
font criftallifables fuivant Bergman. Il décompofe
les fulfures. terreux & alcalins. Mais ces caractères
falins , ne font que très-foibles encore en compa-
raifon de ceux qu'il peut acquérir par une nouvelle
proportion d'oxigène. Il eft vrai que l’arfénic
refte avec une forte de confiance & de fixité dans
çet état fimple d'oxide , tant qu'on ne trouve pas
le moyen d'y précipiter, d’y unir une grande quantité
du principe, acidifiant , en le lui préfentant
plus d é n ié p lu s près de fe combiner qu'il nel’eft
dans l’atmofpnère.. Car malgré l'obfervation de
M.Landriani furlaconverfion d'une partie d’oxide
d’arfénic en acide arfénique , par le Seul contaél
de l’air vital contenu dans l’àir atmosphérique .,
en le tenant long-temps chaud dans un appareil dii-
tillatoire rempli d’air , cQtte çonverfion ell. très-peu
de chofe ,.par rapport aux vrais procédés qu'on
poflede aujourd’hui pour former l’acide arfénique,,
& il n'y en a jamais qu'une très-petite portion
convertie ainfi en acide dans un appareil contenant
beaucoup d’air. Ces procédés acidifians l’oxidé
d'arfénic, font beaucoup plus multipliés que Schée-
lè ne l'avoit cru, ou plutôt qu'ils ne Tétoient
tjuand Schéele découvrit en 1775 la propriété de
devenir acide dans l'arfénic. Le chimifte Suédois
prépafoit l'acide arfénique de deux manières differentes,
qui ont été décrites dans le premier volume
de ce dictionnaire ; l'une confilloit à diffoudré
l'oxide d'arfénic dans près de quatre fois fon poids
d’acide muriatique , pefant un quart environ plus
quel’eaupure, à y ajouter en deux reprifes, pref-
que autant d'acidë nitrique , 8c à diftiller jufqu’à'
fie ci té. Dans l'autre on faifoit paffer à travers de
l’eau tenant deux fois fon poids d’oxide d'arfénic
dilfous & mêlé, du gaz acide muriatique oxigené
produit par la diftilîation de l’acide muriatique fur
l ’oxide de manganèfe, jufqu'à ce que tout l’oxide
d'arfénic parût dilfous ; alors on trouvoit deux
liqueurs dans le récipient ; l'une contenoit de.
f acide muriatique chargé d’un peu d'oxide d'ar-
fénicjl'autrefituée au-deffous tenant en dilfolution
l’acide arfénique ; on diftilloit ces liqueurs à ficcité,
& l’acide arfénique relloit pur 8c fous fa forme fèche
aü fond de la cornue. On reconnoit dans ces deux
opérations de Schéele , la précipitation de l’oxigène
dans,. l'oxide, d’arfénic. L'acide nitrique
feül produit cet effet. En diftillant fix parties
d'acide nitrîqüe pefant moitié plus que l'eau dif-
tillée fur une. partie 'd'oxide d’arfénic , on voit
f acide nitrique devenir acide nitreux 8c même
gaz nitreux j on fait que ce changement ne peut
pas lui arriver fans qu'il s'en.fépare de l’oxigène ;
ce principe en effet s'unit à l’oxide d^arfénic 8c
F acidifie ; on chauffe affez ce dernier pour lui faire
prendre la forme de verrt, & on le diffout enfuite
dans deux fois fon poids d'eaü diftillé.e qu’on fait
chauffer deffus. I f s'en fépare ordinairement un
peu d’une terre très-légère,blanche & floconëufe,
que Schéele a connue, & qu’il dit être un peu de
filice enlevée à la cornuepaj: l'acide en fufion. Or- j
dinairement on prépare plus Amplement l’acide
arfénique, en chauffant dans une capfule ouverte
huit parties d'acide nitrique fqible à 28 ou 30 degrés
de l ’aréomètre de Baumé. avec une partie
d’oxide d’arfénic ; ortfait fondre enfuite cet acide
dans pn creufet....
En jettant de l ’arfénic/en poudre fine, dans du
gaz acide muriatique oxigené, à; mefure que le
métal brûle, il abforbe affez d’oxigène pour être
à l’état d’acide arfénique, mais cette manière de le.
préparer n'eft pas économique , parce qu’il faut
une très-grande quantité de gaz pour produire cet
effet. On peut le former fur le champ , en dilfol-.
vant de l’oxide d’arfénic dans fuffifante quantité
d’acide muriatique oxigené liquide, & , dans uo
vaiffeau fermé ; quand la dilfolution eft faite., on
évapo.re la liqueur à f i c c i t é o n obtient l’acide
arfénique fec. ,On peut encore préparer l’acide arfénique
en chauffant l’oxide d’arfénic avec de l’oxide
de manganèfe. noir ou avec de l’oxide de mercure
rouge 3 dans l’une, & l’autre de ces opérations
l’acide arfénique. eft formé 5 à la vérité avec le
premier on a de l’arféniate' de manganèfe , tandis
qu’avec le fécond le mercure tout-à-fait réduit
paffe à l’état métallique dans le récipient. Quelques
chimiftes ont affûté qu'en diftillant de l'oxide, d’ar-
fénic avec l'açide fulfurique à ficcité , on avoitde
l'acide arfénique j M. Landriani a fur-tout infille
fur cette préparation,. 8c elle ne répugne point
aux principes reçus puifqu'on fait que l'oxide
d'arfénic donne, de l'acide fulfureux , quand on le
traite par ï'acide fulfurique. Enfin M. Pelletier en
décompofant à la manière de Macquer du nitrate
d'ammoniaque par l'oxide d’arfénic & en féparanü
d'abord l’acide nitreux formé en raifon de la fixation
de l’oxigène dans l’oxide, a obtenu de l'acide
arfénique pur en continuant de chauffer l'arféniate
d’ammoniaque8c en en dégageant l’ammoniaquè.
On voit par ce court expofé qu’il y a un grand
nombre de procédés propres à faire obtenir l’acide
arfénique, & que tous ces procédés fe rapportent
à la fixation de l ’oxigène dans l’acide d'arfénic. On
n'a point encore déterminé la proportion de ce
principe qui exifte dans l’acide arfénique, 8c on ne
connoît même pas celle qui, avec l’arfénic, conftitue
l'oxide blanc, & dont la proportion détermine la
limite de l'état d’oxide le plus avancé à celui qui
commence l’état d’acide ; il faut même convenir
que cette limite peut être très-difficile à fixer,
puifque l’oxide d’arfénic. a.déjà quelques caractères
d’acide. Il a même cela de particulier,& qui le
fait différer des autres oxides métalliques 3 ç'eft.
qu’il fait d’une manière moins marquée qu’eux la
double fonction de bafe 8c d’acide, 8c qu’il a bien
plus, de tendance - à jouer le fécond rôle que le
premier: en effet il s'unit bien mieux aux alcalis,
qu'aux acides , 8C il y refte uni bien plus foü-
dement. .
La fixité de f acide arfénique, fi éloignée de Ia.
volatiUté de fexidê gui Sert à‘ le former, eft iw
des cai'a&ères les plus finguliérs dé cette fubftance
faline 5 on peut le tenir fondu dans des creufets
comme un verre , il ne fe fublime plus. Cependant
en le faifant rougir quelque temps il s'en dégage
de l 'air vital, 8c il repaffeà l'état d'oxide en
fe volatilifarit. L’acide arfénique eft un . violent
poifon ; il a plus de caullicité oc d'énergie fur lés
matières .'animale s que n'en a l’oxide d’arfénic, 8c
on reconnoit/ici la force de l’oxigène & la puiffance
de fon action fur l’économie animale.
L’acide arfénique attire l’humidité 'de l’air & fe
diffout facilement dans l’eau. Il fe combine avec
la filice & l’alumine par la fufion , de-là vient qu’il
ronge le verre dés corniies dans lesquelles on le
fait fondre , 8c prend alors une couleur laiteufe ;
quand on le diffout enfuite dans l'eau, il s'en précipite
de la filice. En le chauffant affez dans un
creufet pour le faire bouillir & le réduire par un
grand feu préfque tout à l ’état d'oxide d'arfénic, à
mefure qu'il s'en dégage de^l’air vital, une portion
refte attachée aux parois du creufet , ne fe
fond que difficilement, & préfente une couverte
très-adhérente au creufet. Schéele a trouvé que cet
enduit étoit un compofé d'alumine 8c d’acide arfénique
,' de l’arféniate d’alumine.
Le charbon n’a point d’action fur l’acide arfénique
par la voie humide 8c par la fimple digeftion ;
mais il ën a une très-forte par la voie fèche, 8c en
■ élevant à un certain point fa température. Une
partie d’acide arfénique fec, 8c une demi-partie de
charbon en poudre bien mélangées 8c mifes dans
une cornue de verre , chauffée jufqu’à ce que le
fond de ce vaiffeau devienne rouge, prennent tout-
à-côup feu 8c produifent une gerbe d’artifice très-
bélle j on trouve fublimé dans le col de la cornue de
l’arfénic métallique très-brillant 8c très-pur , mêlé
d’un peu d’oxide d’arfénic blanc. & de poudre de
charbon : il y a toujours un peu d’eau dans le récipient,
& il fe dégage beaucoup de gaz acide.carbonique.
11 eft facile de concevoir la théorie de cette
expérience, quand onënténd bien celle delà formation
de l'acide arfénique. Le carbone à une
haute température , a plus d’attr a£tion .pour i’oxi-
gène : que n’en a l'arfénic 5 il s'en empare donc
avec vivacité, & c'eft à cette combinaison qu'ell
due la décompofition de l'acide arfénique & la
formation de l'acide carbonique. Mais il fe paffe
danscètte décompofition un phénomène qui polirait
préfenter une difficulté pour ceux qui faifif-
fent Bien l'enfemble de la doctrine moderne , 8c
dont l'explication mérite quelques détails ; c'ell
1 inflammation du charbon qui a lieu 8c qui fe fait
même avec violence fuivant l’expreffion de Schéele.
Ees chimiftes françois qui ont créé la nouvelle
doftrine qu’on appelle pneumatique, parce qu'elle
^(len effet fondée fii# une connoiffance approfondie
de l'air & des gaz, penfent affez généralement,
* • que la flamme provient de la lumière qui fe
"e8age de l'air vital à mefure que la bafe pefante
cet air ou l’oüPgène > fe f c 4ao§
les corps combuftiblesjz0. que cëtte lumière,comme
le calorique qui L’accompagne 8c qui lient avec
elle l'oxigène fondu en fluide élaftique, fe dégage
en quantité d'autant plus grande que l'opcigène fe
fixe plus folide 8c fous un plus petit volume dans
les corps çombuftibles î 30. qu'ainfi lorfqu'une matière
inflammable enlève à-un corps brûlé l'oxi-
gène qu'il contient en raifon d'une plus grande affinité
pour ce principe , elle eft par rapport à la
lumière dans l’un ou l’autre des trois cas fuivans ,
1 ’. ou bien elle abforbe l’oxigène à-peu-près dans
un même état de folidité que celui où il eft dans
le corps brûlé, alors le tranfport de ce même principe
fe fait facilement, fans flamme , 8c même à
froid} telles font les rédiiétions des oxides métalliques
diffous dans les acides par d’autres matières,
métalliques; l’oxide d’argent parle mercure,l’oxide
de mercure par le cuivre, l’oxide de cuivre par le
fer ; 20. ou bien la matière inflammable abforbe
l’oxigène plus folide qu’il ne l'eft dans la première
combinaison, &r alors pendant cette ab.forptioh, il fe
dégage de lalumière, 8c du calorique, il y a inflammation,&
c. Telle eft l’inflammation du pnofphore
par l’acide nitrique,par l'acide muriatique oxigené,
-8cc. 30. ou bien enfin la-matière combuftible a be-
foin de prendre l'oxigène plus divifé, plus rare qu’il
ne l’eft dans le • corps brûlé auquel elle l’enlève, 8c
alors pendant que cet enlèvement a lieu , &même
pour qu’il puiffe avoir lieu, non-feulement il ne doit
pas fe dégager de lumière de l’oxigène , il faut au.
contraire ajouter de lalumière & du calorique , il
faut chauffer 8c faire rougir plus ou moins forte-
mentles deux fubftances:c’eft ce qui fepaffe pendant
la décompofition de l’acide phofphorique vitreux
par le charbon, & ce dernier exemple même peut
être appliqué directement ici. il eft très-vraifem-
blable que la combinaifon du carbone avec l’oxigène
01VI’acide carbonique, . qui prend fi facilement la
forme de gaz, contient l'oxigène moins folide que
l’acide phofphorique vitreux, & l’on conçoit bien
d'après- cela pourquoi lorfqu’on veut faire paffer
l’oxigène de l'acide phofphorique dans le carbone,
il faut ajouter beaucoup^ calorique & de lumière ;
mais il Semble y avoir ici un effet inverfe quoique
dans des çirconftançes analogues. En effet l'acide
arfénique paroît contenir l'oxigène beaucoup plus
folide que l'acide carbonique; on en a la preuve
par l’inflammation de l’arfénic qui a lieu dans le
gaz acide muriatique oxigené, tandis que le charbon
ne s’y enflamme pas, & comme on pourroit
concevoir d’après cela que le carbone en abiorbant
l’oxigène de l’acide arfénique fépare encore de la
lumière , quoiqu’il ne femble pouvoir s’y combiner
qu’en y ajoutant ce dernier principe: pourfaire
voir exaélement quelle eft la valeur de cètte difficulté
,/il me fuffira de faire obferver que cette
opinion fur la quantité de lumière diverfe contenue
dans l’oxigène uni à différens corps n'eft fondée
que fur la malle de lumière qu’on voit fe dégager
trè§-diYerfejiiçaç çn effet de Lair vital dans les