
folide 8c criftalline , tandis que la troisième efi
pèce eft invifible & fluide élaftique.
3°. Le feu les fait fondre , les volatilife plus
ou moins.
4°. A l’air ils s’hnmeCtent , ils en attirent
puiffamment l’humidité , &\ prennent la forme
de liqueur lorfqu’ ils ne Favoient pas j c’eft ce
phénomène de la déliquefçence qui avoit fait donner
à Tune des efpècdfc de ce genre le nom d’alcali
déliquefcent ; cette propriété d’abforber l’eau
atmofphérique, eft fufceptible de variation , fui-
vant que l’air "Varie plus ou moins dans fon humidité
; ainfi , l’on pourroit fe fervir de ce caractère
pour conftruire des hygromètres 5 mais comme
on redoute l’influence de cette déliquefcence ,
qui ne fait qu’affaiblir les alcalis 3 8c y reporter
l’eau qu’on a féparée avec foin pour avoir ces
feis purs 3 on s’oppofe à cet effet en les tenant
renfermés dans des vaiffeaux de verre bien bouchés.
A cette première aCtion de l’ air atmof-
phérique fur les alcalis 3 il en fuccède une fécondé
qui. n’eft pas moins remarquable 5 quand
les alcalis font humeCtés par l’eau 3 qu’ils enlèvent
à l’air en raifon de la forte attraction qu’ils exercent
fur elle 3 ils abforbent peu-à-peu un acide
qui y eft toujours répandu à la doie d’un deux
centième ou d’un centième > ils paffent bientôt
à l’état de feis neutres par cette union de l’acide
atmofphérique.
50. Lès alcalis fe diffolvent facilement 8c
promptement dans l’ eau 5 ils fe dégagent du calorique
pendant cette diffolution 3 8c il fe, développe
une odeur de lefïive , due fans doute
à une portion des alcalis élevée avec la vapeur
d’eau. La quantité d’eau néceffaire pour la diffô-
lution des alcalis eft très-foible 3 parce que ces
feis font extrêmement diffolubles ; leur diffo-
lution faturée eft même avide d’une nouvelle
quantité d’eau qu’ils enlèvent à beaucoup de feis 5
ç’eft en raifon de cette dernière propriété que leis
alcalis cauftiques , liquides & concentrés , précipitent
un grand nombre de fels 'diffous dans l’eau. 6 \ Ils convertiffent en verte la couleur bleue
ou rougeâtre, des violettes 3 des mauves 3 des
rofes 3 des oeillets., de l’écorce de raves 3 8cc.
c’eft fans doute en changeant la proportion des
principes que la converfion de la couleur s’opère j
mais on ne peut point encore apprécier cet effets
parce que cette appréciation exigeroit la con-
noifjfance exaÇte de la nature des alcalis.
7 '. Les alcalis s’uniffent à la terre filicée,
foit par la voie sèche 3 foit par la voie humide 5
' la première manière de les combiner , forme les
verres en déterminant la fufion de la filice} la fécondé
forme des düfolutions.
8 \ Us fe combinent avec les acides, & forment
des feis neutres.
9 Ils s’ unifient à plufîeurs oxides métalli-r
ques, à ceux même qui ne deviennent point
acides, & les rendent diffolubles & .çriftallifables.
iô°. Ils s’ uniffent au carbone, au fo’ufre , ail
phofphôre., 8c forment des compofés fétides ,
dont la décompofîtion eft promptement opérée
par le contad d^.’l’air.
i i ° . Us décomposent plus ou moins facile^
ment les feis neutres , terreux 8c métalliques 5
.quelquefois ils s’ uniffent en même - temps que
les terres & les oxides métalliques aux acides |
8c forment alors des trifules ou feis triples.
( f^oyeç ce mot. )
i l 0. Ils fe combinent facilement aves les extraits
& les huiles fixes des végétaux , avec lef-
quelles ils compofent les favons.
150. L’alcool les diffout promptement , quoi-*
qu’il paroiffe en recevoir quelques altérations. ^
140. Ils diffolvent avec une grande énergie
les matières animales en les déforganifant, fans
qu’on puiffe comparer cet effet à celui que pro-
duifent les acides minéraux cencentrés. ^
A tous ces carâdères on reconnoît aifément
des fubftances très-adives , qui doivent jouer un
grand rôle dans les combinaisons & dans les dé^-
compofitions dues à la nature ou à l’art. On pourroit
leur appliquer la fublime affertion que
Newton a piéfentée fur les acides, elle leur con-
viendroit autant qu’à' ceux-ci \ ce font en effeç
des corps qui attirent fortement , 8c qui fono
fortement attirés. •
§ . III. Nature intime des alcalis.
Le principal but que les chimiftes fe font toujours
propofé dans leurs recherches, a été de
connoitre 8c de déterminer avec précifîon la nature
intime des corps , leur compofition , en un
m o t, la quantité proportionnelle des principes
qui entrent dans leur formation. C ’eft-là ce qu’ils
nomment l’analyfe , & on fait qu’ils ne l’opèrent
jamais que par les loix de l’attradion. Pendant
long - temps les chimiftes n ont eu aucune con-
noiffance de la nature intime des alcalis \ car il
n’eft pas permis de ranger dans l’ordre des con-
noiffances humaines, les hypothèfes, lesextrava-
gantès idées que l’ on s’étoit formées autrefois de
ces feis. A voir avec quelle facilité les chimiftes
ont fait des fyftêmes avant d’avoir recueilli allez de
faits & tenté affez d’expériences pour les étayer,
on eût dit que leur fcience étoit le fruit de leur
imagination. De ce que les alcalis ont une faveur
brûlante 8c corrofive , on vouloit encore , au
commencement de ce fiècle , que leurs parties
fujfent difpofées au mouvement , quelles fuffent
armées de pointes comme la tête d'un çhardon. Cei
petites aiguilles plantées dans une !petite boule ,
comme le difoit Senac , fervent merveilleufement
a les faire élever dans la dif iliation } elles font-
comme autant de petits ailerons qu elles prèfentent
aux parties de feu qui les pouffe & à l’air qui les
élève. Mais on n’entendoit parler alors que de
l’alcali volatil 3 ou^ comme on le difoit, des alca*
lis volatils. Senac, en tournant, avec raifon, cette
théorie en ridicule, ajoutoit: « que la formation
« de ce fel, fuivant ces philofophes à imagination,
» ne vient que de ce que les parties acides , qui
» font de petites, aiguilles , enfilent les molécules
*> terreufes ; ils en appellent à l’expérience , qui
« fait voir que le fel acide , joint avec quelque
» terre , forme un fel âcre. Après que ces parties
m hériffées fe font formées , il y en a plufieurs
» qui s’uniffent. Comme leur figure elt irrégu-
** hère, leurs interftices fe rempliffent de parties
*» fulfureufes & terreufes j de-la que s’enfuit-il ?
» C ’eft qu’un fel alcali n’eft jamais pur : fi les
» pores font remplis de parties terreufes , le fel
»» ne pourra point s’é le v e r . il fe fondra plutôt 5
90 tel eft le fel fixe de tartre & le fel ïixiviel. Si
» ces interftices font remplis de parties fulfu-
reufes , le fel s’élèvera facilement & fera vo-
« latil j tel eft le fel d’urine 8c de corne de cerf.
V o ilà , difoit Senac en terminant cet article,
des raifonnemens qui demanderaient que quel-
» qu’expérience les confirmât, avant qu’on les
» exposât au public ». Toute la chimie, à cette
époque , au commencement de notre fiècle, étoit
gâtée par une phyfîque méchanique qui n’étoit
pas meilleure qu’élle. Lemery ne voyoit dans les
acides que des pointes ,8c des aiguilles j la diffo-
lution n’étoit à fés yeux que le produit de l’in-
trodu&ion de ces aiguilles dans les pores des corps
& l’écartement de ceux-ci } il étoit auffi mauvais
phyficien , qu’habile chimifte manipulateur :
à la vérité , c’étoit plutôt la faute de l’époque
où il vivoit , que la fienne propre. La phyfîque
expérimentale n’avoit point encore convenablement
éclairé le monde 5 des hypothèfes fans
nombre ,. des difcuflions puériles , occupoient
prefqu’uniquement les favans. Une partie de cette
habitude , de cet amour des hypothèfes, a fub-
fifté en chimie jufqu’à l’époque des découvertes
des gaz & de la création ae la doétrine moderne.
Macquer définiffoit encore l’alcali fixe, une fubf-
tance faline , qui paroît compofée d’acide, de
terre , & d’un peu de phlogifiique r & dont les
principes ont enfemble une moindre adhérence ,
que n’en ont les uns avec les autres ceux des
acides. Fondé fur quelques expériences illufoires
ou mal faites, il donnoit encore pour caractère
d’un alcali fixe, que lorfqu’on le fait deffécher &
quJon le diffout de nouveau , il s’en fépare toujours
une portion de terre î & c’étoit d’après la fé-
paration deoette terre, par des calcinations & diffo-
îutions fucceffives , qu’il la croyoit unie à un acide
& à du phlogiftique dans l’alcali. Meyer admet-
toit, dans ce genre de fe l, une terre unie à un
principe hypothétique , qu’il nommoit caufiicum,
acidum pingue , & qu’il regardoit comme la caufe
de toutes les faveurs. Mais on verra à l’article
causticum & causticité , ainfi qu’aux articles
des acides , que fon hypothèfe n’étoit appuyée
d’aucune expérience probante , & qu’elle étoit
deftinée à périr en naiffant par les travaux?
8c les découvertes de l’iliuftre Black.
La plupart" des chimiftes , même depuis les découvertes
modernes, ont continué à croire d’après
Stahl , que les alcalis font des compofés de
terre 8c d’eau , dans lefquels la première domine.
Cependant l’art des expériences ayant été-
fingulièrement pèrfeétionné depuis quelques années
, ceux des chimiftes qui 'ont fuivi avec
■ exaéfitude la marche de la fcience, ont bientôt
renoncé à l’hypothèfe de Stahl, 8c font convenus
entre eux qu’ on ne connoiffoit point la
nature intime des alcalis , qu’ils étoientfort éloignés
des acides, que ceux-ci dont la compofition
a ceffé d’être un myftère ne faifoient point un
des principes des alcalis j enfin- qu’il falloit attendre
pour prononcer fur la nature de ces derniers feis ,
que l’on eût fait de nouvelles expériences, dont
on pouvoit efpérer un meilleur fuccès que des
anciennes , pour déterminer la compofition des alcalis.
Telle étoit l’opinion arrêtée des chimiftes
François en 1780, lorfque les nouvelles découvertes
des phyficiens Anglois & François, &
fur-tout celles de M. Lavoifier , commençoient
à élever une bafe plus folide à la théorie générale
de la chimie. Depuis cette époque on a entrepris
plufieurs travaux & fait plufieurs découvertes
fur cet objet. M. Berthôllet a prouvé que-
l’ammoniaque eft un compofé d’hydrogène &r
d’azote } j’ai cru d’après cette importante découverte
que la formation de l’ammoniaque dans
différentes circonftances pourroit jetter du jour fur
la nature des autres alcalis. Voici les principaux faits
fur-lefquels je fonde à cet égard mon opinion.
Les alcalis fixes paroiffent quelquefois fe convertir
en ammoniaque 5 tous les chimiftes enfeignoient
autrefois que les alcalis fixes donnoient de l’alcali
volatil iorfqu’on les diftilloit avec de l’huile, 8c ils
penfoient d’après cela que l’alcali volatil étoit un
compofé d’alcali fixe 8c d’huile ou de phlogiftique.
C ’étoit ainfi qu’ils expliqüoi,ent le produit ammoniacal
que l’on obtientendiftillantl’aciduletartareux
ou la crème de tartre, les tartrites de potaffe & de
foude, les acétites des mêmes bafes, les favons d’alcalis
fixes. Or pour former de l’ammoniaque, outre
l’hydrogène qu’on voit njanifeftement fourni ici
par l’huile ou l’eau décompfôfée à l’aide du charbon,
ilfaut de l’ azote, 8c ce dernier principe paroît
être fourni par les alcalis fixes. Quand on laiffe
long-temps expofé à Fait du fulfure de chaux
ou foie de foufre 'calcaire , on en retire après
fon entière décompofîtion un peu de fulfate de
potaffe 5 cette production d’alcali fixe qui paroît
être due à la fixation de l’azote dans la cfraux ,
paroît marcher beaucoup plus rapidement quand
on met le fulfure calcaire en contaét avec du
gaz nitreux, qui femble dans ce cas céder l’azote
bien plus facilement que l’air atmofphérique.
Enfin les expériences de MM. Thouvenei 8c
Chaptal fur la potaffe, déliés de MM. Déyeux,