
qu’avec cette généralité dans mes élémens de !
chimie } mais dans un ouvrage où Tenfenahle die
la fcience doit être préfenté avec toute fa ri-
çheffe 8c toute fon étendue , il ne conviendroit
pas de s’en tenir à te (impie expofé. Il faut
faire connoître, en détail, les faits fur lefquelç
eu fondée l’opinion où je fuis, que l’argent
eft oxidable par ces deux agens, pourvu qu’on
les emploie l’un & l’autre en grande maffe.
Je dois donc entrer à cet égard dans tous les
détails néceffaires , pour affeoir l’opinion du lecteur
qui cherche à approfondir les phénomènes
de la chimie.
M. Darcet, dans fes belles expériences fur
l’aélion d’un feu long 8c égal, dit avoir enfermé
de l’argent très-pur dans des boules de porcelaine
dure de. Sève, 8c l’avoir tenu expofé au
feu qui cuit.cette porcelaine. Le. plus grand nombre
de ces boules a été rompu par la dilatation &
la tendance à fe vaporifer du métal ,} il a été en
partie changé en une maffe fpongieufe, d’un blanc
jaunâtre, dans laquelle il paraît qu’il y avoit une
portion d’oxide d’argent. Macquer , .malgré fa
répugnance à croire à l’oxidabilité de ce qu’on
appelloit les métaux parfaits, rapporte des expériences
faifes au foyer du verre ardent, qui ne*
lailfent aucun doute fur l’oxidation qu’y a éprouvée
l’argent. Il n’eft pas encore bien décidé , ( dit-il ) ,
(I for & l’argent peuvent fe brûler comme les
autres métaux par l’aûion d’un feu ou très-violent,
ou long temps foutenu, 8c aidé du concours de
l’air } mais -ce qui eft très-certain, c’eft que fi
.ces métaux font fufceptibles de cette efpèce de
calcination, il y a , à cet égard,-une différence
très-grande entr’eux 8c tous les autres. On verra,
à l’article de I’C r , le réfultat des expériences
qni ont été -faites en divers temps par plufieurs
phyficiens 8c chimilles., fur la calcination 8c la
vitrification de l’or §c de l’argent. Je dirai feulement
ic i , au fujet de ce dernier métal, que
WM. Cadtt 3 Lav.oifîer3 Rrijfon 8c moi3 ayant .été
chargés, par l’académie dos foienees, de faire
la fuite ,1a plus cpmplette qu’il feroit poffible,
d’expériences au foyer de la grande lentille de
Tfchirnaufen , de trente - trois pouces de diamètre,
dont elle eft propriétaire } que M. de
la Taurd‘Auvergne, rempli de .zèle pour l’avancement
des fciences , nous ayant prêté la fécondé
lentille du même aupeur, 8c de même diamètre.,;
qui lui appartient, 8c qu’ayant obtenu toutes les'
facilités dont nous avions befoin pour faire la
fuite des expériences projetées , nous avons profité
de tous les jours favorables depuis le mois
.d’août de Tannée 1772 , pour expofer aux foyers:
de ces verres ardens , les plus grands 8c les
-plus forts qui aient été connus jufqu’à celui de
PA. Trudaine, une infinité de fubftances différentes}
que l’or 8c l’argent fur-tout ont été fournis nombre
4e fois à l’aCtion de ces foyers dans leur plus
^rand état de pqreté} que nous avons obtenu dans
ces expériences des vitrifications à la furface de
ces deux métaux, mais de manière cependant à
n’être pas encore parfaitement affurés qu’elles
provinftent du métal même} qu’il s’élevoit de
leur furface une fumée très-fenfil le , 8c quelquefois
de cinq à fix pouces de hauteur. Enfin que
nous avons conftaté de la manière la moins équivoque,
que cette fumée n’étoit autre chofe que
l’or ou l’argent même réduits en vapeurs par
la violence de la chaleur. Le moyen dont nous
nous fomm.es fer vis pour mettre cette vérité importante
hors de doute, a été auffi (impie que
déci.fif : il a confifté à expofer une lame d’argent
à la fumée de l’or , 8c une lame d’or à celle
de l’argent, la lame d’argent a été bien dorée
par la fumée de l’or & celle d’or très- bien argentée
par la fumée de l’argent, d’où il fuit que
la fumée de l’or 8c de l’argent n’eft autre chofe que
ces métaux eux-mêmes réduits en vapeurs, de
même que la fumée de l’eau eft de l’eau , celle du
mercure, .du mercure} 8c q,u’enfin la fixité des métaux
parfaits, ni probablement celle, d’un autre
corps n’eft point abfolue, mais feulement relative
au degré de chaleur qu’ils éprouvent. 11 eft vrai-
femblable qu’ri en fera de même au fujet de leur
incombuftibiiitè ou incalcinabilité.
Cette dernière affertion de Macquer eft confirmée
par des expériences faites depuis lu i, &
fur-tout par les effets du feu violent produit par
l’air vital verfé fur les charbons. M. Ehrman décrit
ainfi .ce qui arrive à l’argent chauffé fortement
dans un charbon avec l’air vital. L’argent très-
fin fondit fuhit.ement en un bouton brillant, fe
volatilifa bientôt, 8c préfenta, comme l’o r , des
phénomènes particuliers. Il parut fur le bouton
d’argent une tache noire, 8c fur celle-ci, quelques
globules d’argent mat. Environ une minute
après, le bouton prit un mouvement de rotation,
exhala une forte vapeur violette, 8c tacha Je tuyau
qui verfe l’air vital d’un j.aunë fale. Le microf-
cope fit découvrir une poudre d’argent très-fine
à l’embouchure de ce tuyau. Le poids du bouton
d’argent étoit fenfiblement diminué , la tache
noire étoit plus élevée, 8c on y voyoit plufieurs
globules d'argent. Ce bouton diminua de plus
en plus, la tache noire au contraire s’augmenta,
8c fe fit appercevoir diftinétement fur le bouton
d’argent qui continuoit fa rotation. L.a ttoifième
minute-écoulée , le bouton d’argent était ÿolatiljfé
entièrement. Le creufet de charbon' & fori bord
étoient incrufrés d’une infinité de globules d’argent,
dont une partie étoit vifiblè à. l’oeil nud}
le microfcope faifoit découvrir l’autre} dans cet
infiniment, le .charbon paroiffoit couvert d’une
croûte grife.
L’argent .expofé au feu , dit M. Lavoifier, a
fondu en dix fécondés, .il a répandu une fumée
corifidérable, mais fans flamme. Une -pomme de
canne d’o r , expofée à la vapeur blanche y n^a
point été fenfiblement argentée, mais comme on
opéroit la nuit, on ne peut pas c'ompter à un
certain point fur cette obfervation. Quoique l’argent
fût fort pur, il s’eft formé à la partie fupérieure
du globule une petite croûte v.itreufe , jaunâtre,
provenant, fans doute, de l’oxidation 8c de la
yitrification de quelques portions de métal allié à
l’argent.
On a répété cette même expérience, en fe
fervant d’un grand ajutoir , 8c en expofarit ainfi
y argent à un courant d’air vital très-confidérable,
pour examiner fi l'argent répandoit de la flamme,
comme la plupart des autres métaux : il a fondu
en peu de temps, 8c il s’eft formé à fa furface
fupérieure une très-petite couche d'oxide jaunâtre,
mais il n’y a point eu de flamme.
Dans ees -diverfes expériences on reconnoît,
malgré le peu tTaffurance des auteurs qui les ont
faites, que l’argent a été en partie oxidé, qu’il
s’eft formé un oxide, & même un verre fohcé
ou d’un jaune vert. Les phénomènes produits
par une violente commotion électrique fur l’argent
placé dans Tair, rendent encore notre opi-
pinion de plus en plus vraifemblable. Meldinger
dit avoir converti par* le choc éleCtrique, de
l’argent en une poudre d’un brun noir. M. Van-
mamm en employant pour fes belles expériences
éledriques, la machine fameufe qui eft dépofée
dans le cabinet de Teyler en Hollande, a vu
des fils d’argent brûler avec flamme, & fe réduire
en un oxide fumeux-, en une vapeur légère
que: le vent emporte. M. Charles a répété
avec fuccès cette combuftion de l’argent. Plufieurs
pieds d’un fil d’argènt fin, d’un affez fort diamètre,
frappés dans l ’air d’un choc éleCtrique, produit par
une très - grande batterie, brûlent en un inftant
avec une flamme d’un blanc verdâtre 3 l’oxide
qui en réfulte, eft réduit en gaz dans Tatmof-
phère, 8c fe condenfe en réfroidiffant en flocons
légers qu’on voit nager dans l’air.
L’argent n éprouve aucune altération de la part
de l’air} fa furface n’eft que très- peu ternie , &
même au bout d’un temps très-long , mais aucune
efpè.ce de rouille n’attaque ce métal} dans un ef-
pace de temps très - conlidérable, il noircit par
l’aftion d’un peu de gaz hydrogène fulfuré qui
fe mêle toujours à l’air.
J L’eau rfa pas plus d’aClion fur ce métal, que
1 air ftir l’argent.
dans les circonftancesdéià rapportées cî-deffus, ne
laiffe aucun doute relativement à l’union de ce métal
Les matières terreufes ne fe combinent point
avec lui 3 fpn ox-ide paroît fufeeptible de - colorer
en olive les verres'avec lefquels on le feroit en-
trer en fufion. 11 femble même que le contaCl
d autres oxides favorife l’oxidation de f argent,
mme on le voit dans l’art de l’émailleur : car
tes émaux blancs ou peu colorés, qu’on applique,
ÿU argent par la fufion, prennent une teinte verte
d olive, pour peu qu’on les chauffe un peu. trop.'
Cette coloration en vert foncé étant d’accord
avec tout ce qu’on fait fur l’oxidation de l’argent,
avec Toxigène , & ce qui paroît accélérer fon
oxidation, c’eft l’attraébion difpofante des oxides
métalliques, & du verre pour celui de l’argent. I
.Les matiè:esfalino-terreufes &les alcalis n’agif
fent point d’une manière fenfible fur l’argent. Il
paroît cependant que la potaffe 8c la foude caufti-
ques agiffent fur ce métal. J’avois fait fabriquer un
creufet d’argent pur, très-épais 8c pefant près
d’une livre, pour y faire des expériences exactes
fur les pierres. En y traitant du féldfpath avec le
double de fon poids de potaffe bien pure, le
creufet n’a pas été plutôt rouge 8c même légèrement,
qu’il a paru fe déformer} en voulant Ten-
lever avec des pinces | il s’eft brifé fur fes bords,
il étoit devenu fi caftant, qu’il a été très-difficile
de le. retirer du fourneau } réfroidi, il étoit gris
fale, tout bourfoufflé, comme écailleux. On verra
à l’article du Plat in e , qu’il en a éprouvé autant,
de la part de la potaffe. Certainement il exifte
d’après cela une grande aêtion entre l’alcali fixe
pur 8c l’argent 3 mais cette aélion mérite d’être
plus fuivi©., 8c n’eft pas affez connue, pour nous
occuper plus long-temps.
L'acide fulfurique lediffout, lorfqu’il eft très-
concentré 8c bouillant 3 8c lorfqu’on lui préfente
ce métal dans un grand état de divifion , il fe dégage
beaucoup de gaz acide fulfureux de cette
diffolution , l'argent eft réduit en une matière
blanche, fur laquelle, il faut verfer de nouvel
acide fulfurique, fi Ton veut l’avoir en diffolution.
En faifantévapôrer cette liqueur avec excès d’acide
fulfurique , on obtient de très - belles aiguilles
-de fulfate d’ argent. J’ ai obtenu plufieuis fois ce
fel en plaques formées par la réunion d’un grand
nombre de prifmes ou d’aiguilles fur leur longueur.
Si lé fulfate d’ argent eft fans excès d’acide, il prend
la forme.de petits grains qui font diffolitbles dans
l’eau aiguifée d’acide fulfurique. C e fel fe fond
au feu } il eft très-fixe } traité par une affez grande
chaleur, il fe décompofe. L’eau en grande quantité
trouble Tàeide fulfurique tenant de l’oxide
d’argent. Le fulfate d’argent eft décompofable par
les alcalis, par le fer, le cuivre, le zinc, le mercure,
8c.e, Expofé à la lumière, il noircit, fe décompofe
lentement.8c fe recouvre à la longue d’une
Jame d’argent. L’ammoniaque ne fépare point l’oxide
d’argent de l’acide fulfurique, mais forme un
1 .Tel triple avec ce fel. Tous les précipités qu’on
obtient par les alcalis, peuvent fe réduire fans addition
8c en argent fin dans les vaiffeaux fermés
par l’aôion du calorique 3 ils fourniffenttous de l'air
vital. Ainfi l’argent décompofe l'acide fulfurique à
l’aide d'une température d'environ cent degrés }
ce qui prouve une certaine force d'attraction pour
l’oxigène, plus confidérable même que celle de
l'oxigène pour le foufre. 11 ne faut pas croire avec
quelques auteurs que l’argent foit plutôtrongé que
diffous par l’acide fulfurique 5 il eft au contraire