
j SjS B E.Z'
Il y a au centre des globules du granitèle globuleux
, un noyau de granitèle fimple, & autour
de ce noyau, des couches fuccelfives, plus ou moins
epaifles.deichorl ou de quartz, ou mélangées de
ces deux fùbftances en différentes proportions.
On peut avec beaucoup de vraifemblance fe faire
une idée des caufes qui ont fourni cés deux
fùbftances, & qui les ont difpofées par couches
autour d’un noyau. L’eau mine des rochers, en
détache des fragmens/ elle brife ces fragmens en
•les charriant, & fe charge de leurs molécules.
Dans cet état on lui donne la dénomination defuc
lapidifique, parce qu’elle forme des pjerres par le
dépôt des molécules quelle ten'oit en fufpenlion.
Ces molécules s’infinuent entre les fragmens de
pierres qui ont déjà été entraînées au fond de l’eau,
s y attachent & en font des mafles de pierres.^ Si
ces fragmens & cès molécules font de quartz/il y
aura des carrières de quartz } fl ils font de fchorl,
il! y aura des carrières de fchorl fpathique 5 fi des
fragmens de quartz & de fchorl ont été en même-
temps charriés par l’eau, celle-ci formera par le
dépôt de ce mélangé une carrière de granitèle :
on peut entendre de cette manière la formation
des pierres mélangées confufément, campofées de
plufieurs pierres de natures différentes j mais comment
les mélanges réguliers peuvent-ils fe faire
par couches diftin&es, planes ou circulaires ?
Pour avoir une opinion vraifemblable fur ces
deux objets, il faut confidérer que les fragmens de
pierre que l’eau entraîne , & les molécules qu’elle
dépofe , ne. font pas de même nature par-tout &
en tout temps. Cette variété dépend de la nature
des rivages que la mer entame , & des vents qui
dirigent fes flots. Ainfile flot qui viendra d’une
îive formée par du quartz ou du fchorl, entraînera
des fragmens de l’une ou de l’autre de ces pierres
, & fera chargé de leurs molécules. Tant que
le même;vent durera, le dépôt des eaux delà mer
fera le même dans les lieux où l’attion de ce vent
s’étendra. Mais dès qu’il s’élèvera un autre vent
fur les mêmes eaux, leur cours changera, & leur
dépôt fe fera dans d’autres lieux & fur des dépôts
d’autres fùbftances qui l’auront précédé. Ainliily
aura deux couches de différentes fùbftances pier-
reufes l une fur l’autre-., elles feront planes , fi la
dire&ion du flot eft en-ligne droite j ee qui fe fait
le plus fouvent. Mais lorfque. l’eau reçoit différentes
impulfions, & que fon mouvement eft compose
5 fon dépôt ne peut pas former des couches planes
; fes parties étant agitées en differens fe.ns,, fa
furface eft irrégulière ,, convexe ou concave en difl-
férens endroits. Un mouvement de 1 eau circulaire
& rapide doit faire rouler, tourner en rond , &
même foulever. des corps pierreux an fond des rivières
ou delà, me.r. Si l’eau eft chargée de molécules
pierreufeselles, s’attacheront à ces corps
folides, quoiqu’ils foienten mouvement, & fornieront
tout autour dos co.ueh.es additionnelles. Je
B E Z
vais donner de$ preuves évidentes & palpables de
cette aflertion.
11 fuffit de faire voiries incruftationsqui fe trou-
•vent dans des conduites d’eau, fur le lit de certains
ruifleaux, autour des plantes qui ontétéfub-
mergées par une inondation, &C. .I1 eft certain que
ces incruftations fe font formées dans l’eau, 8q
même dans l’eau courante. On a auffi la preuve
que plus le mouvement de l’eau a de force, plus
.ces incruftations ont de folidité & de dureté. Les
eaux de là montagne de Saint-Fivra en Tofcane,
près de Sienne, dépofent des matières calcaires ou
gypfeufes dont elles font chargées. On fait tomber
ces eaux d’aflez haut fur Un plan d’où elles rejail-
liffent de tous côtés contre des modèles de médailles
& de bas-reliefs, placés
qu’elles incruftent j plus elles jailliflent avec force,
plus la matière pierreufe qui s’attache aux modèles,
a de confiftance , & mieux elle prend l’empreinte
de fes moules. Sans la force du jailliffe-
ment, la matière de l’incruftation refteroit poreu-
fe & friable. Ces faits prouvent que le mouvement
de. l’eau n’empêche pas qu'il ne fe forme des
incruftations au milieu de ce fluide.
Refte à prouver comment ces incruftations peu?
vent prendre des formes rondes ouarrondies, telles
qu’on les voit fur les bézoards & les concrétions
que l’on a appellées méconites ,. profites dragées
de Tivoli \ en effet celles que les Italiens ont nom-
; mées confetti di Tivoli y reflemblent fi bien à des
dragées, qu’on les prendroit pour des anis au premier
coup-d’oeil. -Le procédé que fuivent lescon-
fifeurs pour faire des anis dans un firop de fucre,
peut donner quelque idée de la maniéré dont fe
forment les concrétions rondes dans l’eau.
On met au fond d’une bafline desgraines d’anis,
de coriandre ou de céleri j on verfe defius un firop
de fucre,. on agite continuellement ces graines avec
une fpatule de bois, pour les empêcher de fe coller
les unes-contre les autres. Le, mouvement que
la fpatule communique au firop de fucre, fuffo
donc pour donner de la rondeur à la. concrétion
que le fucre. forme autour des graines. Le mouvement
circulaire de l’eau eft encore plus favorable,
pour donner une-forme atrondie aux'concrétions
pierreufes qui fe forment autour des corps folides
que l’eau agite & fouiève, comme il arrive dans
les lieux où il y a un remoux , ©u dans l’urine que1
les.mquvemens.du corps de l’homme & des animaux
agitent dans leur veflie.
Il fe fait un remoux, lorfque durant lès marées
l’eau de la mer s’oppofe au courant dès fleuves à»
leur embouchure,, ou lorfqu’une rivière entre dans
une autre.. 11 y a auffi, des remoux caufés par d autres
obftajdes qui détournent le eours. de l’eau,
.tels qu’un- angle, rentrant dans le bond d’une rivière,,
une île au milieu de- fes eaux.,, une baie dans
le rivage de la, mer1, la rencontre des courans eu
différentes, directions. ; enfin, toutes les circonltan-
. ces qui cenu^ieaç ou qui.augmentent le mouve-
B E Z
nient de l’eau, les détroits de la met,: les arches
fies ponts i entre leurs piles, le cours de l’eau eft
ferre, & par conféquent accéléré r au fortir de ce
détroit, l’eau fe,porte de chaque côté, & fait un
tournoiement dont le centre eft marqué à fa fur-
face par une concavité en forme d’entonnoir ou
d’ombilic. Les ' tournoiemens qui fe font dans la
m e r ,-doivent produire de très-grands effets î ils
caufent des abîmes 5 ils doivent foulever des corps
folides les foutenir au centre de leur rorar
tioh...i’
Lorfque le noyau d’un globule de granitèle fe
trouve ainfi foulevé & agité au milieu d’une eau
! chargée de molécules de fchorl ou de quartz, ces
; molécules s’attachent autour de ce noyau, & forment
des couches fucceffives, dont les furfacés
doivent êtreipolies par le frottement de l’eau La
fubftance des couches fera, différente, lorfque l’eau
leur fournira des molécules d’une autre nature,/
ce changement doit arriver néceffairement, toutes
les fois que l’eau'fouille un nouveau terrein dans
l’abîmè'Ou dans les rives qu’elle entame, oulorf-
[ que le vent l’amène d’un rivage dont le terrain
eft de'nature différente. Il réfulte de toutes ces
caufes* que les couches des globules du granitèle
1 doivent être concentriques^ & varier par la natu-
[ redeleur. fubftance , & par leur groffeur & leur
I épaiffeur , & de plus, la nature. & l’épaifleur des 1
couches ..doivent fe correfpondre dans les globules
[ qui font formés en.même-temps & en même lieu
r on reconnoît aifément tous: ces caractères dansde
K globules du granitèle.
J’ai beaucoup infifté fufJeur formation, parce
I que c’eft une opération fréquente -dans, la nature ,
1 & qui,produit de.grandes mafles. Il y aides carriè-
I res.de: pierre calcaire , eompofeé’ de très-petits
I globules,. il y ea a auffi de différentes grofleurs.
I Les globules/après avoir été £0menus dans l’eau,
K pendant leur formation au centre d’un mouvement
! de rotation /s^écartent.deée centreèpar.ridifféren
K tes circonftances 5 alors ils tombent néceffairement
K au-fond de la rivière ou de là mer 3 & entrent dans-
£ Ie dépôt qui s’y trouve , en. font entourés^,. <& s’y
■ wcorporear. Si ce dépôt eft propire..à faire du gra-
■ uitele& fi les globules fontxomppfés de.couches 1 de fchorl fpathique de quartz , c’éft un.jgra*
I uitèle,globuleux.
I Tous les bézoards font compofés de couches,
I concentriques 3 & plufieurs’ ont an .centre un. corps
Ietranger qui eft le noyau fur lequelporte leurpre-
I ntiere couche v on a .trouvé dans les bézoards oriem.
I taux- des marcaflites, du talc, des cailloux, du
I gravier 3 desv pailles, des brins.d’herbes , du bois,
joes feruences; de plantes reflemblantes à celles des
[pnaXe©Ies,. des hoyaux de cèrifes/dè mkpbolans/
IP ^ tamar^ns > Ae T acacia d’Egypte 3. &c.,
I -es différentes fùbftances principalèmenr les.)
i ef ■QeflCeS p^a n t e s au centre des bézfoards ■>
I J Ientaux ^donnent dieu de croire qu’ils ‘ fe for-
I eht dans l’eftoraach qu dans les inteftins. des ani’ i
B E Z 557 maux. Ca r , s’ils fe trouvoient dans la véfîcule du
fiel., dans les reins, dans la veflie ou dans les au-
trés cavités du corps , ils n’auroient pas fi fouvent
pour n.oyau des fùbftances qui ne peuvent y pénétrer
que par des. accidens & des hazards fort
extraordinaires. Au contraire ces fùbftances entrent
aifément avec les alimens dans l’eftomac &
dans les inteftins. J’ai trouvé dans la panfe des
bqeufs .que j’ai diflequés , ■ grand nombre de graviers
qui auroient pu fairé le noyau de plufieurs
.bézoards.
BonriuS dit qye les bézoards;orientaux font dans
le vent're. des animaux' qui les produifent 5 il y a
de ces animaux .dans différentes provinces de la
Perfe. Koempfer s’étant informé de ce que l’on
penfoit dans ce pays 3 au fui et de la partie des animaux
xlans laquelle le bézôard fe forme, rapporte
que e’eft le pylore ou le fond du quatrième efto-
n?ac > que fi le bezoard ne s’y engendre pas , au
mpins il y féjourne, & y prend d; l’accroiflement,
que s’il n’eftpas bien engagé dans les plis de
! e,ftornac, il pafle par le pylore , il fuit le cofifluit
rnteftinal, & il fort avec les excrémens 5 mais ces
faits-ne font pas prouves. Aucun obfervateur n’a
ouvert: un animal portant des bézoards ,■ pour lavoir
précjfétnent quelles parties les renferment.
Koempfer n a traite du bézoard que fur des récits
donp Ia-plüpart font peu vraifemblables.
rilfal fait une obfervation qui peut donner lieu
de -préfûmerque les bézoards-fe1 forment dans l’efr
tomac ou dans les inteftins des animaux. J'ai remarqué
fur les dents mâchelières des ruminans '
tels que lés boeufs, les béliers , les boucs/les
buffles /les gazelles ? les cerfs, les daims, les’che-
vrquils, &c. une couche de matière noirâtre 6c
lui fan te, y ayeeides teintes brillantes qui paroiffent
.etre.durées & bronzées; dans les endroits ou cette
matière: a de 1 épaifleur y elle recouvre un tartre
blapchatte., J'ai auffi vu,.fur plufieurs bézoards
occidentaux , une, couche de matière reffemblafite
a celle qu-i revêt les,dents mâchelières des animaux
ruRuuans elle aies mêmes couleurs & les mêmes
teintes brillantes & dorées ; cette matière ne peur
venir que des herbes-que broutent les animaux &r
q,u;ils mâchent, lorfqu'ils ruminent ;■ les files qu'ils
enye'xpiiiinent s’attachent à leurs dents & y forl
ment une, forte de tartre analogue aux lues concrets
des herbes crues,,:dont .ils fe nourrifTènr.,
9 y Çe »eut. guère douter que les mêmes lues qui
s'epaiffilfent & fe durcilient fur les dents des animaux
ruminans, neis'épaiffiffenr & ne fe durcif-
fent auffr fur la furface extérieure des couches des
bézoards qui fe trouvent dans leurs eftomacs oui
dansdeurs inteftins, puifquedes bézoards occidêrr-
taux,;font revêtus d'une matière r-effemblantê &
celle qui revêt, les dents,. & que le- caraétère lîn-
gulier. des reflets dorés &. bronzés, eft auffi. éclatant,
fur .les-, bézoards, que ferries', dents.. Les:bé-
zoards orientaux iront point de ces reflets mais
leuf furface. eft auffi Mante que celle de k ma