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. L'^iftoire des corps naturels brûlés.
La flamme & la chaleur artificielles.
La théorie des fourneaux.
Les différens procédés eudiométriques.
La refpiration des différens animaux.
Le méphitifme par la combuftion & la refpiration.
La chaleur animale, entretenue j diminuée, augmentée.
La trahfpiratio'A cutanée & pulmonaire, &c.
T i t r e q u a t r i è m e .
N a t u r e e t a c t i o n- i> e l e a v*.
I. L’eau exiftedans trois états; folide c’eft la
glace liquide , c’eft fa forme la plus connue ; en
vapeur ou en gaz.
II. La glace eft une eriftallifation plus ou moins
régulière, tranfparente., très-fapide, élaftique.,'
fufible au-deffus de o de température , qui laiffe
encore fortir beauconp de calorique de fon intérieur
dans plufieurs combinaifons.
I I I . La glace à o abforbe pour fe fondre 60 degrés
de température, ou la quantité de calorique
néceffaire pour élever une quantité d’eau égale à
la fienne , de 60 degrés au-deffus de ç>. Sa capacité
n’eft donc pas là même que celle de l’eau liquide
, ce qui tient à la différence de fon état ,
comme il a été dit au titre II. n°. VI.
IV . Toutes les fois que l’eau liquide perd beaucoup
de calorique en'fe combinant., on doit la
conndérer comme folide dans ces combinaifons ;
Couvent même elle y eft beaucoup plus folide que
d e la g la c e à o ; c’ell de-là que dépend la folidité
des mortiers, des cimens où entre la chaux éteinte.
V . L’eau refte éternellement folide fur les montagnes
refroidies depuis des fiecles par la préfence
de la glace-, & fous les pôles; elle y formé-des
efpèces de rochers ou des concrétiôns blanches
prefque femblables à des pierres.
VI. L’eau liquide & pure eft fans faveur, fans
odeur , d’une pefa#nteur 810 fois plus confidérable
que l’air ; elle forme les fleuves, les rivières, les
étangs,les fources, lesruiffeaux, &c. Elle occupe
les cavités, les filions , & en général les parties les
plus baffes du globe.
VII. Elle eft très-rarement pure, parce qu’elle
diffout dans-la terre & à fa furface l’air, les gaz fa-
lins , les fels terreux ; elle agit même fur les pierres
les plus folides;-elle les diffout, les charrie,
les dépofèjles fait crîftallifer. C ’eft pour cela qu’on
l’a nommée le grand diffolvant de la nature ; elle
donne naiffance à beaucoup de phénomènes, &
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elle eft un des plus grands agens qui modifie fans
ceffe la furface du globe. Ses mouvemens, fes con-
rans , fonaCtion , ont changé peu-à-peu la nature
des minéraux , & ont créé une efpècede monde
nouveau fur l’ancien.
y in .* Toutes es eaux terreftres contiennent
d’après cela quexquefubftance étrangère à la nature
de l’eau ; on en reconnoîtla préfence par fa pefan-
teur fpécifique augmentée , fa faveur plus ou moins
fade ^ terreufe 3 crue 3 la difficulté de bouillir
de" cuire les légumes , de diffoudre le favon. L’eau
qui s’éloigne le plus de ces propriétés étrangères à
fon caractère elfentiel 3 eft la plus pur.e.
IX. L’eau terreftre 3 affez pure pour fervir aux
befoins delà vie & à la plupart des arts,. eft celle
qui coule fur un terreinfabloneux, quartzeux & qui
eft en conta# avec l’air. Celle au contraire qui tra-
verfela craie y les plâtres, les marbres & qui fé*
journe fuir des tourbes, dés bitumes 3 des mines,
& dans des cavités fouterraines loin de l’atmof-
phère, eft plus ou moins impure.
X . L’art chimique de corriger les eaux impures
crues3 dures, confifteà les expofet à l’air, les
agiter à fon conta#, les faire bouillir , les diftiller,
& les combiner enfuite .à l’air. Souvent l’addition
des cendres, des alcalis , des acides légers, fert à
diminuer les mauvaifes qualités des eaux , quelquefois
même cette addition les fait totalement
difparoître. La plupart des corps étrangers qui altèrent
la pureté des eaux étant en général ou beaucoup
plus volatils ou beaucoup plus fixes que l’eau,
la diftillation eft le moyen le plus sur d’avoir de
l’eau pure. V oilà pourquoi les chimiftes empîoyent
toujours de l’eau drftillée dans leurs expériences,
XI. L’eau liquide étant une combinaifon de
glace à o & de la quantité de calorique fuffifante
pour élever de o à 60 degrés du thermomètre de
Réaumur une quantité d’eau égale à la fiçnne,
quand on y ajoute du calorique, elle1.fe raréfie >
lorfqu’elle a acquis 80 degrés au-deffus de o , elle
prend la forme de gaz , elle eft en vapeurs j- alors
elle eft bien plus légère que l’eau liquide, elle
occupe un volume beaucoup plus confidérable ,
elle, pénètre facilement tous les corps, elle fe diffout
bien dans-l'air; fon effort expanfif par une.
élévation de température , la rend fufceptible de
mouvoir des maires énormes.
XII. Comme l’ eau liquide abforbe de l’air qui
la rend légère,, l’air abforbe aulîi de l’eau & la-'
diffout ; telle eft la caufe de l'évaporation de l’eau.
Cette diffolution de l’eau dans l’air > eft fèche-&'
invifible comme lui ; elle fuit, la raifoa de. la température
de l’atmofphère ; l’hygromètre n’indique
point exa#ement cette eau, il n’eft point altère
par une. diffolution complette , friais il marche tu
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raifon de l’eau qui va fe diffoudre, & fur-tout de
celle quife précipite.
XIII. L’eau n’eft point un corps firtiple comme
on l’a cru fi long-temps. En faifant briller avec
activité un grand nombre de corps combuftibles
plus ou moins échauffés, commele charbon & le
charbon de terre, déjà allumés , le fer rouge, le
zinc fondu & rouge, l’huile,&c. l’eau fe décom-
pofeyellédépofe dans les corps combuftibles l’oxi-
gène qu’elle contient.
XIV. A mefure que l’oxigène de l’eau fe fixe
dans les corps combuftibles qu’elle allume, fon
autre principe fufceptible de fe diffoudre dans le,
calorique, formele gaz inflammable qui fe dégage.
Comme le fécond principe eft un des élémens de
l’eau, on l’a nommé hydrogène ; & gaz hy drogene,
fa diffolution fluide élaftique dans Je calorique &
la lumière. Le dégagement de ce principe en gaz
qui a lieu toutes les fois que l’eau eft décompcf-
fée par un corps combuftible, eft la caiffb--dr'un
grand nombre de détonations & de luhpinations.
XV. Le.gaz hydrogène qu’on obtient dans un
grand nombre d’expériences Vient toujours de
l’eau, foit originairement & par l’effet d’une dé-
compofition ancienne qui l’a fixé en hydrogène
dans différens corps , foit par unedécompofition
inftantanée de l’eau elle-même. Ainfi tout gaz inflammable
vient de l’eau.
XVI. Des expériences multipliées^ ont prouvé
que l’eau contient à-peu-près o , 85 d’oxigènè, &
0,15 d’hydrogène : là fynthèfe de l’eau , une des
plus magnifiques découvertes de la chimie moderne,
confirme l’analyfe de ce corps ; car enuniffant
par la combuftion 0,85 parties d’oxigène & o , 15
d’hydrogène, on obtient 100 parties d’eau pure.
XVII. Quand l’eau eft decompofée par un corps
combuftible, cela ne fe fait que par une double
affinité, celle de l’oxigène de l’eau pour le corps
combuftible, & celle du calorique pour l’hydrogè-
ne de l’eau. C ’eft pour cela que la décompofition
de l’eau pa>r le feu, le charbon, &e.fe fait d’autant i
plus vite qu’il y a plus de, matière:, calorique em- j
ployée dans l’expérience. On conçoit par cette né- .
ceffité d’une abondance extrême de calorique dans
cette opération , comment l’hydrogène,. un des
élémens de l’eau, peut acquérir une. légèreté fi
grande au-deffus de celle de ce fluide ; en effet un
pied cube d’eau pefant 7Q livres, un'pied cube de
gaz hydrogène pure nepèfe que 6 1..grains.
- XVIIÏ. Le gaz hydrogène,: toujours produit par
k ^écompofition de l'eau , entraîne avec lui
beaucoup de corps ënvfufpenfion on en diffolution, |
ÿ lvant la nature plus ou moins mélangée des corps
® 1 fe dégage,;., air fi il eft mêlé, de gaz azote.,
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de gaz acide carbonique, d’air vital ; ou bienil tient
en diffolution, de l’eau, du carbone, du îoufre,
dii phofphore, del’arfénic, de l’huile, dé l’alcool „
dé l'éther, &c. Suivant ces-différentes fubftances
additionnelles à fa compofition intime, il varie dans
fon1 odeur, fa pefanteür, fon inflammabilité, la
couleur de fa flamme , fon a#ion fur différentes
fubftances, ainfi que par les produits étrangers à
l’eau pure qu’il donne en brûlant. De-là font venues
toutes les efpèces & les dénominations différentes
de gaz inflammables que l’on a admifes , Sc
dont la bafe générique eft toujours le gaz hydrogène.
XIX. Le gaz hydrogène étant une des fubfhn-
ces naturelles qui contient le plus de calbriqiie ,
c.’eft un des corps combuftibles qui en laiffe le plus
dégager, & qui conféquemment donne le plus de
chaleur en brûlant. De-là tous les corps combuftibles
compofés.., tels que les huiles, les grailles y
& tous ceux qui proviennent des corps organifésen
général 5 dont la bafe de la compofition eft due à
l’hydrogène , donnent beaucoup de chaleur dans
leur combuftion. Tels font les bois, les huiles >
les charbons de terre , les bitumes l’alcool y
l’éther, &c.
XX . Il fuit auffi de ce qui précède que, les corps
combuftibles compofés qui contiennent beaucoup
d’hydrogène dans leur compofition, doivent enbrû-
lant exiger une quantité d’oxigène très-confidéra-
ble, & fournir de l’eau pour produit delëur combuftion
, en rai fon de la quantité d’hydrogène qu’ils
contiennent. Ainfi une livre d’alcool' donne en
brûlant plus d’une livre'd’eau, &e.
XXI. Les corps combuftibles qui décompofent
l’eau, font en général ceux qui ont plus d'affinité *
ou une attràdlion plus forte pour l’oxigène que
n’en a l’hydrogène; mais cetté attraction eft très-
favorifée par le calorique, qui tend de fon côté à
s’unir à l’hydrogène. La grande quantité de calorique
peut même, rendre l’eau décompofable par.
des corps qui à , froid, neferoient pas fufceptîbles
de la décompofer 1 la lumière y contribue également.
XXII. Les corps combuftibles qui ne décompofent
point l’eau à quelque température que ce
foit, en railon de leur, peu d’attraétion pour l’oxigène,
toujours plus foible dans ce cas que celle
qui ex-ifte entre l’oxigène & l’hydrogène, doivent
au contraire quand elles- ont été brûlées par d’autres
moyens, être déeompoféesou fe laiffer enlever
l’oxigène par l’hydrogène. Voilà ce qui arrive aux-
oxifles de plomb ,. de bifmuth , &e.
XXIII. - On.ne èonnoït encore dans l’art chimique
que des moyens de décompofer l’eau par
des corps combuftibles qui lui enlèvent fon oxigè-
: ne 1 on n en a point qui lui enlèvent l’hydrogène