
H A L C
L'acide acétique , eft le feul acide végétal
qui décompofe fenfiblement l’alcool , & forme
de l ’éther avec autant de facilité . que les
acides minéraux , comme l’a découvert M. de
Lauragais. 11 fuffit pour cela de verfer dans une
cornue du vinaigre radical ou de l ’acide acétique
fur partie égale d’alcool. Il s’excite une chaleur
confidérabîe ; on met la cornue fur un bain de
fable chaud, on y adapte deux récipiens, dont le
dernier plonge dans l ’eau froide ou dans la glace
pilée 5 on fait bouillir promptement le mélange ;
il paffe d’abord un alcool déflegmé, enfuite l ’éther
, & enfin un acide qui devient d’autant
plus fort que la diftillation avance davantage j il
relie dans la cornue une maffe brune affez fembla-
ble à une réfine. On a foin de changer de récipient
, dès que l’odeur éthérée devant âcre &
piquante , & on recueille l ’acide à part. On rectifie
l'éther acétique avec de la chaux éteinte à
une chaleur douce j il s’en perd beaucoup dans
cette opération. C ’eft à l’excès d’oxigène, contenu
dans l ’acide acétique ou vinaigre radical ,
qu’eft due la formation de cét éther. Schéele
dit n’avoir pas pu réufiïr à préparer 1 ether acétique
par le vinaigre radical uni à l ’alcool , & ne
l’avoir obtenu qu’èn ajoutant un acide minéral.
M. Poerner avoir déjà fait la même remarque fur
la difficulté d’obtenir de l’éther acétique ,. par le
procédé de M. Lauraguais. Cependant beaucoup
de chimilles françois ont exécuté ce procédé , &
je puis alfurer l’avoir répété moi - même avec
fuccès.
M. de la Planche prépare fether acétique-, en
verfant fur l'acétite de plomb nitroduit dans une
cornue de l’acide fulfurique concentré & de l’alcool
: la théorie & la pratique decette opération
font abfolument les mêmes que celles des éthers
nitrique & muriatique 3 préparés par un procédé
analogue.
L’éther acétique a une odeur agréable comme
tous les autres , mais elle eft toujours mêlée
de celle du vinaigre , quoiqu’elle ne foit point
acide. 11 eft très - volatil & très - inflammable 5
il brûle avec une flamme vive 3 & laifle une
trace charboneufe après fa combuftion. Quant
à l’a&ion de l’alcool fur les autres acides végétaux
, voici le peu de faits qu’on a recueillis fur
ce point.
L’acide benzoiqne eft difloluble dans l’alcool
chaud 5 il s’en fépare la plus grande partie par le
refroidiflement 3 & ordinairement il eft plus blanc
& plus pur après cette féparation , à caufe de
l’huile ou de fa refîne retenue par l’alcool ; c’eft
un moyen dont on peut fe fervir en pharmacie
pour purifier l’acide benzoique qui y eft connu 3
comme on fait 3 fous le nom de fleurs de benjoin.
L’acide citrique eft aufîi fufceptible de fe diffou-
dre dans l’alcool, fans ;y éprouver d’altération j
mais lorfqu’ on le traite par la chaux & l’ alcool
en même temps , il pajoît qu’il éprouve une
A L C
altération , puifqu’il fe convertit en vinaigre. On
ne fait pas à quoi tient exactement cette con-
verfion 3 quoiqu’on apperçoîve que c’eft à un
changement de proportion dans les principes dé
cet acide, car on fait au moins que la plupart
des acides végétaux font fufceptibles de fe changer
les uns dans les autres.
On diflout facilement l’acide gallique pur, obtenu
par le procédé de Schéele3 dans l’alcool,
lorfqu’on applique même ce difiolvant à la noix
de galle entière , quoique l’ alcool diffolve en
même temps quelques autres principes 5 on fait
que dans ce cas ces principes font garantis d’altération
, & qu’on peut conferver long-temps cette
efpèce de diffolution pour l’employer comme
liqueur d’épreuve propre à faire reconnoître le
fer.
L’acide oxalique eft difloluble, mais fans éprouver
de changement par l’alcool ; il fe criftallife
régulièrement par l’évaporation:de cette liqueur.
Les acides végétaux empyreumatiques font mif-
cibles en toute proportion avec l’alcool, ce qui
paroît dépendre de leur état huileux 5 on a même
afluré que l’acide pyroligneux pouvoit convertir
l’alcool en éther > mais cela mérite encore confirmation.
On a peu eflayé de combiner les acides animaux
avec l’alcool, & encore moins examiné l’a&ion
intime que çes matières peuvent avoir réciproquement
les uhes fur les autres. Ainfî nous ne pouvons
rien dire des effets de l ’alcool fur les acidès
laélique , faccho - laétique , fèbacique , Ethique ,
bombique , formique, &c. Ces deux derniers pa-
roiffent cependant fufceptibles de contracter quelque
union avec l ’alcool, tandis que les quatre
prémiers. ne s’y uniffent point du tout. On a
eflayé de combiner enfemble l’acide phofphori-
que & l’alcool : on fait que ce dernier précipite
l’acide phofphorique, auquel iLne s’unit point, des
diflolutions où il eft contenu. MM. les académiciens
de Dijon rendent compte dans leurs élémens
de chirnie 3 tome 3 , page 338, des expériences
qu’ils ont faites fur cette combinaifon , dans l’intention
d’obtenir un éther phofphorique.
» Nous avons eflayé, difent-ils , la formation
de 1 éther phofphorique j nous avons mis dans
une cornue, au feu de fable , une once d’acide
phofphorique retiré du phofphore par déliquef-
cence , & pareille quantité d’alcool très-reCtifié ;
dans les commencemens de la diftillation, l ’alcool
a paru s’élever feul , enfuite la cornue s’eft obf-
curcie & remplie de vapeurs blanches épaifles ;
quand nous nous fommes apperçus qu’il n’y reftoit
plus qu’ une portion de l’acide qui avoit une con-
fiftancé gélatineufe , nous avons laifle tomber le
feu, & nous avons trouvé dans le ballon une
once cinq gros de liqueur, qui ne nous :parbît
pas pouvoir être encore placée décidéthent dans
la claffe des éthers ,' mais qui n’en eft pas moins
digne d’attention ».
• 1î i° . Cette liqueuu eft trèsrfoftement acide, ce
qui prouve que l’alcool ne s’eft pas feulement
chargé du flegme ; qu il y a eu combmaifon allez
puiflante pour communiquer a I acide une volatilité
dont il eft par lui-même tres-eloigne.
1°. Cette liqueur s’allume, & donne une flamme
q u i, par fa blancheur, fon volume, & fès fuligi-
nofîtés, approche plus de celle des ethers que de
celle de l'alcool > mais il en relie une partie qui
ne fe confume pas , & dont 1 acidité paroît
augmentée. .
20. Elle fe mêle à l’eau en toutes proportions.
; 40. Verfée dans la diffolution d’or , elle ne la
fumage pas, & affoiblit feulement fa couleur ,
qui dèmeure uniformément répandue dans la totalité
du mélange. - .
50. Elle ne paroît avoir aucune aélion fur les
bitumes,
6 '. Elle occafionne dans la diffolution d’argent
un précipité blanc qui paffe très-promptement au
noir î elle précipite en blanc la diffolution nitrique
de mercure, & la diffolution acéteufe de
fer. • • ■ \ < .
I y®. Enfin, elle exhale une odeur a la fois tres-
pénétrante & très-défagréable , tellement fem-
blable à celle de la liqueur fumante d’arfenic,
qu’à s’en tenir à ce cara&ère , il n’y auroit point
àhéfiter de les reconnoître pour des corps identiques
j l’acide gélatineux, qui relie dans la cornue,
en eft lui-même fortement imprégné. '
■ Ces détails femblent annoncer un peu d’aélion
entre l’alcool & l ’acide phofphorique, & la féparation
d’une partie del’oxigène de ce dernier ;
mais il eft vrai que l’acide qui a été employé
pour les expériences , étoit en partie à l’état
d’acide phofphoreux, & que cela feul peut expliquer
les phénomènes indiqués
Après avoir rendu compte de i ’aétion de tous
les acides connus fur l'alcool, nous devons reprendre
l'hiftoire des combinaifons de ce fluide
avec les autres corps. On a fait des expériences
aflez norhbreufes fur la diffolubilité des fels com-
pofés ou des fels neutres dans l’ alcool, Manquer
a trouvé le premier que les fels fulfuriques ne
s!y diffolvent que difficilement, que les nitriques
& les muriatiques.s’y unifient beaucoup mieux ,
& qu’en général l’alcool diffout d’autant plus
ces fubftances , que leur acide y eft moins
adhérent. L'alcool bouilli fur les fulfates de potaffe
& de foude , n’énna rien diffous. Cependant
le dernier a donné à fa flamme une couleur
rouge très-marquée. Le. nitrate de potaffe eft en
partie diffoluble dans l’alcool & altère fa flamme;
le muriate de foude y eft également difloluble,
il criftallife très-bien par Lévaporation de l’air
cool ; les carbonates de potaffe & de fonde ne s’y
unifient point ; la plupart des fels ammoniacaux
s’y- combinent ; les fels terreux déliquefcens , tels
' que les nitrates &c les muriates calcaires & magné-
lîens, s’y . diffolvent très-bien ; auffi a-t-on pro-
pofé ..d’enlever ces fels aux réfidus des eaux minérales
par l’ alcool ; l’acétite de potaffe eft très-
diffoluble dans l’alcool ; un gros de ce diffolvant
prend à froid onze grains de ce fel. Beaucoup de
Tels métalliques y font très-folubles , tels que le
fuliate de fer à l ’état d’eau-mère , le nitrate de
cuivre , le muriate oxigéné de mercure ou fu-
blimé .eorrofif, l’acétite de zinc ., &c. : tous les
fels cuivreux donnent une très - belle couleur
verte à. fa flamme. M. Wenzel a beaucoup étendu
les découvertes de Macquer fur la diffolubilité
des fels. dans l’ alcool. M. Guyton ( Morveau) a
donné fur ce phénomène une table , inférée dans
le journal de pkyjlque , année 1785 , I e. vol. pag. ,
que nous, croyons devoir préfenter i c i , parce
que c’eft la. plus complette qui foit connue.
T A B L E de la diffolubilué des fe ls dans T alcool.
Sels facilement folubles.
Degrés du i ,
Noms . 1 thermomètre' Quantités
. dés fels. de R éaumur, ^dfoutes.,
'■ Nitrate de cobalt..... l o -f-o 140 gr.
Nitrate de cuivre..... 10' 140
Muriate de zinc......10 Z40
i Muriate d’alumine...10 240
iNitrate d’alumine....10 240
? Acérite de plomb.....3 6 240
/Nitrate de magnéfie.66 694
Muriate demagnéfie.tî 6 3313 1 Muriate de fer......... 66 240
I Muriate de cuivre...66 . 240
f Nitrate de zinc , décompofe.
Nitrate de fer, décompofe en partie.
Nitrate de bifmuth , décompofé en
partie.
Sels peu folubles. S e!s infolubles.
grains * db’aolucoilol
lant
des fels.
/ Borax.
âffoutesîjAcidulé tartareux.
- M u träte d e c II aux................ 2 4 0 gi
. Nitrate d’ammoniaque........ 214
Muriate de mercure corrofif. 212
i Acétite de fdùde................. 112
i Nitrate d’argent................... 1 co 1 Nitrate de foude.,....... ......... 2?
'Acétitede cuivre................. 18'
\ Muriate d’ammoniaque....... 17
j Arféniate acide de potaffe..... 9
i Acidulé oxalique....... .......... 7
l Nitrate de poraffe................. 5
1 Muriate de potaffe.............. 5
Arleniate de foude............... 4
s»Tartrite de potaffe..................... 1
Muriate de foude.
(Nous avons reconnu
qu’il eft diffolu-
ble dans l’alcool. )
Alun.
Sulfated’ammoniaq.
Sulfate de fer.'
Sulfate de cuivre.
Sulfate de zinc.
Sulfate de potaffe.
Sulfate de foude.
T artrite de foude.
Sulfate de chaux.
Nitrate de plomb.
Nitrate de mercure.
Muriate de plomb,
j Sulfate d’argent.
Sulfate de mercure.
Carbonatedcpotaffe.
[Carbonate de leude.