
avant l'opération j avec de l'acide fulfurique étendu J
d'eau, pour en iéparer la partie calcaire qui feroit
embarraffante par reffervefcènce qu’elle produi-
roit ; après quoi l’on fait fécher cet oxide. ( i )
11 faut* ajouter plus ou moins d’eau, non-feulement
félon le degré de concentration del acide fulfurique
, mais aufli félon la quantité de matière
que l’on met en diftillation ; fi cette quantité eft
considérable, l’acide doit être plus étendu que fi
elle eft petite. U feroit plus avantageux d’employer
un acide qui n’auroit pas été concentre, puifque
l’opération par laquelle on le concentre, ajoute a
fa valeur, 8c qu’on eft obligé d’y remettre de l’eau >
mais pour cela il faudroit que le lieu ou il fe fabrique
lût voifin, parce que li le tranfport en eft !
confidérable, la concentration peut être une écono-
mie.
Lorfque les matières font préparées, il faut mêler
avec foin l’oxide de manganèfe avec le fel marin,
introduire le mélange dans le vaiffeau diftilla-
toire placé fur un bain de fable, verfer fur ce mélangé
l’acide fulfurique qu’ on a étendu auparavant,
8c dont on a laiffé difliper la chaleur qui s’eft dégagée
par le mélange de l’eau, 8c adapter promptement
à l’ouverture du matras le tube qui doit porter
le gaz dans le vaiffeau intermédiaire. Il ne faut
pas oublier que dans cette opération le$ luts demandent
une attention particulière.
Les proportions des vaiffeaux doivent être telles,
que le matras diflillatoire ait environ un tiers de
vide, 8c que pour la quantité qu’on a énoncée,
le tonneau contienne ioo pintes d’eau, 8c qu il ait
de plus un vide delà continence d’environ iopintes
, parce que, lorfque le gaz vient fe loger fous
les cuvettes deftinées à la recevoir, l’eau doit avoir
un efpace libre pour pouvoir s’y élever.
Avant de commencer l’opération, il faut remplir
d’eau le tonneau pneumatique. JLe mélange
étant fait, le gaz qui commence bientôt à fe dégager,
chaffe d’abord l’air atmofphérique qui eft dans
l’appareil i lorfqu’on juge que l’air atmofphérique
eft paffé fous les cuvettes, on l’évacue par le moyen
d’un tube recourbé qu’on intrôduit alternativement
fous chaque cuvette, Sc pour chaffer l’eau qui eft
entrée dans ce tube, on y fouffle avec force > on
Iaiffe enfuite l’opération fe continuer fans feu,
yufqu à ce qu’on apperçoivequeles bulles fe rallen-
tiffent. Alors on donne un peu de feu : il ne faut
pas le pouffer dans les commencemens > mais on
l’augmente peu-à-peu, 8c il faut parvenir à l’ébullition
fur la fin de l’opération. On connoit qu’elle
approche de fa fin, lorfque le tube par lequel le gaz
fe dégage & le vaiffeau intermédiaire s’échauffent.
Lorfque le gaz ne fe dégage plus qu’en petite quantité,
on ceffe le feu, on attend que le vaiffeau dif-
tillatoire ne conferve plus qu’un peu de chaleur
pour le déluter, & on y verfe alors de Peau chair»-
d e , pour que le réfidu refte en diffolution, 8c qu’il
foit plus facile de l’en retirer > on verfe enfuite cô
réfidu dans un grand vaiffeau deftiné à le recueillir
pour l’ufage que j'indiquerai. L’opération eft plus
ou moins longue, félon la quantité de la matière ri
avec la quantité prefcrite, elle doit durer cinq a
fix heures y il eft bon de ne pas la précipiter, parce
qif on retire une plus grande quantité de ga/..
Une feule perfonne peut conduire plufieurs appareils,
auxquels on peut donner des proportions beaucoup
plus grandes que celles qui ont été indiquées.
Le vaiflèau intermédiaire fe remplit peu - à - peu
d’une liqueur qui eft de l’acide muriatique pur , |
mais foible. Cependant on peutfaire plufieursopé-
rations, fans l’en extraire > mais lorfqu on juge
qu’il n’y a plus affez d’elpace vide, on retire cet |
acide par le moyen d’un liphon, & lorfqu on en a
une affez grande quantité, on peutle fubftituer au
mélange d’acide fulfurique 8c de muriate de fou ce
dans une femblable opération, fi on n’a pas d autre
ufage à en faire. Pour qu’il ne paffe qu une petite
quantité d’acide muriatique nonoxigené, le premier
tube doit faire un angle droit ou même un angle
plus ouvert avec le' corps du matras.
11 faut pendant l ’opération mouvoir de temps-en-
temps l’agitateur, pour favorifer l’abforption du
gaz dans l’ëau } lorfqu’elle eft achevée j la liqueur
a la force convenable pour fervir au blanchiment.
On peut mettre une moindre proportion d eau dans
le tonneau, 8c en étendre>enfuite la liqueur dans
les proportions indiquées. r] |
Dans cet état de concentration j quoique la liqueur
conferve une odeur affez vive, elle ne peut
cependant être nuifib’e ni même fort incommode
à ceux qui en font ufage. Néanmoins il eft a propos
delà conduire dans les baquets où on a arrange,
les toiles, par des canaux de bois quel’on-adapte a
la tubulure placée à la partie inférieure du tonneau.
Il efthon de tirer du tonneau la liqueur auffi-
tôt qu’elle eft préparée , parce qu’elle a de 1 aélion
fur le bois.
Il faut préparer la toile en la laiffant tremper 24
heures dans de l’eau, ou encore mieux dans de la
vieille leflive, pôur en extraire l’apprêt ou parou;
enfuite il faut la foumettre à une ou deux bonnes I
leffives, parce que toute la partie qu’on peut en
extraire par les leffives , auroit détruit a pure perte
une partie de la liqueur dont il importe de me-
nager la quantité. Après cela on lave avec foin la
toile, puis on la dflpofe dans les baquets, de
manière qu’elle puiffe être imprégnée de la liqueur
qui doit y couler, fans qu’aucune partie foit prêt-
fée ou gênée. Les baquets, ainfi que le tonneau >
doivent être conftruits fans fer, parce que cemt-1
tal réduit en oxide par l’acide muriatique oxigene j
( r) Il m’a paru que lorfque Toxide de manganèfe contenoit beaucoup d’azote , il étoit peu propre à former l’acide nuuia
tique oxigcné.
produiroit des taches de rouille, qu’on ne peut
ôter du linge que par le moyen du fel ctofeiLle.
La première immerfion doit être plus longue que
les fuivantes, elle peut durer trois heures > après
cela, on retire la toile, on la leflive de nouveau ,
on la remet enfuite dans un baquet, pour y faire
couler de nouvelle liqueur } il fuffit que cette
immerfion foit d’une demi-heure. On retire la
toile en exprimant la liqueur } on la leflive, 8c on
lui fait fubir de nouvelles immerfîons. La même
liqueur peut fervir jufqu’à ce qu’elle foit épuifée ;
lorfqu on la trouve fort affoiblie, on peut y en
ajouter une partie de récente.
Lorfque la toile paroît blanche, à part quelques
fils noirs 8c les lifîères , on l’imprègne de favon
noir, & on la frotte avec force î enfuite on lui fait
fubir la dernière leflive 8c la dernière immerfion
L’on ne peut déterminer le nombre de lefliyes
&: d’immerfions néceffaires, parce qu’il varie fe->
Ion la nature de la toile. Cependant les limites de
ce nombre font entre quatre 8c huit pour les toiles
de lin 8c de chanvre.
Je ne puis point donner d’indication fur la meilleure
manière de faire les leffives j cet art fi utile
eft encore livré à la routine 8c à des ufages variés
dans les ditférens endroits.
Je dirai feulement qu’il m’a paru avantageux de
rendre l’alcali cauftique , en y mêlant un tiers de
chaux î mais alors il faut avoir foin que la leflive
coule à travers un linge, pour que la terre calcaire
ne fe mêle point avec la toile, parce que les molécules
qui s’y trouveroient interpofées, pourroient
L.corroder par leur dureté. Par ce moyen, lalef-
#five rendue plus aétive, n’a pas befoin d’une aufli
grande quantité d’alcali , 8c cependant pourvu
qu’elle ne foit pas trop forte, la toile n’en eft pas
altérée, malgré Je préjugé contraire qui eft affez
général. J’ai aufli remarqué qu’il étoit inutile 8c
même .nuifible que les leflives fuffent de longue durée
> mais il faut qu’elles foient très-chaudes 8c
affez fortes} autrement les toiles blanchies par
l’acide muriatique oxigené, fe colorent 8c redeviennent
rouffes , lorfqu’on les foumet à de nouvelles
leflives. C'eft un accident qui a eu, lieu dans
des épreuves dont je vak parler.
M. Caillau s’étoit liyré à Paris à un grand nombre
d’effais en petit fur le nouveau blanchiment 5
mais la plupart de ces effais a voient été faits fur du
coton qui eft beaucoup plus facile à blarchir , 8c
qui n’a pas befoin de leflives aufli fortes 8c aufli
flombreufes que le lin ou le chanvre. 11 alla à S'aint-
Quentju 3 pour faire des opérations fur les toiles
P-7S > mais il éprouva que toutes les toiles
qu il avoit blanchies à la fatisfaétion des gens de
1 art, reprenoient de la roulfeur lorfqu ôn les ex-
ppfoit à une leflive ordinaire, ou même lorfqu’on
les abandonnoit pendant quelque-temps dans un
magafin.
M. Decroifille éprouva à Rouen le même accident
fur les toiles qu’il -avoit blanchies ; enfin ,
j’obfervai le même défaut dans des échantillons que
j’avois blanchis dans mon laboratoire. Cependant
M. Bonjour à Valencienne 8c M. Weiter à Lille,
foutenoient que les toiles 8c fils qu’ils a voient fournis
au blanchiment, conferyoient parfaitement
leur blanc dans toutes les épreuves auxquelles on
les foumettoit. Jeme convainquis bientôt que Pim-'
perfe&ion de mon blanchiment tenoit à la maniè-
, re dont j’adminiftrois les leflives.
Je me contentois dans les effais en petit, que je
; répétai dans mon laboratoire, de verfer la diffolution
alcaline chaude dant un^vafe 011 je mettois-
les échantillons 5 elle s’y réfroidiffoit promptement,
8c n’agiffoit point d’une manière fuftifante j mais ,
dès que je tins ces échantillons dans la liqueur que
j’entretins à une chaleur voifine de l’ébullition
pendant l’efpace de deux ou trois heures', ils ne
turent plus fujetsaux mêmesincônvéniens 5 c’étoit
donc uniquement la foibleffe des leflives qui avoit
caufé les accidéns que nous avions éprouvés,
MM. Caillau, Decroifille 8c moi. 11 faut qu’ à la
dernière leflive les toiles ne changent pas de couleur,
8c c’eft l’indice le plus fûr que le blanchiment
eft achevé î cependant après cette dernière leflive,
il convient de mettre pendant quelques inftans la
toile dans la liqueur.
Après cette dernière immerfion, il faut plonger
ces toiles dans du lait aigri ou dans de l’eau qu’on
a acidulée avec de l’acide fulfurique ; je ne connois
pas la proportion la plus convenable d’acide fulfurique
; mais il m’a paru qu’on pouvoir employer
avec fuccès 8c fans danger une partie en poids de
cet; acide fur 50 parties d’eau. 11 faut tenir les toiles
pendantenvifon une demi • heure dans cette liqueur
tiède} après cela, il faut les exprimer fortement
8c les plonger tout de fuite dans de l’eau ordinaire,
parce que, s’il fe faifoit une évaporation,
l’acide fulfurique concentré par-là les attaqueroit.
Les toiles bien lavées n’ont plus befoin -que d’être
féchées 8c apprêtées à la manière ordinaire, félon
leurs différentes efpèces. (1 )
Il eft bien important de veiller à ce que l’eau ne
foit pas trop chargée d’acide fulfurique. C ’eft à une
inattention de cette efpècé que j’attribue un accident
qui eft arrivé à M. Bonjour. On lui avoit envoyé
des toiles pour conftater la bonté du blanchiment.
11 fit deux opérations, dont une fut def-
tinée aux toiles les plus fines, telles que gazes 8c
batiftes, 8c l’autre aux toiles plus groflières. Le
blanchiment des premières réuflit parfaitement:
mais k perfonne qu’il avoit chargée d’aciduler l’eau,
ayant mis pour une petite quantité de toile la mê-
( 1 )J’ai reconnu qu’un des ufages de i’açjde fulfurique employé après le blanchiment des eft d’enlever une porâoft
de fer qu’eliu contiennent, ü ; SP - . Ffffi.