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des doigts , & l ’on èn obtient le refte en taillant &
perçant la mafle de part en part avec le même instrument
de fer j de manière à faire un trou
.qui y refte , &: qu’on oblèrve au centre des
pains de camphre ; 8°. enfin , que la manière de
purifier le camphre telle que je l ’ai exécutée ,
-n’eft pas auffi compliquée que celle qu’on lit
dans les auteurs , & notamment dans la dissertation
de M. Jean-Frédéric Gronovius , qui eft
inférée dans la matière médicale de M. Géçjfroy,
& qu’il feroit difficile de répéter. Néanmoins
joutes ces .efpèces de camphre expofées à l’air,
s’y font totalement difiîpées à la longue ,
m'ont entièrement convaincu, que le .camphre eft
une fubftance toute particulière , & qui a des
caractères qui la diftinguent de tous les autres
corps du règne végétal ».
Le camphre eft beaucoup plus volatile eue les
huiles effentieiles , puifqu’il fe Sublime à la plus
douce chaleur j il fe .criftallife en lames hexagones
attachées à un filet moyen. Si on le chauffe
brufquement , il fe fond avant de fe volatilifer .
11 femble n’étre pas décompofable par ce moyen ;
cependant , fi on le diftille plufieurs fois , il donne
un phlegme rouffâtre & manifeftement acide ;
ce qui indique qu’en répétant un grand nombre
de fois cette opération , on parviendroit à le
dénaturer. La feule température de l’été Suffit
pour le volatilifer j expofé à l’air , il fe diffipe
entièrement ; renfermé dans un vaiffeau 3 il fe
Sublime en pyramides hexagones , ou en criftaux
polygones 3 qui ont été obfervés & décrits en
17ÿ6 par R©mien. Dans la Sublimation par le
feu , le camphre s’attache au haut des vaifleaux ,
dit Romieu 3 fous la forme de flocons , qni ne
diffèrent pas des flocons de neige. Il compare
ainfî la forme du camphre à celle de l ’eau gelée ,
qu’il regardoit déjà comme une véritable erif-
talliîation. Ces flocons détachés du vaiffeau &
examinés à la loupe , paroiffent compofées de
lames héxagones attachés à un filet. Dans la
fublimation qui fe/ fait fans feu & par la feule
chaleur de l’atmofphère , dans un petit vaiffeau de
verre qui touche à un mur . par un de Ses côtés ;
après quelques mois , il fe forme intérieurement
une grande quantité de lames-prifmes ou pyramides
hexagones ,-qui, s’y joignant enfuite , forment fur
les parois du vaiffeau , une forte de végétation.
Quelque temps après les prifmes, ou pyramides
ifolées deviennent plus groffes : examinées - à la
loupe , elles paroiffent de gros criftaux folides
taillés à facettes , & l’on voit toujours régner
dans ces formes î’affeélation des facettes ou
lames à s’incliner enti’elles à un angle de 60
degrés , ainfî que les aiguilles d’eau gelée , &
ainfî que les filets de .camphre criftaîlifés dans la
diffolution alcoolique de ce corps, également obfervés
par Romieu , & dont il fera queftion
plus bas.
Le camphre répand une odeur forre & in- i
c a M
fupportable à quelques perfonnes > il s’enflamme
très-rapidement , brûle avec beaucoup de fumée
, & ne laiffe aucun réfïdu charbonneux. 11
feroit très-utile de déterminer avec foin les produits
qne donne le camphre dans fa combuftion ,
la quantité d’air vital qu’il confume, celle d’eau
d’acide carbonique qu’il fournit, & de charbon
libre qui s’en dégage en fumée. Cette expérience
comparée à la combuftion des huiles volatiles
, feroit connonre la différence qui exifte
entr’elles & le camphre , & qui ne paroït con-
fîfter que dans la proportion des principes ; mais
cette expérience n’a point encore été faite , &
elle ne pourra l’être que Iorfqu’on aura perfectionné
les machines deftînées à la combuftion
des huiles.
Le camphre ne fe diffout pas feulement dans
l’eau j il lui communique cependant fon odeur ,
il brûle à fa furface. Romieu a obfervé que des
parcelles de camphre, d’un tiers ou d’un quart
de ligné de dimètre, mifés fur un verre, d’éau
pure , fe meuvent en tournant, & fe diffolvent
au bout d’une demi-heure. Il foupçorine que ce
mouvement eft un effet de l’électricité , & il
remarque qu’il ceffe en touchant l'eau avec un
corps qui fert de conduêleur , comme un fil de
fer , & qu’il continue, au contraire , fi on la
touche avec un corps ifolant tel que le verre ,
la réfine , le foufré , &c. Voici comme Romieu
s’exprime fur ce phénomène. Acad. 17^6. pag.
449* «Si on réduit le camphre en petites parcelles
d’environ une ligne de diamètre , ou même plus
petites , & qu’on en jette un petit nombre ,
par exemple , douze ou quinze fur la furface
d une eau pure contenue dans un vaifte.au de
verre, elles y font dans une agitation continuelle
jufqu’à ce qu’elles y foient diftbutes
ce qui arrive dans une demi-heure ou environ
en été , lorfqu’elles ont un tiers ou un quart de
ligne de diamètre ».
» Si la furface de l’eau eft toute couverte de’
parcelles de camphre, on 11’y appefçoit aucun
mouvement ; il faut pour cela qu’elles foient
un peu éloignées les unes des autres ». ’ ;
» Les morceaux de camphre d’environ 4 ou y
lignes de diamètre & au-deffus, ne font fufeep-
tibles de mouvement que lorfqu’on les enflamme
par la partie qui lurnage , & il fe perd dès qu’ils
viennent à s’éteindre ».
» Si la figure des parcelles de camphre eft un
peu allongée. & qu’elles foient fort petites, leur
mouvement de rotation qui eft tantôt circulaire,
tantôt fpiral, n’en eft que plus v if ■ *& ’plus fen-
fible-r comme auffi lorfqu’on a agité l’eau dans,'
le vaiffeau qui la contient, ou qu’elle eft chaudé'».:
» On obferye fouvent entre les parcelles de-
; camphre des mouvemens d’attraction & de ré-
pulfion bien décidés dorfqu'elles viennent à fe
rencontrer ».
» Si l’on examine attentivement avec une loupe
c A M
les parcelles de camphré qui font en mouvement,
fur-tout celles qui font vers les parois du vaiffeau
où l’eau fe trouve élevée par l’adhéfion,
on apperçoit un petit enfoncement fur la furface
de l ’eau tel que le produiroit un courant d’air
qui fortiroit de deflous la parcelle ».
» On peut faire ceffer tout-à-coup le mouvement
des parcelles de camphre , en verfant de ïefpric-
de-viti dans l’eau , ou bien feulement en touchant
la furface de l’eau avec le doigt, avec un
fil de fer , de laiton , avec un petit bâton de
bois , ce, qui n’arrive pas lorfqu’on la touche avec
un tuyau de verre ou un bâton de cire d’Ef-
pagne ou de foufre ».
« ‘ » Si l’eau où furnagentles- parcelles dé camphre
eft contenue dans un Vaiftts.au de fer ou de cuivre,
on n’apperçoit en elles aucun mouvement fenfible,
elles s’approchent feulement & fe raflemblént au
milieu de la furface de l’eau par un mouvement
infenfîble , & y relient enfuite immobiles ».
» Enfin fî le vaiffeau eft de verre, de foufre ou
dé réfine , l’expérience réuflît très-bien j le mouvement
des particules de camphre eft très-fen-
ftble, & refte toujours le même , jufqu’à ce
que les particules de camphre foient entièrement
diftbutes ».
Les terres , les fuftanees falino-terreufes &
les alcalis n’ont aucune aétion fur le camphré j
il faut cependant obferver qu’on n’a point encôre
effayé les alcalis cauftiquesfr
Les acides diffolvent le-camphre, lorfqu’ils
font concentrés. L’acide fulfurique lé’ diffout à
l’aide de la chaleur ; cette diffolution eft rouge.
Le camphre s’y décompofe peu-à-peu & rapidement
fî .l’acide eft concentré , comme on le
verra par le détail des expériences de M. Le-i
gendre que nous joindrons à cet article.
L’acide nitrique le diffout tranquillement ; cette
diffolution eft jaune ; comme elle lurnage l’acidé
à la manière des huiles , on lui a donné le nom
impropre & huile de camphre. M. Kofegarten' a
découvert, quen diftillant huit fois de fuite l’acide
nitrique fur le camphré on le changeoit en
un acide criftallifable qu’il croit d’une nature particulière.
V oy c i les mots acide camphorique
Sc camphorateS. ■
L’acide muriatique dans l’état de gaz, diffout
le camphre ,. ainfî que le gaz acide Tulfureux &
le gaz acide fluonque.- Si l'on' ajoute de-l'eau
dans ces diftolutions, elle fe trouble , le camphre
s’en fépare 'en flocons qui viennent nager
à la furface & qui n’ont point éprouvé d’altération.
Les alcalis, les fuhftah.ee s falino-terreufes
& les matières métalliques précipitent auffi cesî
diftolutions.
■ Les fels neutres iront aucune1 fur le
camphre. On ne connoît pas celle difi foufre &
des bitumes fut cette fubftance , quoiqu’il foie
vraifemblable quUls fönt fuceptibles de' s’y unir:
Les huiles fixes volatiles diffolvént le cam-
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’ phre à- l’aide dè la chaleur. Ces diftolutions ré-
froidies dépofent peu-à-peu des criftaux en végétation
, femblables à ceux qui fe forment dans
les diftolutions du muriaté ammoniacal, c’eft-à-
dite, compofés d’une côte moyenne à laquelle
font, adhérëns dés filets très-fins, & placés hori-
fontalement. Ces efpèces de barbes de plumes,
vues à la loupe , font très- régulières & pré-
fèntént un afpeét très-agréable. Cette jolie ob-
fervation eft encore due à Romieu. { Acad. 1756
' p. 4 4 8 ; La diffolution de camphre dans l’alcool,
beaucoup plus'connue & plus employée que la
précédente a -prëfenté à cet obfervateur une crif-
tallifation un peu différente qu’il a obtenue par
un procédé particulier. Voici ce que Romieu a
confîgné fur cet objet dans les mém. de l’acad.
des fciences pour 174b. p. 448 & fuiv.
» La propriété qu’a le camphre diflotis dans l’eau-
de-vie de donner line très-belle végétation chi-^
mique , étoit généralement ignorée ; lorfqu’en
1746 ’le hafard m’ en procura la connoiffance ,
j’en communiquai la première découverte à la
compàgniè cette mê'ir^ année. J ’ai depuis exa -
miné àvëcfoin-'lés différentes circonftànces qui
accompagnent cette végétation , & les principales
variétés dont elle eft fufceptible. Le ré-
fultat de mes expériences fur ce fujet fera en
partie l’objet de Ce mémoire , dans lequel je parlerai
aüfîi. de quelques autres propriétés du camphré
que j’ai obférvées ».
» Je ne pênfois à rien moins qu’à faire une végétation
.chimique avec le camphre , Iorfqu’ayant
1 ai fie ’’évaporer à l’air pendant quelques mois une
diffolution de benjoin, de ftorax & de camphre
dans l’eau-dé-Vie', jé m’apperçus un jour qu’il
s’étoit formé une petite végétation au fond du
vaiffeau- qui contenoit" cette diffolution : je vis
bien d’abord que Ce n’étoit-là proprement qu’une
précipitation ou une criftallifation de ces produits
réfineùx que le diffolvant affoibli par l’évaporation
n’a’v oit pu Toiïterîir ; mais pour m’affurer
fi cette propriété étoit particulière, au mélange de
cés produits féfine.uX , ou feulement à quelqu’un
d’entreux, je fis plûfi'euts expériences, & je trouvai
que le ftoraxde- même que le benjoin dilfous
dans reau -de - vie & précipité par évaporation
en1 y Jfiêlant un péir d’ëau, ne donnoit rien que
d’inféfm’è^ "qu’ au contraire^de la diffolution du
camphré feul, il réfultoit une vraie précipitation
fôüs la forme d’üne végétation chimique , nôn-
feûlement par la plus légère. opération , mais
même par le plus petit -réfroidiffement- ».
» Je: cherchai enfu'teja-proportion du camphre
à:;ffon dfftblvàiit la-plus convenable pour Je fuc-
cès de Cette opération , & je trouvai que iorfque
lâÇcbâleûr dé-l’ air eft au 22«. degré du thermomètre
dé Réaumur , il faut deux gros de camphre
ÖC une once d'efprit-de-vin : Iorfque la diffolution
eft faite s on y ajoute fix gros d’eau commune
qu’on verfe de 20 • en 20 goûtes en agitant à