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conferver cette dénomination myftèrieiife , pour
donner plus d'importance à la chofe ; quoi qu'il
en foit de ces diverfes interprétations étimolo-
giques, I'alphenix fe trouve aujourd'hui rarement
dans nos pharmacies ; la préparation eft en quelque
forte abandonnée aux confifeurs ; pour la
faire , ils mettent dans une badine deux livres
de fucre avec une livre d'eau, ils l'écument &
le font bouillir doucement, jufqu’à ce qu'il foit
cuit en confiftance d'éleâuaire folide ( Poyer
S u c r e . ) ,Alors ils le jettent fur un marbre frotte
d'un peu d'huile d'amandes douces, & , lorfqu'il
a la confiftance d'une térébenthine épaiffe, (ce
qui fe fait dans une ou deux minutes, ) ils le
partagent en le coupant en bandes plus ou moins
larges ; s'ils le laiffoient dans cet é t a t c e fucre
en fe réfroidiffant, ferait brillant , tranfparent
&: d'une couleur citronée, mais pour lui donner
l’opacité, la blancheur, le grenu que l'on recherche
dans l'alphoenix , après avoir coulé le fucre fur
le marbre , lorfqu'il commence à s'épaiffif, 8c
tandis qu'il eft encore très-chaud , on le ramaffe,
on le malaxe comme une pâte avec les mains
qu’on a auparavant frottées d'amidon ou graiffées
avec de l'huile , afin que le fucre ne s'attache pas;
.à la peau & ne brûle pas ; on réitère ces malaxations,
& tandis que la maffe eft encore .molle, •
on la partage promptement en morceaux que
l'on allonge, que l'on tire, que l'on tortille comme
une corde, par le moyen d'un clou , d’un crochet
, ou fimplement avec les doigts ; 8c on
forme des efpèces de petits bâtons qu'on îaiffe'
refroidir. Par ces differentes traitions 8c torfions,
les molécules n’ont pas le temps de prendre un
arrangement uniforme 8c fymmétrique ; la crif-
tallifation eft en quelque forte troublée 8c confufe,
& le fucre devient blanc, opaque 8c grenu.
Éé-piüs grand nombre des difpenfaires prefcrit
de faire diffoudre le fucre dans une décoétion
d’orge. Plufieurs recommandent d’ajouter à la
maffe coulée fur le marbre quelques gouttes d'une
huile volatile agréable, telle que celle de citron,
d’orange ; Durenon dit que fi on ajoute au
fucrë un peu de miel, là préparation fera plus
facile, fans être moins efficace , 8c Lemery avertit
que quelques confifeurs y mêlent fouvent
beaucoup d’amidon, pour le rendre plus blanc ,
8c y gagner davantage ; on reconnoît facilement
ce mélange, non feulement parce que l'amidon
rend ce fuc pâteux dans la bouche, mais encore fi
on en fait diffoudre dans l'eau, la liqueur eft trouble
, 8c l'amidon fe précipite.
ALSEBRAN. ( Pharmacie. ) Surnom donné à
une efpece d’electuaire ou confection purgative ,
dont là bafe étoit l'éfule que les arabes nom-,
moient aip.bran ; çet éleâuaire qui étoit un
purgatif violent, n'eftplus employé de nos jours.
ALSEÇH. ( Pharmacie). Expreffion des ara-
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biftespour défigrier une efpèce d’alun, ou fulfate
d alumine.
ALSELENGEMISCH. (Pha marie. ) Déno-
nomination des Arabes & répétée par leurs copines
j pour défigner une efpèce, de bafilic , ocy-
mum de Linnéus. ^
ALSESIRICON. ( Pharmacie.) Dénomination
donnée par Méfué a un onguent & une confection
dont il rapporte les formules, & il"faut,
dit Maffard, entendre par ce mot P s o ri c on.
A LSIR A C O S TO N . ( Pkarmçcie. ) Nom d'un
médicament compofé , dont Méfué donne Ja def-
cription, & vante les propriétés contre les fièvres,
& c . , mais qui n'eft plus employé dans nos pharmacies.
A L T A L C H , A LU M E , CA LES , SEBA.
{ Pharmacie. ) Différentes dénominations employées
par les écrivains arabiftes , pour défigner
1 alun ou fulfate d'alumine.
ALTARANBEL. ( Pharmacie.) Ç e mot que
ion trouve dans Méfué, & dans quelque? écrivains
, eft employé pour défigner un infeàe qui
entre dans la compofition d'un onguent épifpaf-
tique. Méfué qui en rapporte la formule , le
nomme onguent altarenbel, & Maffard dit qu'il
faut entendre par ce mot, les cantharides, les
campes ou les bupreftes.
A L TA R A SA CO N ou A L TA R A X A CO N .
C.Pharmacie. ) Mots employés par les? anciens
pharmacographes. & écrivains arabiftes, pour défîgner
le piflenlit, ou leontodon tarax,acum de Linnéus.
ALTERANS. ( Pharmacie.') Les médecins ont
divife les remèdes , par rapport à leur manière
d agir, en deux claffes principales. L'une comprend
tous ceux qui, peu ae temps après leur application
, procurent une évacuation fenfible j qui
augmentent & excitent les fecrétions naturelles :
on les nomme évacuons. Tels font les vomitifs, les
purgatifs, les diurétiques, les fiidorifiques 5 &
1 autre claffe de remèdes comprend ceux qui
procurent un changement remarquable dans l'économie
animale , mais fans déterminer une évacuation
_du moins prompte & fenfible 5 ceux-ci
font distingues fous le nom 61 a Ht ér ansou altératifs :
ils ont encore été appelés, d'après les Grecs ,
altiotiques : tels.font les caïmans, le? aftrineens /
les fébrifuges , 3cc.
A la rigueur, cette divifion n'eft qu'une dr
tindion de méthode imaginée, pour établir ! or^
& faciliter 1 etude. En effet l'expérience jou^-
here démontre que les évacuans donnés à fites
fractionnées peuvent devenir altérans, ^ que
ceux-ci, fuivant des circonftances participes ,
deviennent évacuans j quoi qu'il en foit/ cette
divifion a été adoptée par le plus grancPornkre
des pharmacographes pour la claffifioatio/aes mé-
A L T
dicamens. Ainfi dans nos difpenfaires -, les firops,
les éleCtuaires, les tablettes , les pilules , les
trochifques, enfin le plus .grand nombre des remèdes
deftinés pour l'intérieur, font divifés en
évacuans & en altérans, On défigne également
fous le nom d’altérans les bouillons , les apo-
zêrnes , les p’otions , que. l'on prépare journellement
dans nos pharmacies , & dont l'ufage ne
procure aucune évacuation fenfible.
A L T E R A T IO N , ALTERER. Quoique ces
mots • ne Soient rien moins que particuliers à la
nomenclature de la chimie -, il eft néceffaire cependant
de les bien définir dans, le langage de
cette fcience, afin qu'on puifife comprendre un
grand nombre d'articles qui, fans cette explication
préliminaire , pourrpient refter obfcurs &
induire même les lecteurs dans des erreurs préjudiciables.
Altération qn eft changement quelconque
qui arrive dans quelque, corps que ce foit & qui
en modifie, en altère réellement la nature. Cette
altération, ce. changement eft-produit dans les
corps, foit par un mouvement inteftin qui s’établit
dans leurs propres molécules, comme une fermentation
& c. , alors on la nomme altérationfy-on^
tanée. Qn dit que tel corps slaltere ou s'eft altéré'
Spontanément. Ou bien l'altération eft produite
dans les corps par d'autres corps qu'on met en
contact avec eux , & qui changent l'attraction
de leurs molécules ou de leurs principes. C'eft
dans, ce fens qu'on dit par exemple que la chaleur,
que le feu altère : les matières végétales ,
les. fels décompofables, &c. 11 eft vrai que dans
le langage le plus pur de la fcience ,. on emploie
plus fouvent & plus volontiers les mots altération ,
altéré3 pour indiquer-l'abfence ou la nullité de
changement, qui a fouvent lieu entre plufieurs
fubftances. Ainfi l'on dit que l'alumine n'altère
point la filice par la voie humide , & n'eft point
altérée par e lle, ou qu’il n'.y a point d'altération
entre ces corps. On voit donc que les mots traites.
dans cet article ,, font employés en chimie
dans un fens déterminé, pour exprimer une action
réciproque quelconque qui produit un changement
dans les corps , ou la nullité d'aétion entr'eux ,
lorfque ces mots font,accompagnés d'une négation.
A LTERAT ION. ( Pharmacie. ) En général ,
on entend par ce mot tout changement accidentel
& partiel d'un.corps, qui ne va ,pas jufqu'à le
rendre méconnoiffable, mais qui lui donne une
rorme, une confiftance, des propriétésnouvelles,
ou diminue celles, qu'il avoit d'abord. En pharmacie.,
nous entendons par altération tout changement
fpontané qui arrive aux . différentes fubftances.
médicamentëufes , foit fimplesl. , foit
cpmpofées , Sc qui modifie leurs propriétés
premières , ou leur en donne de nouvelles. Ainfi
I alteration diffère de C adultération qui eft .un
mélangé frauduleux d'une matière étrangère , ou j
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de qualité inférieure à une fubftance pure & de
qualité fupérieure ; elle diffère de la fatftfuation
aufopkijtictuion, qui eft h fubftitution frauduleufe
d'une drogue ou d'un ingrédient de mince valeur
à une fubftance d'un prix 8c d'une qualité
fupérieure, ingrédient auquel on tâche de procurer
l’aipeét & quelques-unes des qualités apparentes
de la fubftance vraie. Enfin l’altération eft le
réftdtat d’une aétion fpontanée, 8c l’adultération
ainfi. que la lophiftication font l’ouvrage delà
fraude 8c de la cupidité la plus dangereufe.
11 n’y a point d'effet fans caufë; 8c l'altération
des fubftances médicamenteufes dans nos pharmacies
dépend toujours de quelqu’agent naturel;
l'eau ; l’air , le calorique 8c la lumière font ces
;agent'! C ’eft en fe combinant avec un ou plufieurs
des principes de la fubftance médicamenteufe,
qu’ils, en altèrent les qualités premières 3 de forte
qu’à proprement parler, l’altération des drogues
8c des préparations pharmaceutiques eft une com-
binaifon nouvelle, lente , graduée 8c fucceffive ,
mais toujours déterminée par l’affinité ou attrac-
. tion chimique.
L'eau répandue dans l'athmofphère , celle qui
eft contenue dans le tiffu de la fubftance , ou
combinée dans la préparation médicamenteufe
eft dans nos pharmacies la caufe la plus aélive
8c la- plus ordinaire de l'altération; ainfi les plantes
muqueufes recueillies ou confervées dans un endroit
humide, celles dont la déification n'a pas
-été foignée , comme on les ‘ trouve fi ordinairement
dans les boutiques des herboriftes, perdent
la couleur , l'odeur , la faveur & toutes les propriétés
qui les caraélérifoient.
Dans ces cas, l’eau-n’agit pas fimplement par
contaél, mais elle éprouve une forte de décom-'
pofition qui nous paroït manifëftè ; lé principe
muqueux de la plante éprouve une putréfaérion ,
ou, fi l’on veut, une forte de combuftion lente
qui retient l’oxigène de l’eau , tandis que l'hi-
drogène fe dégage fous forme de gaz. En effet
ces: plantes font en quelque forte charbonées
elles font brunâtres , 8c l'alcali s’y développe \
comme dansfrm commencement d’incinération *
ce- dont on s'affûtera1 facilement, en portant au
milieu d’une certaine quantité de plantes dans cet
état, un papier légèrement mouillé 8c coloré
avec les, petales de la mauve, de l’iris 8c de la
violette. La couleur bleue de ce papier fera bientôt
altérée en verd ; ce qui annonce d’une manière
indubitable la préfence d’un alcali.
Cette altération que les plantes éprouvent par
la décompofition de l'eau , a des degrés différens
Le premier que l'on nomme moififiure, eft une
forte., d'efflorefcence ou de végétation blanchâtre
qui fe .forme à la furface de la plante. Elle dépend
d'une putréfaction lente du principe muqueux :
dans ,1e fécond , la plante eft brunâtre, en quelque
forte: charbonée, 8c l’alcali y eft plus pu
1 moins fenfible ; c'eft une forte de combuftion