
rifle de Ton foufre par le grillage & fondu enfuite
avec du flux.
Verre d’antimoine, eft le réfultatde la fonte du
minerai d’antimoine après avoir été bién calciné.
A ntimoine, crocus d’antimoine. ( M i t a i l . )
Cn obtient ce crocus en mêlant parties égales d’antimoine
crud 8c de celui qui a été calciné , d’où
il réfulte une matière de couleur brune & plom-
' bée, que l’on coule dans les mêmes moules après
avoir fondu ce mélange dans des creufets placés
dans le fourneau fervant à la fonte du régule d'antimoine.
,
Antimoniates. C ’eft le nom que l’on po.ur-
roit donner , fuivant les principes de la nomenclature
chimique moderne, aux combinaifons de
l'Oxide d’antimoine avec les bafes terreufes, métalliques
ou alcalines auxquelles il paroît fufcep-
tible de s’unir, & dans lesquelles il paroît, lorf-
qu’il a été fortement oxidé, jouer le rôle d’un acide.
Céft ainfi que Ivl. Bertholleta propofé de nommer
antimoniate de potaffe l’efpèce de fel criftallifable
& diflbluble, qu’on obtient par la leflive de l’antimoine
oxidé avec trois fois fon poids de nitre.
C ’eft ainfi qu’on pourroit nommer antimoniate
d’ammoniaque l’efpèce de combinai fon faline qui
réfulte de la leflive du même oxide d’antimoine
( pat l’ammoniaque , dont l’a&ion diflolvante par
rapport à cet oxide a été manifeftement prouvée
par les expériences de M. Vauquelin furie tartrite
d’antimoinè 8t.de potafle. A la vérité cette déno-
minatiôn d’antimoniates fuppofe’ l’exiftence d’un
acide antimonique, 8c il n’y a point encore dé
faits pofîtifs qui prouvent que l’oxide d’antimoine
foit un acide, dans quelque état d’oxidation qu’il
ait été mis. Les feules propriétés qu’on puifle invoquer
pouf concevoir l’exiftencè d’un acide an-
\ timonique, font, i que la plupart des acides , &
en particulier l’ acide tàrtareux , faturés de la plus
grande quantité poflibie d’oxide d’antimoine, ne
perdent point leur acidité > i 9. que l’oxide de ce
métal fait par le nitre ou précipité du .muriate :
d’antimoine fublimé , .s’unit aux alcalis comme un i
acide foible- Il eft vrai qu’on ne voit point cet
oxide rougir les couleurs bleues végétales , &
qu’on ne lui connoît pas la faveur aigre. C e feroit
donc fous ce point de vue le plus foible des
acides métalliques que l’acide antimonique, en
fappofant qu’on range, d’après les propriétés indiquées
3 l’oxide d’antimoine dans cette clafle de
fels > il pourroit être regardé encore comme une
forte de corps moyen entre les acides proprement
dits 8c les oxides 5 mais il faut convenir qu’il eft
néceflaire de multiplier les expériences fur les
combinaifons de cet oxide , avant d’admettre
l’exiftence d’un acide antifnonique. (Voye^ le mot
A ntimoine.)
Antimo niau x. O n n om m e a n t im o n ia u x les
d iffé r en s c o m p o f é s , 8c fu r - t o u t le s r em è d e s q u i
font préparés avec l’antimoine, ou dont ce. métal
le plus fouvent à l’état d’oxide fait la bafe. (. Voye^
le mot A ntimoine;), ,
A ntimoniaux sulfurés. Bergman a défigné
par le nom d’antimoniaux fulfurés toutes les combinai
fons de l’antimoine métallique ou oxidé avec
le foufre, telles que le fulfure d’antimoine, &
tous les oxides d’antimoine fulfurés , connus fous
les noms particuliers de verre d3antimoine, de foie
et antimoine y de fafran des métaux, QQ kermes t de
foufre doré3 8cc. Voye^ l’extrait de la differtation
fur les antimoniaux fulfurés à l’article Antimoine.
AntimoniÉes. Oh dit quelquefois fubftances
antimoniées 3 teintures antimoniées, préparations
. antimoniées, fels antimoniés, pour défigner les
combinaifons de l’antimoine. Mais le mot antimoniaux
eft aujourd’hui plus fouvent employé.
Antimonique. Suivant les principes de la nomenclature
méthodique adoptée aujourd’hui par
le plus grand nombre des chimiftes françois , cette
- expreflion feroït employée pour dénommer l’oxide
d’antimoine devenu acide par une forte ôxida-
tion, ou jouant le rôle d’un acide dans fes diverfes
combinaifons. Voyc^ les mots A ntimoine 8c
A ntimoniates.
Antimoine. ( Vharmac U .) Il refté peu de
chofes à dire à la pharmacie proprement dite,
après les détails confignés dans l'article précédent.
La préparation des médicamens qu’on tire de l’antimoine
eft entièrement du reflort de la chimie,
8c elle a été indiquée pour le plus, grand nombre
dans l’article précédent. C ’eft à caufe de ce rapport
intime dès médicamens antimoniaux avec la
chimie proprement dite, que prefque tous les auteurs
qui ont fait des ouvrages plus ou moins généraux
ou ■ complets fur la pharmacie 3 n’y ont
point compris la plupart des préparations antimoniées.
Lemery, Baumé , Spielman, en ont uie
ainfi. Ils n ont indiqué dans leurs pharmacies que
: les mélanges divers 8c les formes variées que
reçoivent les préparations antimoniales, îorfqu’on
les fait prendre aux malades; On fe bornera donc
ic i, comme dans tous les articles d’une importance'
égale, après 'avoir décrit en détail comme opérations
chimiques les diverfes préparations auxquelles
lontfoumifes les matières qu’on y traite,
à offrir un dénombrement méthodique, une daf->
fification des médicamens antimoniés, ' 8c quel"
ques réflexions fur leurs propriétés & leurs>ufeges>
ainfi que fur plufieurs de ces préparations qui'ne
font qu’indiquées légèrement dans l'article Chimie
que y' à caufe'de. leur, peu d’importance pour la
fcience 8c de leur peu d’ufage en, médecine;;
.Tous les: médicamens que,-l’on tire de l’antimoine,
ou plutôt que l’on prépare avec l’antimoine
& avec le fulfure d’antimoine, peuvent être partagés
en 6 genres. Le premier contient le métal
lui-même, & fans qu’on lui ait fait fubir aucune
préparation. On en faifoit autrefois des gobelets
& des pilules^ Les premiers fervoiént à y laifler
Ajourner du vin, de la bierre, du cidre ou d’autre
liqueur, pendant un ou plufieurs jours 3 on avaloit
enfuite ce verre de liqueur, 8c on étoit plus ou
moins purgé & évacué, fuivant que le liquide étoit
plus ou moins acide & avoir difîous plus ou moins
d’antimoine. On s’eft bientôt apperçu que ces remèdes
étoient inconftans 8c infidèles, 8c qu’on ne
pouvoit pas compter fur leurs effets ; on les a donc
abandonnés. U en a ,été de même des pilules d’antimoine
fondu , qu’on nommoit pilules perpétuelles,
parce qu’on conçoit bien quelles pou-
voient fervir perpétuellement en les lavant après
quelles avoient parcouru le canal inteftinal 8c
quelles avoient été rendues par les malades. Biles
ri’avoient d’effet que par le féjour qu’elles faifoient
dans le canal, & en raifon des fucs qu’elles y ren-
controient, aufli les uns, étoient fortement purgés
par ce fingulier médicament 5 les autres n’en éprou-
voient prefque aucun effet. On a donc bien fait
de renoncer à ce médicament.
Le fécond genre renferme les oxides d’antimoine
purs. Ceux-ci , préparés avec le métal
par différens procédés oxidans, ont des vertus
différentes, fuivant les diverfes dofes d’oxigène
qu’ils contiennent. Peu d’oxigène leur donne peu
de propriétés 3 une proportion un peu plus grande
de ce principe les rend très-aêlifs, 8c une grande-
proportion les remet de nouveau dans la clafle des
médicamens peu énergiques. Les diverfes efpèces
d’oxides d’antimoine purs jouiflent de l’un ou de
l’autre état que nous indiquons. Tels font, i° . l’oxide
d’antimoine préparé immédiatement par le
feu & l’air, 8c qui, en fe fublimant fous la forme
de prifmes blancs 8c brillans, forme ce qu’on
nommoit autrefois fleurs argentines de régule d‘antimoine
3 neige de régule a3antimoine , 8rc. C e médicament
n’eft plus employé 5 on le croit très-émétique
& très-purgatif.
2°. L’oxide préparé avec le métal 8c le nitre,
& qui bien lavé porte le nom & antimoine dia-.
phorétique lavé. Au rapport de la plupart des
praticiens habiles, ce remède eft prefque inerte.
'On l’emploie à la dofe de quelques grains pendant
long-temps dans les maladies de la peau,
& fur-tout dans les dartres anciennes. Plufieurs
médecins aflurent que ce remède guérit ces
maladies par un long ufage 5 on le donne en pilules
avec des extraits amers des mucilages, 8cc. 3°* La poudre de la Chevaleraye , qui n’eft qu’un
oxide d’antimoine, fait par le nitre , comme l’antimoine
diaphorétique, rebrûlé en quelque forte par
de nouvelles dofes de nitre, & privé de fon alcali
par la déliquefcence qu’on lui fait éprouver en
le laiffant plufieurs mois à la cave, & en Je fé-
chant après en avoir décanté la portion de liqueur.
J’ai vu ce médicament fort employé par
plufieurs médecins ; ils le preferivoient comme un
grand dépuratif dans les maladies longues de la
peau, de la lymphe, &c. Il n’eft plus employé
aujourd’hui.
é f . La poudre de James, remède anglois fort
vanté en France' depuis quelques années, qui
a trouvé des prôneurs zélés, dans quelques médecins
qui femblent faire, profeflion de blâmer
la médecine françoife , 8c d’établir fur fes débris,
les méthodes étrangères. Il paroît que ce
n’eft qu’une eipèce d’antimoine diaphorétique calciné
avec de la corne de cerf. On l’emploie en
Angleterre comme émétique, purgatif, fudori-
fique, dépurant dans prefque toutes les maladies,
il y joue prefque le même rôle que le tartrite
d’antimoine chez, nous, 8c l’on doit y avoir peu
de confiance quand on pofsède le dernier remède.
Que penfer donc de quelques médecins qui,
non - feulement prônent ce. remède anglois , 8c
le préfèrent à notre tartrite antimonié, mais le
propofent même comme un moyen puiflant, une
panacée, fur-tout dans les. cas les plus graves ,
8c même défefpérés, comme fi notre fel émétique
ne méritoit pas une égale confiance, 8c ne
pouvoit pas être employé avec plus de fuccès.
5°. La poudre d'Aigaroth, efpèce d’oxide d’antimoine
très - furchacgé d’oxigène précipité par
l’eau du muriate d’antimoine fublimé. On faifoic
autrefois beaucoup d’ ufage de cette préparation 3
on l’employoit comme émétique 8c purgative.
Onia faifoit entrer danstoutes.fortes.de médicamens
compofés. Après avoir été bien convaincus
par l’expérience, qu’elle agifloit très-inégalement
fur différens individus, on a renoncé à
fon ufage.
- Le troifième genre, des préparations antimo-
.niale^s pharmaceutiques renferme les fels antimoniaux
y il n’y en a plus que deux efpèces
employées aujourd’hui, favoir, le muriate d antimoine
fublimé ou beurre d’antimoine, 8c le tartrite
d’antimoine 8c de potaffe : tout ce qu’on
fait fur les diverfes préparations, la nature 8c
les propriétés chimiques de ces deux fels, ayant
été expofé dans l’article précédent , nous nous
contenterons d’indiquer ici quelques propriétés
pharmaceutiques de ces fels. Le muriate d’antimoine
., fublimé eft un cauftique très-puiflant 3
comme il eft très-déliquefeent, on ne l’emploie
guère que fous la forme de liquide, on’ en frotte
avec un pinceau, les parties qu’on veut cautérifer.
C ’eft fur-tout fur les régions mordues par des
animaux enragés, qu’on fait cette application,
pour y détruire le virus hydrophobique 5 la partie
animale qui a été touchée par ce cauftique,
tombe en efearre, & il s’établit enfuite une
forte fupuration.
il y a peu de médicamens aufli importans 8c
aufli utiles que le tartrite d’antimoine 8c de
potafle, les médecins françois en font un ufage