que l’on défignoit , il n’y a pas encore plus de
douze ou quinze ans , l’efpèce d’alcali'fixe végétal
ou. de potafie impure que Ton obtient- , foit en
brillant les végétaux , foit en calcinant le tartre
féal ou par le nitré. Comme cette potafie 3 outre
les corps étrangers qu’elle contient 3 eft elle-
même dans deux états 3 bu compofée de deux portions
fort variables 3 l’une cauftique & pure, l’autre
combinée avec l’acide carbonique , ce mélange eft
déliquefcent èn raifon de la première portion j ainfi
foiïs ce point de vue , cette dénomination eft encore
ëxaéte 3 mais ce n’étoit point ainfi qu’on la
concevoit dans le tems où elle étoit le plus généralement
adoptée par les chimiftes. On donnoit ce
nom comme un cara&ère diftinétif de l’ alcali végétal
3 & pour ne pas le confondre avec l’alcali
minéral 3 qui étoit nommé efflôréfcent ; mais l’un
& l’autre de ces caractères n’eft pas plus vrai &
plus applicable à la première qu’à^ h. fécondé efpèce
d’alcali fixe. Tous les deux bien purs, font
également fufceptibles d’atrirer l ’humidité de l’air 5
' la foude n’ eft efflorefcente que dans l’état de
carbonate de foude ; & la potafie impure, en partie
à l’état de carbonate 'de potafie , n’eft pas entièrement
déliquefcente. Ainfi l’on doit abandoh-
ner l’expreflion d’alcali déliquefcent pour défigner
■ la potafie , puifque ce mot ne la diftingue point de
’ la foude , quand toutes les deux.font pures. Voyez
les mots àlcalI j Déliquescence, Potasse ,.
Soude.
Alcalis doux..Quand on eut déterminé l’action
de la chaux fur les alcalis ordinaires, quand
on eut prouvé que,cette terre leHr_ enlève l’ac;de
carbonique en raifon dé fon affinité plus grande
pour cet acide 3 on crut qu’en raifon de la
caufticité des alcalis purs 3 on devoir cara&erifer
par l’ épithète d’alcalis doux , les alcalis combinés
avec l’acide carbonique , & tellement adoucis en
effet par cette combinaîfon qu’fis n’ont plus
fur l’organe des fens une imprefiion comparable à
leur caufticité 3 8c qu’on peut les donner à l’intérieur.
C e fut M. Blak qui, pour frapper l’ attention
fies dïimiftes fur les phénomènes produits
par l’abfence ou la préfence de l’ acide carbonique
dans les alcalis 3 employa cette expreflion d alcalis
doux î mais aujourd’h u i, depuis qu on a prefque
généralement adopta la nomenclature méthodique
& raifonnée, on ne peut plus conferver une épithète
générale & vague, une propriété relative à
la faveur , pour défigner une combinaîfon , & les
anciens mots d’alcalis doux font remplaces par
ceux de carbonates alcalins , carbonates de po-
tafîe 3 de foude. , d’ammoniaque. ( Voyez ces
mots. )
Alcali effervescent. C ’eft encore dans les
premiers temps de la découverte de 1 air fixe ou
#cide carbonique, faite par Black dans lès alcalis ,
' que pour mieux caraétérifer leur différence dans
l’état cauftique d’avec l’état ordinaire èù ils foflt,
combinés avec cet acide 3 on les a défignés par le
mot effervefcent , qui exprime en effet \î propriété
de faire effervefcènce due à l’acide carbonique
j au moins à cette époque les mots effervef-
cence & effervefcent étoient-ils bien compris 5 on
commençoit à bien connoître la caufe de l’ effer-
vefcence dans le dégagement de l’acide carbonique
par des acides plus forts 3 & on ne donnoit
déjà plus cette propriété comme cara&ère des alcalis
5 mais bien de ces fels plus oü moins chargés
de l’acide aerien d’alors 3. car fi faut remarquer
qu’avant cette découverte , il étoit fi généralement
convenu que I’effervefcence étoit un caractère
inhérent aux alcalis , qu’on n’auroit pas pu propo-
fer de faire merftion de cela dans leur dénomination
3 & qu’on n’a dû prendre ce parti que lorf-
qu’on a bien diftisgué les alcalis dans deux états.
Les alcalis effervefcent, font les carbonates alcav
lins. ( Voyez ces mots. )
A lcali efflo r es c en t . On défignoit
quelquefois fous ce nom dans les ouvrages ^de
chimie , le carbonate de foude en criftaux, quon
nommoit aufli fel de foude , à caufe de fa propriété
très-remarquable en effet de s’efEeurir par
le contaét dé l’air , ou de perdre fon eau de
criftallifation , en la cédantx à l’air 5 mais ce n’eft
pas comme > alcali minéral que ce fel de foude
préfente cette propriété , c’eft comme formant
un fel neutre avec l’acide carbonique, & quand
elle, eft pure , elle eft au contraire fortement
déliquefcente. ( Voyezles mots Efflorescence -,
C arbonate de soude 3 Soude.
Alcali extemporané. C ’eft ainfi qu’on nommoit
la potafie qu’on fe procurait promptement
& prefque fur le. champ, en brûlant dansun creufet
du tartre à l’aide du nitre 3 le mot extemporané
étoit donné en général à toutes les préparations
que l’on faifoit au moment où on en avoir befoin.
( Voyez le mot Potasse. )
Alcali fixe. C ’étoit ainfi qu’on appelloit la
potafie il n’y a pas encore plus de vingt ans. Lorf-
qu’on ne connoîfibit prefque encore que cette ef-
pèce d’alcali , & fur-tout avant qu on n’eût démontré
la véritable différence de la foude , cette
dénomination étoit bien légitime,, & même
èxaêle 5 mais depuis la deftination de ces deux ef-
pèces, le mot alcali fixe eft-il devenu le nom du
genre , & on ne dit plus guèrès ces mots qu’au
pluriel, alcalis fixes. On voit pourquoi après la découverte
de l’alcali de la foude , on dût ajouter à
l’expreflion d’alcali- fixe , celle de végétal ou de
minéral > pour défigner chacune de fes efpèces.
( Voyez A lCALI.) '
j Alcali marin. On a Couvent défigné la foude.-
par ce nom , P^tce qu’elle fait la b^fe du fe i
marin, 8c qu’elle exifte en grande quantité dans la
mer. ( Voyez Soude. )
Alcali minéral. Il en eft de même du nom
d’alcali minéral donné à la foude, parce qu’on la
trouve abondamment dans le règne minéral -unie
aux acides , 8c formant des fels neutres criftal-
liles à la furface ou dans l’intérieur de la terre,
ou diflbus dans les eaux. (Voyez Soude. )
Alcali phlogistique. On a cru pendant longtemps
, qu’en traitant les ^alcalis fixes avec le fang
de boeuf & plufieuts autres matières, animales ;
pour les rendre fufceptibles de précipiter le fulfate
de fer ou vitriol de fer en bleu de Pruffe. On les
ffurchargeoit de phlogiftique 5 de-là l’expreflion
d’alcali phlogiftiqué qu’on avoit adoptée pour défigner
l’ alcali ainfi traité. On connoît mieux aujourd’hui
la nature de cette préparation, & on fait que
le phlogiftique ne peut pas plus y contribuer qu’à
d’autres combinaifons , puifqu’il eft bien probable
qu’il n’étoit qu’un être de raifon. Voyez ^es mots >
A cide prussique & prussiate 5 voyez aufli
l’article Phlogistique.
Alcali Prussien. Quand Macquer eut fait
la belle découverte de la décoloration du bleu
de Prufie par les alcalis , & de la combinaîfon de
fa matière colorante avec ces fels, on adopta 1 expreflion
d’alcali pruflien, pour défigner la potafie
faturée de la partie colorante du bleu de Prufie 5
on la nomme aujourd’hui prufliate de potafie ,
parce qu’on a trouvé que cette partie colorante la
fature à la manière d’un acide. La dénomination
d’alcali pruflien rappelloit la potafie tellemert
chargée de cette partie colorante du bleu de Pruffe
, qu’elle étoit fufceptible d’en réformer fur le
champ de pur & beau en l’unifiant à la difîblution
dè fulfate de fer , tandis que l’alcali phlogiftiqué:,
qui provenoit immédiatement de la potafie traitée
avec le fan'g de boeuf, ne donnoit avec le fulfate
de fer qu’un bleu très-impur, & qui avoit be-
foin d’être animé par les acides. ( Voyez les mots
Acide prussique & prussiate.)
Alcali du tartre. Avant qu’on eut déterminé
l’identité parfaite de l'alcali obtenu par la
combuftion & l’incinération de la plupart des matières
végétales , avec celui que fourni ffoit- le tartre
par la calcination , on avoit défigné ce dernier
par le nom d’alcali du tartre 3 aufli à cette
^.époque de la fcience on donnoit au fel qu’on ob-
tepoit de chaque végétal brûlé le nom de ce végétal
3 on difoit fel fixe de genêt, fel fixe d’ab-
tartre qu’an- retiroit le plus abondamment cet
alcali fixe, & qu’on l’obtenoit plus pur que de
toutes les autres matières végétales. ( Voyez
mot Potasse. )
_ Alcali végétal. C ’étoit encore une des dénominations
fynthe, &c. Cependant la dénomination d’alcali
du tartre a régné long-temps après qu’on eût la
preuve expérimentale que cet alcali pouvoit être
obtenu de la même nature du plus grand nombre
des végétaux brûlés 3 mais alors cette dénomination
n’a été adoptée que pour exprimer quç ç’étoit du I
qu’on employoit pour défigner-la
potafie en raifon de fon origine. On s’ en fert encore
quelquefois comme de fynonyme du mot
potafie , & afin de ne point trop répéter ce dernier
rfiot dans les ouvrages ou les leçons de chimie.,
( Voyez le mot Potasse. )
Alcali volatil. Ces deux mots ont longtemps
confti tué feuls la dénomination de l’efpèce
d’ alcali que nous avons nommé ammoniaque 5 &:
il eft certain qu’ils exprimoient biçn la différence
de cette troifième .efpèce d’avec les deux premières
, qui étoient nommées alcalis fixes par
oppofition à celle-ci. Au lieu d’être folide■ , celle-
ci eft toujours liquide & même fluide élaftiqire
ou gazeufe 3 les alcalis fixes font fans odeur , 8c
l’alcali volatil en a une très - vive & très-énergique
3 les premiers reftent rouges. & fondus dans
des creufets avant de fe volatilifer, & l’alcali volatil
fe réduit en vapeur, avant la température
de l’eau bouillante 3 il eft même vaporeux ou
gazeux bien avant cette température, lorfque
l’air le touche & le diflout. Ainfi, la dénomination
d’ alcali volatil étoit très-bien fondée , fur-
tout en comparai fon ou en oppofition de celle
d’alcalis fixes, qui étoit elle-même très-juftement
donnée à la potafie & à la foude 3 mais lorfque
nous avons cru, pour la facilité de l’étude de la
chimie & pour hâter les progrès de cette fcienc
e , devoir adopter une nomenclature qui, par
fes étymologies Amples & la difpofition des mots ,
pût préfenter un enfemble, un fyftême méthodique
& .régulier de dénominations, nous avons
penfé qu’ une .fubftance, bien- caraélérifee & bien
connue, ne devoit point être nommée par deux
mots, l’un générique & l’autre adjeêlit, qui ne
poüvqit en donner qu’une idée vague 3 nous avons
alors fubftitué au nom d’alcali volatil celui d’ammoniaque
3 ©n verra dans l’article placé fous ce
mot , & qui contient l’hiftoire des propriétés de
cette efpèce d’alcali, les raifons qui nous ont déterminés
à adopter cette dénomination. Ondoie
être prévenu que cette nouvelle dénomination
n’exclud point entièrement, ne proferit point celle
d’alcali volatil 3 on peut employer celle - ci quelquefois
comme fynonyme. ( Voyez le mot Ammoniaque.
)
Alcali volatil concret. On nommoit
ainfi l’efpèce d’alcali volatil , folide & criftahifé ,
qu’on obtenoit en diftiliant le fel ammoniac ou mu-
riate" ammoniacal avec la craie ou l’alcali fixe ef-
fervefeent, pour le' diftinguer de l’ alcali volatil
, fluor que foujuilfoit le même fel cîécompofé paf