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pommes rougeâtres , douces, que les Américains
lont cuire avec du lucre j'ils en préparent auffi
Un firop pour les malades. ( M. Wiîlemet. )
ALISSON BOUCLIER. (Pharmacie.') Alyffum
calicinum. (Linné.) Les champs fablonneux nous
otîrent cette plante, à qui les anciens attribuoient
Ja propriété de guérir l’hydrophobie 8c le hoquet j
elle eft, en outre, digeftive, dëterfive & deffi-
çàtive: pluïîeurs- botanilles modernes prétendent
que 1 aliffon champêtre n’eft qu’une variété de
cette efpèce ; il faut recueillir cet aliffon au printemps
, lorfqu il eft en fleur , c’eft une des pre-
mieres plantes vernales, elle eft annuelle : les
aimons, relativement à l’ ufage médicinal, font
tombés dans l’oubli , après avoir été en vogue
chez les anciens , principalement contre la rage,
d ou vient l’étymologie de leur nom.
(M. Willem et.)
AllSSON BLANCHATRE. ( Pharmacie. ) Alyf-
Jum incanum. ( Linné.) Quelques auteurs le regardent
comme apéritif employé en infufion ou
en decoéhpn Les chèvres 8c les moutons mangent
cette plante que les chevaux ne touchent
pas, fa fleur plaît aux abeilles : l’alcali volatil
contenu dans l’aliffon, fait qu’il convient, au rapport
d’Adanfon, pour guérir les morlimes veni-
meufes 5 appliqué-extérieurement, i l eft bon pour
guérir les maladies de la peau, telles que la galle &
la lèpre. ( M. Willemet.)
ALISSON de MONTAGNE. ( Pharmacie.) A ’yf-
fum montanum. (Linné.) Cette plante donne fa'
fleur d un jaune charmant des les premiers beaux
jours j elle peut orner les petits parterres, on
eftime qu’elle eft anti-hydrophobique, apéritive,
diaphoretique : il faut la recueillir au printemps
lorfqu’elle ,eft fleurie. Boërhaave prétend que les
aliffons font doués de propriétés fi fubites & fi
pénétrantes , qu’ils chaffent les venins par les
pores de la peau, comme unpuiffant diaphoretique.
(M. Willemet.)
A LKA E ST ou ALKAHEST. Eft un menftrue
ou diüoiVant que les alchimifte-s difent être pur,
au moyen duquel ils prétendent réfoudre entièrement
les .corps en leur matière primitive, 8c
produire -d’autres effets extraordinaires & inexplicables.
Voye% MENSTRUE DISSOLVANT, &C.
Paracelfe & Vanhelmont, ces deux illullres
adeptes, déclarent exprefîement qu’il y a dans
la nature un certain fluide .capable de réduire
tous les corpsfublunaires, (oithomogènes, foif
hétérogènes, en la matière primitiye .dont ils font
compofés pu en une liqueur homogène & po- i
table qui s’unit avec l’eau & les fucs, du corps j
humain, 8c retient néanmoins fes vertus-fémi- ;
nales, 8c qui, étant remêlée ayec çiie-même Je i
—convertit par ce moyen en une eau pure Sç éié- i
mentaire, d ou, comme fe le font imaginé ces j
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deux auteurs, elle réduiroit enfin toute choie
en eau.
Le témoignage de Paracelfe, appuyé de celui
de Vanhelmont, qui protefte, avec ferment,
qu’il poffédoit le fecret de l’alkaeft, a excité les
chimiftes & les alchimift.es qui les ont fuivis à
chercher un fi noble menftrue. Boyle en étoit fi entêté
, qu’il avoue franchement qu’il aimeroit mieux
pofféderl’alkaeft qué-la pierre philofophale même.
En effet, il n’eft pas difficile de concevoir que
tous les corps peuvent venir originairement d’une
matière primitive qui ait d’abord été fous une
forme fluide. Ainfi la matière primitive "de l’or
n’eft peut-être autre chofe qu’une liqueur pelante
qui, par fa nature ou par une forte attraction
entre fes parties, acquiert ënfuite une
forme folide. En conféquence, il ne paroît pas
qu’il y ait rien d’abfurde dans l’idée d’un être
ou matière univerfelle qui réfout tous les corps
.en leur état primitif
L’aikaeft eft un fiijet qui a été traité par une
infinité d’auteurs, tels quePantaléon, bhilalethe,
Tachenius, Ludovic, &c. Boërhaave dit qu’on
en pourroit faire une bibliothèque. Veindenfeît,
dans fon traité de fecretis adeptorum 3 rapporte
toutes les opinions que l’on a eues fur cette matière.
Le terme d’alkaeft ne' fe trouve dans aucune
langue en particulier. Vanhelmont dit l’avoir remarqué
premièrement dans Paracelfe, comme.un
terme qui étoit inconnu avant ce t auteur, lequel
dans fon II livre de vïribus membrorum, dit
en parlant du foie, eft etiam alkaeft liquor ma g-
nam hepaiis confervandi & confort andi 8cc. ,
c’eft-à-dire, il y a encore la liqueur alkaeft qui efl fort
efficace pour confervec le foie , comme aujfi pour guc-
j rir rhydropifle & toutes les autres maladies qui
proviennent des vices de ce vifeere , 8cc.
C ’eft ce Ample paffage de I?araceife qui a excité
les chimiftes à chercher l’alkaeft ; car dans tous
les ouvrages de cet auteur, il n’y a qu’un autre
endroit où il en parle, & encore, il ne le fait que
d’une manière indirecte.
C r , comme il lui arrive fouvent de trajifpor-
ter les lettres des mots, de fe fervir d’abréviations
, 8c d’autres moyens de déguifer fa pen-
fée , comme lorfqu’il écrit mutratanpour tanamrn ,
. mutrin pour nitrum , on croit qu’alkaeft peut bien
être auffi un mot déguifé.' De-là, quelques-uns
s’imaginent qu’il eft formé Üalkali eft 3 & par
conséquent, que c’eft un fel alcali de tartre vo-
latilifé. 11 femble que c’étoit l’opinion de Giau-
ber , lequel avec un pareil menftrue , fit en effet
.des .chofes étonnantes fur des matières prifes dans
les trois genres des corps : favoir, animaux végétaux
8c minéraux } cet alkaeft dé Glauber eft le
nitfe qu’on a rendu alcalin, en leffixant avec le
charbon.
D’autres prétendent qu’alkaeft vient du mot
allemand algyeift 3 cpown.e qui diroit entièrement
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fpiritaeux ou volatil, d’autres veulent qu’ il foit
pris de falc^gueifl , c’eft-à-dire y efprit de fe l5 car
le menftrue univerfel doit ê tre, à ce qu’on prétend,
de l’eau j 6c Paracelfe, lui-même, appelle
fe fel le centre de Veau où les métaux doivent
mourir.
En effet, l’efprit de fel étoit le grand menftrue
dont il fe fervoit la plupart du temps. Le
commentateur de Paracelfe qui- a donné une édition
latine dé fes oeuvres à D e jft, affure que
l’alkaeft eft le mercure réduit en efprit. Zweîfer
jugeoit que c’étoit un efprit de vinaigre redlifié
| f verd-de-gris, 8c Starkey croyoit l’avoir découvert,
dans fon favon.
On a employé , pour exprimer l’alkaeft, quelques
termes fynonymes 8c plus fignificatifs. Vanhelmont
le père, en parle fous le nom d’ignis f
tiqua, feu, eau j mais il femble-, qu’en cet endroit
, il entend la liqueur circuîée de Paracelfe,
qu’il nommé feu 3 à caufe de la propriété qu’èlle
a de confumer toutes chofes, & eau 3 à caufe
de fa forme liquide. Le même auteur appelle
l’alkaeft ignïs- gekenne,, feu d’enfer, terme dont
fe jjff. au (fi Paracelfe ; il le nomme auffi firnmum
& fdicijftrnum omninum fait .cm , «le plus excellent
•» & le plus'heureux de tous les fels, qui, ayant
» .acquis le plus haut degré de fimpliciré, de pureté
w> 8c de fubtilité , jouit feul de la faculté de n’être
» point altéré ni affoibü par les ftiiets fur lef-
« quels il agit, & de diffoudre les. corps lesplus
« intraitables & lès. plus rebelles, comme les
* cailloux, le verre 8c les pierres précieufes,
» la terre, le foufre 8c les rrrétaux, 8cc., 8c
« d’en'faire un- véritable fel de même, poids que
» lé corps diffout, 8c cela avec h même facilité
*> que l’eau chaude fait fondre la neige. Ce fe l,
*’ .continue Vanhelmont, étant plufieurs fois co-
» hobé avec le fal circulatum de Paracelfe ,. perd
» toute fa fixité, 8c à la fin, devient une eau
» infipide de même poids que le fel d’où' elle
^ a été produite ». Vanhelmont déclare expref-
fément « que cè menftrue.' eft entièrement une
» production de l’art 8c non de la nature , quoi-
» que l’art, dît-il, puifle convertir en eau une
*> partie homogène de la terre élémentaire j. je
« nie cependant que la nature feule puiffe faire la
» même chofe., car aucun- agent naturel’ne peut
>■> changer un élément en un autre ». Et il donne
cela comme une raifon pourquoi les élémens de-'
meurent .toujours les mêmes. Une chofe qui peut
porter quelque jour dans cette matière , c’eft
d’obferver que Vanhelmont, ainfi que Paracelfe
tegardoit l’eau comme l’inftrument univerfel de
la chimie 8c de la philofophie naturelle > la terre
comme la bafe immuable de toutes chofes j le
feu comme leur caufe efficiante 5 que félon eux,
les .vertus féminales ont été placées^ dans le mé-
canifme de h terre 5 que l’eau , en diffolvant la
terre., & fermentant avec elle comme elle fait par
le moyen du feu, produit chaque chofe; que
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c’ eft-là Porigîne des animaux, des végétaux 8c
des minéraux ; 8c que l’homme même fut ainfi
créé au commencement, au récit de Moyfe.
Le caractère effentiel de l’alkaeft, comme nous
l’avons obfervé, eft de diffoudre 8c de changer
tous- les corps fublunaires , excepté l’eau feule:
voici de quelle manière ces changemens arrivent
fuivant les auteurs cités.
ï°.; Le fujet expofé à l’opération de l’alkaeft,
eft réduit en fes trois principes, qui font le fe l,
le foufre 8c le mercure , enfuite en fel feulement,
qui, alors devient volatil, 8c à la fin,
eft changé entièrement en eau infipide. La manière
d’appliquer le corps qui doit être diffous,
par exemple, l’o r , le mercure, le fable 8c autres
femblâbles, eft de le toucher une fois ou deux
avec le prétendu alkaeft, 8c fi ce menftrue eft
véritable, le corps fera converti en fel à poids
égal. è
2\ L’alkaeft ne détruit pas les vertus féminales
des corps qu’il diffout, ainfi en agiffant
fur l’o r , il le réduit en fel d’or, il réduit l’antimoine
en fel d’antimoine, Ie'fafran en fel de
fafrân ,: 8cc. fels qui ont les mêmes vertus féminales
8c les mêmes propriétés que le concret
dont ils font formés.
Par vertus féminales, Vanhelmont entend les
vertus qui dépendent de la ftru&ure ou mé-
canifme d’un corps, 8c qui le conftitue ce qu’il
eft. Par le moyen de l’alkaeft on pourroit facilement
avoir un or potable aéhiel 8c véritable,
puifque l’alkaeft change tout le corps de l’or en
un fel qui conferve les vertus féminales de ce
métal, 8c qui eft en même temps foluble dans l’eau.
30, Tout ce que diffout- l’ alkaeft peut être
volatilifé par un feu de fable j 8c fi après l avoir
volatilifé on diftille l’alkaeft, le corps qui refte
eft une eau pure 8c infipide, de même poids que
le corps primitif, mais privée de fes vertus féminales.
Par exemple, fi l’on diffout de l’or -par
l’alkaeft, le métal deviept d’abord un fel qui eft
l’or potable; mais ibrfqu en donnant plus de feu
on diftille le menftrue . il ne refte qu’une pure
eau élémentaire , d’où il paroît que l’eau Ample
eft le. dernier produit ou effet de l’alkaeft.
4 ’. L’alkaeft: n’éprouve aucun changement ni
diminution de force en diffolvant les corps fur
îefquels il agît, c’eft pourquoi il ne fouffre aucune
réaètion de leur part, étant le feul menftrue inaltérable
dans la-nature.
y‘\ 11 eft incapable de-mélange , c’eft pourquoi
il eft exempt de fermentation 8c de putré-
fa&ion ; en effet, il fort auffi pur du corps qu’il
a diffous, que lorfqu’il y a été appliqué, 8c ne
; laiffe aucune impureté.
On peut dire que l’ alkaeft eft un être de rai-
; fon, c’eft-à-dire , un ^êir.e imaginaire, fi on lui
‘ attribue toutes les propriétés dont nous venons
\àe parler d’après les al chimiftes.
• On ne doit pas dire quel ’alkaeft efl les alcalis
T g