à ce que la
liqueur de la cornue ait pris une côpfiftance
huileufe épaiffe. On doit par une fécondé
diftillation conduite avec ménagement 3 reétifier
le premier produit. Enfin les attentions doivent
ici^ etre ^ à - peu - près les mêmes que pour la
préparation des alcools etbétés, que .nous aVons
déjà décrits.
L’alcool éthéré muriatique eft inferit dans la
clafle des remèdes difcufïifs , apéritifs , anti-
feptiqiies. , anti-fpafmodiques. On le regarde
comme diurétique, i & on l’employé à la dofe
de zo a 3 0 gouttes dans des potions appropriées :
on le preferit aufli mélangé avec du miel, pour
toucher les ulcères delà bouche j de la gorge.
4°. Alcool tartareux.
C ’eft à M. Weftrumb que nous devons le
procédé, pour obtenir une combinaifon intime
de l’acide tartareux avec l’alcool , & comme
cette préparation encore peu connue dans les
pharmacies, nousparoît mériter quelqu’attention,
nous rapporterons la formule de fon procédé,
tel qu’d l’a. donné dans le journal de M. Crell.
Prenez, acide tartareux, préparé à la manière
de Rezms & oxide noir de manganefe, de chacun
une once , mêlez-les exaétement parla trituration
dans un mortier de v erre, metiez-les enfuite
dans une petite retorte de verre, & ajoutez-y
deux onces d’alcool reélifié.
■ Piftij'ez. a une chaleur douce, dans un appareil
ordinaire , vous aurez dans le récipient une
once d alcool, qui exhale une odeur aigrelette,
»greable. a >
Verfez alors fur le réfïdu contenu dans la
cornue une once d’eau diftilîée , & deux gros de
t alcool obtenu par la première diftillation. Vous
retirerez par la diftillation fix gros d’un fluide
S r pVfanr°eHt fépareW « ! |
Chimie*. Tome II,
A L C
Remettez dans une nouvelle cornue le produit
de ces deux premières diftillations , placez la
cornue au bain-marie , 8c on obtiendra ainfi un
alcool tartareux , qui par fon odeur , fa volatilité
8c le mode de fa préparation , fe rapproche •
beaucoup des alcools éthéres, que nous avons
décrits précédemment.
C e t alcool tartareux »’eft point encore employé
en medecine : mais il pourroit l’être comme
antifeptique 8c diaphorétique léger, à la dofe'
de 30 a 40 gouttes , dans des potions appropriées.
Nota. En obferyant les attentions recommandées
dans les articles précédents , on peut ,
avec différens autres : acides , & fur-tout avec
lacide acétique, former des alcools éthéfés.:
Ces préparations font non-feulement fiprt utiles
en medecine comme remèdes , mais elles font
utiles en pharmacie,, pour extraire les principes
des différentes fubffances , 8c fervir ainfi à
former des alcools compofés.
/Tous ces alcools ethérés doivent être confer-
ves foigneufèment à l’abri des rayons folaires,
8c il faut renouveller ces préparations , au moins
tous les deux ans 3 car elles s’altèrent en
vieilliffant, elles perdent de leur odeur , 8c
1 acide devient fenfîble 3 on retarde cette alteration,
en les confervant en liqueurs dans de petits
l flacons bien fermés 8c toujours exaétement
' remplis 5 car le vuide , qui fe trouve • dans lés1
flacons, & le contaét de l’air, concourent à
l’altération de ces liqueurs.
A l c o o l s é t h é r é s c o m p o s é s .
(A) Alcool éthéré d'ambre gris, 8c communément
teinture ou ejfence liquide d'ambre.
Mettez dans . une phiole de verre un fcrupule
d ambre gris, que vous ferez liquéfier fur un
feu très-doux : alors ajoutez-y deux onces d’alcool
éthéré fulfurique, que l’on aura légèrement
chauffé 5 agitez plufieurs fois la bouteille ,
8c , lorfque la diffolution eft faite , on y aioute
quatre grains de mufe , 8c on conferve cette
liqueur dans un flacon bien bouché.
Cette préparation eft recommandée comme
roborant, emménagogue, aphrodifiaque , 8c on
en a recommandé l’ufagë dans le vertige, la
paralyfîe , l’apoplexie féreufe , les gonorrhées
habituelles. La dofe eft de 1 y à 20 gouttes.
( B ) Alcool éthéré de gayac , ou teinture de gayac a.
la liqueur d'Hoffman.
Mettez dans un matras deux onces de réfine
de gayac groffièremeot pulvérifée. Verfez deftfus
une livre d’alcool éthéré fulfurique , 8c laiffez
inrufer quelques jours dans un endroit tempéré ,
ayant fou^dç remuer de temps-en-temps le ballon i
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