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XVIII. L'acide fulfurique décompofé ainfi par
les métaux lorfqu’il eft concentré donne du gaz
fuifureux, & l'acide nitrique du gaz nitreux.
XIX. L'acidè fulfurique étendu d’eau facilitant
beaucoup la décompofition de cette dernière par
les métaux , donne dans ce cas du gaz hydrogène ;
c'eft ainfi que fe comportent principalement les
difïblutiens de zinc_& de fer par l'acide fulfurique
aqueux. L'acide phofphorique fe comporte à-
peu-près avec les métaux , comme le fait l'acide
fulfurique.
XX . L'acide nitrique eft non - feulement décompofé
par plufieurs métaux 3 mais il laifle encore
décompofer l'eau en même-temps que fui. 11
fuffit pour cela que le métal qu'on y -diIfoi.it foie
extrêmement avide d’oxigène ; tel eft fur-tout l'étain.
Dans ce cas l’hydrogène de l'eau en s'unif-
fant à l'azote de l'acide nitrique forme de l'ammoniaque
; voilà pourquoi ces dilfolutions ne
fournilfent point de gaz &: contiennent du nitrate
ammoniacal. On conçoit d’après cela comment la
plupart des dilfolutions des métaux blancs dans
l’acide nitrique 3 donnent des vapeurs d'ammoniaque
quand on y jette de la chaux, vive.
X X L L'acide muriatique n'étant pas fufeepti-
ble d'être décompofé par les corps combuftibles,
ne difiout par lui-même que peu de fubftances
métalliques. 11 n'attaque quelles métaux qui font
alfez avides d’oxigène pour décompofer l'eau ;
aulfi pendant les dilfolutions métalliques par l'acide
nitrique 3 fe dégage - 1 -il toujours du gaz
hydrogène.
XXII. Non-feulement l'acide muriatique n'eft
pas fufceptible d'être décompofé par les métaux,
il a encore la propriété d'enlever l'oxigène à la
plupart des oxides métalliques ; il palfe alors. à
l’état d’acide muriatiqiie oxigené ;' c’eft à cette attraction
pour l’oxigène qu'eft due la propriété de
diftoudre facilement les oxides métalliques dont
jouit cet acide , 8c c'eft pour cela qu'on l'emploie
avec fuccès pour dilfoudrê l'oxide de fer que les
autres acides ne peuvent pas attaquer. Si les oxides
métalliques font furchargés d'oxigène lorfqu’on les
dilfout dans l'acide muriatique, cet acide fait ef-
fervefcence, parce qu'une partie s’en va.en gaz
acide muriatique oxigené. Si ces oxides ne font
qu'au point convenable d’oxidation pour s'unir à
cet jacide 3 ils'fe dilfolvent fans mouvement, fans
effervefcence 3 comme du fel ou du lucre dans
l'eau.
XXIII- Les acides boracique 8c fluorique ne
s'unifient que faiblement aux oxides métalliques
ils ne dilfolvent poifit les métaux purs, parce qu'ils
ne font pas décompofables par ces corps ; mais ils
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font oxider par l’eau ceux d’entre eux qui ont le
plus d'affinité'pour l’oxigène. Il en eft de même de
l’acide carbonique qui fe combine bien avec la
plupart des oxides métalliques, 8c qu’on trouve
fouvent uni avec eux dans la nature.
XXIV. Les acides métalliques font facilement
décompofés par les métaux très-combuftibles ; ils
s’uniffent bien avec leurs oxides, 8c ..on les trouve
Couvent combinés enfembîe dans la nature.
X X V . Les acides végétaux 8c animaux, ou à
radicaux formés d’hydrogène 8c de carbone, ne
font pas décompofés par les métaux ; mais ils rendent
l’eau très-décomp&fable .par ces corps, 8c
ils s’unifient alfez folidement avec les oxides métalliques
; plufieurs font repalfer ces • oxides à
l’état de métaux.
XX VI. Les. oxides, métalliques ne peuvent
s'unir aux acides 8c fur-tout y refter unis , qu’au-
tant qu'ils contiennent des proportions déterminées
d'oxigène ; en-deçà de ces proportions ils ne
s'y unifient point, au-delà ils les abandonnent.
XXVII. Outre cette vérité générale,^il en eft
encore une du même ordre 8c particulière à
chaque acide 8c à chaque métal ; c'eft que chacun
d’eux ne peut refter réciproquement uni,
que dans des limites fouvent très-étroites d'oxi-
dation. Il y a une proportion^ d'oxigène déterminée
dans-la combinaifon d’un acide avec un oxide
métallique.
XX VIIï. C ’eft em vertu de cette loi que les
dilfolutions métalliques expofées à l ’air fe précipitent
8c fetroullent , à mefure que-l’oxide métallique
abforbant l’oxigène atmofphérique devient
peu-à-peu indilfoluble dans l’acide. Telle gît la
raifon des décompofitions opérées par i’atmof-
phère dans la plupart des fulfates & des nitrates
métalliques.
XXIX. Souvent même les oxides métalliques
difious dans les acides, réagifîent peu-à peu lur
ces fels, & -leur enlèvent même dans les vaii-
feaux fermés 8c fans le contaéL de l’air, une-
portion de leur oxigène., en forte qu’ils s'en réparent
bien-tôt 8c fe précipitent au fond des difio-
lutions.
. XXX. La chaleur fâvorife fingulièrement cette
décompofition fucceffive des acides, par les oxides
métalliques. C'eft ainfi que les dilfolutions nitriques
fe troublent ou deviennent de plus en plus
décompofables par T’air 8c par l’eau lorfqu'on les
chauffe ; cela eft fur - tout remarquable pour b
diifoluùon nitrique de mercure.
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XXXI. Il eft des métaux qui ont tant de tendance
pour s’oxider par les acides, qu'ils ne peuvent
pas y refter unis ni former de dilfolutions permanentes.
Ce font fur-tout ceux qui ont la propriété
de devenir acides ou de former des oxides
fufceptibles de s'unir aux alcalis, comffie l'ar-
fénic, le tungftène, le molybdène, l'antimoine,
l'étain, le fer, & c. Auffi voit-on les dilfolutions
de ces métaux dans l'acide nitrique fur-tout, être
toujours chargées de précipités, 8c ne contenir
que peu ou point d'oxides métalliques.
XXXÎL On voit d'après les énoncés précédées
que pour former des fels métalliques, il
faut que leurs oxides relient unis aux acides 8c
ne tendent point à s'en féparer. 11 faut auffi
qu'on n'augmente point leur affinité pour l'oxigène
, ou qu'on ne leur préfente point ce principe
en contaét avec eux.
XXXI1L Les fels compofés métalliques font
toujours ou prefque toujours avec excès d'acides;
ils font d'ailleurs tous plus- ou. moins âcres & ’ cor-
rofifs, ce qui annonce que prefque tous les oxides
métalliques' ont -de la tendance pour deyenir
acides.
• XXXIV. Les propriétés des fels métalliques
qu’il eftimportant de connoître, font renfermées
dans les titres" fuivàris : -
i°. Forme 8c fes variétés ; 2°. faveur & caufti-
cité plus du moins grande; 30. altération par la
lumière ; 4 ’. fufion, delféchemènt, décompofition
plus ou moins prononcée par le ciîorique ;
$?. déliquefcence, effiorefcence ou- décoràpofition
plus on moins complété par l'air ; 6 °. difloïûbilité
dans l'eau à chaud, à froid, décompofition plus
ou moins avancéè par l’eau pure, 8cc. ; 70. décompofition
par les alcalis 8c les terres, nature des
.oxides métalliques précipités, précipitation complété
ou formation de fels triples ou de trifules, en
partie alcalins ou terreux, 8c en partie métalliques;
8°. altération des oxides métalliques préci-
cipités dans le moment de leur précipitation, foit
par l'air, foit par la naturelle l'alcali employé pour
b précipitation, comme cela a lieu pour l'ammoniaque;
90. altération réciproque par les divers
acides, décompofition ou non, attraction des
acides pour les oxides métalliques, changemens
des oxides reconnoiffables à leur couleur ; io°. alteration
par les fels neutres, terreux ou alcalins ,
qui préfentent foit une union fans décompofition,
foit une double décompofition; i i a; aétion réciproque
des fels métalliques les uns fur les autres,
qui annonce ou une union fimple, ou un change-
ment fimple de bafes par les acides-, ou un déplacement
d'oxigène qui précipite les deux oxides,,
1 un parce qu'il eft en partie défoxtdê, l'autre parce
quu eit Juroxidé, telle eft, par exemple, l'utile
précipitation de la difiolution muriatique d'or par
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la dilfolution muriatique d’étain qui fournit le précipite
pourpre de Cajfius j i2°. union avec les fulfures
terreux ou alcalins, formation d’efpèces de mines
fulfureufes.
XX X. V Les oxides métalliques ont différens degrés
d’affinité avec les acides, 8c on peut employer
les unspourdécompoferlescombinaifons des autres.
Mais ce font fur-tout les affinités diverfes,des métaux
pour l’oxigène qui font la caufe la plus importante
du phénomène de la précipitation des diffo-
lutions métalliques. Ainfi plufieurs métaux en
enlevant l’oxigène à ceux qui font difious dans les
acides, font reparoître ceux-ci fous la.foAne métallique
.3 comme le mercure fait pour l’argent, le
cuivre pour le mercure , le fer pour le cuivre, le
zinc pour lé fer, 8cc. Quelquefois les métaux n'enlèvent
point tout l'oxigène aux oxides métalliques
difious dans les acides. Cela arrive lorfque les
métaux précipitans n’ont pas befoin de tout l'oxigène
uni aux métaux difious, pour prendre leux
place dans les acides ; âinfi l’étain en précipitant
l'oxide d'or ne lui enlève point tout l'oxigène qu'il
contenoit,& laifle précipiter ce dernier métal dans
un état particulier d'x>xidation. Les oxides métalliques
en.fe partageant l'oxigène dans une nouvelle
proportion, fe précipitent avec des propriétés qui
méritent d'être mieux obfervées qu'on ne l'a encore
fait jufqu’ici. 1
Application des énoncés de ce titre.
Préparation dé tous les oxides métalliques utiles
aux arts.
Verres colorés, émaux.
Sels métalliques utiles aux arts.
Effets de ces fels dans les arts où onlesemploye.
Dilfolutions 8c départs des métaux.
Précipitation des oxides métalliques par les alcalis
8c les terres. |
Ces applications font en général fi multipliées
8c fi utiles, quelles ne peuvent être bien préfen-
tées qu'à l'hiftoire particulière de chaque métal.
T i t r e d i x i è m e .
F o r m a t i o n e t - n a t u r e d e s m a t i è r e s
v é g é t a l e s .
I. Les matières qui cqnftituent le^iflu des végétaux
diffèrent des fubftances minérales , en ce
qu'elles font d'un ordre de compolition plus complique,
& que toutes étant très fufceptibles de
décompofition ou d'analyfea, aucune ne l'eft de
fynthèfe.
IL II n'y a que le tiflii des végétaux vivans , il
ri'y a que leurs organes végétans , qui puilient former
les matières qu’on en extrait, & aucun inliru