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d'un très-grand liant , parce qu’elle ne contient
prefque pas de fable groflier. Elle réfitte au feu
le plus violent, fans donner le moindre ligne de
fuuon. Cette argile, lorfqu'elle eft expofée feule
à l'action d’un feu médiocre, perd fa couleur, &
y devient affez blanche ; mais lorfqu elle eft po'uf- ;
fée à un feu capable de la cuire complettement, j
c’eft-à-dire, de la rendre dure comme un caillou, .
elle prend une forte teinte dé roux.1
Il paroîtqu'en général toutesles argiles blanches
ou colorées confervent leur blanc., op en acquièrent,
lorfqu'elles ne font calcinées qu'à un feu médiocre
avec le concours .de l'air libre > mais qu'il
n'y en a point qui ne, perdent enfuite d'autant
plus de leur blanc, qu'on les calcine Sc qu'on les
chauffe plus fortement.
Cette argile de Gournay , en vertu de fa qualité
réfraélaire, peut très-bienJefvir pour les fours &
pots de verrerie, 8c ,eft effectivement employée à j
cet ufage dans une grande .verreriè. Celle avéc
laquelle on fait les pots, doit être épluchée, pour
en féparer quelques parties de terre^ferrugineufe.,
jaune, difperfées çà & là dans fa fubftance.\
2°. Le territoire de Montereau-fur-Yonne &
des environs, eft rempli d'ùne grande quantité de
bancs d'argiles de differentes nuances de' gris, dont
la plupart font très-bonnes, peu fableufes, très--
liantes & très-réfraétaires. Ces argiles fe comportent
au feu, à-peu-près comme celle de Gour-
nai dont il vient d'être queftion, La meilleure &
la plus pure de toutes celles de ce canton Ce tire
d'une grande fouille fur le chemin 8c à la montagne
de Moret. Cette argile , dans la fouille
même, & lorfqii'elle êft humide, eft d'unè couleur
fi rembrunie, qu'elle paroît toute noire. Elle perd
à un feu médiocre toute cette couleur, & y devient
d'un fort beau blanc, p n en fabrique de
jolies poteries de terre blanche 8c fine , façon
d'Angleterre, a Montereau m êm e ,e n c o r e plus
a Paris , à la manufacture du Pont-àux-choux. On
épluche & on lave cette argile dans ces manufactures
, avant de l'employer.
3°. 11 y a au village, de Savigny en Picàrdié, à
quatre lieues de Beauvais, des bancs confidérâbles
d'une argile grife, liante, peu fableufe, avec la-
' quelle les habitans de ce village, qui font .prefque
tous potiers, fabriquent les poteries de terre com- _
mune, cuite en grès 8c fans couverte, dont on
fe fert à 1 aris & autres lieux; Cette terre blanchit
peu au grand feu ; elley réfifte affez bien. Cependant
lorfqu'elle eft trop chauffée, il fé forme de
grandes ampoules à fa furface, & elle fe fépare en
feuillets, fans néanmoins eue cela ait l’apparence
d'un commencement de fufion. Ç uand cet accident
arrive, les ouvriers qui la travaillent, difent qu'elle
eft brûlée.
On ne Te donne pas la peine de l'éplucher exactement
ni de la laver pour cés poteries groflières
& à bas prixj aufli y a-t-il beaucoup de pièces
tachées 8t trouées.
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4°. Cn trouve aux envirofisde Maubeuge, une
argile gris-blanc, bonne, liante & bien réfradaire,
qui ne change point de couleur au grand feu, qui
s'y cuit très-dure & très-ferrée } c’eft celle avec
laquelle on fait les poteries de joli grès fin dé Han-
dres, qui ont une couverte faline, 8c qui font ordinairement
ornéès de peintures en bleu de fafre.
5°: 0n peut mettre aufli au nombre dés bonnes
argiles’, une - ar-gïle grife de' Vilentraut , près
de Montmireil,qui fert aux-creufers de quelques
verreries $ une grife aufli, de laBellière en Normandie
, employée autrefois aux pots 8c fours
de la glacerie de Saint-Gcbin } une argile blanchâtre
de Sufy en Picardie , dans le voifinage
de Saint-Cobin, que l'on a fubftituée depuis quelque
temps à la terre de là Bellière, dans la même
manufacturé. M. Dantic, doéteur en medecine,
correfpôndant de l'académie des Tciences , qui à
remporté le prix de cette académie iur la verrerie,
fait mention de ces deux dernières argiles dans fes-
mémoires. On peur regarder erf^générai comme
très bonnes toutes les argiles employéès pour les
pets de verreries , parce qu'il fàut que ces vafes
rëfiftent à l'aCtion d'un feu très - violent, fans
aucune interruption pendant plufieurs mois, en
contenant de plus une matière très-fondante telle
que le verre.
6‘V A l'égard dés argiles *bièn blanches , nettes
8c pures, ellés font encore beaucoup plus communes
que les grifes. j'ai cité pour exemplè de ces
fortes de terre urte argile blanche des environs de
Ghateaudun, qui entre dans la cbmpofition d’une
porcelaine qu'on’ fait à Orléans.
7°. Une autre àrgije blanche , qui n'eft point
encore connue ni employée, eft celle que j'ai fait
venir des environs du Port-Louis en Bretagne, où
iLy en a de très-grands bancs. Cette argile eft
d’une blancheur admirable ; elle eft mêlée naturellement
de beaucoup de gros & de menu fable
quartzeux, & d'une grande quantité d’un beau
mica, blanc, & parfemé dé quelques taches jaunis,
ferrügirièufes , qu’il faut absolument' enlever avant
de la làVer r elie eft affez lianté, quand elle eft fé-
parée de la plus grande partie de ces matières étrangères
par un lavage exaét} elle eft bien réfa&aiie
& demande une chaleur très-fprte, pour fe cuire
aü point défaire beaucoup de feu avec l'acier; elle
pçrd, quand elle eft cuite à ce point, beaucotipde
fon blanc, comme toutesles autres, & devient un
peu tranfparenté. J'ai, fait faire avec cette argile
toute feule des poteries'de tèrre fine , d'un blanc
paffable , qui reffemble beaucoup à la vraie terre
blanche d'Angleterre} mais cette terre a l’inconvénient
de fe rider d’une manière défagréable à fa
furface en fe cuifant.
Tels’font les détails que donneMacquer'fùrles
principales efpèces d'argilés pures de France # l u a
eu occafîon d’examiner , 8c que j'ai cru devoir
configner dans cet ouvrage. On en trouvera plu-
. fieiijs autres également intéreflans aux artic.es
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Creuset, Fusion, Porcelaine, Poteries,
Tfrres, Vitrification, &c. «rang
Macquer donne dans lonarticle Argile, a la Blindes
réfultats généraux que j'ai empruntes de cet
nnvra^e un expofé des théories qui regnoient il
v attente ans fur la nature des argiles, & fur-tout
L celle de M. Baume .qui regardent .ces terres
comme de la terrtvitnflable. ou de lafiiice alteree
uarl’acide fulfurique. Comme cette théorie, que
îvlacquêt combat même dans 1 article citeici, n eit
admife aujourd'hui par. aucun chimifte, il eft inutile
de faire connoître ici tous les details.dans lel-
quels Macquer eft entré à cet.égard. D'ailleurs les I
Drincipaux points de cette théorie ont été traites
dansl'article de 1'Alumine , & il ferait fuperflu
d’en repréfenter une partie dans cet article qui n eit
deftiné qu’à faire connoître les propriétés de cette
terre, alliée comme elle Pdf dans la pâture avec
lafilice Sc toutesles autres matières qui ên altèrent
les caraâères , & qui la convertiffent par cette altération
enargile.
Argile acéteuse. Bergman avoit adopté une
nomenclature des fels neutres inverfe de celle qu’on
avoit employée jufqu à lui. Les mots de vitriol,
nhre,fel marin, ou fel Amplement, ceux de fels :
tartareux , acéteux , pkofpkorique , de telle ou telle
bafe, avoient d'abord été fubftitués aux noms in-
iïgnifians, prefque myftiques, ou aux noms d’hommes,
qu'on avoit peu-à-peu introduits dans la
fcience i mais Bergman qui .vouloit faire régner
dans les noms une uniformité, dont il favoit bien
que devoir dépendre la clarté de la fcience, avoir
préféré de nommer les fels neutres d abord du nom
de la bafe terreufe, alcaline ou métallique, & d ’y :
ajouter celui de l'acide. Ainli le. mot argile aceteufe
fignifioit la combinaifon de i argile pure ou de 1 alumine
avec.le vinaigre ou acide aceteux. Nous aurions
adopté cette marche, fi elle avoit permis
de défigner l'état des acides, que Bergman ne con-
noiffoit point encore exactement.. Dans notre nomenclature
méthodique, l'argile aceteufe de Bergman
eft notre acétite d'alumine. Voye[ ces mots.
Argile aerée. C ’ eft dans la nomenclature de
Bergman, lai combinaifon de l argile pure avec
l'acide aérien de cet auteur. Cette combinaifon eft
le carbonate d’alumine delà nouveile nomenclature.
V o y ces mots.
Argile arséniquée. Sel neutre ainfi nommé
par Bergman, & compofé d'acide arfenical de cetau-
teur avec l'argile pure. C'elt notre arféniate.d alumine.
Voyçç ces mots.
Argile crayeuse. On a nommé pendant quelque
temps argile craÿcafé la combinaifon de. l'alumine,
avec l’acide carbonique. Celui-ci portoit
alors le nom d'.a uit? crayeux. f^oye[ 1 article du
Carbonate d’alumine.
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Argile élu orée. C ’étoit d’après Bergman le
fel neutre formé par l'acide fluorique uni à l'argile.
Nous le défignons aujourd'hui par le nom de Feua-
te d'alumine. Vcyeq ces mots.
Argile muriatique. (Juand l'argile 'étoit
unie à l’acide marin ou muriatique, c’étoit ainfi
que Bergman exptimoit cette combinaifon. Nous
la nommons Muriate d’alumine. Voyei ces
mots.
Argile nitrée. Bergman nommoit ainfi la
combinaifon de l’argile pure avec l'acide de nitre.
On fait aujourd’hui que cette combinaifon peut
être double, foit avec l'acide nitreux, Toit avec le
nitrique. Dans le premier cas, nous.le nommons
NïTRiTED'ALUJifiNE, & dans le fécond Nitrate
d’alumine. Voyc{ ces mots.
Argile phosphorée. Bergman défignoit par
ce nom la combinaifon de l'àcide phofphorique
avec l'argile pure. C'eft dans la nouvelle nomenclature
o u ïe phofphate i ’alumine , ou le phofphite
d‘alumine, fuivant que l'acide du phofphore y eft
chargé de plus ou de moins d'oxigène , ou phof-
phorique ou phofphoreux. Foycj ces mots.
Argile spaLhique. Dans le temps où l'acide»
fluorique étpit nommé acide fpathiqae , quelques
chimiftes nommoient le fluate d'alumine argile fpa-
thique. Bergman nommoit aufli ce fel argile fluorée.
Voye[ le mot Fluate d’alumine.
Argile vitriolée. On conçoit que c’étoit
là, danslefyftême des dénominations de Bergman,
celle qu’il donnoit à la combinaifon de l’acide vi-
triolique& de l'argile pure. Dans la nomenclature
moderne, les noms de l'acide du foufre & de l’argile
étant changés , cê fel eft hfulfate d'alumine ou
le fulûic dlalumine , fuivant que l'acide eft à l'état
fulfurique ou à l'état fulfureux.
Réflexions fur la nomenclature de Bergman.
On voit qu'en fuivant l'efprit des dénominations
indiquées par Bergman, & qui ont été fuivies par
plufieurs chimiftes, & fur-tout par les Allemands,
le rapport qui exifte entr'elles, fuppofe que les fels
neutres y font, confidérés par leur bafe, & que
celle-ci femble en déterminer les genres, de forte
'qu'il y auroit dans une difpofition mérnodiquefon-
déè furce'principe, autant de genres de fels neutres
qu’il y a de Bafes. Il s'enfuit encore que les efpèces
de ces genres feraient diftinguées par les acides,
& que leur nombre égalerait celui de ces derniers
fels. Mais quand on comparé les propriétés des
fels neutres lès unes aux autres, on reconndît
que celles qui dépendent des acides, font plus
confiantes & plus générales.que celles qui tiennent
aux bafes tetreufes ou alcalines. Celles-ci en effet