
moniaque avec le fulfure d'antimoine, on obtient un
fubl.imé pourpre pulvérulent , qui paro'it être une
forte de fulfure antimor.ié à bàfe d’ammoniaque.
Enfin j pour terminer l’hiftoire de la décompo-
fition du fulfure d'antimoine , plufieurs ib b fiances
métalliques ont ïa propriété de lui enlever fon
foufre , avec lequel elles ont plus d’affinité que
11‘en a ce métal, comme on l’a déjà indiqué ci-
deffus.
L’étain , le fer 3 le cuivre & l’argent peuvent
opérer ces déccmpofitions. Il fuffit de chauffer &
de faire fondre l’étain & l’argent avec cette mine,
ces deux métaux s’uniffent au foufre & laiffent
l’antimoine. Le fer , le cuivre produifent le même
effet j lorfqu après les avoir réduits en limaille &
les avoir fait rougir dans un creufet , on y ajoute
le fulfure d’antimoine. C e minéral accélère leur
fufïon, & l’antimoine s'en fépare. A la vérité ce
métal 3 obtenu par ces procédés , n e il pas
pur , il retient une-partie des fu b fiances métalliques
que l’on a employées pour le féparer
du foufre} fa couleur & fa forme indiquent conf-
tamment cet alliage 3 o n ia diftingué fous le nom
de chaque métal avec lequel il s’eft allié j c’efi
ainfi qu’on a dit le régule jovial 3 le régule martial,
le régule de i f éuus 3 Src.
Quoique les principales propriétés du fulfure
d’antimoine & des diverfes préparations auxquelles
il donne lieu foient expofées dans ce qui vient
d’être dit j il nous paroît utile de faire connoître
ici les recherches dues à Bergman fur les antimoniaux
fulfurés & consignées dans un des mémoires
qui comparent fes opufcul.es 3 tom. III 3
-afin -d’exécuter fur ces matières importantes tout
ce que l’art pofiede de plus parfait.
Dans cette diflertation, Bergman,toujours exaét
& méthodique,,va du fimple au compote, & arrive
prefque confiamment à une conclufion naturelle'
& auffi vraie que le raifonnement humain peut
le permettre 3 fon ouvrage eft partagé en plufieurs
paragraphes, dans lefquels il traite ûicceflivement
de l’antimoine crùd, ( fulfure d’antimoine ) du
verre d’antimoine, (oxide d’antimoine fulfuré vitreux
, ) du foie du même métal, ( oxide d’antimoine
fulfuré vitreux opaque , ) du foufre doré,
( oxide d’antimoine fulfuré orangé , ) du kermès ,
( oxide d’antimoine fulfuré brun. ) Il établit en-
fuite fur les expériences faites-avec chacune de ces
fubftances, plufieurs corollaires très-intéreffans.
Du fulfure £ antimoine , ou antimoine crud.
E x p é r i e n c e I.
Le fulfure d’ antimoine expofé dans un creux de
charbon à la flamme d’une bougie excitée par le
chalumeau, fefond, répand des fumées & fe dif-
fîpe en entier, excepté un léger image blanc qui
recouvre les bords du creux du charbon.
E x P i R I EN C E I I.
i feu augmenté par degrés il fe réduit dans
i’efpace de 18 heures en une chaux grife ( oxide
gris d’antimoine) dans laquelle il paroît encore
quelques points brillans 8e très-fufibles ; le fulfure
d’antimoine perd pendant cette opération 22 iiv.
r par quintal.
E x p é r i e n c e I I I .
Quatre quintaux docimaftiques ( 400 grains )
de cet oxide gris mis dans un creufet entouré de
charbon ardent, & dont la combufiion eft aidée par
un foufflet pendant environ deux minutes, fe
fondent en un verre tranfparent & de couleur
d’hyacinthe. Bergman remarque que-fi l’oxidation
du métal a été trop avancée, on n’obtient qu'une
feorie opaque , qui peut cependant devenir tranf-
parente par l’addition d’un peu de foufre ou de
fulfure d’anrimoine.
E x p é r i e n c e IV.
Un quintal du même oxide donne avec le double
de fon poids de 78 à 79 iiv. de régule d’antimoine
( antimoine ) fi l’opération a été conduite
fuivant les règles de l’art de la docimafie.
Bergman donne la préférence au flux blanc.
E x P É p |£ 1 e N c e V.
L’acide du nitre ( acide nitrique ) , fur-tout lorf-
qu’il eft aidé de la chaleur , attaque vivement le
fulfure d’antimoine j il oxide le métal tellement
qu’il n’en retient qu’une très-légère portion.
L’auteur obferve que dans cette opération il fe
développe beaucoup de gaz nitreux,mais point de
gaz, hydrogène fulfuré , & que fi la chaleur eft
continuée long-temps,il y a beaucoup de foufre de
brûlé.
E x p é r i e n c e VI .
L’acide fulfurique. agit à peine fur le fulfure
d’antimoine, s’il n’eft aidé d’une chaleur étrangère,
& il femble produire plus de gaz fulfureux que
de gaz hydrogène fulfuré.
E x p é r i e n c e V I I .
L’acide muriatique diffout à froid le fulfure
d’anrimoine, & il fe dégage pendant cette diffolu-
tion beaucoup de gaz hydrogène fulfuré.' 100 grains
de cette fubftance ont fourni à l’appareil pneuma-
to-chimique 11 pouces cubiques de gaz hydrogène
fulfuré, fans compter celui qui s’eft abforbé
par l ’eau.
Une obfervation bien intéreffante pour la formation
du kermès ou oxide d’antimoine fulfuré
brun , c’eft qu’il s’eft formé une portion de cette
fubftance qui a été portée par le gaz dans l’intérieur
du tube qui établiffoit une communication
entre les deux parties de l’appareil.
E x p é r i e n c e V I I I .
Un mélange de trois parties d’acide muriatique
&r d’une d’acide nitrique , diffout très-promptement
le fulfure d’antimoine j il refte une grande
quantité -de foufre. Bergman obferve ’-qu’il fe dégage
une forte A odeur de gaz hydrogène fulfuré,
mais que le volume en eft moins grand que celui
qui eft dégagé' par l’acide muriatique feul.
La raifon de ce phénomène eft fimple 5 dans le
premier cas c’eft l’acide muriatique qui agit feul
fur l’antimoine , mais, comme cet acide ne peut
pas lui-même oxider les métaux , il faut que- l’eau
à laquelle on l’affocie toujours dans ces fortes d’opérations
fourniffe l’oxigène pour qu’il puiilè en-
fuite s’unir à leurs oxides , & c’eft l’hydrogène de
la portion d’eau décompofée qui en prenant un
certain.degré de fluidité élaftique, emporte avec
lui une petite quantité de foufre ; dans ce cas-ci,
au contraire , l’eau de l’acide muriatique ne fe
déeompofe , qu’autant qu’il n’y a pas affez d’acide
nitrique, pour oxider tout le métal 3 & telle eft la
caufe de la quantité de gaz hydrogèneffulfuré obtenu
dans ces deux expériences. Lorfque les fîgnes
de la diffolution ceffent, bn ramaffe le foufre., on
le lave, & l’on voit que 100 livres de fulfure.
d’antimoine en fourniffent 22 livrés dans cet état.
Il faut cependant obferver qu’il eft très-difficile
d’obtenir par le moyen des acides le foufre parfaitement
pur du' fulfure d’antimoine , comme le
dit ici Bergman : on s’eft fouvent trompé fur l’af-
peft extérieur du foufre dont la couleur annonce
fa pureté } en effet, fi l’on fait chauffer le foufre
obtenu par cette opération, on s’apperçoit bientôt
qu’il eft uni à uné certaine quantité d’oxide d’antimoine
, qui refte dans le vafe où s’eft faite l’opération
, fous la forme d’oxide fulfuré jaune d’antimoine.
~
Du verre <£ antimoine ( oxide d'antimoine fulfure
vitreux tranfparent. )
Bergman penfe que l’antimoine eft à l’état métallique
dans le fulfure d’antimoine ; que l’on parvient
en chauffant cette dernière fubftance à en
dégager le foufre & à en oxider le métal, & que
fi on a enlevé tout le foufre , on n’obtient par la
füfion de la matière qu’une feorie opaque,& non
un verre tel qu’il eft preferit dans les pharmacopées.
L’auteur tire déjà ici une conclufion particulière
, en difantque le verre d’antimoine ( oxide
d’antimoine fulfuré vitreux ) n’eft autre chofe que
de l’oxide d’antimoine uni à une petite quantité
de foufre, puifque , dit-il , une petite dofe de
foufre ou de fulfure d’antimoine peut faire paffer
cette feorie opaque à l’état de verre tranfparent.
E x p é r i e n c e IX.
Deux cens livres d’antimoine diaphorétique
( oxide blanc d’antimoine par le nitrate de potaffe
) mêlé exa&ement avec vingt-cinq Iiv. de
foufre, donne au bout de fept minutes à l’aide d’une
chaleur vive , cent trente-fept liv. I de véritable
verre d’antimoine.
E x p é r i e n c e X.
Le foufre & l’oxide d’antifnoine font dans une
parfaite combinaifon dans le verre d’antimoine ,
puifqu’un fimple mélange de ces deux fubftances
traitées par l’acide muriatique ne développe point
d’odeur de gaz hydrogène fulfuré , tandis que
l’oxide d’antimoine fulfuré vitreux en laiffe
dégager.
E x p é r i e n c e XI .
Deux parties d’oxide blanc d’antimoine par le
nitre & une de foufre,traitées de la même manière
qu’il a été dit dans l’expérience IX , fe volatilifeut
entièrement.
E x p é r i e n c e X I I .
Quatre parties du même oxide & une de foufre
chauffée toujours de la même manière, forment
une maffe noire fibreufe.
E x p é r i e n c e X I I I .
Seize parties du même oxide & une de foufre,
fe fondent en un verre de couleur verte. L’auteur
fait remarquer que le verre fait par le procédé décrit
dans l’expérience IX , feroit d’un ufage plus
sûr dans la pratique de la médecine que le verre
d’antimoine ordinaire , qui n’eft jamais femblabie
à lui-même ,f;& il ajoute que tous ces verres font
diffolubles dans les acides même les plus foibles.
Du foie d.3antimoine ( oxide d.3antimoine fulfuré vi-
creux opaque. )
E x p é r i e n c e X I V .
En faifant détoner partie égale de nitre & de
fulfure d’antimoine , & en faifant fondre promptement
le mélange dans un creufet bien bouché ,
il en ré fuite une maffe vitriforme brillante, de
couleur rouge connue fous le nom de foie d’antimoine
( oxide d’antimoine fulfuré vitreux opaque )
qui eft recouverte de feories que l’on en peut fé-
parèr facilement. C e foie d’anrimoine contient
i Q. de l’alcali du nitre, ( de la potaffe combinée
avec l’acide fulfureux ) j 2°. le même alcali uni
à de l’acide nitreux, ces deux font connus, l’un
fous le nom de fulfite de potaffe, & l’autre fous le
nom de nitrite de potaffe. L’oxide d’anrimoine fulfuré
opaque mis dans l’eau, lui cède les fels qu’il
tient, & alors il porte le nom de fafran des métaux.
Les acides précipitent du foufre doré de la diffolution
de ces matières,parce qu’elle contient une
petite quantité de fulfure de potaffe. Le foie d’antimoine
ainfi lavé eft une efpèce de kermès , d’ou
l’on dégage du gaz hydrogène fulfuré lorfqu’on
le chauffe avec l’acide muriatique.
E x p é r i e n c e X V .
Les feories qui fe forment dans cette opération
leffivées avec de l’eau , fourniffent un felcriftalli-
fable , qui fefond au feu 8e fe diffipe en faifant
un bruit femblabie à une détonation. Bergman
penfe que ce fel eft un mélange de fulfate & de
nitrate de potaffe.
Du foufre doré etantimoine , ( ou axi.de a antimoine
r Julfuré orangé. )
On précipite , dit ‘Bergman, le foufre doré