
mençe a fe fondre , elle s'attache fortement aux
corps qui la touchent.
Dans cet état elle a.infiniment moins d'odeur
que l'ambre entier,, mais elle eft plus agréable ou
plutôt moins defagreable. Il femble d'après cela
que ce n’eft point dans la partie réfineufe que ré-
£de la partie aromatique.
On a féparé mécaniquement^ & le plus exactement
qu il a été pofiible , les plaques ou lames
brunes qui fe rencontrent dans la fubftance de
1 ambre noir, on en a mis trois grains dans deux
onces d'eau diftillée, & o n a fait bouillir pendant
une demi-heure. L'eau eft-devenue laiteufe & légèrement
jaunâtre; pendant l'ébullition, l’odeur
d ambre s'eft répandue, les plaques ne fe font
point gonflées, leur couleur brune n'a point été
altérée, & la tranfparence a demeuré abfolument
la même : elles ont acquis une grande élalticité
pendant cett© opération.
Quelles font ces fubftances ? Sont-ce des membranes
animales ou quelques débris de fucus, fi
abondans fur certaines plages maritimes ? C e qu'il
y a de certain, c eft qu elles préfentent beaucoup
de caractères des matières animales, quoique leur
charbon, développé par l'aCtion du feu, ne foit
point leÿer, ce qui les rapprocheroit des algues.qui
ont d ailleurs tant d analogies avec les matières
animales.
On a extrait quelques portions des criftaux qui
étoient à certaines places dans l'ambre, ils fai-
foient effervefcence avec l’acide muriatique, mais
ne fe diffolvoient pas entièrement ; les réfidus cro-
•quoient fous les dents comme le quartz ; on en a
fait bouillir une petite portion dans l'eau, cette
diffolution n'a fait éprouver aucun changement
aux dilfolutions de baryte & d'argent. Nous
croyons que c'eft un mélange de fable & de terre
calcaire.
On a mis une portion de la réfine d'ambre, obtenue
par l'évaporation de la diffolution alcoolique,
avec de l'acide muriatique oxigené. Cet
acide a enlevé la couleur brune à la réfine de
1 ambre, mais il ne l’a point blanchie parfaitement
; elle eft refté toujours jaunâtre, elle a perdu
entièrement fon odeur, & l'a fait également perdre
a 1 acide muriatique oxigené. "Sa confiftance ne
nous a pas paru avoir changé par cette opération,
fa fufibilité eft reftée à-peu-près la même, elle a
confervé une certaine quantité d'acide muriatique
entre fes molécules ; en la chauffant à la flamme
dune bougie, il s'en échappoit des bulles d’eau
vaporifée, qui entraînoient avec elles une portion
de réfine qui s'enflammoit.
On a pris cent grains d'ambre, on les a traités
d abord avec fix onces d’eau bouillante, & enfuite
avec une once & demie d’éther bien reCtifié; la
plus grande partie s'eft diffoute, la portion reliante
étoit noire & grumeleufe. Cependant on n'y ap- j
percevoit point de pellicules, comme cela eft arrivé
par l’alcool.
-On a laifle évaporer fpontanément à l’air l’éther
uni a la partie rélineufè de l'ambre ; tant que cette
évaporation a duré, l’odeur, oui eft propre à b
matière dont il eft queftion, s’eft répandue dans
I atnmofphère, Lorfque ce diftolvant a été entièrement
volatilifé, l’odeur n’a pas été fi forte; elle
etoit même beaucoup plus foible que celle de 1a
matière brute, c efl-à-dire, qui n’a fubi aucune
operation.
. ° V P«s trois'parties d’ambre & douze parties
d oxide d’argent, on les a mêlées exaite-
ment & on les a mifes .dans un tube de verre fouf-
He en boule à fon extrémité, & courbé par l’autre,
de maniéré a plonger, par cette dernière extrémité
ouverte, fous une cloche pleine de mercure.
,t appareil eft le même que celui qui fert à la
préparation du gaz hydrogène phofphoré. On a
obtenu au commencement de l’opération, & fans
le fecours d une grande chaleur, environ 4 pouces
cubiques de gaz acide carbonique pur, mais fur la
■ a a operation, le feu ayant été augmenté, il
s eft de^age^ à-peu-près un pouce & un quart de
gaz hydrogéné carboné-, l’expérience finie, je
tube ayant ete cafte, on a trouvé dans l’extrémité
rennee de 1 appareil, une maffe d’argent parfaite-
bmie ' Ult ^ <' un.e petite quantité de car-
Comme cette expérience n’a pas eu tout le fuc-
cès qu on en at-tendoit, c’ell-à-dire, que l’oxide
d argent n a pas été employé en quantité affez
grande pour faire changer d’état aux principes de
cêtte fubftance refineufe, on l’a répétée une fécondé
fois avec 30 parties d’oxide d’argent & 3
parties de matière réfineufe , & Ton a opéré,
comme ci-défi us ; avec peu de chaleur, il s’eft dégage
6 a 7 pouces de gaz acide carbonique fans mélange
de gaz hydrogène, comme la première fois,
mais il y avoit dans la branche horizontale, 8c la
derniere defcendante du tube de l’appareil, plu-
•îeUiïS BMI jes ^ em bien flBHH &: tranfparentes :
il elt refte dans la boule de verre une, maffe d’argent
a 1 état métallique, qui pefoit 21 grains.
Cette expérience, répétée fur des proportions
de matière, plus confidérables, feroit, à ce qu’il
me paroit, fufceptible de faire connoître le rap-
port des principes de cette réfine ou au moins
de I hydrogène & du carbone, qui en font la
baie, il feroit même pofiible de connoître la quan-
tite d oxigene qui y feroit contenu, en déterminant
exactement celle de l’oxide d’argent. Cette claffe
d oxides métalliques, auxquels on n’a peut-être
pas affez penfé pour l’analyfe des matières végétales,
8c peut-être aufii des fubftances animales,
feroient fans doute des moyens qui, s’ils ne chan-
geoient pas entièrement l’équilibre des principes
des matières organiques, donneroient au moins
des réfultats très-approchans de la vérité, puif-
qu on emploieroit un inftrument, dont la nature,
les dofes 8c 1 aCtion des principes feroient bien
connues.
Trente-fix grains d’ambre noir ont été eXpofes |
au feu dans un creufet d’argile pure 8c ouvert dans
l ’athmofphère; l’aambre s’eft bientôt ramolli & tondu;
à quelques degrés de chaleur de plus, il^s’eft
enflammé en répandant d’abord une flamme jaune
& blanche, 8c une odeur défagréable. Cette fumée
a bientôt ceff/ie fe dégager s & la flamme eft
devenue claire & brillance, en répandant une
odeur analogue à celle du maftic ou de l’oliban
qui brûlent, 8c en dépofant du carboné extrêmement
divifé, comme le font les matières à l’odeur
defquelles on compare celle qui s’en dégage.
Il n’eft refté dans le creufet, après une corobuf-
tion très-courte, que trois grains 8c demi de matière
blanche, en grains très-diftinCts & très-durs, puif-
qu’ils ufoient fortement l’acier le plus trempé ;
examinés de plus près, on a trouvé qu’ils étoient
compofés, pour la plus grande partie, de grains
de fable 8c de carbonate calcaire.
On n’y a plus trouvé de traces de carbonate,
de foude, ni de fel marin ; il eft vraifèmblable que
ces matières ont été volatifées: par l’action de la
chaleur, puifque le lavage de l’ambre entier en a
fourni par une légère évaporation.
Lès propriétés phyfiques de la matière ambrée,
les phénomènes qu elle a préfentés pendant fon
analyfe, n’indiquent pas exactement qu’elle foit
d’origine animale ; elles femblent plutôt annoncer
que c’eft un compofé faCtice de réfines végétales,
de pellicules ou membranes animales, 8c d’une certaine
quantité d’excrémens de quelques quadrupèdes,
& fur-tout de cheval, auxquels il doit fon
eft écailleux, infipide, d’une odeur ftiave; il fe
fond fans donner de .bulles ni d’écume, lorfqu’on
l’expofe à la flamme d’une bougie dans une cuiller
d’argent. 11 nage au-deffusde l’eau; il n’ adhère
point au fer chaud. Celui qui ne préfente pas
toutes ces propriétés eft allié 8c impur.
odeur, puifque cette odeur s’eft trouvée la même
que celle des fels 8c de l’extrait de l’urine de cet
animal.
On voit d’après ces détails, qu’on eft encore bien
loin de connoître la nature intime de l’ambre gris
& de déterminer avec prédfion fon origine. La
diftinCtion des diverfes efpèces de ce produit naturel.,
faite par tous les minéralogiftes, & fur-tout
Ambre gris. ( Pharmacie. ) L’smbre gris entre
dans beaucoup de préparations pharmaceutiques,
voici celles dont le codex de Paris fait le dénombrement
la différence des ambres gris 8c noir, ne femble-
t-elle pas annoncer qu’il eft réellement dans des
états très-variés, fuivant une foule, de circonf-
. tances qui n’ont point encore été développées ? Il
n’y a qu’une analyfe fuivie d’un grand nombre
d’ambres différens, & fur-tout de plufieurs échantillons
de l’efpèce reconnue pour la plus pure^, qui
puiffe faire reconnoître fa véritable origine.
On employé l’ambre gris en médecine comme
calmant &anti-fpamodique.
Mais fon plus grand ufage eft de fournir un parfum
pour la toilette : on le mêle ordinairement
avec le mufc, dont il atténue tellement l’odeur,
qu’il la rend .plus fuave & plus fupportable; encore
ce mélange ne plaît-il pas à tout le monde.
Comme l’ambre gris eft très-cher, on le falfifie
& on le mêle avec différentes fubftances. On
reconnoît le véritable aux caractères • fuivans.
Suivant tous les auteurs de matière médicale , il
, i’éau de miel royale, l’eau de mille
fleurs, les poudre d’ambre, de Zell, la thériaque
célefte, le baume apoplectique, le baume du
commandeur, le baume de vinceguerre, le baume
acouftique , les paftilles odorantes, la teinture ou
i’effence royale , le firop de vipère.
L’ambre gris a donné lui-même naiffance à
plufieurs médicamèns ; on a cherché à varier fa
forme, exhalter ou modérer fes effets. Les chi-
miftes qui, comme pharmaciens, fe font occupés
de cet objet, ont reconnu que l’alcool n’a-
voit que peu d’aétion fur lui. Hoffman qui a particulièrement
fait cette remarque, en a conclu
que l’ambre gris étoit un bitume. Il eft certain
qu’en fe côntentant de le faire digérer avec l’alcool
, on n’a qu’une teinture peu colorée & peu
chargée de matière en diflolution. Aufii Hoffman
recommande-t-il d’ajouter de l’alcali fixe pour faire
cettepréparation. Voici la formule de cet,auteur.
EJfehce d'ambre d'Hoffman.
2L Ambre gris.
Sel alcali du tartre ana 3 ij.
Broyez-les exactement, mettez les dans an ma~
tras 8c verfez par-deffus.
Alcool de rofe-tartarifé, % viij.
Digérez fur un bain de fable jufqu’à ce que
l’ambre foit tout-à-fait diffous.
Cette effence eft fuivant lu i, très-propre à fortifier
les nerfs , on la donne à trente gouttes.
Le codex de Paris, en imitant la formule d’Hoffman,
la prefcrit ainfi.
Teinture ou effence d'ambre.
2^ Ambre gris , 3j,
Alcool rectifié de rofe,) & \ \ç
Vin tartarifé, . ) ^ ’
Faites digérer au bain de fable jufqu’ à ce quô
la teinture foit faite.
Lemery, dans fon cours de chimie, remarque
que la teinture d’ambre gris fe congèle dans l’hiv
e r , que la partie congelée eft blanche comme
de la graiffe ; il ajoute que l’ambre gris eft prefque
entièrement difloluble dans l’alcool, 8c on voit
qu’il diffère beaucoup à cet égard de l’opinion de
Hoffman.
La préparation qu’il donne, fous le nom d’ef-
fence d’ambre gris, eft un alcool huileux 8c aromatique
compofé qu’il prefcrit de faire avec l’ambre
gris, le fucre candi, le mufc 8c la civette ; elle
n’eft point employée.