
-qui exifte entre ces denx fubftances ; 8c dans le
mois de décembre 1788 , il a procédé à Tes premières
expériences.
Pendant ces évaporations , qui durèrent près
de tout le mois de décembre , le thermomètre
de Réaumur s’eft tenu entre 6 degrés au-deffous
de o & 10 degrés -+■ O. 11 a mis les huiles volatiles
de Murcie dans des afïiettes de porcelaine .1
très-évafées 8c d'un diamètre affez confidérable >
ces vafes ont été placés dans un lieu ou ils étoient
à l’abri de tout mouvement capable de volatili-
fer de la poufliëre 8c d'altérer fes réfultats.
Pour bien évaluer la quantité des huiles 8c
leur produit 3 il s’eft fervi de poids fictifs 8c repré-
fentatifs d’arrobes, ( 2.5 liv. ) , avec l'attention
de ne pas employer moins d’une liyre poids de
marc dans chaque expérience.
A mefure que l’évaporation fpontanée fai-
foit dépofer des criftaux de camphre, il lés reti-
roit avec une écumoire , 8c il les mettoit fur
un entonnoir garni d’une gaze 8c fufpendu fur
l’affiette correspondante à chaque huile 3 afin de
perdre le moins poffible de camphre. Par ce
procédé 3 il a extrait du camphre de chacune de
ces huiles dans les proportions fuivantes ,
1°. Huile de romarin.
Camphre.
16 arrobes ont donné 3 1 arrobe -rfs
2°, Huile de marjolaine.
5) arrobes j 21 liv. 8c 2 onces , 1
3°. Huile de fiiuge.
7 arrobes , 13 liv. 1 once > 1 .t if j
40. Huile de lavande.
4 arrobes, \ tH .
La grande volatilité du camphre 3 même aü
degré de zéro du thermomètre de Réaumur , ;
femble faire naître quelques objections fiir les
quantités relatives qui font affignées dans bette
table puifqu il eft confiant que f huilé’ volatile
unie intimement aveç le camphre,, ne peut fe
volatilifer fans ' emporter av,ec ^lle> une portion
de celui-ci. D’après cette’ connoiffance 3 l'auteur 1
ne préfente pas ces rapports de poids comme
parfaitement exaCts , 8c il avertit qu’il n’a point .
déterminé dans cette eftimation la portion' de
camphre qui fe fublime.
S e c t i o n I I I .
Il décrit dans cette feCtion les phénomènes
qu’il a obfervés pendant l’évaporation des huiles.
'■ L’huile de lavande 3 celle qui a le plus mérité
fon attention , parce qu’elle eft celle qui
contient la plus grande quantité de camphre 3
donne fon premier produit au bout de vingt-
quatre heures j celui-ci préfente des lames entrelacées
les unes dans les autres 3 8c qui fe
dépofent obliquement au fond de l ’afïietté : ces
lames mifes dans l’entonnoir, laiffent couler très-
facilement la portion d'huile qui les mouille.
L.’huile de lavande donne de femblables criftaux
jufqu’à ce qu’elle foit réduite à là quantité d'une
dragme.
Dans une atmofphère de 15 degrés au-deffus
de zéro, on voit fon premier produit au bout
de douze heures : cette criftallifation rapide annonce
que l'huile de lavande n’eft pas loin de
la faturation.
Les fucs huileux volatils des plantes étant
plus abondans dans les années dont la chaleur
a été grande 8c fuivie, dans lefquelles il n’y a
pas eu beaucoup de pluie, le camphre a paru,
fuivreles mêmes variations; L'huile de ces années,,
qui, à un degré de chaleur de 10 à- 150 au-
deftus de zéro, emporte avec elle tout le camphre
qu’elle-peut tenir en diffolution à ces degrés,
en laiffe dépofer une partie en fe réfroidiffanc,
8c les diftillateurs de Murcie doivent avoir vu
plus d’une fois ce phénomène (i)v .-
Pour déterminer fi l’huile volatile tirée de
Murcie, eft éloignée de la faturation M. Prouft
a fait l’expérience fu i vante.
Dans une quantité donnée d’huile de lavande,
il a mis 77 de camphre retiré d’une autre portion
d’huile de cette plante. Par une douce chaleur,^
il s’eft dilfous 5, mais en laiffant réfroidir
cette huile à la température de 6 à 7 dégrés au-
deffus de zéro ( température à laquelle l’huile
de lavande , telle qu’elle arrive de Murcie, ne
laiffe point précipiter de fon camphre ) , il s’eft
eriftallifé du camphre dont la quantité excédoit
d’un quart celle qui avoir été diffoute.
Cette expérience démontre que l'huile de lavande
de Murcie eft entièrement laturée de
camphre, 8c que la portion diffoute artificiellement
, en fe précipitant , a entraîné avec elle
une partie -de celui qui appartient naturellement
à cette huile.
L'huile volatile de fauge laiffe ; dépofer fes
( 1 ) Un apothicaire de Madrid m’a alluré <jue depuis long-temps, ou retirpit à Murcie le camphre des huile-s
& qu’on le yendôit dans le commerce jufqu?â 50 fols la livre 5, mais je ne peux garantir la vérité dé ce fait.
• ' - .i ... : . || • • Note de M i Annula,
volatiles,
criftaux plus tard que celle de lavande ; mais ceux-
ci ont le même arrangement 8c la même figure.
Cette huile, moins f lu id e que la précédente , fe
fépare plus d i f f i c i l e m e n t de fon camphre , & il
faut l'exprimer. Avant que l'huile d e f a u g e foit
réduite, au quart de fon volume , elle ceffe de
donner du camphre : le réfidu èft épais comme
un fvrop.
. -•L’huile volatile de marjolaine préfente à peu
de choie près les mêmes phénomènes que la précédente
, avec la différence cependant que fon
camphre fe dépofe plus tard, 8c qu’il s’égoutte
plus facilement, parce que cette huile conferve
plus de fluidité j elle femble tenir le milieu
entre les deux précédentes.
• . Celle de romarin , comme étant la moins
chargée déroutes, dépofe fon camphre plus tard,
8c continue à le donner en petite quantité juf-
qu’à ce qu’elle foit réduite par l’évaporation à
la cinquième ou fixième partie de fon volume 5
fon camphre s’égoutte avec difficulté , 8c Pex-
preftion eft néceffaire pour le dépouiller de toute
fon huile.
-Les difterens criftaux de eé campre ramaffés
8c féchés dans le. papier Jofeph, étoient prefque
pulvérulens , fecs au toucher, brillans comme
de la neige 8c prefque aufli blancs j malgré la
différence des huiles qui les avoient fournis, on
avoit de la peine à reconnoître par leur odeur
celles auxquelles ils appartenoient.
S e c t i o n IV.
La chimie s’étant toujours fervie du feu pour
féparer les principes d’un corps , 'quand la volatilité
de fes principes eft inégale} 8c l’évaporation
fpontanée ayant appris à l’auteur que dans
des huiles effentielles il y a un principe plus
volatil qu’un autre , il a eu recours à ce moyen
pour les féparer. Comme entre la volatilité du
camphre 8c de fon diffolvant, c’eft - à - dire ,
l’huüe effentielle , il n’y a qu’une petite différence
, il faut opérer avec précaution pour féparer
ces fubftances , 8c voici comment on doit
y procéder.
On prend un alambic garni de fon chapiteau
8c de fon bain-marie 5 on met la cucurbite fur
le feu avec de l’eau, 8c on fait chauffer jufqu’à
l’ébullition. Le bain-marie qui doit être plus
large que profond , contient îa quantité d’huile
qu’on veut mettre en diftillation $ on place le
bain-marie dans la cucurbite , de manière que
l'eau de celle-ci ne le touche pas 5 on le couvre
de fon chapiteau 8c on adapte un ballon ;
on ôte prefque tout le feu, 8c on ne laiffe la chaleur
fe répandre qu’entre la cucurbite 8c le
bain-marie > on maintient la- chaleur près de l’ébullition
, mais fans jamais arriver à ce degré-,
par le moyen des cendres chaudes qu’on met
de temps en temps fous l'alambic.
La diftillation doit être continuée jufqu’à ce
qu’on ait retiré un tiers de l’huile employée »
on laiffe réfroidir l’apareil pendant douze heures
, on le délute enfuite , 8c on retire du bain-
marie , par le moyen d’une écumoire , les criftaux
de- camphre qui fe font précipités j on les
laiffe égoutter fur du papier Jofeph , ou fur
un tamis de crins , ou bien on les foumet à
l’effort léger d’une preffe. On remet le réfidu
avec de nouvelle, huile , 8c on procède à la diftillation
avec les précautions énoncées plus haut.
Si l’on veut extraire par la diftillation plus
d’un tiers de l’huile mife dans le bain-marie ■>
le camphre fe fublime dans le chapiteau de l’alambic
: il arrive la même çhofe fi l’eau de la
cucurcite. bout.
, La première, diftillation , conduite avec les
précautions annoncées , donne la moitié du camphre
que l'huile contient ; 8c avec trois diftil-
lations, on l'en dépouille entièrement.
L'auteur s’attenaoit à extraire , par ce moyen ,
un quart du poids du total, comme il l'avoit
obtenu par les évaporations fpontanées ; mais
jamais il ne lui a été poffible d'en tirer plus d’un
cinquième. : il attribue. ce. déficit à la grande
volatilité du camphre.
Pour favoir fi le réfidu contenoit encore du
camphre , M. Prouft en a mis 72 parties dans
un plat de porcelaine couvert d'une grande
cloché de verre , fituée de manière qu’elle per-
mettoit l’accès de l’air extérieur. Au bout de
quelque jours , l’huile s’eft volatilifée, 8c il a
relié fur le plat de petits criftaux de camphre,
qui, féchés , pefoient 77.
Les huiles diftiliées obtenues par un feu conduit
avec ménagement, 8c de telle manière que
l’eau de la cucurbite n’avoit pas bouilli, ont
donné par l’évaporation fpontanée , yi > ttj j i »
8c jamais plus, La différence de l’évaporation
fpontanée à celle de la diftillation , réduit fon
produit à fr , j{ 3 j r ». au lieu de ff- qui ont
été obtenus par l'évaporation à l’air libre ; 8c
comme dans le travail en grand on ne peut
porter la même exactitude que dans l'analyfe en
petit , M. Prouft penfe que le produit ne paffera
pas , f i , ou peut-être , | j , c’eft-à-dire ,
que de 72 arrobes d'huile de lavande , ou pourra
obtenir 12 à 15 arrobes de camphre , au lieu
de 18 qu'on a par l’évaporation à l’air libre.
S e c t i o n V.
Le degré de. chaleur auquel le camphre fe
fond eft très-modéré , 8c ne luffit pas pour brûler
les matières étrangères qu’il, contient > ainfi,
tout l’art de raffiner le camphe fe réduit à maintenir
la chaleur dans ce degré avec la glus grande
égalité j car fi la chaleur eft augmentée jufqu’à
faire brûler les corps impurs qu’il contient, la
fuie charbonneufe de ces corps altère fon bril-
C c c c ç z