
térogènes perdent pendant leur congélation d’ après
le temps qu’ils mettent à le geler lorfqu ils
l'ont expofés à des pouvoirs réfroidiffans égaux.
: Ce t énoncé demande à être expliqués tous
les corps ne changent pas d’état à la même température
y ces changemens font infiniment variés.
Si , par exemple ; on opère fur deux liquides , &
fi l’ un fe folidifie à , l’inftant ou la température
répond au deuxième degré du thermomètre 3 tandis
que l’autre éprouve ce changement, lorfque
fa température répond à la divifion de l’échelle
que l’on a nommée zéro, il faudra, que fi le
premier de ces liquides eft expofé à un milieu,
dont la température foit zéro, le fécond, pour
être expofé à un pouvoir réfroidiffant. égal, foit^
placé dans un milieu où la température foitdeux degrés.
C e n’eft qu’en prenant ces précautions, qu’on
peut tirer quelque utilité de l’énoncé ci daffus.
Ajoutons que , pour rendre cette méthode exa&e,
il faudrait encore pouvoir enleyer les couches,
de glace à mefure qu’elles fe forment 3 fans cela la
glace formée empêcheroit le liquide qui eft au-
deffous, de fe geler fi promptement.
8°. Le do&eur Crawfoird penfe que l’abforp-,
tion du calorique- pendant la fufion & la .vaporifation
provient feulement d’une augmentation
de capacité y mais fi l’abforption -provient de ce
changement, ce n’eft qu’après qu’ il eft effectué>
que le. calorique peut être abforbé;, la capacité
change donc nécefîairement avant qu’il y ait absorption
y mais pour que cet effet ait lieu, il faut
que le corps éprouve, quelqu’autre changement
ultérieur dont celui-ci n’eft qu’une conféquence.
Quelle eft donc la caufe qui augmente la capacité
dans ces circonftances ? Eft-ce une com-
binaifon du calorique avec les molécules.? Dans
ce cas, l’abforption de calorique proviendrait en
partie d’une combinaison réelle 3 & en partie de
^augmentation de capacité produite par cette
même combinaifon. Il feroit donc néceffaire,
pour appuyer l’hypothèfe du do&eur Crawford,
d’examiner, i° . quelle eft la caufe qui augmente
la capacité ; i° . s’il y a entre l’eau & la glace,
une différence de capacité à laquelle on puiffe
attribuer l’abforption totale du calorique pendant
la liquéfaction ou la vaporifation.
. On a trouvé, ou du moins on foupçonne,
que la capacité de la glace eft à celle de l’eau,
çomme neuf eft à dix; mais comme les capacités
ne font pas proportionnelles au çaloriqne
fpécifique, on ne peut pas prouver par ce rapport
que l’abforption de calorique provient feulement
d’un changement de capacité y il faudroit,
pour réalifer cette hypothèfe, connoître le calorique
fpécifique de îa glace fondante, & démontrer
que l’abforption du calorique pendant fa
liquéfaction, en eft une partie aliquote, égale
.au rapport des-deux- capacités. Mais au lieu de
fuivre cette marche, les partifans de cette hypothèfe
concluent le calorique fpécifique de la glace
de cette abforptiqn - meme de calorique qu’ ils devraient
expliquer. Cette fuppofition ù’eft donc
appuyéefd’aucune preuve concluante ; d’ailleurs ,
le phénomène s’explique d’une manière bien plus
fimple, 8ç bien moins forcée, par l’admiffion de
la combinaifon du calorique. Cette opinion eft
adoptée par le do&eur Black, MM. Deluc, LaA
voilier, Laplace, Landriani, & beaucoup d’autres.
Ces phyficiens ne l’ont admife qu’après y avoir
mûrement réfléchi. .
C H A P I T R E C I N Q U I E M E.
Il faut d’inégales quantités de calorique pour produire
des changemens' égaux ' de température dans
j des poids égaux de corps hétérogènes.
i ° . Si l’on veut augmenter d’un degré la* température
d’une livre-, d’eau & cëîle d’une livre^de
mercure, il faudra employer d’inégales quantités
de calorique pour l’une & l’autre de ces matières.
jl°. Si l’on .mêle quatre livres d’oxide d’antimoine
blanc par le nitre ( antimoine diaphoré-
\ rétique ) à quatre degrés , avec une livre de glace
à zéro , la têmpérature dé mélange fera de deux
degrés : fi l’on mêle quatre livret du même oxide
à zéro avec une livre de glace à qûatrè degrés,
la température du mélange fera également de deux
degrés. .
En répétant ces expériences à différentes températures
, on obtiendra toujours le même refultat.
Il en réfulte, Suivantledo&eur Crawford, qu’une
livre de glace & quatre livres d’oxide d’antimoine
blanc, par le. nitre, contiennent, d’égales
quantité de calorique y mais quatre livres d’oxide
contiennent quatre fois autant de calorique qu’une
livre; conféquemment le balorique fpécifique d’une
livre de glace eft à celui d’une livre d’oxide comme
4 : 15 mais fi l’on mêle: une livre de glace à
zéro avec une livre d’oxide d’antimoine blanc
par le pitre, à — 10, la température du mélangé
fera de — 2 degrés y la glace fera refroidie
de deux degrés, & h température de l’oxide
fera élevée de 8 , le changement produit dahs
la température de la glacé eft donc au changement
produit dans celle de l’eau, comme. . . 1 eft à '4.
mais nous venons de voir que le calorique fpécifique
d’une livre de glace, eft à celui d’ühe livre d’oxide,
comme................... ............................... 4 eft à 1.
Conféquemment les quantités Spécifiques de ca-'
lorique, de poids égaux du' glace ' & d’oxide d’antimoine
blanc par le nitre, font, fuivant le do&eur
Crawford, en raifon inverfe des changemens produits
dans leur température -3 lorfqu’on les mêle a
'différens degrés.
4°. Le do&eur Crawford s’eft fervi de cette
méthode pour déterminer les quantités Spécifiques
de calorique de différens coi;ps , en les mêlant a
différens degrés, & obfervant les changemens
qui font produits dans leur température.
Cette manière de déterminer le calorique fpé-
cifique eft fondée fur deux fuppofitions 5 i°. que
les capacités de tous les corps font permanentes
à toutes les températures tant qu’ils ne changent
pas d état j 2°. que le calorique qui eft abforbé
pendant la liquéfa&ion & la vaporifation ne fe
Combine point, & que cet effet provient feulement
d un. changement de capacité. Nous venons
de voir dans les chapitres prëcédens , que
f dans un fyftême de corps qui agiffent les uns fur
les autres d’une manière quelconque, la force vive,
c’eft-à-dire, la fomme des produits de chaque
maffe par lé carré de fa vîtelle, eft confiante. Si
les corps font animés par des forces accélératrices ,
h force vive eft, égale à ce qu’elle étoit à l’origine
rien n’appuyoit ces deux énoncés ^ & qu’ils ne
pouvaient être regardés dans l’étàt a&uel de nos
connoiflànces , que comme des hypothèfes, d’au- j
tant plus que l’examen des faits porte à croire
qu’elles dont oppofées à la vérité.^La méthode
du doéteur Crawford, quoique très-ingénieufe,
J®' P?ut donc, à la rigueur, remplir le but qu’il
s’étoit propofé, à moins qu’on ne prouve, i° . la
permanence des capacités à toutes les températures
, tant que les corps ne changent pas d’état
; 2®. l’abforption du calorique pendant la liquéfa&
ion & la vaporifation produite feulement
par un changement de capacité% Si l’on ne prouvait
que le premier de ces énoncés, on ne pour-
roit déterminer, d’après cette méthode , que
Je calorique, inierpofé, celui qui influe fur la température.
C h a p i t r e s i x i è m e .
De la nature du calorique.
On na point encore déterminé d’une manière
exa&e la nature du calorique. Quelques perfonnes
penfent que c’eft un être fimple, dépendant de
lui feuî, répandu par-tout en grande quantité,
& dont quelques effets ont de l’analogie avec ceux
que produit la lumière, tandis que d’autres en
different effemieliemerit.
- P, autres phyficiens, mais en bien plus petit
nombre, penfent qu’il n’exifte point de fubf-
tance p. laquelle on puiffe donner le nom de
calorique, & que la chaleur n’eft que le réfultat
des mouvemens infenfibles des molécules de la
matière.
MM. Lavoifier & Laplace, dans le mémoire
qu ils ont publié fur la chaleur y ne décident point
entre ces deux hypothèfes. « Plufieurs phénomènes
, difent - ils , - paroiffent favorables à là
fécondé} tel eft , par exemple, celui de la
chaleur que produit le frottement de deux çorps
îolides} mais il en eft d’autres qui s’expliquent
plus facilement dans la première : peut - être
ont-elles heu toutes deux à la fois. Us observent
en outre, au fujet de la dernière fuppo-
lition que d a n s tous les mouvemens , dans
lelquels il n’y a point de changement brufque, -
11 exifte une lo f générale, que les géomètres ont
oeiigne fous le nom. de principe de la confrva-
tion dessforces vives y cette loi confifte en ce que ,
du mouvement, plus à la fomme des maffes
multipliées* par les carrés des yîteffes dues à l’action
des forces accélératrices. Dans la fécondé hy-
potèfe , la chaleur eft la force vive qui réfulte des
mouvemens infenfibles des molécules des corps;
elle eft la fomme des produits de la maffe de
chaque molécule par le carré de fa vîteffe.
» Cette manière, d’envifager la chaleur, explique
facilement pourquoi l’impulfion dire&e des rayons
folaires eft inappréciable , tandis qu’ils produifent
une grande chaleur : leur impulfion eft le produit
de leur maffe par leur fimple vîteffe; o r ,
quoique cette vîteffe foit exceflive, leur maffe
eft fi petite, que ce produit eft prefque nul 3
au lieu que leur force vive étant le produit de
leur maffe par le carré de leur vîteffe, la chaleur
qu’elle repréfente eft d’un ordre très-fuj é-
rieur à Celui de leur impreflion dire&e. Cette
impulfion, fur un corps blanc qui réfléchit abondamment
la lumière, eft plus grande que fur un.
corps noir, & cependant, les rayons folaires
communiquent au premier une moindre ehaieury
parce que les rayons, en fe réfléchiffant, emportent
leur forcé vive qu’ils communiquent au-
corps noir qui les abforbé. »
Quelques perfonnes enfin, croient que le calorique
n’eft point un être fimple. Suivant M. Deluc
, c’eft un compofé de lumière & d’une bafe
qui nous eft inconnue dans fon état de liberté >
ou que du moins nous, obtenons peut-être fans
nous en douter.
On peut obje&er à cétte opinion , que le calorique
n’ayant pas de poids fenfible, la pefanteur
de fa bafe do]t conféquemment être nulle ; mais
nos expériences ne prouvent pas véritablement
que la lumière , le calorique & plufieurs autres
fubftances ne font pas pefantes ; elles indiquent
tout au plus, que,les inftrumensdont on fe.fert
ne font pas affez délicats pour déterminer cetté
pefanteur. Il eft donc très - probable que le calorique,
& conféquemment fa bafe , (fi toutefois
il eft compofé ) , ont une pefanteur quelconque ;
notre idée fe refufe à l’exiftence d’un corps dont
la pefanteur eft abfolument nulle.
Si l’on regarde le calorique comme un compofé
binaire, on ne peut pas reconnoître fa bafe par
l’augmentation de poids des fubftances auxquelles
elle pourroit s’unir, parce que fa pefanteut eft
pour nous-infenfible ; mais on devroit au'moins
la diftinguer après cette combinaifon par l’exiften
ce de quelque nouvelle propriété. N
- Il eft vrai que les phyficiens à qui l’on feroit
cette obje&ion, pourroient répondre que cette
conféquence eft extrêmement jufte ; mais que
X x x x z