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diverfes' combuftions , 8c que nos yeux nous
trompent vraifemblablement ; nous ne jugeons que
d’après ce que nous voyons , 8c il fe peut que de
deux corps qui fe combinent en même temps avec
l ’oxigène , celufqui dégage à nos yeux le plus de
lumière , en retient cependant plus que celui qui
en dégage le moins ; c’eft plutôt la rapidité
du dégagement que notre vue juge , que la
quantité réelle ; fans vouloir a durer qu’il n’y a
aucune difficulté dans la nouvelle doPrine , il eft
néceffaire au moins défaire voir que celle-ci n’eft
qu’apparente, qu’elle ne tient qu’ à line erreur, à
une illufîon optique 3 8c qu’on ne doit pas fe hâter
de juger cette grande queftion fur le premier rapport
de nos yeux. On reviendra en détail fur ce
fait aux articles Lumière & Photomètre.
L’acide arfénique chauifé avec un lîxième de
fon poids de foufre s’y combine avec vivacité ,
préfente un bourfoûfflement, une effervefcence
produite par le dégagement du gaz fulphureux ,
& fe fublime en fulfure d’arfénic rouge. Ainli le
foufre .à une haute température , enlève une
portion d’oxigène à l’acide arfénique , 8c après
l’avoir en partie réduit 3 fe combine avec fon
. radical métalliquë.
Le gaz hydrogène décompofe l’acide arfénique ,
en faifant pafier ce-gaz lentement, 8c, à l’aide,
de tubes très-fins , dans des v aideaux longs 8c
étroits remplis de diffolution d’acide arfénique ;
bn voit fe dépofer, au bout de plufieurs heures.,
une poudre noire qui eft. de l’arfënic métallique.
Les matières métalliques éprouvent toutes plus
©u moins d’altération par l’acide arfénique : elles
tendent toutes à lui enlever de l’oxigène , & à
le brûler en le décompofant, de forte qu'il ne
peut pas fe former darféniates métalliques , maisN
feulement des; arfénites par l’aPion immédiate
des métaux, & fur-tout, les plus avides doxi-
gèné , fur l’acide -arfénique.
Quant aux oxides métalliques , il paroît que le
plus grand nombre eft fufceptible de. S’unir immédiatement
à l’acide arfénique. Ceux d’entre eux qui
font très-avides d’oxigène, ou qûi tendent à devenir
acides , doivent ou fe combiner peu à
l’acide arfénique , lorfqu ils font faturés d’oxigène
, ou décompofer plus ou moins d’acide, en
lui enlevant une portion de fon principe acidifiant.
11 eft des'oxides métalliques qui paroiffent
fufceptibles de s’unir à l’acide arfénique dans
leur premier degré d’oxidatioïi, 8c qui refufen t_
de s ’y combiner, lorfqu’ils ont atteint le m a x im um
de cette oxidation 3 il en eft auffi qui, après y
être reftés unis pendant quelque temps, s’en fé-
parentenfuite à mefére qu’ils enlèvent de l’oxigène
foit à l’air, foit à l’acide arfénique même 5 dans ce
dernier cas, on voit cet acide devenu fimple oxide
fe précipiter de la diffolution fous la forme d’une
efpèce de gelée : fé fer & fur - touç cette propriété.
a r s
Enfin, il paroît qu’il exifte des métaux qui, dans
l’état d’oxides, ont tant d’affinité pour l’acide arfénique
, que cette force devient une affinité dif-
pofantê qui les rend fufceptibles de .décompofer
l’eau , 8c que mis en contaèi: avec une diAblution
d’acide arfénique , ils donnent du gaz hydrogène,
& forment ainfi des arféniates. Au relie
cette partie des propriétés de l’acide arfénique
n’eft point encore fuffifamment connue ,■ 8c elle
offre encore une carrière nouvelle pour les travaux
des chimiftes.
Schéele a traité’ les principaux fels neutres 01*
moyens par l’acide arfenique, à la chaleur de la
diftillation dans des cornues de verre. Cet acide
décompofe les fulfates de potaffe & de foude ; on
diroitqu’iîpaffe alorsà l’état.d’acide arfénique oxi-
gené, puifqu’il dégage l’acide fulfurique, en partie
fous la forme d'acide fulfureux. Mais cela peut
venir de ce que-l’acide arfénique contenoit encore
une portion d’oxide d’arfénic : à l’aide d’une
grande chaleur, l’acide arfénique décompofe les
nitrates 8c en'dégage l’acide nitrique; il refie
des arféniates dans le fond de . l’appareil dillil-
latoire. 11 en eft de même du muriate de foude
qui eft décompofe, & donne de l’acide muriatique
lorfqu’on le traite à une haute température avec
l’acide arfénique. En décompofant , par le même
procédé| le muriate d’ammoniaque par l’acide
arfénique,. Schéele.a obtenu dei’acide muriatique, 8c enfuite de l’ammoniaque ; l’acide arfénique a
relié.pur dans la cornue. Cependant, une partie
. a été décompofée 8c réduite. en' oxide volatil,
comme cela arrive à l’arféniate d’ammoniaque.
L’acide fulfurique eft auffi chaffé du fulfate de
chaux, & même du fulfate de baryte par l’acide
arfénique ; mais cela n’a lieu, fur-tout pour le
dernier fe l, qu’à une chaleur extrême. L'acide
fluorique- eft dégagé du fluate de chaux natif par
l’acide arfénique.
Les huiles volatiles, les huiles graffes, le fucre,
le miel, &c. digérés avec l’acide -arfénique , lui
enlèvent auffi une grande partie de fon oxigène, 8c le rapprochent plus ou moins de l’état métal*
; lique.
Tels font les principaux caraPères. que. préfente
l’acide arfénique pur , qui n’ont point été ex-
pofés à l'article A cide arsenical du premier
volume de cet ouvrage , 8c que j’ai cru. devoir_ tracer
ic i, pour mieux faire concevoir les propriétés
des arféniates.
Il 11’eft plus befoia de préfenter d’autres details
pour expliquer la différence; qui exifte entre
les combinaifons de l’oxide d’arféniç, 8c celles
de l’acide arfénique. La proportion plus grande
‘ de l’oxigène dans ce dernier que dans le premier,
explique affez la caufe 8c la nature dé*cette y1*'
férence 5, mais il eft néceffaire- de configner a ^
fuite des propriétés de l’acide arfénique, ,ceüe
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des arféniates, en les confidérant comme formant
un genre de fubftances falines très - importantes,
8c qui peuvent fournir des inftrumens
utiles pour les arts, &'des moyens avantageux
d’analyfe pour les expériences chimiques ;-il faut,
en un mot, tirer les caractères génériques des
arféniates pour les faire facilement reconnoître.
Les arféniates ne font affez connus que depuis
Schéele ; Macquer a découvert le premier, 8c le
mieux connu ces fels. V o y e ç. A rséniate de
potasse. On doit les diftinguer en trois fec-
tions ; i°. Les arféniates terreux au nombre de
quatre, ou les combinaifons de l’acide arfénique
avec l’alumine, la baryte, la magnéfîe 8c la chaux ;
on peut* même compter un arféniate de filice ;
vo y e ç ce mot 5 i°, les arféniates alcalins, ou les
combinaifons de l’acide arfénique avec les trois alcalis,
la potaffe, la . foude, 8c l’ammoniaque ;
î°. les arféniates métalliques, ou les compofés de
l’acide arfénique avec les dix-fept oxides métalliques
d’arfénic , de tungftène, de molybdène ,
de cobalt, de bifmuth, de nickel, de man-
garièfe, d’antimoine, de zinc, de mercure , d’étain,
de plomb, de fer, de cuivre, d'argent,
d’or 8c de platine.
Tous les arféniates, quoique préfentant chacun
4ps propriétés, fpécifiques 8c diftinPives, fe
reffemblen-t & fe rapprochent par quelques propriétés
générales ; tous font, par exemple, décom-
pofés par l’acide fulfurique ; tous expofés fur des
char bons ardens ou chauffés avec du charbon-en
poudre dans des vaiffeaux fermés, fe décompofent.
Dans le premier cas, on obferve une vapeur arfé-
nicale qui infePe l’air dé fon odeur d’ail, & la
bafe deT’arféniate *refte plus ou moins fixe fur
le charbon: dans le fécond cas, il fe fublime
de. l’arfénic métallique à la partie fupérieure du
vaiffeau diftiliatoire, 8c la bafe fe retrouve au
fond de l’appareil, quand elle n’eft pas volatile,
ce qui n’a lieu que:pour l’ammoniaque, comme on
le verra dans l’article de chaque fel. Ces deux
phénomènes ne diffèrent qu’en ce que, dans le
premier , J ’arféaLc réduit brûle par le.contaP de
l’air, tandis que, dans le fécond, il ne'peut pas
brûler dans le vide , 8c doit fe fublimer fans altération.
,
Les arféniates paroiffent auffi fufceptibles de fe
trouver dans plufieurs états, 8c fur-tout bien neutres,
ou avec un excès d’acide arfénique. Enfin ,
il eft vraifemblable qu’ils forment auffi facilement
des fels triples, dont on connoît, à la vérité,
encore très-rpeu l’exiftenCe*& les propriétés ca-
ra&ériftiques. Si les arféniates font très-décom-
pofables par le charbon 8c par le foufre qui, en
reduifant l’acide arfénique, forme en effet de
Lorpiment ou du réalgar avec fon oxide ces fels,
ftele font, nullement par le calorique feul. On peut
toeme les faire fondre dans des cornues fans qu’ils
éprouvent d’altération fenfible.
■ ■ C eft à çes propriétés feulement, qu’on doit
Chimie, Tome I I .
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borner leurs caraPères génériques. ; toutes les
autres varient dans chaque efpèce , 8c on trouve
des loix particulières à chacun d’eux, par rapport
à leur forme,lenr diffolubilité,leur criftalli-
fabilité , 8c les attractions différentes des bafes
pour l’acide arfénique. Il ne refte donc plus qu’à
traiter actuellement chaque ‘ arféniate en parti-
çulier.
Arséniate acidulé dépotasse. Schéele a
.remarqué que le fel neutre découvert par Macquer
, 8c qu’on a nommé jufqu’ à l’établiffement
de la nouvelle nomenclature, fel neutre arfénical de
Macquer, n’eft pas véritablement un fel neutre ,
mais qu’il contient un excès d’acide , au point qu’il
rougit la teintüre de tournefol ; mais comme cet
excès d’acide eft peu fenfible , 8c que ce fel eft:
beaucoup plus connu 8c beaucoup plus employé
comme arféniate fimple, on remet à parler de cette
circpnftance particulière à l’article Arseniate
de potasse*
A rséniate d’alumine. C e fel eft peu connu.
Schéele dit que l’alumine précipitée du fulfate
acide d’alumine ou de l’alun-par les alcalis fixes 8c bien lavée , fe diffout encore humide dans
l’acide arfénique liquide. Cette diffolution eftépaif-
fe comme un mucilage ; elle ne fournit point de
criftaux, au moins d’après ce qu’on en fait jufqu’
à préfent. Sans doute cet arféniate d’alumine
eft décompofé par les alcalis fixes, la chaux J la>
magnéfîe & la baryte, comme tous les fels qui ont
la même bafe ; auffi Bergman met-il l’alumine
après les autres - terres 8c les alcalis dans la neuvième
colonne de fa table des attrapions élePives.
L’arféniate d’alumine chauffe fortement, entre en
fufîon fans perdre fon acide ni fe décompofer.
Le charbon 8c plufieurs métaux le décompofent
en enlevant l’oxigène à l’acide arfénique. On ne
connoît pas LaPion de l’air, de l’eau & de beaucoup
d'autres fubftances fur ce fel. On doit fe
rappeller que l’acide arfénique diffout l’alumine
par la voie fèche ou la fufion, & qu’il agit violemment
fur les creûfets. Schéèle obferve que cet
acide ne décompofe pas le fulfate, le nitrate & le
muriate d'alumine, mais bieu l’acétite d’alumine.
Cependant lorfque l’acide arfénique eft uni à d’autres
bafes,8c, dans l’état de fel neutre, il enlève
l’alumine aux trois premiers acides indiqués, à
l’aide d’une double attraPion. L’arféniate d’alumine
n eft. encore d’aucune utilité connue.
A rséniate d’ammoniaque. Schéele qui a
j .combiné l’acide arfénique avec toutes les bafes
connues, a trouvé les propriétés fuivantes dans
l’arféniate ammoniacal. Par l’évaporation à l’air
libre,, cefel donne,des criftaux femblables à l’arfé-
niate de potaffe* S’il contient un excès d’acide,
pn en obtient des criftaux acidulés en longues aiguilles
8c déüquefcens. L’arféniate d’ammoniaque