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en raifon de cette diffolubilité que M. Berthollet
a donné un procédé pour obtenir les alcalis, dans
un grand état de pureté > parce que les fels neutres
qu’ils peuvent contenir , • & fpecialement
leurs portions combinées avec l’acide carbonL-
que ne fe combinent point avec l'alcool. Ces
diffolutions ; font d'un rouge foncé ; quand elles
font très-épaiffes & .très-faturéesy-elles laiffent
dépofer une partie des alcalis, fous une forme crif-
talline'. Vçyei; les articles A lcalis , Potasse &
Soude j où lès, opérations relatives à la purification
de ces fels font décrites en détail*
La couleur rouge que prend l'alcool dans ces
d-iffolutions , paroît indiquer que les alcalis fixes
décompofent réellement l'alcool ■ : on acquiert
la même preuve en examinant la préparation
connue,en pharmacie, fous le nom de Teinture âcre
de tartre y qui n'eft qu'une diffolution de pptaffe
dans l'alcool. Pour préparer ce médicament, »on
fait fondre de la potaffe dans un çreufet ; on la
pulvérife toute chaude ; on la met dans un matras ;
on verte de l'alcool très-,déflegraé, trois ou
quatre travers de doigts au-deffus du ».fel ; on
bouche le matras avec un autre plus' petit ;; »on
les lute \ enfemble, & on fait-aligérerïle tout au
bain de fable jufqu’à ce que l'alcool ait acquis
une couleur rougeâtre* il relie plus ou moins de
carbonate de potaffe & de fels indiffolubles aui
fond du vaiffeau. En. diftillant la teinture Ji.er.e de
tartre, on obtient un alcool d'une odeur fuave3;
p,eu altéré , . 05 la cornue offre une matière-fem-
blable à un extrait favoneux ,, qui difiiilée elle-r-
même à feu nud, fournit de l'alcool altéré ; un
produit fétide que quelques chimiftes : ont cru
être de l'ammoniaque 85 une huile empireuma-
tique légère : il refte après cette ■ opération .un.
Fpeu de charbon, dans lequel on retrouve de la otaffe. Cette expérience femble démontrer que
alcool contient une huile dont l'alcali fixe s'empare
, & avec laquelle il forme, une forte de
favon , ou mieux que dans la .réaébion dë la po-.
talfe 8c de l'alcool, celui-ci éprouve une’ modification
dans fies principes qui produit une efpèee*
d’huile ; mais c'eft à la génération de l’ammoniaque
qu'on reconnoît encore mieux la décom-
polition que paroiffent éprouver 8c l'alcool » 85 la
potaffe. On ne peut méconnoître ici .une. réparation
de l'hydrogène de l'alcooL & une union
intime avec l'azote. C e dernier principe ne peut
être fourni que par l’alcali fixe , car aucuneexpé-
rieace n'en démontre l'exiftence ; dans l'alcool :
mais il manque à c e t. effai la. fuite de tentatives
& de recherches qui peuvent feules affûter l'in-
duêtion qui paroît en découler naturellement.-
Quelques chimiftes ne font pas encore perfiiadés.
qu'il fe forme, & qu'on obtienne de l'ammoniaque
dans la diftillation de l'alcool de^potafle.,
car c'eft ainfi que doit être nommée la teinture
âcre de tartre. 11 faudroit donc répéter avec un
grand, foin cette expérience, choifir de la.potaffe
bien pure , préparée'à i la manière • de M. Berthollet
, la diffoudre dans l’alcool très-reétifié ;
diftilier avec une grande exactitude cette diffo—
lution; arrêter cette diftillation à différentes époques;
examiner ile premier produit comparé à
jce qu'étôit l'alcool avant -cette diftillation ; voir
dans quel état eft le- réfidu épaifïi d’abord en
: extrait fec ; pourfuivre. l’aétion du feu fur ce
'dernier;,rechercher avec toutes les précautions
requifes fi l'on -en. obtient véritablement de
l'ammoniaque; en déterminer la quantité y recueillir
avec un foin égal les fluides élaftiques. qui
fe . dégagent pendant cette diftillation ; analyfèr
par .tous les moyens connus, le réfidu de cette
opération lorfqu'il ne fournrroit plus rien de volatil
au plus grand feu qu'il puiffe fupporter : par
cette an'alyfe on auroit certainemënt une con-
noiffan.ce plus.exaête, foit de l'alcool, foit de la
.potaffe ; on la fferoit également fur la foude ,: 85
i'on parviendroit peut-être par-là à. découvrir la
différence de ces deux alcalis fixes : au..moins,
c'eft une des recherches chimiques qui conduiraient
le plus dire&ement; à ce réfultat, & il. eft bien
important, que l'on- s'en. occupe inceffamment.£
Le Lilium de Paraceife ne diffère -de la. teinture,
âcre de tartre , que parce que l’alcali' fixe qu'on-
emploie pour le préparer , .panoît avoir été mis'
dans 1 un état ' de caufticité par la forte chaleur
qu’on lui. fait éprouver en le traitant i avec les;
oxides métalliques. Pour .préparer ce médica-:
ment on fait fondre enfemble. les .régules d‘antimoine
martial, jovial: & de vénus ÿ. c’eft-à-dire ,»
l'antimoine uni .féparement au f e r à l'étain 8&
au., cuivre , à la, dofê de quatre onces de chaque ;
on les réduit en poudre 3 on les fait' détonner
avec, dix-huit onces denitre 85 autant de tartre ;
on pouffe ta -la fonte ; on pulvérife ce mélange;-
on Je met dans un matras , & on verfe par-dèffus
de l’alcool bien déflegmé, jufqu'à ce qu'il fur-
nage de trois pu quatre ,travers de doigt.. Ce mélange,
mis en digeftiqn fur un bain de fable,
prend une belle couleur xougeplus foncée que celle
de la. teinture âcre de tartre , parce que d'alcool
y tient en diffolution plus de potaffe ; &en effet y
on peut faire la teinture âcre de tartre i entièrement
femblable au lilium de paracelfe,:en faifant digérer
l'alcool fur l'alcali fixe cauftique ; au lieu de fie
fervir de fiel fixe de tartre , que l'aêtion du feu
ne prive pas entièrement d'acide carbonique-, à
moins qu'on • ne le tienne rouge: pendant long*
temps* M. Berthollet s'eft affuré que ces teintures
nefiont que' des.diffolutions; de:potaffe cauftique
dans: l'alcool, & quelles foürniflent un moyen
utile: d'obtenir ce t’.alcali très-pur-, en le féparant
par l’évaporation , comme nous l'avons indiqué
plus haut & décrit en détail aux mots Potasse
& Soude* La teinture âcre de tartre &C le lilium
font de très-bons toniques • & de puiffans fon-
dans ; on les emploie dans tous les cas où les
forces des malades: ne font point fwffifantes pour
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favorifer les,crifes, comme dans la fièvre maligneg
lés petites, véroles . de. mauvais caraétere . &c.
' 11. n‘eft pas befoin de dire que la ceol a fur
la fondé une aétion égale a celle qu il exerce fu
la potaffe ; qu'il la diffout quand elle eft pure &
tien cauftique qu'il en fépare la portion de
carbonate de foude & les autres fels neutres ,
ainfi que les terres , & fur-tout la nhaux,, con-
tenues ordinairement dans .cet alcali , quil elt.
employé avec avantage pour obtenir la fqude
pure ; qu’on pourroit fe; fervir de 1 alcool de
foude comme de l’alcool de potaffe ou teinture
âcre de tartre 3 dans la médecine ., & que la réaction
réciproque de'f alcool 8e de la foude mente
autant d'être examinée avec foin que cede de la
potaffe,' puifque c’eft un dés moyens d analyfe
que f on peut employer avec le plus d’avantages.,
& qui doit jetter le plus .grand jour fur. la nature,
des alcalis. Nous ajouterons, a ce que nous avons
dit précédemment fur ccet objet, quil n eft pas
démontré qu’il, y art formation d’ammoniaque,
mais qu’il y a une féparàtion de, carbone & un
paffage de l’alcool à l’état huileux : voilà pourquoi
le réfidu .a les; caraftères d’un favon. ^ |
Qn n'a point epcore bien examiné 1 action de
rammoniaquè' cauftique fur l'alcool : il paroît
qu'il fe: paffé entre ces deux corps une aétion intime
qui tient à leur nature, & qui ne femble ,
pas indiquer uné ; décompofition réciproque, .
quand on mêle de l’alcool avec de l'ammoniaque
pure ou de l'alcali volatil cauftique , il fe
produit une chaleur vive ; ces deux matières fe
pénètrent réciproquement., & il fé dégage une
odeur mixte très-forte en raifon des deux corps
volatijifés.ep, mêrpe temps. - n- r ■ • -1» 1
Les aciffes préfentent, dans leur action fur 1 alcool
, des phénomènes fort importons à obferver:
leur effet général e’ft de le convertir fen ether par
une décompofition réciproque. Lorfqu on verfe
de l’acide fulfurique bien concentré fur Partie
égale d'alcool reêtifié, il fe produit une chaleur
& un fixement remarquables ; ces deux fubftan-
ces" fe colorent, & il fe dégage en' même temps
uné odeur fuave , comparable à celle du citron
ou des pommes de reinette- Si 1 on pî^ce la cornue,
dans laquelle on fait ordinairement ce mélangé
fur un, bain de fable échauffé , • & qu’.on y
adapte deux grands ballons dont le premier plonge
dans une terrine pleine d’ eau froide, on obtient;
i° . un alcool d'une odeur fuave ; 20. une
liqueur nommée éther, dune odeur aromatique >
d’une volatilité extrême., & dont la préfence eft
annoncée par l'ébullition de la liqueur contenue
dans la cornue, & par les groffes,ftries huileufes
qui fillonnent la voûte de c e , vaiffeau, : on a
fojn de rafraîchir la partie fupériepre du bafton
qui le reçoit avec des linges mouillés',, 3°. après
l'éther il paffe de l'acide fulfureux, dont la couleur
blanche & l'odeur avertiffent qu’on doit
déluter le ballon pour avoir l'éther féparé; 4°. il
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•fe volatilife. en même temps une huile légère,
■ jaunâtre j qu'on appelle huile douce du vin. On doit
modérer beaucoup le feu apres que 1 ether elt
paffé , parce que la matière dans la cornue elt
noire 3 épaiffe 3 & fe bouffouffle confiderable-
mênt ; çVlorfque l'huile douce eft toute dittillee,
il paffe encore de l'acide fulfureux, qui devient de
plus en plus épais, & n'eft plus à la fin que de
l'acide fulfurique noir & fale 5 en continuant
; cette-opération par un feu doux , on parvient a
deffécher entièrement le réfidu, & a lui donner
la forme & la confiftance bitumineufes. On en
retire une liqueur acide & une fubftance feche.
& jaunâtre qui elï de véritable fouftè, en expo-
fant ce bitume à un feu très-fort. M. Baume,
qui a fait une grande fuite de travaux fur 1 e'thec
fulfurique , a examiné ce, réfidu avec beaucoup
de : foin ; il y a trodvé du fulfate de fer , du bleu
de-Truffe ou pruffiate dé fe r , une fubftance faline
&c uhé terre particulière, dont il n a point détermine
la nature r il affûte même que le fublimé
jaunâtre qu'il fournit n'eft point du foufre , &
qu'il refte blanc & pulvénijent fans,s'enflammer
fur les charbons. Nous ajouterons à ces détails
fur la préparation de 1 ether, que le réfidu liquide
dé l’éthër, j c'eft-à-dire , le mélange d'alcool &
d'àçide fulfurique d'où on a retiré l'éther peut
refournir de nouvel éther, par 1 addition d alcool
& par une fécondé diftillation. On peut meme
réitérer piufieurs fois ces diftillations fur le premier
réfidu auquel on ajoute à chaque fois de
l'alcool, & retirer ainfi d'un mélange de fix livres
d'acide fulfurique & d'alcool, auquel on ajoute
■ fucceffivement quinze livres de ce dernier fluide,
plus de dix livres de bon éther. Ce procédé , aufft
ingénieux qu’économique , eft du a M. Cadet, de
l'académie des fciences. . . . A
L’opération que nous venons de décrire eit
une des plus fingulières que la chimie foumiffe
par les phénomènes quelle préfente, & en même
temps une des plus importantés par les lumières
qu'elle peut tepandre fur la compofition de l'alcool.
Avantles dernières découvertes des chimiftes,
on a eu , fur la formation de l’éther, deux opinions
qu’il eft néceffaire ' de faire connoître.
Macquer , en regardant l'alcool comme un com-
pofé d'eau & de pklogiftique , penfe que l'acide
fulfurique enlève l’eau de cette fubftance, & la
rapproche déplus en plus des caraâères de l’huile.
Ainfi , fuivant cette opinion , il paffe d’abord de
l'alcool peu altéré , enfuite un fluide qui tient
le milieu entre l'alcool 8c 1 huile , qui eft 1 ether ,
& enfin une véritable huile , parce ,que l’acide
fulfurique agit avec d’autant plus d’énergie fur
les principes de l'alcool, que la chaleur employée
pour obtenir l'éjher eft plus fortç. Bucquet,
frappe d'une obje&ion qufil avoit faite à cette
théorie, fur ce qu'ilétoit difficile de concevoir
comment l’acide fulfurique , chargé dès, le commencement
de fon aûion fur l’alcool d’une cer