
onguent avoit été nommé alabaftron, parce qu’on
le confervoit dans un vafe d'albâtre, que les anciens
recommandoient expreffément pour les
onguens qui contenoient des fubftances aromatiques.
ALBIR. ( Pharmacie. ) Mot que l’on trouve
dans quelques écrivains arabiftes , & par lequel
ils délignent une réline ou baume qu'ils d.ifent
, découler de l’if.
A LBO TAR i ALBUHAR & ALFITAS.
( Pharmacie. ) Dénominations employées par les
arabiftes pour déligner la cérufe.
AI BOTINÈ , A L B O T A I , ALBOTRA ,
A LBÜ H EN , ALTILIBAT. ( Pharmacie.) Mots
fynonimes employés par les arabiftes & les premiers
écrivains de pharmacie, pour déligner la térébenthine.
( Ruland & Johnson.)
ALBUGINE DE COR AIL. ( Pharmacie. )
Quelques écrivains , amateurs du merveilleux ,
ont donné ce nom au précipité blanc, que 1 on
obtient en verfant, peu-à-peu-, une folution de
carbonate, de potalfe ( ou huile de tartre par défaillance
) dans une difîblùtion de corail par l'acide
acéteux ou vinaigre ; ce précipite étoit encore
déligné fous le nom de magiftere de corail 3 & on
lui attribuoit de grandes vertus > mais cette préparation
, ainli que beaucoup d'autres de fembla-,
ble nature > que l'on trouve dans les anciens dif-
penfaires , fous les noms pompeux de magiftere
de perles , d'yeux d'écrevilfe, de corne de ce r f,
n'elt guère qu'une terre calcaire.ou carbonate de
chaux 3 qui peut tout au plus' être confeillee comme
abforbant dans quelques cas , & n eft plus employée
de nos jours.
ALBUM. ( Pharmacie,) Mpt latin qui lignifie
blanc , & qui eft fouvent employé pour défigner
& diftinguer plufieurs compofitions pharmaceutiques
qui ont de là blancheur j ainfi on trouve dans
Galien, ( iib. i de antidotis.) fous le nom d*album
bafuli 3 la defcription d'un emplâtre dont on fai-
foi t ufage contre les morfures du chien enrage >
il étoit compofé de cire, de litharge, de cérufe,
de moelle de cerf, demirrhe, d'encens & d huile
; non-feulement il falloit appliquer fur la
plaie , mais encore il, falloir en faire, prendre chaque
jour au bielle une pilule ide la grolfeur d une
noifette. •
Paul d'Hgine décrit; fous le nom à album dia-
rhodon > un collyre pour les; yeux elfe',. ainfi que
tous les anciens médecins & pharma.cpgpphes j
employent fouvent. cette epithete pour diftinguer.
différentes efpèces de compofitions pharmaceutiques,
& nous avons, encore beaucoup d'on'g.uens ,
d'emplâtres , de loôchs , de décodions ,■ linimens ,
SUc. y déûgnés fous le nom d\lbum.
La cérufe ou oxide de plomb par l’acide
teux y étoit nommée , par quelques anciens 3 album
y ou ; comme le veut Fallope y album hifpa-
nicum.
Nous trouvons encore dans ces anciens difpen-
fai res , fous le nom, d'album , deux fubftances
d'une nature fort fingulière. L’une 3 défignée fous
le nom d'album gr&cum , album canis 3 & quelquefois
nihil album 3 fpodium gr&corum, cynocoprus ,
étoit la fiente du chien, que l'on recueilloit avec
foin 3 & que l'on confervoit précieufement dans les
pharmacies , comme un remède excellent > la
fuperftition, la crédulité 3 qui avoit fait attribuer
à cette fubftance une infinité de vertus médicinales
3 avoit prefcrit des règles pour l'obtenir > il
falloit enfermer le chien , le nourrir feulement
avec des os de jeune veau 3 lui donner peu de
boiffons j & , enfin , pour ^ que 1*album gr&cum
eut toutes fes vertus 3 il falloit le ramafîer au mois
de juillet, dans le commencement de la canicule,
fous le'ligne du lion j il falloit le laver avec, une
eau diftillée 3 telle que, l'eau de rofe , de plantain,
comme l'indiquent quelques-uns, ou avec
l'eau de bourfe à pafteur, comme le prefcrit le
codex-de Paris, <}ui met encore Y album gr&cum
au nombre des fubftances officinales ; enfin , on
le faifoit deffécher en l'expofant au foleil, ou à
l'étuve. Ainfi , ramaffé & préparé, l'excrément
du chien étoit blanc, léger, friable, & fans
odeur fétide 5 ce n'étoit guère autre chofe que
la terre des o s , ou phofphate de chaux mélangé
avec quelques parties muqueufes provenant de
la digeftion, de la fecrétion de la bile , & du.
mucus inteftinal. Quoi qu'il en foit, les anciens
employoient cette fubftance, intérieurement &
extérieurement, contre un grand nombre de maladies
très- différentes ; ils la mettoient avec des
huiles , des cérats, pour en faire des friétions fur
le ventre des hydropiques; ils lafaifoient entrer
dans des emplâtres pour amollir lés tumeurs dures
& indolentes. Ils la prefcrivoient dans des potions
, des bols , des déco&ions ; ils^la délayoient
dans du la it, dont ils recommandoient l'ufage-
contre la colique, l'épilepfie, la dyfenterie , les
hémorrhagies utérines , &c. Galien dit avoir
éprouvé dans deux cas combien ce remède étoit
admirable contre les ulcères extrêmement malins.
Diofcoride, Paul d’Egine, Aëce, Gribafe ,
& après, eux un grand nombre de médecins de
: tous les pays , en ont également vanté les vertus
pour la guérifon des ulcères les plus rebelles.
Màis c’eft principalement contre les inflammations
, & fur-tout celles de la goEge., qu ils eit
vantoient l'efficacité.
Auffi Xalbum gr&cum étoit alors employé fous
, ; toutes les. formes ils en préparoient des garga-
rifmes , des cataplafmes ils en fouffioient k
f poudre dans le fond de la gorge , & lui attri-
buoient fur-tout la vertu de faire ouvrir promptement
les abcès > & de nos jours un homme
célèbre y le grand Linnéus, dans fes aménités académiques,
n'a pas craint de dire que cette fubftance
étoit un excellent maturatiL
La fécondé fubftance , défignée fous le nom*
plus ridicule encore d * album nigrum ou mufcerda ,
étoit les crottes de fouris ; on leur attribuoit auffi
beaucoup de vertus ; on les regardoit fur - tout
comme un remècle propre à lâcher le ventre, auffi
on les faifoit prendre en forme de pilules , on
en faifoit des fuppofitoires avec le. miel, on les
faifoit- entrer dans les clyftères, & lorfqu'il s a-
giffoit de purger les enfans on èn mettoit une
crotte ou deux en poudre dan's leur bouillie 3
ce qui, fuivant Ettmuller, les purge doucement &
bien : mais malgré tant d'éloges, répétés par tant
d'écrivains crédules & peu attentifs, toutes ces
médecines ftercoraires font entièrement bannies,
& avec jufte raifon , de nos Pharmacies > ce
n’eft que pour faire connoître l'hiftoire de l'art
fes progrès , que nous fommes entrés dans ces details.
ALBUMEN. On a emprunté ce mot du latin,
pour défigner la matière du blanc de l'oeuf, & il
eft: devenu d'un ufage affez général pour le regar- _
der comme/françois j mais ce n’eft pas feulement
pour exprimer en particulier le bîanc de l'oe u f,
qu'on l'employe aujourd'hui. Depuis que l'analyfe
chimique d'un grand nombre de fubftances animales
a fait reconnoître dans beaucoup de ces
-fubftances des propriétés toutes femblables à celles
du blanc de l'oeur , on a adopté le mot albumen,
pour défigner cette matière dans quelque corps (
qü'on la confidère, à quelque humeur ou à quelque
partie des animaux qu'elle appartienne. Cependant
ce mot eft peut-être trop latin \ fa terminai-
fon , fa lignification propre appliquée de tout
temps au blanc d'oeuf proprement dits, femblent
exiger qu'on ne s’en férve pas pour exprimer toute
matière analogue, & fur-tout pour défigner un
genre de fubftance cara&érifée par un enfemble
de propriétés confiantes & particulières > auffi les
chimiftes modernes ont-ils prefque toujours employé
l'efpèce de périphràfe matière .albumineufe ,
pour indiquer ce genre de fubftance j mais dans la
marche févère & méthodique de la nomenclature
moderne , il n eft plus permis de fe fervi'r de deux
mots, l'un vague & indéterminé , l'autre fous
forme d'adjéftif, pour nommer un corps} nous
adopterons donc le mot albumine , qui répondra
par fa terminaifon, à celui de gélatine déjà adôpté,
pour défigner un des matériaux- du corps des
animaux. V Albumine.
Albumen. ( Pharmacie.') Quoique ce mot foit
purement latin, & employé par tous ceux qui
ont écrit en cette langue pour défigner le blanc
d’oe u f, cependant aujourd'hui ce mot eft généralement
adopté dans notre langue pour défigner
un fluide d'une nature particulière, & qui paroit
propre' aux êtres prgaqifés. C e fluide très-aboijdant
dans les animaux, fe trouve auffi dans plufieurs
végétaux , & il fe préfente fous différens
.états. Quelquefois il eft délayé avec différens
fluides, ou combiné avec d’autres fubftances ;
d’autres fois il eft pur & feulement contenu dans
un tiflu cellulaire très-fin, alors il eft diaphane ,
il a peu de faveur, il a une confiftance épailfe,
vifqueufé , filante , il eft foluble dans l’eau, il
verdit le fyrop de violette , & les papiers colorés
avec lesipétalesdes fleurs bleues, parce qu’il contient
du carbonate de foude. Si on l’expofe à une
chaleur de quatre-vingt degrés-au thermomètre de
Reaumur, il devient blanc, opaque, & concret ;
l’affufion dé l’alcool & des acides concentrés ,
lui donne dans l’inftant la même opacité , la même
confiftance ; ainfi , concret ou durci , comme
on le dit ordinairement, l’albumen n’eft plus foluble
dans l’eau ; mais il fe diffout tres-bien par
les alcalis, & fur-tout par l’ammoniaque ; l’albumen
paffe auffi à la putréfaction, mais fans acidit
é , 8t lorfqu’il eft mélangé ou diffous dans un
fluide, il s’en fépare en flocons blanchâtres à la
chaleur de l’eau bouillante ; enfin, outre toutes
ces propriétés fi diftinétives, il a des affinités
particulières avec différentes fubftances, ce qui
le rend d'un.ufijge imputant dans quelques préparations
pharmacéutiques.
C ’eft dans les oeufs des oifeaux que nous trouvons
l'albumen en plus grande quantité i il forme
j la plus grande partie de la maffe de l'oeuf, &
1 en entoure le jaune de tous, les côtés ; mais_ quoi-
■ qu’ effentiellemént le même, ce fluide albumineux ,
que l’on nomme ordinairement le blanc d’oe u f,
. eft partagé en deux couches très-diftinâes ; l'une,
extérieure , placée immédiatement fous l’enveloppe
membraneufe commune , eft une humeur
féreufe , coulante, très-limpide ; l'autre, intérieure
, qui entoure immédiatement le jaune & y
adhère fortement, a plus de confiftance , plus de
ténacité que la première, & fi on ouvre un oeuf
avec précaution, fi on le place fur une affiette, on
voit ces deux couches très-diftinétes , l’une coule
& s’ étend prefque comme de l’eau ; l’autre s’étend
peu, confetve en partie fa forme , fa difpofition
première autour du jaune. Enfin , fi on les bât enfemble,
on ne réunit pas à les mêler. Cés diffé-
■ rences annoncent a (fez une difpofition particulière'
: en effet, examinant avec" attention la couche
intérieure de l’albumen, on recohnoît que
ce fluide, de même que le corps vitré de l’oe il,
eft parfemé d’une grande quantité de filamens &
de lames cellulaires, diaphanes ; très - fines, &
dont la difpofition lui donne cette forme, cette
confiftance particulière , cette adhéfîon qu’il a
autour du jaune ; il paroît auffi contenir moins
d’eau que la couche extérieure. Quoi qu’il en
foit, l’albumen des oeufs eft employé en pharmacie
pour clarifier les fyrops , les fucs des plantes ,
&c. ( V~oy(i C larification. ) 11 eft auffi employé
comme excipient de différentes fubftances