eide & avec l ’amntoniaqhe , pour former également
un fel triple. Le nitrate d’argent & d’ammoniaque
fe décompofe bar la chaleur fans fulminer.
Lorfqu’ileft en diflolution, la chaux en précipite
l’oxide d’argent, mais l'alcali volatil qui en
eft dégagé , en retient une pattie. Je n’ai pu canf-
tater fi ce précipité , ainfi que celui qii’on obtient
par la chaux d’une diflolution nitrique^ étoit combiné
avec une petite portion de chaux.
Lorfqu’on a décompofe le nitrate d’argent par
la chaux ou par les alcalis fixes ( cauftiques) , le
précipité qui eft d’une couleur brune , le diflout
prefqu entièrement dans l ’ammoniaque} mais fi on
le fait fécher auparavant fur du papier à filtrer ,
on le dépouille par-la du nitrate qui s’eft formé
pendant la précipitation 3 fur-tout lorfque c’eft
un nitràte de en aux, & alors il préfente avec
l’ammoniaque d’autres propriétés, j ’avois attribué
à l’a&ion de la lumière ce changement qui dépend
Uniquement de l'abforptTon du papier à filtrer.
Dans cêt état , l’oxide d’argent produit avec
l’ammoniaque, avec laquelle on lé mêle, une 'ef-
pècê de frémiffement fëmblablé à celui qui a lieu,
lorfqu’on éteint la chaux vive dans l’eau * une
■ partie feutemént fie diflout. Qu’on laiffe repofer
•cfe mélange 10 à 12 heures , on Voit fie former
■ à fa fürface une pellicule brillante 5 qu’après ce
temps on ajoute encore de l’ammoniaque, la pellicule
fe redifibut. Si cependant on avoir mis d’a-
fijord une grande quantité d’ammoniaque, l’on n’au-
toit pas befoin d’en ajouter Une féconde dote , &
la pellicule ne fe feroit pas formée. Qu’enfin on
-décantela liqueur, & que pour féeher le précipité
‘qpj eft devenu noir, on le dépofe fans feeouflè
fur un papier à filtrer, on lui trouvera les propriétés
fui van tes.
Lorfque ce précipité eft encore humide * fi on
Je preffè avec un corps dur 3 il fulmine avec vio-
-ience, & l’argent fe trouve réduit* mais s’il eft
fiée, il laffit, petit le faire fulminer, de le toucher
ou d’exciter un petit frottement en le tranf-
portaftt ; l’ébranlement qui naît d’une fulmination,
peut la communiquer à plus de deux pouces de
diftance.
’.Si Lon remplit une petite cornue de la liqueur
qu’on a décantée, -& -fi On la fait entrer en ébul
Iition, il fe dégage des bulles qui font du gaz
azote, & il fe forme des petits criftaux qui font
•opaques , & qui ont un éclat métallique * ces Crif-
taux fulminent dès qu’on les touche, quoiqu’ils
fioient couverts de liqueur, & même ils la chaffènt
avec violence, s’ils font en certaine quantité, ■ &
■ brifent les vaifleaux de verre dune manière dan-
.gereufe.
Les propriétés de [‘argent fulminant ont une celle
analogie avec celles de l’or fulminant dont j’ai
donné l’explication dans les mémoires de tacadémie
de 1785 j elles répondent tellement à la nature
connue de l’ammoniaque & de l’oxide d’argent
que j’ai cru inutile de m’expofer aux expériences
dangereufes qu’auroient exigées les phénomènes
de cette fulmination, pour en établir directement
la théorie.
L’oxide d’argent eft combiné avec l’ammoniaque,
comme fait l’oxide d’or, pour former l’or fulminant.
bon oxigène y tient très-peu. De-là vient
fa grande caufticité , ainfi que je l’ai fait voir
ailleurs, & la facilité avec laquelle il fe réduit par
la fimple chaleur. Cependant l’oxigène étanp privé
d’une grande partie de fon élafticité, il eft très-
difpofé à former des combinaifons. D’uh autre
côté, l’hydrogène dé l’ammoniaque fe trouve dans
la même difpofition : une petite circonftance peut
donc déterminer cette combinaifon qui forme de
l’eau, en laiflant l ’argent dans l’état métallique ;
( 1 ) mais l’oxigène & l’hydrogène qui dans ce cas
fe trouvent l’un & l’autre peu comprimés, pour*
ainfi-dire, vu la foible affinité qui agit fur eux,
contiennent beaucoup de calorique, & ils font
obligés d’ en abandonner beaucoup , lôrfqu’ils fe
réuniflènt pour former de l’eau * de^là vient que
celle-ci reçoit une grande expanfion dans l’inftant
même de fa formation ; mais l’eau en vapeur n’eft
pas Ift foule caufe de la dilatation' fübite, le gaz
azote qui fe dégage de l’ammoniaque y contribue
auffi. ( Voyeç les mémoires de t académie , M m
Dans la diflolution d’argent qui donne namance
aux criftaux lulminans dont j’ai parlé, le métal
paroît trop oxigené, pour former 1 argent fulminant
; mais par l’ébullition , une partie de l’ammoniaque
fe décompofe , d’où vient lé gaz azote
qui fe dégage 5 fen hydrogène fo combine avec
une partie de Yoxigène, & alors fe forme l’argent
fulminant, dont les molécules qui ne font plus
fôlubles dans l’eau, fe réuniflènt en criftaux : c’eft
I pour ainfi parler le commencement du phénomène
’ de la fulmination qui s’exécute.
La pellicule qui fo forme à la furface de la
même liqueur eft due à l’oxide d’argent, auquel
l’air paroît enlever 1 ammoniaque par une fupério-
rité d’affinité. Je recommande de la difloudre par
une nouvelle âflufion d’ammoniaque, parce que
fon interpofîtion dimintieroit confidérablement
•l’effet de l’argent fulminant.
Le nitrate & le muriate de baryte ont précipité
la diflolution précédente * mais je n’ai pas
examiné les précipités.
Le carbonate d'ammoniaque diflout l'oxide dargent
précipité par la chaux, & cela avec effervef-
c& t t c e > c’eft une partie de l’àcide carbonique qui
( r ) Dans la fuVmination , tout l’argent n'çft pas rédüit, One •partie réfie eft oxide noir, de même qu’une partie de l’or refit
en oxide pourpre. Cette partie qui telle non réduite, 6c qui eft variable felon les circonftàftées, 'doit être confidence comme étrangère
aux ‘phénomènes de la fulmination.
fe dégage , l’autre partie forme avec l'oxide d’argent
& l’ammoniaque un fel triple qui, étant def-
féché, laiflè une poudre jaune qui noircit au feu
fans fulminer.
L’oxide d’argent précipité par la chaux, reprend
de l’acide carbonique, lorfqu’on le laiflè longtemps
expofé a l’air j & alors il n’eft plus propre
à former l’argent fulminant, ainfi que l’ont ob-
fervé MM. Virli & Morveau , parce qu’il forme
un fel triple , femblable à celui dont je viens
deparler. .
Le mélange d\un peu de cuivre empêche la formation
de l’argent fulminant. Probablement U fe
fait aiifli un fel triple, qui n’a plus les mêmes
propriétés;
L’on peut donc ne pas réuffir à la préparation
de l’argent fulminant, ou parce qu’on a employé
un argent allié d’une portion de cuivre;, ou parce
qu’on n’apasfiéparé exactement les nitrates qui fe
font formés dans la précipitation de l’argent, ou
parce qu’on, s’eft fervi d’une ammoniaque qui
n’étoit pas afîèz privée d’ acide carbonique, ou
parce quel’oxide d’argent en avoit repris dans l’at-
mofphere. Je dois ajouter que lorfqu’on a fait
la précipitation avec les alcalis fixes, l’argent n’eft
pas auffi fulminant que lorfqu’on s’ eft fervi de
la chaux.
L’on avoit déjà donné le nom dy argent fulmi-
nant au précipité du nitrate d’argent par l’acide
oxalique, dans lequel M. Klaprot avoit découvert
la propriété d.e fufer-avec vivacité, lorfqu’on 1 expofo à îa' chaleur. M. Ameilhon avoit auffi depuis
long-temps fait connoître que l’acide oxalique
communiquoit cette propriété au mercure, quoi-
qu a un degré inférieur à celui qu’a l’argent, mais cet
effet eft fort éloigné de celui qu’on défigne par la
fulmination, & au contraire celui que produit l’o-
xide d’argent ammoniacal , répond tellement à
cette dénomination, que j’ai cru devoir la lui tranf-
porter.
On a penfé. jufqu’à pré font que l’inflammation
des corps fe produifoit toujours, parce qu’on éle-
voit leur température * mais il étoit difficile d’expliquer
par-là comment l’on pouvoit décider la
combinaifon des principes, qui en fe réunifiant
dévoient abandonner la chaleur & la lumière, M.
Monge a expofé avec énergie cette efpèce de contradiction,
lorfqu’il a difeuté les phénomènes de là
formation de l ’eau. Les deux bafes, dit-il, en
abandonnant le feu qui les diflolvoit, fo combinent
pour produire de l’eau ; il arrive donc qu’en
eleyant la température, c’eft-à-dire, qu’en iqrro-
«uifant du feu dans le mélangé des deux gaz , ou
pour mieux dire encore, qu’en augmentant la dofe
du diflolvant, on diminue l’adhérence qu’il avoit
pour fes bafes j ce qui eft abfolument contraire à
ce qu on obferve dans toutes les opérations analogues
de là chimie.
fl nous manque donc encore, ajoute-t-il, beaucoup
de lumières fiir cet objet 5 mais nous ayons
Chimie, Tome II,
droit de les attendre & du temps & du concours
des travaux des phyficiens. Ces lumières, nous
les devons à M. Monge lui-même. En continuant
de s’occuper de cet objet, il parvint à l’idée que
la compreffion produite, foit par un moyen mécanique
, foit par la chaleur, pourroit bien être
la principale caufe qui, en rapprochant les molécules
du centre de l’aôtion de leur affinité , les
obligeroit à fe combiner & à relâcher la partie de
leur calorique, qui ne pourroit pas entrer dans
leur nouvelle combinaifon.
Cette opinion me paroît prouvée non-feulement
par les propriétés de l’argent fulminant, mais encore
par plufieurs phénomènes, dont je rappellerai
quelques-uns.
En effet, l’argent ne fulmine pas à la chaleur
de l’eau bouillante, il lui faut une température
plus élevée'* o r, l’on ne peut fuppofer que la légère
compreffion d’un fimple conta# produife une
chaleur fenfible.
L’accident ^arrivé chez 'M. Baume, lorfqu’on
comprima quelques molécules d’or fulminant qui
fe trouvoient dans le goulot d’un flacon, prouve
bien que la compreffion peut feule faire fulminer
l’o r, quoiqu’elle doive être plus forte que celle
qu’exige l’argent. Nous avons obfervé que la
poudre faite avec le muriate oxigené de potafle,
s’enflammoit lorfqu’on lui faifoit éprouver un choc
alfez médiocre entre deux corps durs, lequel fe-
roit capable de produire une chaleur fenfible * 8c
un choc un peu plus fort produit le même effet
fur la poudre ordinaire. Enfin M. Lavoifîer a remarqué
que, lorfqu’on comprimoit fortement fur
une table de pierre le muriate oxigené de potaflè,
il fe faifoit une èxplofion avec lumière. Je laiffe
là lés autres détails dans lèfquels entre M. Ber-
thollet fur l’effet de la compreffion , pour ajouter
quelques obfervations à fon énoncé fur l’argent
fulminant.
Après avoir laiffe fécher à l’air & au foleil pendant
12 ou 15 heures le précipité du nitrate d’argent
par l’eau de chaux > en verfant deflus la quantité
d’ammoniaque néceflaire pour qu’il en foit
recouvert de quelques lignes, il devient tout-à-
coup noir * une partie fe diflout dans l'ammoniaque
, & il fe forme à la furface une pellicule
blanche jaunâtre, que.M. Berthollet confeille de
féparer d’avec le précipité lorfqu’on décante l’ammoniaque
, parce que cette pellicule n’eft pas détonante
comme le précipité, 8c nuit à fa fulmi-
nation : on verra tout-à-l’heure que cette pellicule
devient fulminante en la gardant quelque temps *
& qu’il faut s’en méfier. La préparation de l’argent
fulminant eft une des opérations les plus délicates,
& qui demande le plus de prudence & d’attention.
On ne doit point mettre l’oxide d’argent
avec l’ammoniaque dans des vaiflèaux très-profonds
, qui ayent de petites ouvertures, car la
chaleur augmentée, le frottement ou le choc le
plus légej: fuffifeilt PQUI faire brifer les vaiflèaux
B b b