
par la qualité acerbe qu’on lui communique, du
produit extradif du quinquina rouge du Pérou.
Jznfin on diroit que celui-ci ne diffère du premier
que par la plus grande quantité d’oxigène qui y
eft fixée , & qui paroît exiiïer également dans Tes
principes. Ainfi pins d’oxigène contenu dans le
quinquina du Pérou, le rend en général moins dif-
foiubîe dans Peau, rapproche fon extrait de Pétat
refineux, donne à fes principes une faveur plus
afiringente & moins.amère que celle du quinquina
de Saint-Domingue, indue même fur celle du ré-
lidu mfoluble qui retient toujours un goût acerbe.
• .Ainfi en chargeant les produits extraôtifs du quin-
Q^ina Saint-Domingue d’une certaine quantité
d’oxigène, par le moyen de l'acide muriatique
oxigene , Pun dès plus précieux inltrumens que les
ch «milles modernes poffèdent, on les rapproche
de ceux du quinquina du Pérou, on diminue leur faveur
amère, on y ajoute dePafiriction, on les rend
mfolubles, on les convertit | en un mot, prefquen
ceux du quinquina du Pérou, on diminue leur faveur
amère & Pon imite les procédés de la nature,
car c’eft fans doute par plus d’abforption & de fixation
d’oxigène, par les progrès de la végétation, que
l’écorce du Pérou acquiert des qualités différentes
de celles du quinquina de St.-Domingue. Peut-être
.même, en prenant ce dernier fur des arbres plus
âgés, fur des branches plus groffes, lui trouvera-
t-on des propriétés plus voifines de celles du quinquina
du Pérou, car la forme, le peu d’épaiffeur &
Ja ftrudure des écorces de St.-Domingue qui nous
ont été remifes, comparées au quinquina rouge
du Pérou qui exifte aduellement dans le commerce
, annoncent qu’elles appartiennent à des
branches plus petites & à un arbre plus jeune que
cçlui du Pérou, qui font beaucoup plus groffes,
beaucoup plus épaiffes & plus ligneufes. Par la
même raifon , fi l’on apportoit des écorces du
quinquina du Pérou prifes fur des arbres plus
jeunes, il eft très-vraisemblable qu’elles nous of-
friroient dans leur analjffe des phénomènes & desj
matières plus rapprochées de celles que nous offrent
les écorces du quinquina de Saint-Domingue.
En rapportant ces connoiifances & ces réfulrats
aux propriétés médicinalès de ces deux différens
quinquina, iLnous eft permis d’efpérer que l’art
de guérir en tirera des lumières que les anciennes
analyfes ne pouvoient pas lui fournir. De tous les1
principes qui ont.été extraits de ces deux écorces,
iJ n’y a que la fubftance réfino-extradive amère &
aftringente, diffoluble dans l’eau bouillante, qui
nous paroiffe avoir des propriétés tonique & fébrifuge
j les fels neutres amers qui font en très-
petite quantité dans le quinquina, & qui d’ailleurs
y font mafqués par la fubftance réfino-extradive,
ne peuvent pas influer fenfiblement fur les vertus
de cette écorce j le refidu , regardé autrefois
comme terreux, ne paroît point avoir en effet
plus de propriétés médicinales qu’une terre ir:-
diffoluble n’en auroit. 11 n’y a donc vraiment que
la matière extrado-réfineufe qui puiffe être regardée
comme adive dans le quinquina, mais les
propriétés que nous avons découvertes dans ce
principe immédiat, & les altérations dont cette
matière peu connue jufquici nous a paru fufeep-
tible, fuivant les proportions d’oxigène qu’eue
contient naturellement dans, cette écorce plus ou
moins âgée, foîide, fapide, & c ., ou qu’elle abforbe
avec une forte d’avidité pendant la macération,
l’infufion & fur-tout la décodion, & l’évaporation
qu’on fait fubir ail quinquina, peuvent
jet ter le plus grand jour fur les propriétés &
1 adminiftration de cette écorce, foi t en fubftance,
foit en décodion, foit fous la forme des différens
extraits qu’on prépare. Confidérons d’abord le
quinquina le plus ufité, celui du Pérou, qui exifte
actuellement dans le commerce. En faifant prendre
cette écorce en poudre, on conçoit que les
J de matière inerte, ligneufe, folide & infoluble
qu'elle contient, n’ont d’autre adiôn fur l’eftomac
& les inteftins que celle de leur maffe & de leur
preftion. A uffi a-t-on obfervé depuis long-temps
que le .quinquina en fubftance , pèfe fouvent fur
l ’eftomac , excite dès douleurs. & des naufées,
quelquefois même le vomiffement, en un mot,
qu il y a des perfonnes qui ne peuvent pas en fup-
porter l’ufage. Les médecins Anglois, pour diminuer
ces inconvéniens, ont eu foin de faire
réduire ce médicament en poudre d’une firieffe
extrême. Mais quelque ténuité qu’on lui donne,
il eft difficile de croire qu’un feizième de cette
matière vraiment adive &peu diffoluble, enveloppée
par { j d’une fubftance fade, lourde, indi-
gefte, puiffe agir fur les fibres & fur les humeurs
fans Jêtre préalablement extraite & féparée. H
par oit donc que les liquides de l’eftomac & des
inteftins diffolvent & extrayent la matière ex-
traéto-réfineufe, & comme cette effièce de di-
geftion demande des vifcères. robuftës & Un fuc
gaftrique très-énergique, telle paroît être la cause
pour laquelle ce remède en fubftance ne convient
point à tous les hommes| Cependant il eft d’ob-
fervation que lorfque ce médicament paffe, il
agit beaucoup mieux de cette manière que fous
une autre forme j nous croyons que la raifon de
cette fupériorité d’àdion dépend de ce que la
fubftance extracio-refineufe du quinquina eft pure
& fans altération, & de ce que ne pouvant pas
abforber l’oxigène dans les premières voies où elle
eft extraite par les. Lues, de i’eftomac & des inteftins
, elle y conferve & y porte toute l’énergie
qui la diftingue. Ainfi, lorfque l’on a à traiter
des perfonnes robuftës , le raifonnement, appuyé
de nos expériences, & d’acqord avec''les obfer-
vations médicinales, doit engager les médecins à
l’adminiftrer .en fubftance. Les Tels alcalis ou les
terres alcalines, comme lamagnéfie,.que plufieurs
médecins anglois ont propofé“*tftajouter au quinquina
ou avec lefquels ils aiguifent la décodion
de cette écorce, peuvent être utiles en favorifantl’extradion_
de la matière adive, qui, comme j
•nous l’avons vu , eft très-dilfoluble dans ees fejs >
les inconvénients qui réfultent fouvent du quiiy j
quina donné en fubftance, ont frappé jj depuis
long-temps les médecins & les ont portés à en
extraire la partie adive par l’eau, & même par
•différens diffolvans. On a fur-tout fait ufage de
cette écorce en décodion 5 mais cette opération
n’a point encore été convenablement appréciée
dans fes effets, car plufieurs praticiens ont remarqué
qu’elle n’avoit fouvent que très-peu de propriété
fébrifuge. Bergius affure que ces décoc-'
lions ont beaucoup moins ’de vertus que le quinquina
entier. Elle dépend abfolument de la manière
dont on fait la décoÔtion. M. Baumé a dit
qu’en faifant bouillir long-temps le quinquina dans
l’eau on décompofe fa. réfine, &r on ne fait que
rendre fa décoction plus trouble & plus dégouttante
qu’elle n’a de vertu ; mais il n’a pas faifi tout
ce qui fepaffe dans cette opération. .Une décoction
d’une once .de quinquina dans deux pintes d’eau
'réduites à une , & fur-tout dans quatre pintes de
ce liquide réduites à une, comme, le preferivoit
.Rouelle, ne contient rien du tout, ou au moins
prefque rien en diffolimon lorsqu’elle eft refroidie 5
en confervant cette dé cotation on la trouve deux
ou trois heures après toute trouble, la matière
qui s’en dépofe en flocons & en poudre rouge eft
fi abondante & fi complettement indiffoluble, que
l’eau qui la fumage eft prefqu’entièrement fans
couleur* nous avons filtré bien des fois de pareilles
déco étions du quinquina du Pérou, l’eau
n’avoit qu’une couleur jaune paillée, ne fournif-
foit prefque rien par l’évaporation, & la matière
dépofée étoit en poudre brune rouge prefque fans
faveur & infoluble même dans l’eau chaude. On
fe rappelle ici les propriétés de cette fubftance
réfino-extradive 5 on la voit fe féparer de l’eau ,
& devenir peu fapide & peu difl'oluble à mefure
qu’elle abforbe l’oxigène athmofphérique j, on re-
connoît que ces propriétés augmentent par les
progrès de la décodion * cela eft fur-tout fenfible
dorfqii’on fait l’obfervation dans lin vafe plat &
qui laiffe un grand çantad à i’air * en prolongeant
affez la décodion, toute la matière réfino-extrac-
tive à mefure qu’elle abforbe l’oxigène athmofphérique
devient indiffoluble, prefqu’infipide_&
fè dépofe toute entière 5 il ne refte abfolument rien
de l’eau. On conçoit qu’une paveiMe décodion n’ a
prefque point de vertus, & que les observations
des médecins fur fon efficacité font très-inexades.
La même chofe a lieu fur des infufions de quinquina
même dans Leau froide, laiffées long-temps
à l’air dans des vafes plats, la fubftance réfino-
extradive abforbe peu à-peu l’oxigène & fe fé-
pare de la liqueur fous la forme de plaques rouges
qui en forment la furface ; fi-on la brife & fi l’on
agite le liquide, cette matière fe précipite en flocons
ou en poudre groffière * il s’en forme une nouvelle
couche avec le temps, U cela continue juiqu’à
ce que l’eau ne contienne plus rien du tout. Nous
invitons les médecins à donner cette matière dépofée
, foit pendant la décoction dit quinquina du
Pérou, foit par la longue expofition a l’air d’une
infufion de cette écorce dans l’eau froide.
il réfulte des faits que nous avons recueillis ,
que la décodion "du quinquina du Pérou n’elt
que très-peu fébrifuge 5 que fi on veut quelle
produife cet effet, & lorfque des circonftances
preffantes obligent d’employer ce médicament fous
cette forme , il eft néceffaire de preferire une
décodion très-rapide & de_quelques minutes feulement
dans des vafes fermés ou au moins de
petite ouverture 5 qu’on ne doit point expofer cette
décodion à l’air , mais la tenir dans des vaiffeaux
fermés, pendant:l’ ufage que les malades en font,
& jufqu’à ce qu’elle foit tout-à-fait prife par
ces malades.
Quant aux extraits prépirés par différens procédés.
avec le quinquina du Pérou, on doit juger
facilement quels effets on peut attendre de
celui qui eft préparé par les longues déco ôtions.
Plus des deux tiers de fa fubftance font infolu-
bles.j c’eft un médicament de peu de valeur. La
Garaye , en multipliant les contads & les frot-
temens,eft parvenu à extraire la fubftance réfino-
extradive du quinquina par l’eau froide 3 cette
liqueur évaporée cependant avec précaution à la
chaleur douce d’une étuve dans des vafes plats,
qui ont une. grande communication avec l’air,
donne un produit déjà fort altéré , déjà fort différent
de ce qu’il étoit dans l’eau. En effet cet
extrait fauffement nommé fel ejfentiel, ne fe dif-
fout plus du tout dans l’eau froide : l’eau bouillante
n’en prend qu’une partie qui, par l’évaporation
& l’expofition à l’air, devient bientôt infoluble.
Les preuves de l'altérabilité de cette fubftance
fapide & adive du quinquina par l’air & par
fon unjon avec l’tixigène , s’accumulent toujours,
& font en quelque forte de cet objet la bafe de
tout notre travail fur cette écorce médicamen-
. teufe.
Si nous effayons maintenant de comparer le
quinquina de Saint-Domingue à celui du Pérou ,
qui eft employé aujourd’hui, nous verrons que la
matière réfino-extradive du premier étant beaucoup
plus abondante & beaucoup plus fapide que
celle du dernier, fa vertu doit être beaucoup plus
énergique > aufïi l’expérience médicinale a-t-elle
déjà dévancé ce réfultat de nos expériences. Cette
écorce du quinquina de Saint-Domingue eft émétique
& purgative 5 fon effet fébrifuge ou plutôt
fa propriété anti-périodique, paroît être d’autant
plus foible , que fa qualité évacuante eft plus
forte. C ’eft par cette comparaifon que nous pourrons
établir ce que Linfluence de l’anaiyfe chimique
a de réel pour la connoiffance & Ladminif-
tration exacte des médicamens. Si cette influence
eft direde, comme nous le penfons, il doit ré-
fulter de nos expériences, i°. que l’extrait en