
fini té de L’acide fulfurique avec l’alcali de cet arfé-
nic, plus grande que. celle de l’acide nitreux de la
dilfolution de cuivre avec ce même alcali. Si au
contraire ce fel précipite'facilement le fer diffous
dans Wci&Q nitrique 3 & difficilement la dilfolution
de vitriol vèrd3 c’eft qiielefer a une union moins
forte' avec l’acide nitreux /qu’il n’en a avec l’acide
vitriolique. De même en envifageant la chofed’un
autre côté, pourquoi ce fel précipite-t-il avec facilité
la dilfolution de vitriol bleu, tandis qu’il précipite
avec peine celle du vitriol vercL ? Cfeft que le
fer tient plus fortement à l’acide vitriolique, que
n’y tiènt le cuivre. Et pourquoi ce même fel pré-
cipite-^t-il plus aifément la dilfolution de fer dans'
l’acide nitreux3 8c avec difficulté celle de cuivre
dans le même acide? C ’eft que le fer a plus d’affinité
avec l’arfénic de ce fel qüe n’en a le cuivre.
Il n’y a rien, comme on voit, dans ces différens
effets, qui ne foit parfaitement d’accord avec les
règles des affinités déjà indiquées pour la plupart
par feu M. Geoffroy, 8c meme qui ne tende à les
confirmer.
La dernière réflexion que j’ai à faire fur nos précipitations
métalliques, aura pour objet la couleur
en laquelle l’argent dilfous dans l’acide nitreux eft
précipité, tant par le nouveau fel neutre arfénical 3
que par Yarfénic fixé par la méthode ordinaire. Il
eft très-fingulier que cet argent foit de couleur de
pourpre. On pourroit croire avec affez de fondement
que ce précipité a. de la reffemblançe avec
une mine d’argent, nommée par les minéralogiftes,
minera argenti rubra. Car il eft certain que cette
mine, & le précipité dont'ft s’agit actuellement,
font l’un & l’autre une combinaifon d’argent avpc
l ’arfénic. Cependant comme cette mine d’argent
contient aufïi une certaine quantité de foufre, 8c
qu’on fait d’ailleurs que le foufre joint à l’arfénic
peut lui donner une couleur rouge, cela
pourrait faire foupçonner que la couleur de ces
deux combinaifons , je veux dire de la mine 8c du
précipité, vient de deux caufes différentes , car
ce dernier ne contient point du tout de foufre j au
reftece précipité d’argent mérite bien un examen
particulier, dont je me propofe de rendre compté
dans un autre mémoire. Je mp contenterai de dire
ici que. l’ayant mis fur des charbons ardens, il
s’en eft élevé une grande quantité de vapeurs d’ar-
fénic , 8c qu’à mefure que l ’arfénic s’eft ainfi dif-
fipé, la couleur rouge de l’argent s’eft évanouie,
enforte que lorfqu’il ne s’eft plus élevé aucune vapeur
, l ’argent m’a paru avoir repris fa blancheur
ordinaire.
Cette couleur ne m’a pas été inutile. Car ,
comme jfai avancé quel’arfénic peut fe joindre
avec les alcalis d’une manière encore différente
de celle dont il eft combiné avec eux, tant dans
le nouveau fel neutre arfénkal que dans l’arfénie
fixé ordinaire , & que j’ai remarqué que c’eft tou-
joajs en couleur rouge que l’argent eft précipité
par .un alcali quelconque, quand l’arfémc eft joint
avectre même alcali, comme il l’eft dans ces deux
combinaifons, cela m’afervi à diftinguer dans toutes
celles que j’ai faites, quelles font celles qui
leur reffemblent à cet égard.
Je viens de dire, 8c je l’avois dit plus haut , que
L arfénic peut fe combiner avec les alcalis de différentes
manières, 8c qu’il avoit des propriétés différentes
, fuivant la manière dont il y eft: joint.
V oici l’exemple que j’ai promis d’en donner. J’ai
fait diffoudre de Yarfénic dans une leffive bien chargée
de nitre'fixé par les charbons, il s’y en eft
diffous à la faveur du feu, une quantité affez con-
fidérable j la liqueur, à mefure qu’elle s’ eft chargée
d’arfénic, eft devenue d’une couleur brune, & a
acquis une confiftance & mn degré d’épaifliffement
comme de la colle-forte. Tant qu’elle a eu un peu
de fluidité, elle s’eft chargée toujours de nouvel
arfénic, 8c n’a ceffé d’en prendre que lorfqu’elle
eft devenue prefqué folide. Cette combinaifon a
une odeur defagréable, mais dont il eft affez difficile
de donner une jufte idée 3 je l’ai nommée foie
et arfénic. Ce compofé , en réfroidiffant, devient
dur 8c caffant, fur-tout lorfqu’il eft bien chargé
d’arfénic 3 car il a quelque propriété différente que
je ferai, remarquer par la fuite, à proportion de
la quantité d’arfénic qu’il contient. Je parle ici de
celui qui en contient le plus 5 il attire en quelques
jours l’humidité de l’air, 8c redevient vifqueux
de dur qu’il étoit d’abord en fe réfroidiffant. Il f®
diffout facilement dans l’eau, 8cc.
J’ai auffi expofé au feu dans un creufet le foie
d’arfénic en entier 5 il s’y eft fondu très-promptement
& à une légère chaleur, jettantbeaucoup de
vapeurs arfénicales, mais qui rie m’ont pas paru
avoir une odeur d’ail auffi forte que celle de l’arfénic
pur. Quand la matière a été en parfaite fu-
fion, j’en ai retiré une portion qui s’eft trouvée
être, un verre, fort tranfparent 3 j’ai continué à pouffer
le feu, 8c l’ai même augmenté confidérable-
1 ment. Les vapeurs arfénicales ont encore continue
[ à paroître pendant quelque temps , après quoi elles
j ontLeaucoup diminué ,, 8c j’ai remarqué pendant
ce temps qu’à mefure qu’il fe diffipoit des vapeurs,,
h matière contenue dans le creufet devenoit moins
fufible,. en forte que fur le feu , quoique le feu
fut beaucoup plus fort, elle avoit perdu beaucoup
de fa fluidité 5, l’ayant retirée du feu , il s’eft trouve
que c’étoit une fubftance vitrifiée , mais différente
de la première,. en ce que ce n’étoit plus un verre
tranfparent, mais opaque & laiteux. Ce changement
vient vraifemblablement de ce que la matière
la- plus vitrifiaMe 8c la plus fufible s’eft diffipée en
fumée pendant l’opération, d’où il eft arrivé que
la matière la plus fixe 8c la. moins fefibie eft demeurée
en plus grande proportion, & a ôte au
verre fa fufibilité 8c fa tranfparence. La diffolution
de foie et arfénic faite par l’eau, eft précipitée
, le champ ea blanc par. tous les acides 5 ce. qui n as~
fond, 8c qui n’eft quede l’arfénic pur qui fe fépare
de-lui-même.- La liqueur, à mefure qu’elle s’eft
évaporée , a acquis de l’épaiffiffement, 8c enfin a
ceffé de former cette croûte àrfénicale : je ne dé-
fefpere pourtant point d’ën obtenir des criftaux ,
en variant-ce procédé.
On reconnoît à la leéhire de cet extrait du mémoire
rive point au nouveau fel neutre arférikal, comme
je J’ai fait voir. C e précipite blanc n'ëft autre cho,fe
aue l’arfénic même qui étoit joint avec l’alcali, &
qui en eft chaffé par les acides. Il faut cependant
remarquer que quand l’alcali n’a diffous qu’une,
petite quantité d'arfénic, il ne fe forme point de
précipité fenfible, quoiqu’on ajoute une quantité
é’acidè fuffifante pour faturer l’alcali.
Comme il paroït par ces expériences que l’arfé-
nic eft uni moins intimement avec l’alcali dans le
foie d’arfénic que dans \efel neutre arfénical, il eft
naturel de préfumer que ce foie et arfénic précipite
toutes les diffolutions métalliques 5 auffi n’y "err r
a-t-il aucune fur laquelle il n’ait a&ion. La diffolution
du fer dans l’acide nitreux 8c celle de vitriol
verd 3 font précipitées en iferd obfcur 8c fale 3
celle de cuivre dans ,1e même acide, 8c celle de
vitriol bleu en beau verd de pré 3 le plomb, l’argent,
le mercure, le zinc, le bifmuthdiffous dans
l’acide nitreux, font précipités en beau blanc, auffi-
bien que le mercure fublimé-corrofif5'& la diffolu-
tion d’ôr eft précipitée en jaune orangé.
On peut remarquer dans ces précipitations deux
différences effentielles d’avec celles qui font faites
par le nouveau fel neutre arfénical : la première eft
que le foie d’arfénic précipite la diffolution d’or 8c
le fublimé corrofif, quoique fon alcali foit parfaitement
faturé d’arfénic, ( car il ne verdit point le
firop de violettes) , précipitation que n’opère
point le nouvéau fel neutre 5 & la fécondé qui eft
encore plus remarquable , c’eft que l’argent, au
lieu d’être précipité en couleur de pourpre, conj-
meil l’eft parles arfini es fixés, eft précipité en
blanc par \efoie et arfénic, 8c que cela arrive toujours
& conftamment de même, quelle que foit la.
proportion d’arfénic qu’on ait fait entrer dans cette
combinaifon.
Ces deux différences qui ffe trouvent entre les
effets produits fur les mêmes fubftances par les
arfénics fixés 8c le foie d’arfénic s font' la preuve de
| ce que j’ai avancé dans mon mémoire, favoir, que
l’arfénic peut être combiné avec les alcalis de plu-
, fleurs manières, enforte qu’il préfente des phénomènes
abfolument diffemblables. On voit ici qu’il
n’eftpas indifférent d’unir enfemble ces deux fubftances
par la voie fèche ou par la voiè humide ,
: Quoique cela le foit à l’égard des acides qui pro-
duifent toujours les mêmes effets , quand on les a
unis avec les alcalis ,. foit de l’ùne, foit de l’autre
manière..
Si on calcine; le foie d’arfénic dans un creufet,
il devient fèmblable à l’arfénic fixé ordinaire 3 &
précipite l’argent en couleur de pourpre.
•Len ai diffous dans l’eau, 8c j’ai laiffé la diffolution
filtrée en évaporation à Lair libre 5. elle ne
m ap^ntjdonné de criftaux 3 il s’eft feulement for-
j||| a la furface de la liqueur une croûte mince. 8c
blanche qui s’eft enfuite caffée 8c précipitée au
de Macquer, que, tout en faifant une découverte
importante, il n’en a pas tiré tout le parti
poflible, 8c qu’il y a même laiffé beaucoup dobf-
curité. L ’état de la chimie en 1746 ne permettoit
pas à Macquer non-feulement de trouver la diffé-
-rence que pouvoit faire naître l’acide nitrique ,
mais même de la deviner. Il devoir croire que
l’oxide d’arfénic combiné immédiatement à la potaffe,
étoit à-peu-près dans le même cas *que cet
oxide uni au même alcali, après avoir décompofé
le nitre. Auffi a-t-il commis fur les différences de
l’arfénic fixé, du foie d’arfénic où arfénite de potaffe
8c de fon fel neutre, arfénical ou arféniate de
potaffe, des fautes effentielles 3 mais elles n’ont pu
être fenties & détruites que d’après les décou-
I vertes de l’acide arféniquè 8c de fa formation par
le moyen de l’acide nitrique. Il eft difficile de concevoir
comment Macquer a pu affurer que les
acides minéraux ne decompofoient point fon fel
neutre arfénical, parce qu’ils ne formoient point
de précipité dans fa diffolution. S’il avoit évaporé
ces mélanges, il auroit recônnu cette décompofî-
tion, en obtenant les fels que forment les acides
avec la potaffe , 8c il eut alors découvert l’acide
arfériique. Mais préoccupé de la précipitation de
l’oxide d’arfénic uni aux alcalis par les acides, 8c
ne voyant pas de précipité qu’-il fe figuroit devoir
arriverai! y avoit décompofition j il en a conclu
qu’il falloit une affinité double pour le décompofer-r
On ne peut cependant méconnortre le germe des
découvertes faites par Schéele 8c d’autres modernes
fur l’arfénic dans le mémoire de Macquer 9
8c c’eft pour cela que j’ai cru devoir en configner
ici un extrait»
L’arfeniate de potaffe eft employé, à ce qu’il ! paroït, comme mordant dans les teintures 5- car
M» Baumé en a préparé en grand d’après les de^-
mandes des manufa&ures 3, mais on ne fait point
encore à quels ufages on le deftine»
A rséniate d-e sitrcE. Il n’y a pas , à propre- .
ment parler, d’arféniate de filice ou de fel mo'yen,.
de fel neutre formé par l’acide arféniquè 8c par la
, filice. Schéele a prouvé que l’acide arféniquè liquide
n’agit pas- fur le quartz en pouflîère fine , teï
qu’il eft , lorfqii’on l’a précipité de l’alcali par un»
acide. Après avoir fondu dans une cornue l’acide-
arféniquè. fur de la filice, 8c Lavoir lavée pour re~
diffoudre l’acide la terre s’eft trouvée pure &
n’ayant fi en perdu». Cependant en faifant fondre
l’acide arféniquè dans un creufet de terre, le verre
qui en réfulte eft opaque , 8c contient un- peu de