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grands inftrumens j conduira directement à ce qui
pourroit regarder tous ies autres en particulier.
1-e calorique conlidéré comme infiniment d’a-
nalyfe , agit d’abord en écartant* en tendant à
féparer les unes des autres les molécules des corps ;
fi l'on fuppofe que les compofés ont des principes
de differente volatilité7 o u , ce qui eft la même
choie, dont l’affinité pour le calorique foit variée*
©n voit que l’un ou plulieurs de ces principes dif-
fous & enlevés en vapeurs ou en gaz par le calorique,
le dégageront en abandonnant ceux qui font
fixes * & produiront ainfi la décompolition. Le
calorique agit donc d’une triple manière dans
les analyfes ; i" . méchaniquement & en écartant
les molécules des corps * de forte à diminuer leur ’
attraction pour elles-mêmes ; 2°. par fon affinité
propre * fouvent plus conlidérabie pour quelques
principes des compofés*qu’elle n’eft entre ceux-ci;
3 .. en augmentant l’attraélion des principes d'un
compofé pour ceux d’un autre corps voilin * comme
il fe fait pour l’air par rapport à un grand
nombre de corps eombuftibles. Il eft, donc ou l’agent
immédiat * ou le principe déterminant des
décompofitionsou analyfes. Auffieft-ilfiemployé*,
oue les alchimiftes fe qualifioient autrefois du titre
de philofophes par le féu.'
La lumière agit depuis long-temps dans.plufieurs
analyfes * fans que les chimiftes ayent pendant
long-temps reconnu ou même fbupçonné fon influence.
Sans les travaux & les découvertes de
Scheèle * on pourroit même encore l’ignorer;
mais depuis cet homme célébré * M. Berthoilet * :
&. beaucoup d’autres chimiftes * en ont décrit les
phénomènes * & même déterminé l’aétion. Qui
ne fait aujourd’hui qu’une foule de fubftances *
expofées aux rayons du foleil dans'les laboratoires
& les magalîns * s’altèrent * fe détériorent * changent
de nature * & éprouvent enfin de véritables
analyfes par l’influence de la lumière ? L’acide nitrique
devient nitreux en donnant de l’air vital ;
l ’acide muriatique oxigené paffe à l'état d’acide
muriatique ordinaire en perdant fon gaz oxigène;
les oxides d’or * d’argent, de' mercure * font plus
ou moins fenfiblement réduits * ou rapprochés de
l’état métallique* en perdant de même de.s portions
plus ou moins confidéribles de leur oxigène ; l'eau
eft décompofée par les végétaux * & fur-tout par
les feuilles * lorfcu’elles font en même temps plongées
dans les rayons du foleil ; en un mot une
foule de corps fe réduifent en leurs principes * ou
en perdent quelques-uns par le contad de la lumière.
il relie même à cet égard un grand
nombre de travaux* à faire ou plutôt une nouvelle
carrière eft ouverte aux chimiftes * en employant
la lumière comme moyen ou iaftrument d'analyfe.
Tout ce qu’on aobfervé jufqu’auiourdhui fur cet
agent, fe réduit à le faire regarder comme un
corps qui tend à dégager l’oxigène de toutes les
fubftances qui le contiennent, & à faire palier
ces fubftances oxigenées à l’état de corps combuf-
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cibles * confequemment à débrider en quelque forte
les rpatièies qui ont été auparavant brûlées.
L air * inconnu pendant fi long-temps dans fa
nature & dans fes principes * analyfe lui-même' &
avec une grande exactitude * depuis les nouvelles
decouvertes chimiques * eft devenu un des agens
les plus précieux & les plus fréquemment employés
des analyfes. Souvent fon influence fe
borne * il eft vrai * à former comme athmofphère
environnante une.forte de récipient, dans lequel
les^ produits ou les principes dégagés des
compofés s’échappent & s’accumulent; mais il n’en
eftpas moins dans ce cas un agent précieux puifque
fans cet ufage* les corps ne feraient pas auffi-bien
decompofés * ou aulli promptement réduits à
leurs principes. Quelquefois 1 aétion décompofante
del air* dépend de l’eau qu’il tient en diflblution *
& qui eft attirée par les corps qu’on laiflè à deffein
expofes au contaét de 1 athmofphère. Enfin quand
1 air agit comme inftrument de décompolition par
fa propre nature * ou à raifon de fes attractions
propres * c’eft prefque toujours en abforbant l’hy-
drqgène ou le carbone des fubftances très-compo*
fees ou organiques * qui fe trouvent plongées dans
fon milieu. C ’eft ainfi que les feuilles * les bois*
les fruits * &c. expofés à l’air * encore humides ou
contenant encore quelque portion d’humidité *
brunilïent ou noirciffent*par le charbon qui fe mec
a nudà mefure qtie l’hydrogène.qui l’accompagne
dans ces compofés compliqués fe dégage & fe combine
avecl’oxigène athmofphérique. Dans laplupart
des matières minérales qu’on expofe à l’air * il ne
fe paife pas une décompolition comme celle qui
vient d’être citée pour lés fubftances végétales &
animales ; mais au contraire il y a une abforption
de quelques-uns des principes contenus dans l’air,
qui donne plus fouvent lieu à une fynthèfe" qu’à
une analyfei,.. . .
L eau eft de tous les inftruments d’analyfe le
plus employé & le plus utile, foit dans la nature,
foit dans 1 art. Tant de fubftances y font dilfolu-
bles * qu’en appliquant l’eau à une foule de fitb-
ftances, on en fépare fouvent plulieurs principes
qui s’y diffolvent, & on parvient à faire une ana-
lyfe plus' ou moins exaCle. Mais il faut remarquer
ici qu’une' analyfe par fimple diflblution dans l’eau*
& telle qu elle eft annoncée ici* n’eft qu’une fé-
paration fimple de matières plus mêlées que combinées*
& qu’elle n’équivaut prefque qu’à un
moyen méchanique, au moins dans un grand
nombre de cas* tels particulièrement que l’ana-
lyfe des terres* des cendres, des réfidus. d’eaux
minérales, &c. * que prefque jamais l’eau ne
fert à féparer les principes fortement unis de
quelque compofé naturel, au moins en reliant elle-
même dans fon intégrité & fans réparation de
principes; que lorfqu'ëlie opère une pareille réparation
, c eft en éprouvant elle-même une dëcomJ
pofition complette, de forte qu’il'y a dans ce cas
prefque toujours une double analyfe. en même-n
•temps
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temps qü*mie double attra&ion ; cJeft ainfi qtie par
a n t s'opérer plufieurs décompofitions lpon-
tanées des matières végétales ou animales,, &
fpécialement la putréfa&ïon. On voit donc que les
chimiftes n’avoient point aflfez diftingué autrefois
les efpèces d’analyfe, lorfqu’ils regardaient l'eau
comme un des plus grands moyens qui fuüent à
la pofleffion de l’art pour les opérer i & qu'ils con-.
fondoient prefque les analyfes méchaniques avec
celles qui fuppofent une attraction plus forte &
une aCtion plus puiffante en général.
Les alcalis n'ont pas été employés autrefois par
les chimiftes dans l'intention d'analyfer les fubftances
auxquelles ils pouvoient les appliquer 5 il eft
vrai que c’étoit alors faute d’avoir une connoif-
fance exaCte de l'état de pureté , & fur-tout de
l'extrême énergie de ces corps. Aujourd'hui fi
l’ufage des alcalis n'eft: pas toujours auftx fréquent
que celui de l'eau & des acides , c'eft que leur
force eft trop aCtive, c'eft qu’ils exercent leur
puiflancè diflolvante fur trop de matériaux à la
fois, pour pouvoir éclairer convenablement fur
la compofition des corps. En appliquant la po-
taffe ou.la foude pure ou cauftique, aux matières
végétales ou-animales, ces alcalis diffolvent, sUls
font très-concentrés, toutes ces matières à la fois.,
fans en féparer les principes ; toute la maffe organisée,
eft ramollie, fondue, complettement dif-
foute, & quoiqu’on fâche par des expériences
exaCtes que la partie albumineufe eft celle, fur laquelle
les alcalis purs portent plus volontiers leur
aCtion, & qu'ils épargnent en général ou touchent
beaucoup moins fortement la matière fibreufe,
c'eft fouvent avec la plus grande difficulté qu'on
en tire .parti, pour opérer quelque réparation de
principes dans les matières organisées ; il faut pour
cela les prendre plus ou moins étendus d'eau, &
employer différens degrés de chaleur. Ils n'ont
encore été que peu adoptés parmi les moyens d'a-t-
nalyfe, fi ce n'eft pour enlever quelques acides;
contenus dans plufieurs matières de l'un ou de
l'autre des trois règnes de la nature. On mefure
ou on eftime la quantité de ces acides par celle
des alcalis qu'on eft obligé d'employer pour les
faturer. Le plus fouvent on les fait Servir- à la de-
çompofition des fels neutres, ammoniacaux, terreux
ou métalliques. Quelquefois les. alcalis fer- •
vent à décompofer quelques fubftances ■ & à en
ieparer les'premiers principes, Soit médiatement,
foit immédiatement : c'eft ainfi, par exemple,
qu'ils tendent à faire décompofer l'eau , tlprfqu'on'
traite par ce liquide tenant un alcali cauftique en ;
diifolution, des métaux, des alliages métalliques,
des fulfures, & c. ÎI eft vraifembiabier que lorsqu'on
connoîtra mieux la naturp intime des alcalis
fixes, ils feront encore bien plus utiles, aux analyfes
qu'ils ne l’ont été. jufqu'à prefent. Quant à
l'ammoniaque,.cette; efpèce d'alcali eft devenue
entre les mains des chimiftes. modernes un des
foftmmens les plus précieux d’analyfe, par. la fa-
Chimie. Tome IL
A N À ià y .
cilité que préfente fon hydrogène de fe^ féparer
de l’azote ,& d'enlever des portions d'oxigène
plus ou moins abondantes aux corps qui contiennent
ce principe > ainfi elle- fert avec beaucoup
d'avantagés pour décompofer les oxides métalliques,
l'acide muriatique oxigené , &c. a
Les acides font depuis long-temps à la tête des;
inftrumens mis en ufage par les chimiftes, pour
obtenir la réparation & faire l'anaiyfe d un grand
nombre de corps. On a cependant commis de
grandes erreurs par rapport à leur ufage, o i n
penfé depuis l'époque brillante de Stahl, jufqu a
celle des découvertes modernes fur les gaz, que
les acides fervoient à dégager le phlogiftique des
métaux, & conféquemttient à en faire une véritable
analyfe, tandis qu'il eft au contraire reconnu
que ce font lès métaux qui opèrent vraiment la»
décompolition des acides, & fur-tout de 1 acide
fulfurique & de l'acide nitrique. Depuis la decouverte
de ce dernier fait, l'ufage des acides dans
les opérations analytiques de la chimie, eft devenu
beaucoup plus, clair & beaucoup plus utile
en- même-temps. En cônfidérant en général 1 action
que ces fêis exercent dans l'anaiyfe de tous lés
corps à laquelle on les fait fervir, on peut partager
en deux genres cette aétion /quelque diverfe
qu'elle paroiffe. Le premier genre comprend tous ’
les cas où les acides n'éprouvent eux-mêmes aucune
altération, & ne font que diffbudre ou fé-
.parer :des principes qui fe-trouvent dans plufieurs-
compofés 5 telle eft l'a&ion qu'exercent les acides
■ fulfurique , muriatique , acéteux, &c. ,< ;fur les
terres, les pierres^ les réfidus d'eaux minérales
| évaporées-3. les cendres des; matières végétales &
animales, toutes fubftances auxquelles on applique
les acides, pour en féparer les principes terreux
, alcalins & métalliques, qui y font fouvenc
contenus en plus ou moins grande quantité,
ipour en former: des fels neutres qu'on reconnoit *
jenfuite. a leurs propriétés ou à leurs caraélères
diftinébifs. Souvent dans’ ce premier genre d'action
qu’on peut rapporter à une* fimple diffolu-
tion, les acides que l'on employé commencent
par en déplacer d’autrés plus foibles qu'eux i c'eft
fur-tout l'acide carbonique, qui, plus fréquemment
uni,aux matières alcalines ou terteufes , cède ces
njatiè^es. aùx acides muriatique ou acéteux qu'on
y employé ordinairement, & fe dégage en gaz
] annoncé par une èfferyefcence plus ou moins forte.
Le fécond genre d'aétions que produifénr les acides
dans les décompofitions auxquelles on les def-
tine, renferme tous les cas où les acides •eux-mêmes
font décompofés & cèdent un de leurs principes
qui le plus fouvent eft l'acidifiant ou l'oxigène;
c'eft ainfi qu'agiffent en général fur tous les corps
eombuftibles les acides fulfurique & nitrique >
c’eft au milieu .& par l ’effet même de cette dé-
compofition des àcides que l'on fépare l'argent de
l’or & du platine / l'étain du. plomb, le bifmuth
d'un .grand nombie d’autres métaux., & le foufre
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