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de fenfation infenfible. Il eft encore bon cl ob- |
ferver que M. Lavoifier s'eft quelquefois fervi I
dans le même ouvrage de l'exprefiion chaleur
latente , fjaaonyme de cmueur infenfible j mais
ce phyficien a de même reconnu que cette ex- J
preflion étoit irifignifiante 3 en adoptant la nou- i
velle nomenclature. 11 fe propbfe de corriger ces
petites inexactitudes, loriqu'il publiera la fecon.ie
édition de fon abrégé de chimie.
2°. La température d'un Corps éft la mefure
des dilatations des liquides dont on fe fert pour
conftruite les thermomètres , lorfque apres avoir
obéi aux attractions plus ou moins fortes qui les :
maîtrife 3 le calorique s'eft enfin mis en équilibre.
39. Lorfqu on veut élever du même nombre de
degrés , la température de deux corps hétérogènes
égaux 3 foit en ma fie foit en volume , il
faut très-fouvent leur communiquer d'inégales
quantités de calorique. Nous expliquerons, par la
fuite d'ou proviennent ces différences ; nous devons
3 quant à préfent 3 nous contenter de les '
défigner , & pour, y parvenir, nous noirs fervi- .
rons de i'exprefîiorrcppacités des corps pour admettre
le calorique entre leurs molécules. S i , par exemple.,
deux corps égaux, foit en maffe, fj>it en
volume, ont une température de ig degres, &
s'il faut pour les elever à une_ température de 40
degrés, ( pourvu toutefois qu'à cette température
, ces corps ne commencent point encore a
fe liquéfier ou fe vapqrifer ) , communiquer a
l'un deux fois plus de calorique qu’à l'autre, nous
dirons que la capacité du premier eft à celle du
fécond, depuis le dixième degte du thermomètre,
jufqu'au quarantième, comme 2 eft à 1. Le docteur
Crawford nomme ces différences , capacités
des corps pour contenir la chaleur,• mais, fui-
vant la nouvelle nomenclature J cette expre^on
n'eft point exaCte : en effet, un corps ne contient
point de chaleur, mais le principe qui par
fon aCtion fur nos organes, produit cette fenfa-
tion.,
40. Il eft donc évident que deux. corps_égaux,
foit en maffe , foit en volume , & réduits à la
même température , peuvent contenir d'inégales
quantités de calorique. Nous verrons par la fuite
d'où dépendent ces différences 5 nous devons ,
quant à préfent , nous contenter de lès défigner,
& pour y parvenir, nous nous fervirons de l'ex-
preffion calorique fpécifique , OU quantité fpecifique
de calorique. Je dirai donc que fie calorique fpécifique
d'uncorps eft à celui d'un autre corps
égal, foit en maffe , foit en volume, & réduit
à la même température , comme 'tel nombre eft
a tel autre nombre.
Le doCteur Grawford fe fert de l'exprefiion ,
chaleur comparative ; mais il eft aifé de voir qu'elle
... ne rend pas avec e'xaéfitude l'idée qu'on, doit y
attacher. En effet, un corps ne contient peint de
G A V
chaleur, mais le principe, qui, par fon aCtiori
fur nos organes, produit cette fenfation.
Comme on ne s'eft point encore occupé en
France de la détermination de calorique fpécifique,
on n'a pas choifi de dénomination pour représenter
la quantité totale de caroliqiië que contient
un corps , comparativement à celle que contient
tel autre corps j il étoit donc néceffaire pour
faire connoître les travaux des étrangers fur cet
objet,, de donner une nouvelle dénomination ; &
j'ai cru que la dénomination de calorique fpécifiqur3
pouvoit rendre l'idée qu'on doit y attacher. 11 m a
femblé néceffaire de donner pour fynonyme à cette
exprefiion, une dénomination un peu plus longue
, parce qu'étant foüvent obligé de parler des
quantités fpécifiques de calorique de differens corps,
j'àiirois cru bleffer les oreilles de ceux qui né
font point accoutumés à ce nouveau langage, en
| difant les caloriques fpécifiques ; peut-être cette
! manière de s'énoncer fera-t-elle un jour adoptée,
& alors le langage étant plus précis , les connoif-
fances feront moins difficiles à acquérir.
MM. Lavoifier & de Laplace ffe font fervis
dans le mémoire qu'ils-ont publie en 1780 fur
la chaleur de l'exprefiion calorique, fpécifique ;
mais il eft bien effentiel d'obferver que dans
l'acception qu'ils lui donnent, elle n eft point fynonyme
du véritable calorique fpécifique.
* Nous avons vu ci-deffus que l'exprefiion chaleur
fpécifique, n'eft point fynoîiyme de calorique
fpécifique, & il eft bien aile de‘le démontrer
en rapportant l'acception de chacune de ces
deux dénominations. Le calorique fpecifique, de-
figne la quantité totale de calorique que contient
un corps, comparativement à celle que contient
un autre corps. La chaleur fpécifique ex prime le
rapport exiftant entre les quantités de calorique
nécefiaires pour élever la température de. deux
corps hétérogènes du même nombre de degres>
dans ce fens , les, rapports entre les chaleurs Spécifiques
, font toujours proportionnels aux rapports
qui exiftènt entre les capacités, & cohfeqiiemitient
ces deux exprefiions présentent la, même idée.
Il eft en effet indifférent de dire,. que la capacité
d'un corps eft à celle d'un autre corps dans lè
même efpace , comme 4 eft à !r , ou que les
chaleurs fpécifiques font entr'èlles dans lè1 meme
efpace comme -4 eft à 1 ; d'autant plus que dans
la courte échelle que l'on peut employer pour
faire ces expériences, les différences entre les capacités
, s'il en exifte , font très-peu fen fib lesu
pourroit donc être utile de ne fe fervir que du
mot capacité 3 & d'abandonner l'expreffion cha-
; leur fpécifique, qui, £ri élément, n'eft polit exadte
1 & qu'on peut confondre avec celle de calorique
fpécifique. . < t a > j
M. Lavoifier s'eft fervi , dans fon abrégé 00
chimie , de l'exprefiion capacité pour^ contenir la
chaleur j mais il a depuis reconnu qu elle -netoïc
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point rîgoûreufement exaCte, par des raifons ci-
defius énoncées , & qu'il valoit mieux y fubf-
tituer celle de capacité[ et un corps .pour admettre
le calorique entre fes molécules. C e célèbre phyficien
avance dans-le même ouvrage , que les capacités
font déterminées par les efpaces qui exif-,
tent entre les molécules d'un, corps ; mais il en
réfulteroit que les capacités fui vent le même rapport
que les dilatations , ce qui eft contraire aux
faits : il eft bien vrai, ainfi que je tâcherai de
le prouver , qu'à température' égaie, le calorique
interpofé eft proportionnel aux efpaces >; mais
on ne peut pas conclure que les capacités font déterminées
par les efpaces.
Il faut encore obferver , que M. Lavoifier,
dans fon abrégé de chimie, emploie quelquefois
l'exprefiion calorique fpécifique, comme fynonyme
de chaleur fpécifique | mais il croit maintenant
préférable de donner / à ces deux expref-
fions deux acceptions différentes.
50. Il réfulte ’ des trois énoncés précédens ,
que les exprefiions température , capacité. &: calorique
fpécifique, font des dénominations particulièrement
affrétées à des nombrés âbftraits , qui
peuvent fervir à établir des rapports , || conlé-
quemment à fixer des mefures comparatives. La
température d'un corps efi une mefure qui nous indique
que fon calorique interpofé efi plus ou moins comprimé
que celui d’un autre corps.
La, capacité efi une mefure qui nous indique la
quantité de calorique qu il faut communiquer a un
corps , pour élever fa température d*un certain nombre
de degrés , comparativement a celle qu il faut
communiquer a uA autre corps égal en maffe ou en
volume 3 pour êwvèr fa température du meme nombre
de degrés ; ( pourvu cependant que ces corps
ne changent pas d'état pendant cette augmentation
de température’3 c’eft-à-di^e , que fi ce font
des folides, ils ne fe liquéfient pas, & fi ce font
des liq u id e sq u ’ils ne fe vaporifent pas ).
Le calorique fpécifique eft une mefure qui indique
la quantité totale de calorique que contient un corps
dont La tempé/ature eft déterminée comparativement a
celle que confient un autre corps égal, foit en maffe,
foit en volume , & réduit a la même température.
6°. Lorfqu'un corps ne change point d'état , la
quantité de fon calorique interpofé peut varier,
fuivantle doéleur Crawford, fans que fa capacité
foit altérée. pCette opinion eft fondée fur une
fuppofition ; Je doéleur Crawford croit, d'après
les expériences qui feront rapportées dans le troi-
fième chapitre de cette troifième partie, que la
cité des corps -eft per manen te depuis le terme de la
congélation de l'eau , jufqu'à celui de fa vaporifa-
tion , pourvu-Oependant' qu'ils ne changent point
d'état. Quoique cette opinion ne foit appuyée
que d'un Gertain nombre d'expériences, & qu'en
les multipliant, on puiffe peut-être trouver beaucoup
d'exe-eptions | on ne peut pourtant pas s’ern-
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pécher de l'admettre , non pas généralement,
mais pour tous les corps fur jefquels le doéteur
Crawford a opéré, d'autant plus qu'elle eft fondée
fur des faits qui femblent d’autant plus exaéts,
que des différences, fi toutefois il en exifte ,
font trop petites pour paroître fenfibles; mais il
conclut enfuite par induélion , que les capacités
des, corps font permanentes à toutes les tempéra ture
s*, tant qu'ils né changent point d'état. C'eft
cette fuppofition qu'bn ne peut admettre fans
preuve 5 d'autant plus qu'en regardant même
comme prouvé., que l'es capacités font permanentes
, depuis le terme de la congélation de l'eau,
jufqu'à .celui de l'évaporation , les 80 degrés que
-renferment cette échelle, ne font qu'une foible
fraéliôn de la température des folides calculés à,
partir du.zéro,, jufqu'aux degrés où ils peuvent
individuellement fe liquéfier. Quant aux liquides ,
ces So degrés font uné fraétion 'affez confidérable
du nombre de degres qu'il fout leur communiquer
pour'les faire changer d'état; mais pour les fluides,
ces .80 degrés font une fraélion très ^foible
du nombre de degrés qu'il faut leur ajouter pour
les porter à la plus haute température.
70. On mefure la chaleur par l'intenfité de la
fenfation qu'elle produit, & la température par
la dilatation, des liquides dont on,fe fert pour
conftruire le thermomètre. Quant aux capacités,
il exifte deux moyens de les déterminer 5 le premier
confifte à mêler enfemble' des poids ou des
volumes égaux de fubftance's hétérogènes dont
les températures'iont différentes, & à obferver
la température du mélange ; les capacités font alors
; en raifon inverfe des changemens de température.
Leffecond confifte à échauffer les corps, à les
enfermer enluite. dans une enveloppe de glace y
& à raffembler la quantité d'eau formée par la
fonte de lagiace ;, les capacités font alors en raifon
direéte des quantités de glace fondue. Nous
verrons par la fuite quelle eft la meilleure de
ces deux méthodes.
8P. Lorfqu'on veut déterminer les capacités
de differens corps, on peut les confidérer comme
ayant des poids égaux & des. températures régales,
bu comme ayant des volumes égaux & la même
température, & les réfuîtats dé ces comparaifons
feront plus ou moins differens , fuivant que la
différence entre la pefanteur fpécifique des fubf-
tances compofées fera plus ou moins grande. ..Le
doéleur Crawford , & MM. Lavoifier & Làplàee,
ont, dans le cours de leurs ouvrages , calculé les
capacités, en les rapportant à des poids égaux des
fubftanee-s comparées.
'9°. Les changemens produits dans la tempe*
rature dé différeris corps, par d'égaies quantités
de calorique, font en raifon inverfe de, leur capacité
; la température d’un corps peut varier, bu
par-un changement:.dans fa nature, ou par une
augmentation ou diminution de fon calorique in-,
urpoféi ",