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prêtre de Sainte-Geneviève qui avoit le dévoye-
ment depuis plus de dix-huit mois mon époufe
doit le rétabliffement de fa fan té au bela-aye ,qui
-l'a guérie d'un dévoyement auquel elle étoit fujette,
qui avo'it duré depuis fix ans , & qui avoit continue
après fes couches.
Comme on peut facilement fe procurer cette
fubftance par la voie de r ifle de France3 comme
fon ufage peut être très-avantageux, fur-tout dans
les hôpitaux 3 nous avons cru devoir en fairemention
dans ce dictionnaire, quoiqu’elle foit peu connue
, & qu'on ne Fait pas encore infcrite au nombre
des fubftarices officinales.
BELLADONE. £Pharmacie. ) Atropa bella-
donna. Belladonna majoribusfoliis & fioribiis. T. 77.
L'hiftoire naturelle & botanique de cette plante
indigène, délétère, mérite un article affez étendu.
La belladone doit être placée à la tête du catalogue
des plantes vénéneufesÿ foporiftques & dont
les effets font toujours à craindiê. AufîiM.Crantz,
célèbre profeffeur en médecine à Vienne , en a
fait le premier article de la fécondé claffe des venins
ftupéfians de fa matière médicale & chirurgicale.
Toutes les parties de cette plante font fufpec-
te s , mais les baies font la plus délétère ; car nous
trouvons dans les auteurs anciens & modernes l'hif
toire de plufieurs perfonnes mortes pour en avoir
mangé. Matthiole, Brunfels, Gefner, Lobel, Dq-
donée, Stalpel, Simon Pauli, Amatüs Lufitanus,
Wepffer, Schenckius, Albrecht, Zornius., Heu-
cher, Fabri, Mappus, Boerhaave & plufieurs autres
, en rapportent- divers exemples. Nous avons
été témoins à différentes fois, des effets pernicieux
des baies de belladone, produits fur des perfonnes
du département de la Meurthe. Quant à la
racine, Théophrafle prétend quun gros pris dans
du vin produit un effet très-léger, deux gros en
produifent davantage, trois rendent fou pour toute
la vie. Calzalaric, apothicaire à Venife , n'éft
faifoit prendre qu'un fcrupule, pour détruire l’appétit,
tandis que Gefner attefte qu'il en faut deux
gros. L'ufage & l'emploi de cette racine a eu fou-
vent des fuites fâcheufes , fuivant le rapport de
Hochfteter, par les excès dans les dofes. Ses vertus
narcotiques ont été connues dans tous les pays.
Voyez Jean Bauhin, Rai, Tournefort, &c. On
Ta fouvent fubftituée à la mandragore. Quand un
médecin eftappellé à temps, il a plufieurs moyens
à oppofer aux funeftes fymptômes occafionnés par
la belladone. Nous citerons pour exemple lés faits
fuivans, i°. M. de Launay d’Hermont, doCteur
en médecine, à l'Aigle en Normandie, â confin
é une obferyation dans les mémoires de tacadémie
r o y a le des fciences de Paris, année 1756 > par laquelle
il confie que trois perfonnes ont été guéries
avec une boiffon abondante de petit-lait j les lave-
mens laxatifs, & enfuite un minôratifaiguiféd'émétique.
20. M- de Nobleville, médecin^ Orléans
, a guéri trois jeunes filles, en leur fttffan; ava-
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1er à chacune un verre de vinaigre. 30. LL de
Saint-Martin de Briouze, doCteur en médecine.,,
rapporte dans la galettefaiutaire, 1763, & dans le
journal de médecine 3 tome 18, qu’il remédiài efficacement
aux mêmes maux, en employant les bains
d’eau tiède , l’huile & un lavement purgatif.
40. M. Boucher, médecin à Lille, a donne une
ohfervation dans la galette faiutaire 1766 , & qui
fe trouve dans le journal de médecine $ tome 24, ou
il détaille la cure de cinq enfans auxquels il fit donner
l’émétique, des lavemens purgatifs, une boiffon
édulcorée avec l’oximel, & une potion alex:-
tère. 50. M. Pinard, profeffeur de botanique a
Rouen , a traité le même cas qu'il a guéri avec la
méthode précédente. 6°. M. Grunvald, médecin
& rédacteur de la gazette faiutaire, a fecouru efficacement
à Bouillon, un homme & fa femme err-
poifonnés avec la racine de belladone que la fetr-
me avoitprife pour une racine potagère, & 1 avoit
"fait bouillir dans la foupe. M. Grundvald leur ordonna
l'émétique & des lavemens faits de petit-lait,
avec un gobelet de vinaigre dans chaque. 6°. Lu
avocat de Nancy fe promenant dans lés bois des
environs de cette ville, s'amufaà manger du fruit
perfide delà belladone, les fymptômes ordinaires
fe manifeftèrent bien vite. Le rédacteur de cet article
la diffipa au moyen de l’émétique,, dune
potion alexipharmaque acidulée. , d’une ampie
boiffon de limonade ; il prit enfuite une medecine.
Il s'eft reffenti de cet accident pendant plufieurs
années , fa tête- ayant été. embarraffée de temps a
autre1, avec une efpèce d’aliénation d’èfprit, &
fouvent une forte propenfion au fommeil.
Quand l’accident eft très-récent, le plus court
parti eft certainement de faire rejetter par le vo-
miffement les parties vénéneufes 5 c'eft lé moyen
le plùs efficace dé prévenir les fymptômes donc,
le ftijet' eft menacé. Lorfqii’ils ont lieu, le vinaigre
& les autres acides végétaux font les fecours les
plus appropriés, nott-feulement aux effets-delà
belladone’, mais encore à ceux du firamonium 3 de
la mandragore, de la jüfquiame', & de tons les végétaux
foporiferes & ftupéfians^ C ’eft u n e preuve
que leur qualité délétère confifte dans une vapeur
narcotique, d’une naturè gommo-réfineufe.
Des’tentatives affez. heûreufes prouvent que les
feuilles de la belladone prifes en ihfufion, ont guéri
plufieurs cancers invétérés. M. Juncker les employa
fur plufieurs perfonnes attaquées de ce mal j
quelques-unes en retirèrent un grand foulagement,
& quelques autres obtinrent une pàrfaite guérifonj
mais c'eft particulièrement M. Lambergen,.prO'
feffeur de médecine à Groningue, qui eft le véritable
apôtre de cette découverte. Elle eft conu-
gnée dans une thèfe qu'il compofa en 1755 • On y
trouve la manière de s’en fervir'à l’intérieur, &
l’hiftoire d’unécure îmracülëufe opérée par ce nouveau
remède 5 un cancer ulcéré fut guéri en dix-
huit mois par fon ufage. MM. Darlüc, Amoréux,.
Yandenbcçh, Barrie, Collignon^, & c. ont confiai
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les mêmes expériences. M. Marteau, médecin
à Aumale, rapporte encore dans le journal de médecine
»tome 14, une pareille guérifon, avec une.
nouvelle façon de préparer la belladone. C'eft une
teinture compofée, dont M. Crantz* a-également
enrichi fa matière médicale.
Notre, fiècle au refte n'a eu que le mérite de renouvelle!'
un remèdë déjà connu & employé par
les anciens, non-feulemeriç à l’extérieur, mais même
à l’intérieur. 11 y a des paffages de Galien, d’Avicenne,
& fur-tout de Profpër Alpin, qui prouvent
cette affertion. Les Égyptiens, félon cet auteur,
l’employoient à titré de. rafraîchiffant.,Bon-
tius dit qu’on s’en fert dans les. Indes, contre les
obftruCtions du foie & des autres vifcères. Diof-
coride en a-vanté les effets. Matthiole,, fon commentateur,
recommande l’eau diftiÜée de toute la
plante^ à la dofe dede.ux cuillerées, pour éteindre
l’inflammation des vifcères. Gefner prétend que
le fuc dé fes baies réduit en confiftance de firop
avec un peu de fucre, pris à la quantité d’une pe-y
tite cuillerée^ eft excellent pour provoqner le fom
meil & arrêter la dyffenterie. U11 miniftrè Danois
en faifoit prendre l’infufion, également contre la
dyffenterie. L.és baies étaient,employées, quelquefois
par les anciens contreThydrôphobie.,
Les matières médicales vétérinaires difent qu’on
peut employer en infufion les feuilles depuis demi-
oncè, jufqu’à une once, pour 'chaque animal. Les
feuilles de la belladone appliquées, à l’extérieur ,
font adoucilfantes, réfolutives, relâchantes, anodines,
calmantes, contre les hémorrhoïdes, les
fquirrjies, les hernies, les ulcères carcinomateux,
les tumeurs & durilloifs des mammelles.,-. les éréfifes,
les phlegmons, de.feu facré & autres,maladies
qtû proviennent de chaleur. Les damés, italiennes
emploient l’eau diftillëe- de. cette plante .com-
nie èofmétique 5 c'eft dè-là que. vient fon nom dé
odiadona.
Il eft à obferver qu’il n'eft prefque aucun des auteurs
qui confeillent cette plante, qui ne recommande
d’apporter- beaucoup de précaution dans
fon ufagé .intérieur & extérieur.
, Les peintres en* miniature ‘ préparent un fort
be^u'yerd avec le;fuc de fes'baies.
Il nous ;refte à dire-un mot fur les1 écrivains qui
ont traité-:de la belladone1 en particulier. i° . En
z739»-AlBern publia à :Hallëjuhedilfertation, dans
laquelle on trouve plufieurs patticularités concer-
?ant,cette plante. 2^ Gataker, Anglois, donna à
Londres, en-1757, une brochure fur îës-bons ef-
f u ^ 'v^êétai pris intérieurement. 30. Brom-
fel.d père, premier chirurgien dé- S. A. R. la
prince^é douairière dé Galles ^ . & des hôpitaux de
oamt-Qeorges & de Lock , a rédigé en Anglois-
Oes obfervations fur les différentes efpèces defola-
num, qui croiflfent en Angleterre. Cet ouvrage a
ete twduit en François, en 1761, par M. Brom-
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feld fils, do&eur en médecine de l’üniverfité de
Padoue , & membre de lafociété botanique de Florence.
Ce livre fait mention des épreuves faites
fur dix malades, par l’auteur même, qui paroît
être très-impartial, & dont le réfultat démontre
en partie le danger de l’ufage de cette plante , &
avec quelle précaution on doit l’employer j il prétend
en outrequeles médecins d’Hollande ont fait
les mêmes effais, fans en avoir retiré beaucoup d’avantage.
4°. M . Lambergen, profeffeur en médecine
à Groningue, a fait foutenir une thèfe fur la.
belladone ,ainfi que nous l’avons déjà annoncé. Il
y a enepre fur cet objet une autre très-bonne thèfe
foutenüe à Paris, en 176a, par M. Cofte ,
dont la coriçlufion eft : ergà in cancro ufus belladone,,
tum internas y tum externus. Le nombre des mono-
.graphes fur la belladone eft trop confidérable ,
pour en augmenter cette lifte, nous la terminerons
, en annonçant le traité de MM. Munck,
père & fils, médecins Allemands, fur les effets
falutairés de la belladone, donnée principalement
comme préfêrvatif & moyen curatif de i’hydro-
phobie caufée par la morfuredes animaux enragés.
L'on y trouve aufïi des obfervations pratiques fur
l’ufage de la même plante adminiftrée dans la mélancolie,
la manie & l’épilepfie. C e traité a été imprimé
à Gottingue, en Allemand, 1785-.
L’on trouve dans les pharmacies du Nord, l’extrait,
de belladone , fes feuilles entrent dans le
baume tranquille & l’onguent populeum.
(M . WlLLEMET. )
BELLE-DE-NUIT. ( Pharmacie* ) Mirabilis
Jalapa. ' AdmirabiLis Peruyiana. Cluf. kifi. 287;
La belle-dé-nùit qu'on élève dans nos jardins,pour
leur feryir d’ornemens , eft trop connue .pour s'étendre
fur fon article. Elle fait partie de notre
matière médicale indigène, imprimée à Nancv chez
la veuve Leclerc, 1778. Sa racine eft un excellent
purgatif dans l'hydropifie, la goutte & les maladies
^arthritiques : elle ne cède que foiblemeiit
aux vertus du jalap exotique. Nous en avons pré-^
paré un-extrait qui, à la dofe d'un gros, purge très-
doucement.
Elle croît naturellement en A fië, au Pérou &
au Japon. - Les femmes Japonoifës préparent un
fard blanc, avec la farine de la graine de belle-de-
nuit.
(M. W illemet. )
BÉLEMNITE. ( Pharmacie. ) Là bëlemnîtë ,
qu'on nommoit encore pierre de lynx , eft un foffile
’ qu'on 'croit provënir des pointes ti'ourfin ( ^oftr
le dictionnaire d’hiftoire naturelle dès vers.) Ou
: en confervoit autrefois dans les pharmacies,
on les préparoi t de différentes manières. On lui'
attribuoir de grandes vertus,, alexitèie, diaphon
iq u e . On a enfin reconnu qu'elle étoit tout au,
Y y y i