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creufet, avec un mélange d’orpin , d’oxide d’ar-
fénic j de fulfure d’antimoine & de muriate d’ammoniaque.
Les cri {taux ainfi traités par Bergman,
étoient tachés de rouge, de jaune & d’opale, mais
ils étoient remplis de petites fentes.
L’orpin & le réalgar font fort employés par les
peintres 5 quelques-uns même ont la aangereufe
habitude de porter leurs pinceaux à la bouche. On
fait un beau vert avec le cuivre & l’arfénic. Voyeç
le mot C u iv r e .
Dans les cours de phyfique on fe fert ( comme
encre de fyrr.pathie ) de la diffolution d’orpiment
dans l’alcali.
On a employé le fulfure de chaux arfénical comme
liqueur d’épreuve pour connoître les vins li-
thargyrés 3 mais cette méthode eft yicieufe 3 parce
que les vins chargés de tartre donnent un précipité
, oc parce que s’ils contiennent de la craie 3
on.ne peut plus y reconnoître l’oxide de plomb
par cette addition.
Les alliages d’arfénic avec le cuivre y avec l’é - ;
tain , font quelquefois ufités j mais il faut bannir
ces alliages des ufages économiques.
On a propofé & confeillé même avec afîez de,
force , plulieurs préparations d’arfénic, comme de
précieux médicamens dans plufieurs maladies, & ,
comme on s’y attend bien, fur-tout dans les maladies
dëiêfpéiées , qui réfiftent à tous les remèdes
connus, telles que le cancer, les fièvres rébelles,
8cç. On a cherché à l’adoucir par fa çombinaifon
avec les alcalis; mais on ne doit jamais oublier que
c’eft le plus violent & le plus dangereux de tous
les poifons. La couleur blanche & la/diffolubilité
de l'oxide d’arfénic dans l’eau rendent maiheu-
reufement trop fréquens les empoifonnemens;par
cette matière. On cannoît qu’un hommè, at-<ét,é
empoifonné par i’arfénic, auxfymptômes fuivansj :
la bouche eft fëche, les dents agacées, le gofîer I
ferré : on éprouve un crachottement involontaire,
une douleur vive à l’eftomac, une grande foif,
des naufces, des vcmiffemens de matières glai-
reufes , fanguinolentes 3 des coliques très-vives ,
accompagnées de lue tirs froides , des convuifions.
Ces lvmptômes font bientôt fuivis'de la mort : on
s’allure que l’oxide' d’arfénic en eft la caufe en
examinant les alimens fufpeêts. Lapréfence de ce
poifon s’y manifefte , lorfqu’en jettant fur de-s
charbons une portion de fes alimens déifechés , il
s’en élève une fumée blanchë d’une forte odeur
d’ail. La difpofition putride des cadavres peut vo-
Jatilifer, fuivantBergman, l’odeuralliaccède J’arfé-
nic. il rapporte l’exemple d’un fujet empoifonné
par Tarfénic, dont le corps répandoit une odeur
très forte d’arfénic dans l’amphithéatre de diifec-
tion d’Upfal.
On avoit coutume de donner aux perfonnes
em poifon nées par l’oxide d’arfénic, des boiffons
mucilagineufes ou du lait, ou des huiles doucës
en grandes dofes , dans le deffein de relâcher les
vifcères agacés, de difioudre im po r te r la plus,
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grande partie du poifon arfénical. Navier, médecin
de Châlons s qui s’eft occupé de la recherche
des contre -poifons de l’oxide d’arfénic, a trouvé
une matière qui fe combine avec cette fubftance
par la voie‘humide, la future, &r détruit la plus
grande partie de fa caufticité. Cette fubftance eft
le fulfure calcaire ou aîqalin , & mieux encore le
même fulfure qui tient en diiTolution un peu de
fer. La diiTolution d’oxide d’arfé.nic déc.ompofe les
fui fûtes fans exhaler, aucune odeur: Cet oxide fe
combine au foufre,avec lequel il fait de l’orpiment,
& il s’unit en même-temps au fer , fi le fulfure en
contient. Naviér prefcrit un gros de foie de foufre
dans une pinte d’eau qu’il fait prendre parverrées.
On peut également donner cinq àfix grains de fulfure
de potaffe fec en pilules, Sc pardeffus chaque
pilule un verre d’eau chaude. Lorfque.les premiers
{ymptômesfont difiipés, il confeilie l’ufage des eaux
miqefal.es fulfureufes, L’expérience lui a fait connoître
qu’elles font très-propres à détruire les
tremblemens & les paralyfies qui fuivent ordinairement
l’effet de l’oxide d’arfénic, & qui mènent
à laphtifîe & à la mort. Navier approuve au fri i’-u-
fage du lait,parce que cette fubftance diiTop.it aulfi-
bien l’oxide d’arfénic que le fait l’eau 3 mais il condamne
les huiles qui ne peuvent le diffdudrë.
Arsenic.; ■( Métallurgie. ) XJarfénic fe. trouve
très-fou vent, accompagner les-minéraux dont on
tire les métaux Se demi-métaux. Voye\ le dictionnaire
de minéralogie-.
Uarfenic eft fur-tout abondamment combiné
dans les minéraux de cobalt & d’argent. Il fe
trouve au(ïi trè.s-fouvent accompagner le minéral
d’étain fous 'forme d’une pyrite blanche, qui eft
elle-même un -minerai d’arfénic, auquel les Allemands
ont adonné .le nom de mifpkkel. Mais il
eft rare dans les travaux en grand dë-la métallurgie,
de procéder fur des mines purement arl'eni-
cales, à l’effet d’en retirer. 'l’affénie. Ce demi-
métal fe tire ordinairement;des minerais, pendant
les grillages que l’on eft forcé de leur faire fubir,
avant que de les fondre.
Uarfénic traité/avee le charbon, ou d’autres corps
combuftibles d’une manière convenable, prend
les propriétés d’un demi-métal très - volatil, d’une
couleur plus ou moins fombre, blanche ou brillante.
Cn nomme cette fubftance régule a arjemc.
L’arfénic qui entre dans le . com m erce ,*fe. tire
dans les travaux en grand, des fonderies.d’Allemagne,
principalement de Saxe, où l’on traite des
minerais d’argent & d’étain & , lur-tout du cobalt,
que l’on eft obligé de torréfier pour en dégager
Tarfénic > avant que d’en faire de l’azur. Yoyt{
Az u r , article métallurgique. L’arfénic fe perdroic
& fe diftiperoit en fumée pendant le grillage de
ces minerais qui le contiennent, fans -un,-moyen
qu’on a imaginé, & qu’on pratique pqW le retenir
& le raffembler.
Four cela on grille les. minerais dans un four;
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i neau de réverbère voûté, auquel eft ajuftéë Uhe
1 fondue cheminée ou galerie torcueufe._ L’arfénic
réduit en vapeurs, enfile cette cheminée, s’y
[ condenfe î les partions d’arfënié, qui fe dépofent
I 8c s’attachent à la partie de la cheminée la pins
froide & la plus éloignée du fourneau, y font
I fous la .forme d’une poudre blanche ou grife,
qu’on nomme feur ou farine .d’arfénic. Celles au
contraire qui s’attachent à la partie dp la cheminée
la plus chaude & la plus voifine du fourneau,
y éprouvent une forte de fufion, qui les réduit
1 en maffes compares , pefantes', d’un blanc mat,
8c reffemblant à de l’émail blanc. Ces maffes d’ar-
[ fénic blanc font prefque. toujours entrecoupées
de veines jaunâtres 6c grifâtres. Ces couleurs font
[ dues à un peu de foufre qui, pendant le grillage,
I fe fublime avec Tarfénic.
Il eft rare que Tarfénic qu’on obtient dans les
travaux en grand,Toit pur ou exempt de parties
[ fulfureufes 5 car les minerais font prefque toujours
accompagnés de cette fubftance qui; fe fu-
blime avec Tarfénic 3 mais en le fublimant de
[ nouveau, on le purifie ; ce qui cependant ne peut
[ avoir lieu qu’en y mêlant un intermède capable
d’abforber le foufre. Les terres abfqrbantes &
les alcalis peuvent faire cetteTpnétion.
La facilité avec laquelle l’arfénic fe yolatilife,
entr’autres dans l ’emplâtre magnétique. Spielrnan
a bien raifon de coiifeiller de rejetter abfolument
l’ufage de pareils médicamens, 6c d’avertir même
les pharmaciens de ne les donner qu’avec la plus
grande circonfpeêtion.
Il eft bien plus prudent de parler des moyens
qu’on peut employer pour s’oppofer à fes terribles
| lui faitfouvent emporter-,de l’argent ayec lui dans
I les grillages que l’on fait éprouver aux minerais
[ de ce métal-, pour en dégager cette fubftance
r volatile. Voye-^ l’article Argent , métallurgie.
î Arsenic. .( Pharmacie. ) On né croiroit pas
I que le plus terrible pqifcn que renferment les mi-
I néraux, a pmètre propofé & même employé fous
I différentes formes , pour le traitement de quelques
I maladies, fi l’on neTivoit pas jufqu’à quels ex-
I tes l’efpoir de guérir & l’amour de la fingularité
K ont pu porter les hommes. : C ’eft fur-tout contre
Iles fièvres, quartes rébelles, le cancer, les vieux
K ulcères, les maladies-de la peau opiniâtres, l’élé-
I phantiafis, qu’on a propofé ce remède, même à
1 l'intérieur. Tantôt on a confeillé l’ufage' de l’oxide
I d’arfénic blanc diffous dans des boiffons adoucif-
I fantes, mucilagineufes, &c. Quelques médecins
I ont cru l’adoucir en J’uniffant aux alcalis fixes , &
I ils ont prefcrit î’arfénite de potaffe ou le foie d’ar-
I fénic de Macquêr. Il en eft qui ont préféré le fel
i neutre, arfénical ou l’arféniate de potafle. Mais
I tous ces remèdes font également terribles ,. & il
I frous eft impoffible d’en recommander l’ufage in-
I tciïeiir. A, l'extérieur il n’eft même pas prudent
K. ûefe fervir de ce cauftique. Morgagni & plufieurs
I autres médecins célèbres en ont vu de mauvais
I effets j il excite l’infiammarion , . la. rougeur, la
1 chaleur ; il détrüit l’épiderme 3 alors, il paffe. dans
1 |e fyftcme abforbant, ii peut produire des défor-
I dl'Cs affreux dans l’économie animale. On faifoit
I p f’l l l i f l autrefois entrer l’ar-fénic blanc ou oxi-
I de d’arfénic dans les emplâtres & .les onguens,
effets. L’huile & tous les huileux nuifent
clans cette efpèce d’empoifonnement, en attachant
les molécules arfénicaîes aux parois del’eftomach
& des.inteftins. .Le lait ne détruit point l’âcreté
de l’oxide d’arfenic 3 le fuifure de potaffe & flirtent
celui qui tient du fer en diffolution, eft un
moyen recommandé par Navier, & qui a eu de
grands fucc.ès entre fes mains. Les eaux .fulfureufes
ou chargées de-gaz hydrogène fulfure, font
aufri très-utiles pour détruire les effets fécondaires
de ce poifon. Cet objet a été traité avec touce
l’étendue qu’il mérite dans le dictionnaire de mé-
: decine. ( ^°y^y l’article A rsenic. )
Arsenic blanc. Lorfquele nom à!arfénicco'fc*-
mença à faire naître quelques équivoques dans la
nomenclature de la chimie, après la découverte
du métal, on adopta les mots Arsenic blanc ,
foit pour diftinguer l’oxide de Tarfénic métallique,
! foit pqurToppofer aux noms a arfénic jaune & d’ar-
\ fénic rouge, qu’on dônnoit aux fulfures de ce mé-
! tal. ( Voyè^ le mot Arsenic. )
j Arsenic jaune. Ç ’eft un des noms qu’on a
donné au fulfure d’arfénic jaune ou orpiment.
Vdyc% Arsenic.
A rsenic rouge. Une des dénominations du
fulfure d’arfénic.rouge ou réalgar. ( Voye£ A rse-
' NIC.}
ARSENIE. V oici encore une nouvelle dénomination
que je propofé , , pour exprimer la com-
' bmaifon de Tarfénic métallique, du régule d’arfénic
-en nature avec, différentes fubftances. Il
vaudra mieux que celui d’arféniqué qu’on a déjà
employée , & qui depuis la nouvelle nomenclature
appartient aux cpmbinaifons de l’acide arféniqué;
On nommera par exemple ga^ hydrogène arfénié3 la
diffolution de Tarfénic dans le gaz hydrogène ,
découverte par Schéele, en diffolvant du zinc dans
l’acide arféniqué liquide 5 & cette défignation fera
analogue à.celle de fiilfuré, phofphoré, &c.
ARSENITES. Je propofé cette nouvelle dénomination
pour défigner les combinaifons de l'oxide
d’arfénic blanc avec les terres, les alcalis & les
oxides métalliques, parce que je crois que ces
combinaifons font à celles î de l’acide arféniqué ou
aux arféniatês ce que font les fulfites aux fulfates ,
&ç. En effet, l’oxide d’arfénic préfente beaucoup
de caractères acides3 il rougit la teinture de tour-
nêfol 3 il eft âcre & diffoluble dans l’eau 3 il pré