Ancienne des chimiftes , qui penfoient que les
compofés ont des propriétés mixtes de celles
de leurs compofans5 car il eft certain que l'alliage
de cloches eft plus fulible que le cuivre
& moins que rétain ; mais cette explication
même eft une faute dans la comparaifon des
deux do#rines, puifque la pénétration des deux
métaux & l'arrangement nouveau de leurs molécules,
ne peut plus permettre qu'on admette le
mélange des propriétés, ou l'état moyen de
cet enfemble de propriétés ; il fuffit pour ne
pas multiplier ici les difficultés au défavantage
de la fcience , d'atribuer à l'étain cette fufibi-
lite que contrade le cuivre. C'eft encore à la
préfence de ce métal & à la dureté quil con-
tra#e dans fa combinaifon avec le cuivre , qu'il
faut attribuer le peu d'altérabilité de l'alliage parle
contact de l'air j le métal de cloche^ ne, fp
rouille prefque point. en comparaifon. du, cuivre
squi fe recouvre ii promptement à Fair humide
d'un© couche d'oxide verd. On diroit.en
rapprochant cette inaltérabilité par l'air de la
couleur bianchè de l'alliage que,chaque molécule
de cuivre eft enveloppée & . très - .exadement
recouverte d'une couche d’étain , qui le défend
du contad & de l'adion de l’athmoiphère „ en
lui donnant une couleur blanche qui en-mafqup
entièrement la nuance. Tel. étoit l'état des con-
noifîances chimiques fur l'alliage de cloche au:
commencement de cette année ou à la fin de \
l'année dernière ; on ne s'étoit point ou,-prefque
point occupé de l'art d'en féparer les, deux métaux
principaux le cuivre & l'étain ; ainfî dans la i
fabrique & la fonte des cloches que l'on faifoit
de temps en temps dans différens lieux de la
.France, on continuoit fans celle à cacher & à j
gâter en quelque forte du cuivre de rofette dans
cet alliage ; car quelques perfonnes penfoient
qu’on ne pouvoit pas retirer le cuivre des elo-
ches , 8c en effet l’art s'étoit très-peu exercé à
cette efpèce de départ.. Les vues de l’alfemblée
nationale fur les cloches des églifes fupprimées
réveillèrent l'attention des chimiftes & ' des ar-
tiftes j ils commencèrent bientôt à faire des expériences
fur cet alliage, dans l'intention d’en
ieparer le cuivre ; on vit fucceffivement M.
Pelletier, Augufte, Dizé 8c Jeannety propofer
des procédés différens pour obtenir le cuivre,
pur des cloches, & déjà plufieurs établiffemens
font formés pour faire ce travail en grand, j'ai
de mon côte entrepris un travail fur cet objet/
,&;en décrivant les expériences qui me font particulières
, j’ai fait coimoître les réfuîtats de celles
des chimiftes dont je viens de parler. En plaçant
ici le mémoire que j’ai publié fur cet objet & .
qui eft divifé en neuf paragraphes , je crois qu'il
ne reliera que peu de choies , inconnues fur
l’alliage métallique qui conftitue, les cloches ;
on trouvera encore d’autres détails relatifs à un
alliage analogue dans l ’article bronze.
§. I. Objet du travail fur le métal des Cloche*.
Le métal des , cloches fixe depuis . quelques
mois l’attention des fayans 8c des artiftes ; on
agite plufieurs queftions importantes fur cet alliage.
Peut-on en faire le départ ? Exifte-t il
en chimie des procédés pour féparer les métaux
qui le compofent ? quels font ces procédés ?
quelle eft leur valeur refpe#ive ? quel eft le
.plus économique ? La quantité & la pureté du
cuivre qu’on obtiendra indemniferont-elles; des
frais néceflaires à cette efpèce d’affinage ? à quel
prix reviendra le cuivre affiné ? pourra-t-on -tirer
quelque parti de l'étain.& des métaux caftans ,
tels que le zinc 8c l’antimoine qui y font quelquefois
alliés dans le métal des cloches ? Y au-
roit-il plus d avantage à vendre ce métal allié
ou à l ’employer à d’autres ufages , qu'à en^|er
parer le cuivre ? Peut-on le faire fervir à qou-
îer des canons , des ftatues, des cilindres , fc c ?
Ne pourroit on pas même le fabriquer en mon-
noies coulées ? Ne feroit-ilpas plus utile de lui
donner de la du#iïité en l’alliant à une fuffi-
fante quantité de cuivre , 8c d’employer ce nouvel
alliage 3 fufceptible d’être lamine, coupé , en
flaons & frappé 3 pour la fabrication de la raon-
npie décrétée ■ par l’alfemblée nationale , & fi
l’on adoptoit ce dernier parti ,. ne ferpit-il pas
convenable d’affiner, une portion du métal des
cloches 3 8c d'en extraire le cuivre pur pour
l’allier à une autre portion du premier métal ?
Tels font les principaux objets fur lefquéls
il s’eft élevé des difcuffions dans le fein même
de l’aflemblée nationale , dans plufieurs comités
de cette a d'emblée , &• dans' un grand
nombre de fociétésTaVantes & patriotiques.1 Gfeft
pour éclaircir quelquës-unes' dè ’ces queftions,
qu’ont été faites les expériences fuivantes ffur
le métal des cloches.
§. I I . Ejfai et un alliage artificiel de cuivre &
d'étain.
Pour déterminer avec plus d'exactitude la
marche qu’il falloir fuivre, on a d’abord allié
80 parties de cuivre .pur,, & 20 d’étain de
Maîaca, 8c on a fait cet fur alliage une fuite d’expériences
propres à faire mieux connoître les phénomènes
que pourroit préfenter le métal des
cloches 3 & fur tout à déterminer avec plus
d’exaétitude le rapport des réfuîtats que donne-
roit ce dernier , avec ceux que préfênteroit cet
alliage fait dans des proportions bien connues.
E x p ér ien c e I.
On a pris iop parties de l’alliage faétice
en poudre 3 on l'a expôfé fous une mouf-
fie à une chaleur capable de le faire jrou-
■ ■ m
gît (1). La matière a pris une couleur grife
noirâtre à-peu-près femblable à celle des mines
de cuivre appellées faklertç ; elle a augmenté
-de 4 parties pendant cette opération 5 on l'a
mife enfuite dans un creufet couvert, & on
l’a pouftee à un feu médiocre 3 mais elle ne s'eft
pas fondue, fes molécules ne fe font que légèrement
agglutinées ; on l ’a chauffée enfuite très-
fortement pendant une demi-heure, & on a
obtenu un culot de cuivre «rouge très-beau du
poids de 54 parties.
On avoir penfé que pendant la première ex-
pofïtion de l alliage au feu 8i à l’air 3 les principes
qui le compofent, favoir, l’éfain 8c le
cuivre, s'oxideroient en partie, & qu’en les
chauffant enfuite fortement dans un creufet
fermé 3 le cuivre fe réduiroit en cédant fon oxi-
gène à l’étain non entièrement oxide par la première
opération, & qui tend à s’oxider davantage
par une chaleur forte j cette- opinion étoit
fondée fur la loi des affinités connues de l'ôxi-
gène. On voit qu’elle a été confirmée par l'expérience
; mais celle-ci a donné en même-tems
deux autres réfuîtats ; le premier, c'eft que le
cuivré légèrement oxidé, mêlé à l’oxide d’étain,
eft très-réfra#aire, & ne fe réunit en culot
qu’avec une grande difficulté; je fécond, c’eft'
qu’une grande portion du cuivre refte adhérente
à l’oxide d’étain fous forme de feorie, & -qu'il
y a près d'un tiers de perte à une première
fufion.
E x p é r i e n c e II.
On a pris une lame épaiffe Ijjune ligne pefant
ï;8 gros3 du même métal artificiel; on l'a expo
fée pendant un quart-d'heure fous une mouffie
très-chaude, mais pas allez pour la faire fondre
; elle avoit alors une couleur grife noirâtre
à fa furface ; elle fembloit avoir rejette en-dehors"
une pouffière noire qui, à la loupe, offroit
une végétation analogue à un bilfus gris; elle
avoit augmenté de 2 gros par ce traitement : en
caffant cette lame, on a remarqué qu'il ne ref-
toit qu'une très-petite épailfeur de matière à
l'état métallique ; la calfure faite à chaud deve-
noit à l air d'un rouge de cuivre allez beau.
Réduite en poudre & poulfée au feu dans un
creufet couvert pendant un quart-d heure, eile
a donné une malle métallique recouverte d'une
matière grifâtre qui y adhéroit fortement ; cet
affiage avoit encore une couleur jaune, mais
bien plus foncée que fa première couleur. Il
étoit moins caftant. Fondue & recuite à trois
reprifes fucceftives, cette lame avoit perdu 14
gros en feories & en fublimé blanc ; à la dernière
fonte, le creufet contenoit au-deftus de
la màfte métallique, des flocons des aiguilles
blanches d’oxide d’étain ; le métal obtenu
après ces trois -oxi dations, n’étoit point encore
duétile ; l’analyfe a fait voir qu'il contenoit encore
11 parties detain au quintal; on étoit donc
parvenu à en oxider & à en féparer 8 parties ,•
& cela fuffifoit pour prouver qu’en continuant
ces opérations Amples, on parviendroit à affiner
l'alliage de cuivre & d'étain, & à brûler complet-
tement ce dernier. C ’eft en effet ce qui arrive
à tous les alliages de cuivre avec des métaux
plus oxidabîes que lui. On ne peut pas les chauffer
& les faire rougir avec le contaél de l’air
fans les affiner plus ou moins, comme on le fait
dans les atteliers où l’on travaille le cuivre. Mais
cette opération ne fuffifoit pas encore ; ii falloir
traiter l'alliage par la fufion ; car c ’eft fur-
tout en tenant les cuivres impurs ou alliés fondus
avec le conta# de l’air , qu’on les affine en
grand.
E x p é r i e n c e I I I ,
On a fait fondre dans un creufet plat ioo parties
de cet alliage faétice ; on l’a réduit en ef-
pèces de feories, ou en oxide feorifié, en l'agitant
avec le conta# de l'air,; cette fcorification
a duré un quart-d’heure ; le métal avoit acquis
11 parties. Ces feories chauffées feules , ne fe
font point réduites, on y appercevoit feulement
quelques grains de cuivre; en y ajoutant un
1 fondant, on multiplioit la grenaille de cuivre
| pur, mais on n'a pas pu l'obtenir en une feule
| malle, Il eft donc certain qu'on l’avoit trop
[ oxidé par ce procédé, & qu'il étoit devenu
j irrédu#ib!e 8c infufible fpontanément, au moins
1 au degré de, feu qu'il nous a 'été poffibie
j de donner dans nos fourneaux de laboratoire.
E x j î r i e n c e I V .
100 parties d’alliage en poudre mêlées avec
20 parties de nitre commun , ont été expofées
au feu de forge pendant un quart-d’heure. On
a obtenu le cuivre dans le plus grand état de
' pureté, mais la dofe du réa#if falin étant à
ce qu’il paroît trop confidérabîe, la perte a été
très-grande ; on n’a obtenu que 48 parties de
cuivre raffiné. Cette expérience a été recommencée
avec une plus petite quantité de nitre
fur le véritable métal dès cloches.
E x p é r i e n c e V.
100 partie« du même métal allié mêlées à 18
parties d’oxide noir de manganèfe en poudre
& expofées à un feu violent pendant une demi-
heure , ont offert à leur furface une couche de
matière rouge fondue au-deftous de laquelle
(1) Le métal des cloches brûle avec une Saisine brillantç lorfcju’on le jette çn petits morceaux fur un corps trcs-ciiamjk
c’en l’étain qyi lui- donne cette propriété.
Chimie. Tome II. X