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y faifoit naître fur-le-champ une couleur verte
foncee , ik même noirâtre, qui fe précipitoit très-
promptement : l’eau de chaux y a fait un précipité
verdâtre , & la liqueur éclaircie avoitune
couleur fauve. Le fer devient noir par le cont
a i de cette liqueur , & en frottant une lame de
ce métal avec Ia-pouflière de cette écorce &
un peu d’eau , elle prend . auffi une couleur
poire.
VI. Seconde macération dans Üeau.
Ces faits , femblant annoncer la préfence de
l'acide gallique dans le quinquina de Saint-Domin-
gue , on a expofé à l’air un mélange de huit
onces de cette écorce-en poudre, avec fix livres
d’eau de fontaine froide , afin de favoir fi ce
n’étoit pas un moyen d’en féparer l’acide gallique
pur , comme cela a lieu, pour la noix-de-
galle dans l’expérience de Scheèle. Cette macération
', au bout de quelques jours , étoit couverte
d'une grande quantité de houpes de mucor
vert 5 il s’eft enfuite formé ''une pellicule noire
fur laquelle avoient aûfiî végété des mucors verts
& jaunes. O n a enlevé cette pellicule 5 elle avoir
environ une demi-ligne d’épailfeur | & offroit
une matière très-gluante en deiTous. Un mois
après j la même liqueur a offert de nouveau une
pellicule noire & caftante, mais fur laquelle il
n’y aVoit plus de mucor ; cette pellicule étoit
beaucoup plus mince que là première , la liqueur
qu’elle couvroit avoit une couleur noire , : & ne
paroifloit pas au premier coup-d’oeil beaucoup
plus épaifle qu’avant fon expofition à l’air.; cependant
, elle avoit perdu au moins les trois quarts
de fon volume 3 elle n’avoit point de mauvaife
odeur 3 & ne fembloit pas. avoir fouffert d’altération
dans fes principes. Sous cette liqueur étoit
une matière brillante des diverfes couleurs de l’iris 5
agitée avec une baguette de v e r r e e lle indiquoit
quelque chofe de muqueux , & filoit à-peu-près
comme .une réfine liquide. L a faveur de cette
liqueur évaporée fpontanément, étoit beaucoup
moins amère qu’avant qu’elle fut épaiffie , & qu’on
en eut féparé les pellicules. L e liquide réduit au
volume de cinq à fix onces 3 par cette évaporation
fpontanée 3 a préfenté des criftaux cubiques
comme ceux du muriafe de foude ordinaire 3
mais dont la faveur étoit plus piquante & plus
amère 5 à cette même époque l’alcool verfé dans
la liqueur en a féparé. une matière grifë gluante ,
formant une malle ductile & tremblante comme
du mucilage épais de graine de lin 5 elle n’avoit
qu’une légère faveur amère 5 elle s’unifloit âifé-
ment à l’eau , & refîembloit à une diflolution de
gomme. Iviife fur un papier immédiatement après
fa féparation par l’alcool, elle s’eft ramollie> a
pris un coup d’oeil brillant,, & s’eft:' entièrement
deflechée en quelques heures. Cette matière eft
un véritable mucilage 3 car elle fournit par l’action
du feu une grande quantité d’acide, pyto- j-,
A N A
muqueux, peu d’huile, & point .d’ammoniaque.
En féparant ce mucilage du quinquiqa/înacéré ,
1 alcool avoit difious une matière qui lui donnoit
une couleur rouge très-foncée; l’eau précipitoit
de cette diflolution. des flocons jaunâtres qui
s’élevoient à la partie fupérieure de la liqueur.
Les pellicules traitées par l’alcool ont fourni les
mêmes réfultats que la liqueur; -une portion s’eft
unie à l’alcool, l ’autre purement gommeufes’eft
refufée à cette union, & l’eau féparoit de la
diflolution alcoolique des flocons femblables à
ceux qu’on vient de décrire. Le quinquina a perdu
par cette macération un quart de fon poids. Parmi
les diverfes fubftances que l’eau, aidée par le
contaêl & la chaleur de l’air atmofphérique, a
feparées du quinquina de Saint-Domingue, il
ne s’eft point préfenté à nous de criftaux d’acide
gallique, & il ne paroî.t pas que cet'acide, déjà
foupçonné dans cette écorce, puilfe jamais être
mis à nud par une expérience auflî fimple : il
y_eft fans doute en trop petite quantité, & il
eft en partie détruit ayant que la liqueur foit,,aflez
évaporée pour qu’il criftallife; la diftillatioh a été
auffi employée en vain pour l’extraction de l’acide
gallique, & l’eau qu’on a obtenue' n’ayoit d’autre
propriété qu’une légère , odeur de quinquina.
L’infufîon n'offre rien deplusfur lanatureçlu'
quinquina, fi ce n’eft qu’elle extrait une plus
grandé quantité de fes principes, 8c que l’écorce
perd un tiers de fon poids y en/employant la même
quantité, d’eau chaude. -
VII. Dêcoplionxdans teau^, ;
Le quinquina de Saint-Dotpîngue, plongé pendant
quelques momens dans 'L’eau bouillante, fe
déroule, s’étend en tout fens, & fon épaifteur
eft: alors au moins d’une lign e tan d is qu’aupa-
rayant elle a tout au-plus une demi-ligne^ .
Cçmme en général il eft d’amant plus difficile
de féparer les parties dés végétaux folubles.dans
l’eau , que leur aggirégation. eft|plus intime ,
on a opéré fur ce quinquina réduit en 'poudré
groffière.
On a pris une livré de cette poudre., fur laquelle
on a fait bouillir en douze fois fucceflivês
trois cents vingt livres d’eau diftillée chaque dé-,
coCtion a duré un quart-d’heure. La première
s’eft fortement colorée eii rouge brun ; elle a
beaucoup écumé, & a préfenté en quelque forte
les propriétés d’une diflolution analogue à celle
de l’écorce de merifîer : ' fa faveur1 étoit extrê-
mément amère. Cette liqueur éyaporée à une
chaleur douce dans un vafe de terre , à fourni cinq
onces fept gros d’un extrait rouge brun & bien
fec.
La fécondé déco&ion faite avec yingt-fix livres
douze onces d’eau comme Ja précédente. & Jes
fuivaptes, s’ eft moins colorée & a moins ,écumé>
elle étoit trouble & fembloit tenir en fufpen-
A N A A N A ,t
(ion une. matière rouge, pulvérulente : le^produit
de celle-ci évaporée a été de neuf gros deux grains ;
il, paroifloit parfaitement femblable au premier.
La troifième. a moins coloré l’eau, a encore
moins moufle que la fécondé, & n’exhaloit pref-
que: plus l’odeur de l’écorce de merifier ; elle
n’a donné que, 1 gros 56 grains, d’extrait.
Les phénomènes qu’ont préfenté les neuf autres
décodions ont toujours .été les 'mêmes, ils' de-.
venoient feulement moins fehfîbles à nHefure qu’on
avançoit; la dernière décoCtion n’avoit pas plus
de faveur ni de couleur que de l’eau diftillée ; la
matière .enlevée au quinquina .par ces [neuf dernières
décoctions,& obtenue par Leur évaporation,
pefoit ronce 6 gros 70 grains. Le produit extrait
des, douze décodions fuccefftves d’une livre
de quinquina de. Saint-Domingue, étoit .en tout
a, la quantité de 9 onces j 6 grains ; le • quinquina
avoit pris par ces ébullitions multipliées une
couleur rougeâtre, & il né pefoit plus, que b. | i 3
'38 gr. après avoir .éfé. féclié, tandis qu’il auroit
dû pefer ,6 onces. 7 ..gros 16"grains ; il ayoit donc
pèrdif par,1a ‘déification 5 ‘ gros 50’ grains..
VIII. Qj?ûrvâtrions Jur quelques :pkçnornençs- qui
ont lieu pendant les^décoltions,,,.
A. Le quinquina prit dans fa première décoction
une couleur plus verte que celle qu’il ayoit
dans L’état fec ; mais chaque fois qu’il touchoit à
l ’air,, encore chaud & h'urafdè, .une, couleur rougeâtre
remplaçoit la verte, ' & après avoir fubi
les douze décodions.,.. i f n’y ; avoit pjgs- qu’une
couleur fauve. Â cette époque, on. penfoit que
ce changement ténoit à la fixation de L’oxigène'
dans le rêfidu du quinquina,. & dés expériences
ultérieures ont en effet confirmé cette opinion.
B. D’autres, effets ont lieu lî on ne fait pas
évaporer les décollions. immédiatement. après
qu’elles font faites, 8i fi 011 les lâifle ^an.quiljëiij^pt
refroidir. Vôici. ce 'qüè' nous , Ont * préférite«' ces
douze décôêlioris fucçefliy.es', faites'fur. urié livré
de quinquina dé' Saint-Domingue, frai té âvéc’.Ia
meme quantité d’eaiu à-la-fois, &. abfolument
de la même' manière’: ces' dec66lipn.s ont laifle
dépofer au fond dés' vafes une matière ’ noire
molle & filante 3 qui "ne - pâjrpilfpit .pas 'diffdîume
dans l’eau froide.; La quantité de. cett^"matière
a diminué dans’ Chaque décoélion fuccefljvei,- &c
les dernières décodions n’eri ont pîusTbiirni fen-
fiblement; la première a. donné 2 onces de cette
matière féchéé ; la fécondé, eh a. fourni une once
1 gros y la troifième, 7 gros; là quatrième, 4
gros; la cinquième, 2 gros4.la.fixrèrae, 1 gros..
Les é autres iront plus rien précipité...’Comme
h livre de ce .quinquina donne par Les 'décodions
’évaporées immédiatemeritenviron 9 pnces, &
quelques’ /grains de produit fée ,;1 bn ^voit qu’en
laiffant refroidir, il refte dans l’éa.u d,e cesdé-r
codions une bonne partie des principes enlevés
I--------------1----------T J « v i t VII 1 t-lL Ç i iJ r VIIV.VP
56 grains dans les liqneurSi.On a fait évapôrer
ces douze décoctions réunjês après la précipita-
cion de la matière décrite ci-deflus.j lorfque 1/éva-
poration a. été d-pèu-près r à la moitié de la li-
queur, ri s’ell dépofé par le. réfroidiifement une
obee dé mâ^igre noire & - filante ; évaporée .èn-
•fpite ' ju fquf ^ \ \$ ..de z à; 3 livres, la
fiqueiUr à depofé encore. 1 once 2 gros de la
même matièip. La liqueur avoit alors une con-
fiftanCe aflezi forte, unf afped mucilaginenx,
r ” pihs- rien par l’évaporation &
le .refroidiflempnt ; on l’a ^ mêlée avec le double
lppids alco.ol r, il s en eft féparé une ma-
gluante h manifèftement mu-
.queufe ; Jave à plufie.urs reprifes avec l’alcool,
ce .mucilage pefoit uiie once c après avoir été def-
ieche.
: .cette manière de féparer par- le
rétroidifteinent; la fubftance.enlevée au quinquina
de^ain^Domingue, par les. douze dé'eodtons--
X, . que-cettefubftan.ee eh. a été précipitée à- la
dote de-7,onces. 2 grosb)fous:la■ forme; d'une mg-
.tiere.,,comme .po.ilfeulèrlorrfqu'ellei étoit éticorè
Jgtinude.i.i; . que la dernièrerliqueur évaporée'à
la quantité: de l à 3 livres, devoir encore'-èfi
contenir i-once figros 36 grains, 1Tnous fup-
pofonp que ces dècoâions; faites avec la méfrfe
quantite dçau, & .abfoiument paT les mêmes pro-
dans -la première .expérience, devôiént
contenir la mên^e.quantité ;de matière ; z \ qu’il y
avoj;t de plus fur'cette.quantité de 1 § b 3 grains
restans dans la dernière liqueur, une once de
mucilage que. l’alcool èn a féparé. Cette der-
mere féparduiori;annonçant que la matière di(foute
dans l ;eau « ’étpiüpas d'une feule-efpèce, &.que
falc.ppd ptoiivortifertfir i .ifoler les uns-dês'autres
MHHHMÉ principes contenus dans le produit
diiipus pu précipité, des décoâions; nous avons
tfgipe. la,fubgance. précipitée de .cfes liqueurs ré-
iroidics par l aicotil. . .
j D.;Cette fubftance Épatée parleréfrôidilTement
sjçs .difterentesj décoffions fous la forme d'une
matière brune & filante;., pefoit en tout 7 onces
2 gros ap^gs. avoir, été deiféchée. On a verfé -
fur, çses 7,. onces ; gros : urne livre d’alcool I
° n échallffe eette liqueur iufqü’à
■ n f M M l M partie de la matière i
ete diifoute , ilin’eft refte -que 3 gros, d'une poudre
du plus beau rouge, laquelle lavée avec 8 onces
deau, n’ a perdu qu’un' tiers de fon poids, &
lacouleur eft devenue encore beaucoup plus belle-
i f fubftance que l’eau lui avoit enlevée n’avoit
pretque pas.de couleur ; -c’étoit un gros de mu-
cilage femblable,celui que l’alcool avoit précipite
de là- liqueur!desidécoétions évaporées dont
nous avons,.parlé.-( lettre B ). On voit donc déf*
que.Ja matière enlevée au quinquina par l’eau
bo.mUante, contenait trois fubftances différentes 5