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U chaux. Cette dénomination ne peut plus être
adoptée depuis que l'on fait que ce fel eft une
combinaifon d’ammoniaque & d'acide carbonique ;
c’eft le carbonate d’ammoniaque de la nouvelle
nomenclature. ( V ce mot. ) -
J#
Alcali v o l a t il îlu o r . Il n’y a pas de mot
de Chimie qui ait été plus généralement répandu
que celui-ci; il y a quinze ans qu’un Chimifte très-
connu rendit beaucoup plus général qu’il ne l’a-
voit été jufque-là l’ufage de l’alcali volatil cauf-
tique ou fluor , dans les fyncopes, les afphixies ;
îl étendit cet ufage dans la brûlure, la piquure
des infeàes, &c. C e remède préfervatif devint à
la mode ; tout le monde avoit dans fa poche un flacon
d'alcali volatil fluor , & cette dénomination
devenue elle-même à la mode paffoit pour neuve,
parce quelle l’étoit en effetpour la plupart des hommes
qu’on pouvoit accufer alors encore plus qu aujourd'hui
d'une ignorance abfolue des fciences;
mais il faut favoir que le mot fluor étoit très-ancien
en hiftoire naturelle & en chimie, & qu il defi-
gnoit, foit la propriété de fe fondre ; de devenir
fluide , comme on le difoit du fpath fluor; foit la
liquidité , comme l’état le plus ordinaire des acides
, des efprits qu’on nommoit aufli communément
fluors. Mais quand ce mot eût été nouveau
il n'en eut pas été meilleur pour défigner un alcali
dont la fluidité n'étoit rien moins que le plus important
des caraétères ; aufli-eft-il généralement
abandonné aujourd’hui par tous les hommes inf-
truits. L’alcali volatil fluor eft l’ammoniaque pure.
Quant aux propriétés trop vantées & prefque mi-
raculeufes de l’alcali volatil fluor, on faurà ce
que l’expérience & le raifonnement apprennent
de plus exaét & de plus certain Jùr cet objet, à
l’article Ammoniaque.
Alcali urineux. A une.époque delà chimie
, où la marche de cette fcience étoit encore
incertaine, irrégulière, où la nomenclature étoit
Vague comme fa théorie, ou , en un mot, ce
n'étoit que par quelques propriétés générales fou--
vent mal obfervées, ou fondées feulement fur les
fenfations les plus groflières & les plus générales,
que l’on connoiffoir les corps, on avoit appellé
alcali urineux , l’alcali volatil, impur, en partie
concret ou à l’état de carbonate ammoniacal, en
partie cauftique, liquide où diflous dans les produits
liquides, qu'on obtenoit de toutes les matières
animales , & qui reffembloit à celui que
donne l’urine , fur-tout par fon odeur^forte & piquante.
il patoît même que" la première dénomination
q alcalis urineux étoit prife feulement de
l’odeur de ces fêls analogue-à l’odeur de l’urine
altérée , & dans laquelle on fait qu’il fe forme,
une grande quantité d’ammoniaque. ( Vàyei les
mots U rine , Substances animales..
A lcalicité. On dit quelquefois le mot alca-
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licite pour défigner la naiflfance de la propriété;
alcaline ou de T alcali volatil dans des fubftances
qui n’en contenoient point auparavant , ou pour
indiquer la préfënCe d’un alcali dans des matières
quelconques. Il exprime pour le genre alcalin ce
que le mot acidité exprime pour le genre des
acides. Il eft moins néceflaire dans le langage chimique
, parce qu’il n’y a que trois efpèçes d’ alcali ,
tandis qu’il y a près de trente efpèces d’ acides ,
& parce qu’il y a très-peu de fubftances qui contiennent
afîez ae quelque efpèce d’alcali pour pre-
fenter une alcalicité fenfible , tandis qu’il y en a
un très - grand nombre dans lefquelles un acide
quelconque eft affez abondant pour leur communiquer
une acidité très-fenfible. C ’eft pour cela
que l’alcalicité ne fe manifefte guère que par les
épreuves des papiers teints avec la fleur &ë mauve1
dans les matières qui ne contiennent que quelques
atomes d’alcali 3 tandis que l’acidité eft prefi*
que toujours fenfible au goût.
A lcalin. C e mot eft l’adjeftif d’ alcali, qui
pendant long-temps a été un nom fpécifique s &
qui appartient actuellement à un genre de fels.
On d it, d’après la valeur de cet adje&if , un fel
alcalin-, une fubftance alcaline, le caraCtère alcalin,
la propriété alcaline.
A lcalinité. Le mot alcalinité eft fynonyme de
celui alcalicité | il y a ici deux dénominations équivalentes
pour un feul phénomène , parce qu’il y a
deux mots alcali & alcalin 3 tandis qu’on n’a que
le mot acidité 3 parce qu’il n’y a que le mot acide
commé genre 3 comme efpèce , foit pour fub.ftan-
tif j foit pour adjeCtif. En général les deux mots*
parfaitement fynonymes d’alcalicité & d’ alcalinité,
i font tous deux très - peu employés 5 on fe fert
plutôt des phrafes 3 caractère alcalin , ^propriété
alcaline, &c. Cependant le mot alcalicité eft un
peu plus en ufage dans les bons auteurs que celui
d’alcalinité. Lorfqu’on connoîtra la nature intime
des alcalis , ainfi que les phénomènes de leur formation
& de leur décompofition 3 lorfqu’on pourra
favorifer ou opérer entièrement l’un ou l’autre
de ces phénomènes, les mots alcalicité & alcalinité
deviendront plus utiles pour indiquer même,
fi on le trouve néceflaire, quelque différence dans
la nature ou la marche de ces phénomènes.
~ A lca l isa tio n . On a nommé alcalifation,
l’opération par laqùelle on développe ou 1 on extrait
un alcali fixe des fubftances végétales qu’on
brûle ou qu’on laiflfe pourrir 3 c’eft fur-tout par la
combuftion, l’incinération & la forte calcination ,
qu’on obtient la potaffe & la foude..On dit alors
qii’on a alcalifé telle ou telle plante, telle ou
telle fubftance végétale, le tartre, la fie de vin ,
la fougère. On dit aufli l’alcalifation du nitre, ni-
tre alcalifé j parce qu’en chauffant fortement ce
fel neutre ou en l’employant pour, brûler le tara
l c
t te , & c . , on en obtient une grande quantité
d’ alcali végétal ou de potaffe. _ , r
~ Le mot alcalifation Cgmfioit autre chofe pour
les Chimiftes qui ont pente que l.alcah fixe Ug
formoit par la combuftion & 1 incinération ; ils
entendoient par cette expreflion , la formation
même de la potaffe par la nouvelle combinailon
des principes, due à l’aâion du feu ; & on verra
aux mots A mmoniaque, P otasse & Soude,
que cette opinion n’eft point à beaucoup pres mvrai-
femblable , non pas pour la totalité de 1 alcali,
mais au moins pour une partie , dans 1 incinération
, & peut être foutenue dans d autres operations
, comme la végétation, la putréfaction.
Voye\ ces mots, ainfi que le*mot A l c a l i .
A L C A N A , & quelquefois aufli A LK A N N A ,
mais plus ordinairement, A L C A N N A ou AL-
K A N E T , {Pharmacie.) Mot introduit dans
la pharmacie par les Arabes, & conlerve encore
dans quelques difpenfaires modernes, pour deu-
gner deux plantes d’un efpèce fort ^differente.,
mais qui l’une & l’ autre ont la propriété de colorer
en rouge.
L’une de ces plantes défignée fous le nom
cf alcanna verd , & par Linneus fous celui de
Lawfonia, eft un arbriffeau qui croît naturellement
dans l’Inde, l’Égypte, la Syrie, & long-temps
on l’a regardé comme une cfpÇGe. ®e troene ;
mais d’après dés obfervations faites fur les lieux
même , M. Adanfon le place dans la famille
des cilles. Les peuples de l’A fie , de l’Afrique, en
font un grand ufage ; ils employent tes feuilles,
fes racines pour teindre en rouge les ongles,
les cheveux, & différentes parties de leur corps,
ce qui eft chez eux un objet de beauté ; ils
font aufli avec l’alcanna différentes préparations
qu’ils employent dans le traitement de^ leurs maladies.
L’huile dans laquelle on fait cuire les fleurs
de cet arbriffeau qui font odorantes, eft employée,
dit M. Adanfon, pour rendre la fouplefle aux
fibres devenues roides & trop tendues : le vinaigre
dans lequel on les a Fait macerer s em - !
ployé en Égypte pour las migraine 3 les feuilles
paflent pour le fouverain- remède^ des ongles &
des maladies de la peau 5 la decôétion de fa
racine fe boit dans les douleurs de la goutte
aux pieds 5 on extrait des baies de la meme plante,
difent quelques écrivains, une huile d’une
odeur très-agréable dont on fait ufage en médecine.
Diofcoride, & les écrivains Grecs, font
mention de l’alcanna fous le nom de cypros.
Pline l’indique fous le nom de cypros , & quelques
uns, ajoute-t-il , penfent que c eft 1è liguf-
trum d’ Italie ou le troène. 11 patoît que les anciens
employoient les feuilles de cet arbriffeau
pour teindre les'cheveux; ils fé fervoient fur-
tout de fa racine dans le traitement des maladies
comme un aftringent, & ils la faifoient en-
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trer dans la compofition des onguents, des pommades
rouges, &c. Mais aujo.urd h u i l alcanna
ne fe trouve point dans nos pharmacies européennes
, & toutes ces préparations font entièrement
abandonnée?.
L’ autri plante diftinguée fous le nom d alcanna
fpuria ou rubra , eft Yanchufa tinctoria de
Linnéus ou buglofe teignante; celle-ci-eft connue
& employée dans nos pharmacies fous le nom
d’Orcannette. ( Koycf ce mot. )
Quelques-uns aufli, fuivant Schroder, & De-
meuve ( dans fon diélionnaire pharmaceutique ) ont
donné le nom d’alcanna à l’icthiocolle, ou colle
de poiffon ( V ce mot. )
A L C A N C A L I , ( Pharmacie.) Dénomination
donnée à un antidote, 'ou forte de confection
qu’on trouve décrite dans Nicolas Myrepfus,
dont-il vante l’efficacité contre les fièvres. Léonard
Fufch remarque avec affez de vraifem-
blance, que ce mot eft une corruption de là
dénomination grecque angelocalos , ce que les interprètes
latins ont rendu par bonus nuntius , antidote
de bonne nouvelle : dénominationpompeufe,
& dont on trouve bien des exemples dans les
anciens.
A LC AN S I où ALKANSI. (PW m aa e .) Surnom
donné à une efpèce d’éleéluaire , ou con-
feftion décrite par Jean Méfué. Lemery qui
rapporte la formule de cet éleiftuàire-, dit qu’il a
été ainfi furnommé parce que Méfué l’avoit tiré
d’un médecin Arabe nommé Alcan^us ; quoi qu’il
en fo it, cet éleéluaire qui étoit deftiné pour for-
tiEer. l'eftomac, exciter l’appétit, la digeftion
8cc. ,■ étoit principalement compofé de fleurs de
romarin, de rofes , d’écorces de citron , de
balauftes.; & de différentes fubftances aromatiques
& réflneufes incorporées, avec de la gelée
de coings ;-mais cette compofition n’eft plus
préparée dans nos pharmacies, & n’eft pas employée
en. médecine.
A L C A O L , ( Pharmacie.) Dénomination équivoque
dans les écrits des Arabiftes, qui fe fervent
de ce mot pour défigner le lait aigri, ou le
mercure. (R uland, Johnson.)
ALCEBRIS, ALCUBRID, A L C U R , ALU-
ZAR , ( Pharmacie.) Mots fynonymes employés
par les Arabiftes pour défigner le foufre.
A L C É , ou comme l’écrivent plufieurs lexicographes
françois , ALCÉE ( Pharmacie. ) Dénomination
' dont l’ origine eft fort équivoque.
Buffon ' conjeifture avec affez de vraifemblance
quelle vient du Celtique, & il remarque que
chez, les Latins Jule Céfar eft le premier qui
ait employé le . nom d’alcé. Paufanias, Pline &
les écrivains Grecs & Latins qui les fuivirent ,