
foufre dans fes aillons avec les terrés alcalines, 8c
Jes alcalis, dans la combuftion lente opérée par
1 eaa 8c par l’air, lorfqu’il eft en contait avec
plufieurs métaux, 8c fur-tout avec le fer 8c le
cuivre , en un mot dans un grand nombre de phénomènes,
où il fe dégage du gaz hydrogène qui emporte
un peu de foufre en diffolution , répand
fouvent une odeur manifeftement alliacée. C ’eft
fur - tout lorfqu’ôn le triture à froid, foit feul,
foit dans les compofés métalliques, l'antimoine, 8rc.
avec un alcali .fixe bien cauflique 8c bien- pur,
que cette odeur fétide d’ail fe développe avec
énergie. A la vérité cette odeur, en même-temps
qu’elle tient de celle de l’ail, eft mêlée d’une
fétidité que n’a point cette plante. Le phof-
phore 8c tous les compofés. phofphorés, fur-tout
le gaz hydrogène phofphoré répand également une
odeur d’ail très-manifelle ; les verres d’acide phof-
phorique_ opaques, acides 8c femblables à des
frittes d’émail , tels qu’on les obtient fou-
vent en les traitant dans des creufets de terre
poreufe, exhalent aufli une odeur analogue. Enfin
l’arfenic en brûlant, les oxides d’arfenic chauffés
8c fublimés, 8c la plupart des compofés arfeni-
caux réduits en vapetirs, font tellement remarquables
par l’odeur d’ail qui s’en dégage , qu’on
a donné cette odeur comme un de leurs caractères
diftinétifs. Nous n’invoquerons pas ici une
prétendue analogie de nature ou de principe entre
le foufre, le phofphore-8r l’arfenic, comme on fai-
fqitjautrefois en phyfique, 8c nous ne raifonnerone
pas longuement fur une hypothèfe dénuée d’expériences
; mais il fuffira de faire remarquer avec
foin ce rapport dans l’odeur, pour indiquer,
non pas une identité de principes ou méconnue
ou fuppofée gratuitement, mais la néceffité de
s’occuper de ces rapprochemens, de ne négliger
aucun des phénomènes qui les préfentent,
& de les difpofer comme desefpècesdè pierre d’attente.
Ces faits , qui pourront quelque jour être
employés à un nouvel édifice théorique , déjà
même quelques . expériences modernes, fur les
plantes, dont l’odeur alliacée eft un des caractères,
femblent annoncer que cette odeur .eft au
moins en partie due à du foufre qui entre dans
leur compofition intime, St font préfumer ainfi
une analogie entre cette odeur alliacée végétale,
& celle qui, dans les minéraux, eft manifefte-
■ ment produite par des combinaifons fulfureufes
très-atténuées ; mais rien ne montre encore un
rapprochement entre le foufre 8c le phofphoré
ou l’arfenic, dont les molécules réduites en vapeurs
, portent dans l’athmofphère une odeur d’ail'
encore .plus forte que celle des compofés ful-
fureux.
ALLIAGE. Voici un de ces mots qui, dans
un dictionnaire , peuvent être traités de deux
-manières très-différentes , ou très-brièvement 8c
.simplement comme une. définition, ou çrès-lpnguemeut,
avec tous les détails qui peuvent lui
appartenir _ dans l’enfemble de toutes les expériences
chimiques. La première méthode aurait
peut-être plus d’avantage encore que la fécondé ;
car fuivre celle-ci dans toute fa latitude, ce.ferait
fe jetter dans une merde détails qui ne lail-
feroient aucun repos à l’efprit du leâeur. C e pendant
, d un autre côté , fi l’on fe renfèrmoit
dans une lîmple définition, on n’apprendrait rien
a celui qui cherche a s rnftruire, 8c l’on manque-
roJt l’ occafion de faire connoître quelques propriétés
générales: , & plufieurs axiomes de chimie
qui, pourraient être ou trop négligés ou même
entièrement oubliés dans les différens articles
qui ont du rapport avec celui-ci, 8c l’on fait que
dans un ouvrage, où l’on a pour but de raffem-
bler tous les faits d’une fcienee, il vaut encore
mieux rifçper de préfenter des redites, que de
s’expofer a des omiffions nuifibles 8c impardonnables.
Pour éviter l’un 8c l’autre écueil dont
il vient d’être fait mention, j’ai cru devoir con-
figner ici un apperçu méthodique de l’hiftoire
des alliages. L’article, du dictionnaire de Mac-
quer m’a pour-ainfî-dire fervi de texte principal;
mais j’y ai ajouté 8c des faits plus nombreux
que ceux qu’il contenoit, 8c des applicatiohs
plus multipliées aux arts que l’hiftoire des alliages
intérefle, &c fur-tout j’y ai fait des. changemens
relatifs à l’état aCtuel de la théorie de la chimie ,
de telle forte quon pourra regarder cet article,
comme abfolument différent de ce qu’il étoit dans
le dictionnaire de Macquer.
Le nom d’alliage employé en chimie, en métallurgie
,8c dans tous les arts chimiques, défî-
gne. l’union- des différentes matières métalliques
les unes avec .les autres, 8c en nombre ainfi qu’en
proportions différentes.
. Comme il peut réfulter une infinité de combinaifons
différentes , fuivant la nature, le nombre
8c les proportions des matières .métalliques qui
font fufceptibles de s’allier, on n’entrera point ici
dans le detail de tous les alliages particuliers qui
ne font pas même encore tous connus, à beaucoup
près. On trouvera ceux qui font en ufàge,
comme airin, bronze, métal de cloches , or de
Manheim, or gris , or rouge., or vert, tombac ,
cuivre jaune-, fimilor, cuivre ou tombac blanc , potin
, foudure, pinchebec , laiton, 8cc. 8cc. fous
leurs ^énopninatioqs particulières ; 8c ce que l ’on
connoit des autres , en partie aux articles - 8c fous
les noms des differens métaux, 8c en partie dans
ce préfent article.
■ Il faut d'abord remarquer que les fubftances métalliques
ne peuvent contracter aucune union directe
avec les matières terreufes.j pas même avec
leurs propres oxides qu’on a regardés autrefois
comme des terres , lorfqu’ils font privés des
propriétés métalliques; c’eft ainfi que les. métaux
qui font oxides à leurs furfaces , préfentent
une fépgration entre la portion oxidée 8c la pot-
,tion
•tïon métallique/ maïs on peut dire, qu*en gé-
■ lierai, tous les métaux fontfufceptibles de s’allier
les uns avec les autres, quoiqu'avec plus ou moins
de facilité, 8c quoiqu'il y en ait aufli quelques-
uns qu'on n'ait pas encore pu, julqu’à préfent,
•unir enfemble-, ou au moins qu’on n'a encore alliés
qu'en très-petite quantité', & très-diflicilemênt.
Une fécondé remarque Ample, mais qui conduit
très-loin dans la pratique des alliages, c'eft
qu'on peut faire fîngulièrement varier le nombre
des métaux alliés depuis deux jufqu'à cinq , fix ,
8c même davantage ; ainfi. il y a des alliages de
•deux métaux, de trois, de quatre, de cinq, de
;fix, 8c même d’un plus.grand nombre5 cependant
il eft rare qu'011 fafle dés alliages aufli compliqués
pour le befoin des arts $ les alliages les
plus compofés le font de trois ou quatre métaux.
La proportion de chaque métal qui entre dans
les alliages, peut varier fingulièrement, 8c va-
,rie en effet fuivant les propriétés qu'on veut leur
donner, & les. ufages auxquels on les deftine.
On conçoit que le nombre des alliages eft prodigieux
quand on les cofifidète fous ce point de
vue, car on connoît aujourd’hui feize matières
métalliques différentes les unes des autres 5 mais
il eft bon d'obferver que , dans les alliages connus
& employés , il y a toujours un métal plus abondant
;que les autres, 8c qui en fait en quelque
:forte. la bafe 5 le plus fouvent c'eft le cuivre, le
plomb ou l'étain , quelquefois c'eft l'or ou l'argent
, ou même le platine , dont ou commence à
faire des applications utiles à différens -arts.
Avant d’aller plus loin dans l’expofé général
des propriétés-des alliages, je dois avertir que
•fi l'on veut en tirer un parti utile, il eft indif-
penfable d'étudier préliminairement les propriétés
générales dés matières métalliques, 8c même
celles des principaux métaux ufités dans les alliages 5
ainfi on doit lire les articles M étaux , c u iv r e ;
plomb. Ét a in , o r , argent,.& c.
Gomme les métaux font des corps naturellement
folides, la première condition néceffaire
pour leur union, eft qu'ils foient en fufion ; ils
s'unifient alors comme tous les corps qui fe dil-
.folyent réciproquement, & il réfulte de ces com-
.binaifons de nouveaux compofés qui ont des propriétés
nouvelles 8c très - rarement mixtes des
lubftances compofantes. La chaleur -, la fonte
dans des creufets , eft donc le procédé qu'on
• emploie pour faire les alliages; on mêle ou l’on
braffe bien les métaux fondus pour favorifer leur
.union. Sans cette précaution, les métaux fe fé-
parenc.plus ou moins , ou forment des couches
-d'alliages différens dans leurs proportions ; fondent
fans cette- agitation, les métaux fe placent
dans l’ordre de leur pefanteur fpécique. /
Quoique les alliages confervènt en général les
propriétés générales des matières métalliques , on
.obferye toujours que quelques-unes des propriétés
des métaux qui forment un alliage, font altérées
Chimie. Tome 11+
ou diminuées ou modifiées par cette union même.
La duétilité, par exemple, d'un métal compofé
de deux ou plufieurs autres métaux, eft communément
moindre que celle des mêmes métaux
lorfqu'ils font feuls 8c parfaitement purs. La den-
fité ou la pefanteur fpecifique des métaux change
aufli dans leurs alliages, quelquefois la pefanteur
du métal mixte eft moyenne entre celles
des métaux qui la cotnpofent, le plus fouvent
ou elle eft moindre ou elle eft plus grande
cela dépend 'de la nature des métaux, 8c indique
qu’ils 'éprouvent plus ou moins de pénétration
réciproque -, 8c des changemens de forme ou
d'arrangement entre leurs molécules.
On peut dire aufli la même chofe de la couleur
des fubftances métalliques alliées les unes avec les
autres, quoiqu'en général, elle varie d'autant plus,
que la couleur des métaux alliés eft plus différente
; 8c quoiqu'on puifle , d'après cela prévoir ,
quelle- fera la nature des alliages fuivant là nature
& la . proportion des métaux qui doivent y entrer,
il eft eependant plufieurs cas dans lefquels
l'alliage prend une couleur qu'on n'auroit pas pu
prévoir dans- les expériences préliminaires ; par
exemple Lor perd entièrement fa couleur jaune
par une partie & demie d'argent, moitié d’argent
lui donne un coùp-d'oeil verdâtre ; le cuivre
prend avec l'antimoine une. couleur violette très-
brillante, le manganèfe rend fingulièrement altérables
par l'air toutes les combinaifons métalliques
dont il fait partie: ■
Les chimiftes modernes ont obfervé que plufieurs
alliages font beaucoup plus oxidables, que
les métaux qui les forment ne le font dans leur
état d'Afolement: On a même cru que c'étoit un
moyen d'oxider les métaux qui n'en font que peu
ou point fufceptibles dans leur état de pureté.
Get effet eft dû à la divifîon de leurs molécules 8c
à la diminution d'attraéxion pour elles - mêmes
qu'elles éprouvent en fe combinant avec les molécules
d'autres métaux.
Les alliages des métaux font ou naturels ou
artificiels. Les premiers font ceux qui font faits
par la nature, tels que le font la plupart des
minéraux qui contiennent tous plufieurs métaux
alliés les uns avec les autres,: l'or natif qui eft
toujours plus ou moins allié d'argent ; l'argent natif
qui contient aufli plus ou moins d'or; ces deux
métaux qui, enfemble ou féparément, font alliés
par la nature avec le cuivre ; le fer avec l'ar-
fenic, le manganèfe, le zinc; l'antimoine avec
l’arfenic, le plomb avec l'argent, le bifmuth avec
l'arfenic, 8cc.
Les alliages artificiels font ceux qu'on fait exprès
de plufieurs métaux les uns avec les autres
pour différens ufages, ou pour examiner leurs
propriétés dans cès nouvelles combinaifons.
Quoique les. alliages des différentes matières
métalliques les unes avec les autres foient d’une
1 très-grande importance , tant pour la théorie que
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